L’aigle n’a pas trouvé la clé… et encore moins la serrure

Bienne aura passé le week-end à se faire courir après. D’abord dans le clapier du vaillant lapin rhétique, assez malhabilement enrôlé «tortue». Et puis hier soir dans le cadre du derby des horloges, voire le derby des infrastructures foireuses et peut-être aussi un peu le derby des projets immobiliers qui aboutissent ou bien le derby du trafic d’agglomération et si on tentait un derby de l’insécurité et de ses populismes ? Bon, je vous aurais donné du choix, mais le plus important, c’est de se souvenir que c’était un derby.

Échec en zone médiane contre jeu de transition

Dans ce premier tiers, si certains diront que la responsabilité du gardien est passablement engagée sur les premières réussites qui furent le fruit de tirs directs et non masqués. C’est surtout le repli défensif servettien qui a été déficient. Comme si la réussite de leurs mises en échec en zone neutre leur avait fait perdre tout savoir-faire pour ce qui est des interventions défensives sur contres ou actions solitaires.
Et quelle meilleure transition que de passer du dernier mot du précédent paragraphe à Nüssli qui a pu montrer qu’il avait parfaitement réussi le slalom sur glace TCS en réalisant ce qu’il tente infructueusement trois fois par matches d’habitude, soit passer là où on ne passe pas autour de la cage adverse avant d’adresser un tir. Stephan pouvait être surpris par le tir, le public par la réussite…
Mais cette réussite qui devait bien tomber pour que le grand bonhomme ait une raison de retenter son numéro impossible toutes les parties jusqu’à la fin de la saison n’allait-il pas sonner le réveil des méchants adversaires qui sont, faut-il le rappeler, l’équipe en forme du moment ? Et bien, pas vraiment. Il faut dire que cela n’a pas fonctionné comme prévu. Car la traditionnelle maîtrise en zone médiane genevoise était aux abonnés absents. Lötscher, déconcertant par sa latéralité pouvait ajuster une trajectoire qui croisait celle de Nüssli – artiste de cirque devant l’éternel – pressé de réaliser un grand écart à la ligne bleue pour ainsi éviter un hors jeu. Fata qui, initialement ne passait pas du tout par là, pouvait conclure d’un maître tir, une demi-seconde après son incursion en zone ennemie.
Ensuite, Steinegger pouvait faire parler la poudre en supériorité numérique, sa carcasse ne semblant plus laisser rien de bon à prendre pour les becs crochus. Bordeleau pouvait choisir la maîtrise plutôt que la démonstration fastidieuse pour ajuster la cage après être passé entre deux poteaux, défenseurs de leur statut. C’était 4-0. Et Genève n’avait jamais réussi à s’installer avec viabilité dans la zone adverse, si ce n’est pour trouver un Berra très à son affaire.
Il restait 40 minutes. Et face à un score aussi inespéré, c’était bien simple : Bienne se devait de tenir l’avantage et de livrer une copie des plus parfaite en défense, ne perdant pas de vue ce qu’à long terme cette dernière permet de gagner.
Et si Bienne tenait assez miraculeusement le coup vers la moitié de match, il fallut compter sur l’avidité de gain des Genevois et la cupidité de certains préposés à une forme de justice pour que le spectacle s’en trouve terni. Simulations d’une part, énervement et coups assez bas de part et d’autres. Le Servette revenait de deux buts, mais dans un cadre qui empruntait assez peu à la sportivité.

Parenthèse : la métaphore de l’adolescent difficile

Vous ne vous y connaissez pas trop en éducation et vous devez vous occuper d’un adolescent l’un de vos proches pour une assez longue durée. Que faites-vous ? Bien simple, vous ne laissez absolument rien passer des moindres agissements contraires à ce qu’il est censé faire. Il mange quelque chose dans le frigo qui ne lui était pas destiné ? Une semaine sans sortir de sa chambre. Il a une matière à l’école qui lui fait ramener de mauvaises notes ? Il passera ses vacances dans un camp militaire. De l’avis des préconisateurs de cette méthode, c’est un bon moyen pour faire connaître à l’adolescent ses limites. Ma foi, il y a aussi des cas où ledit adolescent en a tellement marre de l’espèce d’enflure qui lui sert d’interdicteur de vivre qu’il se révolte et fait un maximum de conneries. Et là, l’adulte responsable a l’air con. Il punit d’amendes les sorties en douce, mais n’est plus capable d’agir contre la prise de drogues dures, qui se passe pourtant devant ses yeux. Et s’il a plusieurs adolescents, il tapera encore plus fort sur celui qui se comporte à peu près convenablement, histoire de faire peur au petit rebelle. On l’aura compris, ce serait mieux si M. Popovič – aussi vague que ce qui orne son «c» – ne doive jamais œuvrer dans un centre d’animation de banlieue (quoique s’il pouvait y emmener son sifflet avec). Sa ligne d’arbitrage aura en tout cas été l’une des plus grandes farces de ce début de saison. A moins que parler à Goran Bezina soit une sorte de volupté qui échappe au commun des mortels. Dans ce cas là, je n’ai rien dit.

