Belgique : le sommet éclipsé

Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas férus du championnat belge, un choc Anderlecht – Standard c’est un peu comme un Celtic – Rangers ou, plus proche de nous, un Sion – Servette (jadis). Le genre de match tendu que les deux équipes doivent gagner. Ce genre de confrontations n’atteint généralement pas des niveaux de jeu extraordinaire. Mais par contre, c’est tendu, ça grince. Sauf que ce weekend, ça a carrément craqué, au propre comme au figuré.

Deux joueurs d’Anderlecht sont en effet out. Pour une bonne demi-année en ce qui concerne l’international tchèque Polak (ligaments croisés déchirés) et pour une année complète, apparemment, en ce qui concerne le Polonais Wasilewski, littéralement charcuté par une agression bête et méchante… Double fracture ouverte tibia-péroné… Aïe !On peut quand même se demander comment on en arrive à des extrémités pareilles sur un terrain de foot ? En effet, Witsel – pas forcément un modèle de sportivité et de discernement – est un excellent jeune joueur avec une carrière prometteuse devant lui. Son coup bas, volontaire c’est une évidence, fait froid dans le dos. Son carton rouge, lui, est dérisoire.

DES responsables…

La victime ? Marcin Wasilewski, défenseur solide, rugueux même. Le type que les attaquants aiment avoir en face d’eux, parce qu’en face, c’est le seul moment où son coude peut pas t’atteindre. Un type de joueur hargneux et pas très élégant, nécessaire au football, mais en un peu plus hard que la moyenne. On pourrait d’ailleurs presque parler d’arroseur arrosé… Mais en ce qui le concerne, c’est plutôt l’arroseur au car-wash.
Le coupable ? Il est assez simple d’expliquer comment un type de 20 ans, couvert de gloire, d’argent et convoité par une bonne dizaine de gros clubs européens peut finir par péter une durite juste avant la fin du mercato. Son geste et son attitude sont inexcusables, c’est sûr, mais ce n’est pas que le geste d’un enfant pourri gâté. Il me faut d’autres éléments pour mon enquête…

Le climat qui règne entre les directions, supporters, joueurs et staffs des deux clubs est pourri, soyons clairs. La finale aller-retour du championnat, remportée par le Standard la saison passée dans une ambiance de combats de coqs, n’y est pas étrangère. Alors, on joue plus «viril » contre son meilleur ennemi que contre les autres. Mais, là encore, on omet un élément important…
Cet élément ? La presse. Pas toute la presse. Une certaine presse qui s’ingénie depuis trois semaines à monter en provocation le moindre hoquettement de quiconque a une accointance avec un ou l’autre club. On en fait des articles, des dossiers, mais surtout des montagnes. Pour vendre sa soupe, on y colle des titres racoleurs et des photos couleurs… On fait que les uns insultent les autres, que les autres se foutent des uns et, pendant trois semaines, on vend des milliers d’exemplaires rien qu’en couvrant un match… à venir. Match qui n’aurait jamais eu besoin de ce genre d’artifices pour être tendu.

Et après ?

Les génialissimes instances du foot belge – dont j’ai déjà dit le bien que je pensais – vont se pencher sur le cas Witsel. Le joueur risque une suspension allant de 6 à 8 semaines, ridicule pour ce genre de geste, et – je suppose – une éventuelle amende. Son club devrait le sanctionner plus durement, surtout que le sponsor principal du Standard s’est immédiatement fendu d’un communiqué condamnant Witsel et que le ministre francophone des sports souhaitait aux dernières nouvelles rencontrer la direction liégeoise.
Marcin Wasilewski, à qui on souhaite de pouvoir rechausser un jour des crampons, pourrait quant à lui porter plainte pour coups et blessures, devant un tribunal civil…
Quant à ceux dont les responsabilités sont plus indirectes, ils ne risquent évidemment rien.
Amateurs de haut-le-cœur, réjouissez-vous, grâce à la réforme de la Jupiler League, ces deux clubs s’affronteront encore trois fois cette saison… Voir le fair-play gagner ces confrontations serait pas mal. Mais, je me permets d’en douter.

Écrit par Arnaud Antonin