Lorsque Genève-Servette se met à rêver des stars de NHL

Les clubs de hockey sur glace suisses ont-ils eu raison de mettre sous contrat leurs quatre joueurs étrangers au début de l’été ? Alors que Genève-Servette est toujours à la recherche de son dernier étranger, le petit monde du hockey genevois commence à s’impatienter. Mais pourquoi le club du bout du lac est-il un des seuls à n’avoir engagé que trois joueurs étrangers ? Manque de moyens financiers ? McSorley aurait-il investi tout son argent dans son nouveau resto-bar ? Les fans grenats restent sur leur faim et commencent à se poser de sérieuses questions. D’autant plus que le grand manitou des Vernets n’hésite pas à confirmer la possibilité de commencer la saison avec seulement trois étrangers (ndlr : McSorley a entre-temps engagé Kris Beech pour six semaines).

Au dam des fervents opposants du «grand» McS, il semblerait que ce dernier a une nouvelle fois raison. Loin de nous l’idée que McSorley possède la science infuse de tous les détails du hockey helvétique (demandez donc aux Reiber et Kurmann de ce monde), il n’empêche que côté joueurs étrangers, on peut difficilement émettre une critique sur les choix du coach genevois. Comme un magicien, il a toujours su sortir un lapin signé NHL ou AHL de son chapeau. Et pas n’importe quel mammifère à grandes oreilles ! Les acquisitions récentes qu’ont été Kolnik et Salmelainen ont su prouver au public suisse que Chris McSorley est un maître lorsqu’il s’agit de dénicher la perle rare.

On peut tout de même se poser la question si cette fois le manager canadien n’a pas trop attendu et s’il est passé à côté de plusieurs occasions d’engager de très bons joueurs étrangers déjà établis dans les différents championnats européens. Nous posséderons la réponse bientôt.

La crise économique fait rage dans la meilleure ligue du monde

Outre Atlantique, tout semble s’aligner pour que Genève-Servette possède un choix très fourni d’excellents joueurs non réclamés par une des 30 franchises de la ligue nationale de hockey (NHL). Et pourquoi cette année plus qu’une autre, me demanderez-vous ? La réponse vient de loin, très loin. Les «subprime» vous connaissez ? Ces fameux prêts à risques qui sont à la base de la crise économique mondiale n’auraient-ils pas fait quelques heureux dans le monde du hockey extra-NHL ? Quelques explications sont de rigueur.
Depuis la signature de la nouvelle convention collective qui a suivi le lock-out de la NHL en 2004-2005, la ligue nationale de hockey fixe annuellement un plancher et un plafond salarial. On ne parle ici que de la masse salariale et non pas du budget total. Le plafond salarial n’a cessé d’augmenter depuis la saison 2005-2006, passant de 39 millions de dollars à 56,8 millions pour la prochaine saison. Or, les revenus de la NHL ayant accusés un net recul avec la crise économique, les prévisions d’augmentation du plafond salarial pour les saisons à venir ne sont pas aussi optimistes qu’elles le furent ces quatre dernières années. Les experts parlent d’une très légère hausse ou même d’un recul marqué. Certaines franchises ayant octroyé des contrats de longues durées et très lucratifs à certains joueurs (dernier en date, Roberto Luongo a paraphé une entente avec Vancouver de 12 ans pour près 61 millions de francs suisses), se retrouvent dans des situations très complexes pour respecter le plafond salarial des prochaines saisons.
Mais en quoi tout ceci concerne Genève-Servette et les autres clubs helvétiques ? Et bien, les franchises de la NHL sont obligées de faire de grosses économies. Ils doivent jongler avec les salaires extravagants des supers stars et la mise sous contrat des joueurs qui compléteront les 3ème et 4ème trios offensifs. Le résultat est que les directeurs généraux vont préférer engager de jeunes joueurs qu’ils peuvent payer quelques kopeks (en moyenne 650’000 CHF) à la place de joueurs autonomes d’expérience beaucoup plus coûteux.
Et c’est là que Chris McSorley intervient. Après les camps d’entraînement de chacune des équipes de NHL, il restera encore beaucoup de joueurs autonomes qui n’auront pas trouvé preneur. Certains d’entre eux sont des joueurs nettement supérieurs à la majorité des joueurs étrangers évoluant dans le championnat suisse. Évidemment les clubs suisses ne seront pas les seuls à avoir un œil sur ces joueurs exceptionnels. La puissante ligue russe KHL va certainement priver les clubs helvétiques des meilleurs mais les miettes seront tout de même, très alléchantes. Songez à des joueurs comme Robert Lang, Mike York, Peter Schaefer, Mathieu Dandenault ou encore Derek Armstrong et Jamie Heward (tiens tiens ça vous dit quelque chose ?). Plus de 100 joueurs réguliers de la NHL sont encore sur le marché.
La foire aux bétails sur patins va donc commencer dès la fin des camps d’entraînement qui devraient se situer aux alentours de la fin septembre. En attendant, les fans genevois n’ont qu’à continuer de prier Saint-McSorley pour qu’une nouvelle fois, il accomplisse son petit miracle.

Écrit par Joël Badertscher

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1 Commentaire

  1. Bonjour,

    La longueur des contrats est justement un moyen de contourner le plafond salarial en faisant baisser la moyenne annuelle, qui est déterminante. Ils ne sont en rien linéaires (les dernières annualités étant anecdotiques) et non plus pas d’horribles engagements sur la durée puisque si le contrat est signé avant les 35 ans du joueur, il est possible de racheter le contrat dans les dernières années et de s’en débarrasser sur la masse salariale.

    Les joueurs qui restent sur le carreau après les camps ont généralement fait le choix de jouer en Amérique. S’ils n’ont pas de place en début de saison, ils iront faire un tour en AHL avant des blessures et pourront encore espérer faire la grande ligue. Ils ne font donc pas penser que les coupes qui auront lieu vont forcément mettre des joueurs dans la nécessité et qu’ils viendront volontiers en Europe.

    Si Mc Sorley suit cette démarche, c’est qu’il a probablement déjà eu des discussions avec certains joueurs et qu’ils lui ont demandé d’attendre. Ca ne veut pas dire qu’il pourra choisir entre Robert Lang qui a subi une sévère blessure au talon d’Achille et qui devrait revenir en Rép. Tchèque si aucune équipe ne veut de lui en NHL ou Mathieu « Dindonneau » qui est au camp des Sharks avec de grandes chances de faire l’effectif puisque il vient d’avoir une transaction avec Vancouver qui a pas mal affaibli leur défense.

    Pour une cinquième étranger, la démarche aurait pu paraître géniale, mais là elle semble plus désespérée. Le bon coup était Stephan, plus besoin de l’attendre.

    Bon match ce soir…

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