Rédemption à Old Trafford

Deux semaines après le couac monumental en FA Cup contre Leeds, Manchester United s’est racheté devant son public en dominant son voisin Burnley 3-0. Mais la victoire a été plus longue à se dessiner que ne l’indique le score.

C’est un Manchester United en quête de rachat qui s’est présenté samedi sur la pelouse d’Old Trafford puisque la dernière sortie des Red Devils devant leur public s’était soldée par une retentissante défaite contre Leeds United en FA Cup. Perdre à domicile contre une troisième division, cela fait toujours un peu désordre pour un club du standing d’United et ce d’autant plus lorsque l’adversaire en question est un rival historique contre lequel on ne sait pas combien d’années il faudra patienter pour avoir une revanche. D’ici là, c’est à leur public que les Red Devils doivent une revanche, surtout que l’adversaire du jour, le voisin et néo-promu Burnley, leur avait infligé leur premier revers du championnat en août dernier.

Des Britanniques et un Danois

Après les deux heures réglementaires de pub d’avant-match au Trafford, il est temps d’aller prendre place dans le Théâtre des rêves pour constater que quinze des vingt-deux acteurs alignés au coup d’envoi sont Britanniques, ça tranche avec certains discours alarmistes sur la mondialisation rampante de la Premier League. Relation de cause à effet ou pas, ça démarre très fort avec d’emblée deux occasions pour Rooney et Valencia. Burnley réplique sur une erreur de placement du duo Brown-Evans mais Steven Fletcher croise trop son tir. Incontestablement, si United veut gagner des titres cette saison, cela passera par un retour au jeu de la paire Vidic-Ferdinand parce que remporter la Ligue des Champions avec une charnière centrale Brown-Evans, ça paraît assez peu crédible.

Après ce début en fanfare, ça se calme sec et la domination mancunienne est plutôt stérile, ne provoquant guère plus que des tirs pas ou trop cadrés. Il faut attendre les ultimes minutes de la première mi-temps pour voir un peu de danger devant la cage de Burnley, avec une bicyclette à côté de Nani et un tir de Valencia détourné par le gardien danois des Clarets, Brian Jensen. Très sûr dans ses sorties et ses prises de balles, le dernier rempart de Burnley a longtemps fait le désespoir des attaquants mancuniens, comme l’avait fait son compatriote Casper Ankergren deux  semaines auparavant avec Leeds. Pourtant, on avait plutôt le souvenir d’une époque où les gardiens danois faisaient le bonheur des Red Devils.

Attaque-défense stérile

Evidemment, United ne peut décemment se contenter d’un nul à domicile contre le modeste Burnley, surtout en attaquant face à la mythique tribune de Stretford End où nous nous trouvons et qui ne s’est pas beaucoup assise en 2e mi-temps, même si l’ambiance n’a jamais vraiment décollé. En fait, on a surtout entendu les nombreux supporters qui avaient fait le court déplacement de Burnley. La deuxième période est en mode attaque-défense mais les Red Devils peinent à mettre hors de position le 4-1-4-1 mis en place par le nouvel entraîneur des Clarets, Brian Laws, qui avait remplacé quelques jours auparavant le mentor à succès de ce club de Burnley, Owen Coyle, parti à Bolton. Manifestement, les Red Devils avaient dû travailler les transversales à l’entraînement car les changements de jeu d’une aile à l’autre se multiplient mais ça pêche dans le dernier geste. Malgré un talent indéniable, Nani et Valencia ont encore trop de déchet pour complètement faire oublier Cristiano Ronaldo, même si Berbatov frôle l’ouverture du score après un une-deux avec l’Equatorien.

