Barrages : ouf, on y a échappé !

Les quatre derniers tickets européens sont sur le point d’être distribués. Il reste une dernière marche, une marche peut-être plus haute que les précédentes, et c’est déjà un parfum d’Afrique du Sud qui chauffera l’ambiance de Lisbonne à Moscou… A la vue des affiches, un premier constat s’impose : le système de têtes de série – malheureusement – voulu par l’UEFA va mettre à mal le suspense. Quoique…

Portugal – Bosnie : le plus surprenant

En grandes difficultés dans son groupe, 4ème, devancé par une doublette scandinave et des Hongrois qui rêvaient de revivre l’époque de Puskas, on voyait déjà le Portugal éliminé. Auteur d’une fin de qualifications tonitruante (enfin, en termes comptables, parce que le fond de jeu…), l’équipe chère aux vendeurs de klaxons a arraché aux télés du monde entier les images de supportrices suédoises débarquant en tenue estivale à Johannesbourg. Quelle cruauté quand même…
Avec une puissance offensive impressionnante sur le papier, les hommes de Queiroz ont cependant éprouvé grandes peines à marquer tout au long de ces qualifications. Ça tombe bien car en face, la défense bosniaque n’est pas la plus solide. Pour ce qui est de marquer des buts, par contre, la troupe de l’inénarrable Ciro Blazevic (sans son képi cette fois) pourraient en apprendre à beaucoup. Dzeko, Misimovic, Ibisevic, autant d’armes redoutables sur lesquelles les Bosniaques vont compter pour marquer à l’extérieur. L’autre arme, non moins redoutable, sur laquelle la Bosnie va compter est la ferveur de ses supporters. D’ailleurs, c’est pour accentuer le poids de cette ferveur que le match retour a été déplacé dans le petit stade de Zenica. Blazevic a promis aux Lusitaniens un enfer, nul doute qu’il saura tenir parole.
La présence de la Bosnie à ce stade de la compétition reste une surprise. Déclassée (comme tout le monde) par l’Espagne en qualifs, les Bosniaques ont mené leur course en solitaire, loin devant la Turquie et la Belgique, dont l’irrégularité et le faible niveau auront désarçonné pas mal de parieurs…
Je mise sur la Bosnie. Pour venger les supporters amateurs de Suédoises surtout, ensuite pour ne pas avoir à endurer Cristiano Ronaldo et son melon et enfin parce que ça fait toujours plaisir de voir de nouvelles équipes dans les grands rendez-vous.
Pronostic : Bosnie, qualifié surprise

Russie – Slovénie : le plus déséquilibré

Tout le monde le savait dès le tirage au sort des groupes. Allemagne ou Russie, celui qui finirait deuxième serait LE gros morceau des barrages. Je me risquerais même à dire qu’il aurait mieux valu affronter l’Allemagne… En effet, batailler en Russie en novembre n’est pas idéal et quelques défunts envahisseurs ne sauraient me contredire…
Si la lecture d’un bulletin météo russe suffit à donner la grippe, celle de la feuille de match en rajoute en donnant le tournis. Arshavin, Zhirkov, Pavlyuchenko… Pas besoin de faire un dessin, c’est très impressionnant et très supérieur à quelques équipes déjà qualifiées dans cette zone Europe… A se demander pourquoi les Russes ont été versés dans le deuxième chapeau lors du tirage des groupes (le même qu’Israël… comme quoi, on a vraiment eu du bol).
En face, la Slovénie a émergé dans le groupe le plus homogène de ces qualifs, devançant notamment la Pologne et la République tchèque, une sacrée performance. Je suis cependant bien ennuyé pour vous parler des individualités slovènes, maintenant que Zahovic et Siljak font partie du passé. Il faudra surveiller les attaquants Birsa (Auxerre) et Novakovic  (Cologne) en premier lieu. Les Slovènes compteront également sur l’ex-Marseillais Bostjan Cesar (Grenoble) pour tenir la défense. Malgré un jeu collectif bien huilé, ça semble un peu léger pour faire trembler l’ogre russe.
Pronostic : Russie largement qualifiée

Grèce – Ukraine : le plus équilibré

A la vue de ce tirage au sort, tous les supporters de notre Nati ont dû se sentir soulagés d’avoir évité les barrages, l’Ukraine ravivant les souvenirs d’un fiasco total. Cette équipe ukrainienne, qu’aucune tête de série n’avait envie de rencontrer, reste sur une campagne de qualifications réussie, éliminant la Croatie avec la complicité anglaise.
Comme d’habitude, les jaunes et bleus miseront sur le vieillissant Andriy Schevchenko, auquel on se doit de reconnaître de beaux restes. Avec Timoshchuk au milieu du terrain et le jeune Barcelonais Chygrynskiy en défense, le bloc ukrainien paraît assez solide pour résister à une équipe de Grèce qui vit depuis 5 ans sur un titre de champion d’Europe s’apparentant à une erreur de l’Histoire…
D’autant que la Grèce n’a que peu d’individualités capables de déstabiliser le bloc ukrainien. Le collectif hellène mise beaucoup sur Kyrgiakos (Liverpool), de loin le meilleur élément de l’équipe (pourtant peu convaincant en Premier League). Devant, Gekas et Salpingidis peuvent marquer dans un bon jour, mais pas sûr que ce soit suffisant.
En gros, on devrait assister à une double-confrontation peu spectaculaire et avoir au moins un match nul et vierge, peut-être deux. Et si la qualification devait se jouer aux tirs au but, l’Ukraine ne pourra pas, cette fois, compter sur le légendaire talent suisse en la matière…
Pronostic : Ukraine logiquement qualifiée

Eire – France : le plus attendu

Pas mal de Suisses suivront ce match, c’est une certitude. D’abord parce que notre équipe nationale aura fini un match sans enjeu contre un adversaire sans jeu au moment du coup d’envoi, ensuite parce que la France pourrait retrouver une vieille habitude perdue depuis longtemps : se viander sur la dernière marche (remember Kostadinov). Et puis, comme chaque Suisse connaît au moins un Français et aime bien l’enquiquiner, ce barrage pourrait donner matière à s’amuser un peu (en toute… amitié évidemment).
D’un côté, des Bleus qui se sont montrés trop sûrs de leur fait pendant les qualifications, et qui ont engrangé des résultats en dents de scie, perdant des points face à la Roumanie et l’Autriche. Une équipe qui fait trembler en somme, coachée par un génialissime Raymond Domenech. Se présentant avec des gardiens habitués à se retourner (Lloris et Mandanda), pas de Ribéry (mais Gourcuff), une ligne d’attaque qui n’a pas toujours convaincu, cette équipe de France semble mûre pour la gamelle.
En face, l’Eire de Trappatoni a su faire trembler l’Italie, seul opposant sérieux dans son groupe, jusqu’au bout. Les Irlandais (et pas mal d’autres) compteront sur le technicien italien et sur le légendaire fighting spirit pour poser des problèmes à une équipe qui leur est objectivement supérieure. N’oublions pas que, derrière Robbie Keane, John O’Shea et Damien Duff, la sélection irlandaise est composée de nobodies.
Cette confrontation devrait malgré tout être serrée jusqu’à la dernière seconde du match retour. Tant mieux pour nous, le suspense, c’est toujours bon.
 
Pronostic : Eire qualfiée dans les arrêts de jeu du match retour !

Écrit par Arnaud Antonin