Victoires en trompe-l’œil, mais victoires tout de même

Après la grosse baisse de régime en fin d’année dernière, les Aigles ne craignaient qu’une seule chose en cette reprise. Non pas que le ciel leur tombât sur la tête, puisqu’ils ne se déplaçaient pas au Stade de Glace, mais bien plutôt que Davos et Zoug ne leur fondissent dessus à bras raccourcis, les reléguant dans le ventre à bière de la LNA. Grâce à un réalisme retrouvé et un premier week-end presque parfait sur le plan comptable, cette sombre perspective semble écartée pour quelque temps.

Pourtant, après le premier tiers à Zoug, ça faisait moins les malins : jeu absent, power-play à faire pleurer une équipe de première ligue, défense en mode Team Canada-Karlovy Vary. Pour un peu, on aurait pu croire que les fêtes de fin d’année n’étaient pas encore passées. D’ailleurs, Paul Savary était en pleine forme.Après deux tiers face à Ambrì, ce n’était guère mieux, puisque la lanterne rouge était encore à portée d’exploit sans avoir montré grand-chose. (Ou elle est vraiment dans un état pathétique.) Mais alors, tout était-il perdu ? Fallait-il se résigner à voir les Grenat sombrer dans l’anonymat du championnat ? Non, car en l’absence des étrangers – quatre points au total pour ces deux matches, dont un, mais oui, pour Magic Malik – les joueurs de l’ombre prirent la relève pour assurer l’essentiel.
Au temps pour ceux qui trouvent encore que Genève-Servette dépend trop de ses «imports». Certes, dans ce domaine, on est encore loin de Berne ou de Zurich. Mais il y a au moins du répondant, même lorsque Thomas Déruns s’est rendormi, comme à chaque deuxième moitié de saison. Après les éclats de Reto Suri, puis de Jan Cadieux, ce fut au tour de Daniel Rubin (3 fois), Chris Rivera (2), Morris Trachsler et Daniel Vukovic de s’illustrer, en plus d’une réussite de Goran Bezina pour nous prouver que ça existe toujours. Le danger peut, au moins occasionnellement, venir de partout. Sauf de Robin Breitbach et de Marek Malík, mais il ne faut pas se montrer trop gourmand non plus, hein.

L’autre point réjouissant est qu’après des départs délicats, avec notamment une double infériorité numérique à chaque fois tôt dans la partie, les Genevois ont su s’accrocher et finir par user leur adversaire pour prévaloir sur la fin. Outre une belle qualité d’opiniâtreté, peu étonnante quand on a Chris McSorley au train, cela démontre également une condition physique au point quand beaucoup de monde commence à s’essouffler.
Bref, s’il n’était une qualité de jeu déplorable, on tomberait dans un optimisme béat. Et pourtant, la nouvelle réussite des troisièmes et quatrièmes lignes ne fait pas oublier que la deuxième, jadis si redoutable, connaît un sévère ralentissement. Que Tony Salmelainen tiédit et que Juraj Kolník peine à passer l’épaule. De même, la réussite de Daniel Rubin en supériorité numérique contre Ambrì fut la première depuis le 6 décembre. Et le retour tant attendu de Jeff Toms n’aura, dans l’immédiat en tout cas, pas su redonner des couleurs au jeu d’impuissance grenat.
Autant de problèmes qui ne se résoudront pas d’un claquement de doigts, mais qui conditionneront ce que les Aigles pourront espérer cette saison. Car s’ils ont montré ce qu’ils ont dans le ventre ce week-end, ils ne pourront pas maintenir leur niveau de réussite en évoluant en permanence en mode survie.
La prochaine rencontre face à des Dragons eux aussi en quête d’un second souffle devra montrer une réaction.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Yves Grasset

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