Reeeto Berra… et tous les autres

La fin de ce match a été celle d’un homme, déterminant à de nombreuses reprises, génial lorsqu’il s’agit d’insérer une partie de son équipement dans un espace vide traversé par un projectile à haute vitesse, armé de réflexes de survie de tout premier ordre. Berra qui n’avait pas tenu la comparaison avec Stephan lors de la première confrontation de la saison a rendu le système genevois pitoyable tant il fut bon à la relance. En jouant «à l’imbécile» en fin de troisième tiers, il a d’ailleurs failli marquer un but. Pas mal pour un type discret, mais qui a rendu performant son poste (qu’il soit titulaire ou remplaçant) partout où il est passé.
Pour ce qui est du reste du collectif, Bienne n’a pas été une équipe chanceuse ce soir. Elle peut simplement compter sur 4 lignes équilibrées, des paires défensives avec des rôles intelligemment redistribués. C’est à se demander si les passes trop intelligentes pour être reçues par quiconque de Philippe Seydoux manquent réellement à quelqu’un… Quoique les gens ont parfois des goûts étranges. Elles étaient environ 400 de moins que mardi passé pour assister à la rencontre contre Langnau…

Photos copyright Simon Bohnenblust

Bienne – GE/Servette 4-2 (4-0 0-2 0-0)

Stade de Glace, 4807 spectateurs.
Arbitres : MM. Popovič ; Fluri et Müller.
Buts : 4e Nüssli (Fröhlicher, Brown/4c4) 1-0, 11e Fata (Lötscher) 2-0, 15e Steinegger (Fata, Lötscher/5c4) 3-0, 18e Bordeleau (Tschantré) 4-0, 30e Rivera (Salmelainen, Kolník/5c4) 4-1, 36e Kolník (Salmelainen, Rivera) 4-2.
Pénalités : 10 x 2′ + 1 x 10′ (Steinegger) contre Bienne ; 9 x 2′ contre GE/Servette.
Bienne : Berra; Jackman, Trunz; Schneeberger, Steinegger; Fröhlicher, Brown; Kparghai, Wellinger; Truttmann, Bordeleau, Tschantré; Lötscher, Fata, Nüssli; Wetzel, Peter, Tschannen; Zigerli, Gloor, Beccarelli.
GE/Servette : Stephan; Bezina, Mercier; Maurer, Gobbi; Breitbach, Höhener; Kolník, Rubin, Toms; Déruns, Savary, Salmelainen; Cadieux, Trachsler, Suri; Hürlimann, Conz, Rivera; Randegger.
Notes : Bienne sans Bärtschi, Ehrensperger, Gossweiler, Seydoux (tous blessés) ni Meyer (surnuméraire) ; GE/Servette sans Pivron et Vukovic (blessés) ni Mona (prochainement revendu par les filières parallèles).

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche

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8 Commentaires

  1. Le romanche est une langue officielle elle aussi, est ce que tu le comprend mieux que le Suisse – Allemand ?
    Faut vraiment être bouché du cornret ou ne pas quitter les jupes de sa mère pour ne pas parles 2 langues en Suisse.
    Non mais que argument d’inculte !

  2. « Elles étaient environ 400 de moins que mardi passé pour assister à la rencontre contre Langnau…  »

    tout simplement parce que Biel se trouve en Suisse allemande et que le vrai derby c’est contre les Tigres ou les Ours, et non contre Genève, Fribourg (quoi que…), Lausanne, etc….

  3. Euh excuse-moi Sven mais ton raisonnement est un peu bancal : quand on parle du derby des Zaehringen, selon toi a) ce n’est pas un derby ou b) fribourg est aussi en suisse-allemande ?

    Un biennois francophone 😉

  4. Oh je t’ai lu t’inquiètes, mais le derby des Zaehringen ne concerne pas Bienne…
    Tu dis que Bienne-Genève n ‘est pas un derby (et je suis d’accord) parce que Bienne est selon toi en suisse-allemande (là je ne suis plus d’accord sur l’argument). Donc Bern-Fribourg (c’est de celui -là que je parlais), selon toi, soit c’est pas non plus un derby soit Fribourg est aussi en suisse-allemande non ?

    Bon on s’en fout, Bienne à gagné et je suis content.

  5. R A F si on est romand ou suisse allemand on est biennois donc bilingue, bilingue francophone ou germanophone!!! Et merde aux abrutis incapables ou trop cons pour comprendre qui nous sommes.

    En plus nous payons notre redevance TV tout comme vous à Genf et on aimerait bien ne pas être systématiquement zapé puisque une grande partie d’entre nous sommes francophones

    Sinon le résumé du match est très bon

    Ah, ça va mieux, moi……

  6. Pour les bouffons incultes genre « Sven » ;
    Oui, Biel est en Suisse allemande, plus précisément c’est un petit village de l’Ober- Wallis.
    Par contre Biel/Bienne, comme son nom l’indique est une ville non seulement italo-albanaise mais également pourvue d’autochtones d’expression française, même si certains demeurés statiques ne l’ont jamais constatés.
    Concernant les 400 de moins, c’est exactement le nombre de Genfois qui ne se sont pas déplacés, contrairement aux Emmentalois. CQFD.
    Ici c’est Bienne !

  7. @jack

    Pour être billingue faudrait déjà que le suisse allemand soit une langue et je doute que les francophones maîtrisent le bon allemand…

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