Le tournant du match

On va même flirter avec la catastrophe lorsque, après une interception ratée d’Evans, David Nugent se présente en position très favorable devant Van der Sar mais ne parvient pas à cadrer. Incontestablement le tournant du match car peu après, sur une passe géniale de Wayne Rooney, Dimitar Berbatov va ouvrir le score avec pas mal de réussite sur un tir dévié dans le petit filet de Jensen. Le même duo allait plier le match cinq minutes plus tard avec un premier essai de Berbatov repoussé par Jensen sur Rooney. Le Ballon d’Or 2010 (forcément, après la victoire de Manchester en C1 et le titre mondial de l’Angleterre) a pris tout son temps pour ajuster la cage des Clarets et assurer le succès mancunien. La suite s’est un peu apparentée à du remplissage. On notera tout de même quelques chants anti-Glazer, l’ovation réservée à Chris Eagles, ancien Mancunien aujourd’hui à Burnley, une reprise de Thompson sur le poteau et un troisième but réussi de la tête par le jeune Mame Biram Diouf, pour sa deuxième apparition sous le maillot des Red Devils. Dans les arrêts de jeu, Edvin Van der Sar, follement acclamé pour son retour, préservera son blanchissage en détournant un coup franc qui partait dans la lucarne.

Et maintenant le derby

3-0, la victoire d’United ne souffre d’aucune discussion mais le score est un peu sévère pour des Clarets qui n’ont finalement pas été très loin de ramener quelque chose d’Old Trafford. Habituellement, c’est à cette époque de l’année que Manchester forge ses succès en championnat mais là cette équipe nous a laissé un sentiment un peu mitigé, il faudra sans doute élever un peu le niveau de jeu pour atteindre les objectifs. Et ce dès le derby de mardi contre les nouveaux riches de Manchester City en demi-finale aller de la Carling Cup. Une affiche doublement importante car une qualification et une possible victoire en Coupe de la Ligue permettraient d’éviter, dès la fin du mois de février, le spectre d’une saison blanche chère à Arsène Wenger ; deuxièmement, éliminer les Citizens, ça reste le meilleur moyen de prolonger leur légendaire série d’insuccès (aucune trophée depuis 1976, même l’OM n’attend pas depuis si longtemps) dont la persistance tient particulièrement à cœur aux supporters des Red Devils. Ce d’autant plus que cette année la finale de cette Carling Cup se jouera 34 ans jour pour jour après la dernière victoire de City en 1976. En attendant, c’était pour nous l’occasion de nous replonger, après les deux heures règlementaires de pub au Trafford d’après-match, dans la trépidante vie nocturne mancunienne : mon rédacteur en chef va de nouveau ronchonner en voyant la note de frais. Au risque de faire bêler la frange écolo-lepéniste de nos lecteurs, Manchester cela reste un must pour les amateurs de virées footballistico-festives.

Manchester United – Burnley 3-0 (0-0)

Old Trafford, 75’120 spectateurs.
Arbitre : M. Probert.
Buts : 64e Berbatov (1-0), 69e Rooney (2-0), 90e Diouf (3-0).
Manchester United : Van der Sar ; G. Neville, Brown, Evans, Evra ; Valencia, Carrick (65e Anderson), Scholes, Nani ; Rooney (73e Diouf), Berbatov (73e Owen).
Burnley : Jensen ; Mears, Duff, Edgar, Jordan ; Alexander ; Nugent, Elliott, McDonald (73e Gudjonsson), Eagles (83e Blake) ; S. Fletcher (36e Thompson).
Carton jaune : aucun.

Écrit par Julien Mouquin

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10 Commentaires

  1. « Au risque de faire bêler la frange écolo-lepéniste de nos lecteurs, Manchester cela reste un must pour les amateurs de virées footballistico-festives. »

    L’as de la polémique (comme l’attaque-défense ou la domination mancunienne après le début en fanfare?) a frappé 😉

    Mais au fait, pourquoi cette infidélité britannique alors que t’aurai pu griller 200 litres d’essence pour aller voir tes deux équipes fétiches s’affronter au Rheinenergie Stadion ?

    @+

  2. Manchester United s’est construit son histoire bidon sur un drame affreux…
    ça dégouline de pathos, cette équipe me fait penser à Lara Fabian.

  3. c’est assez inquiétant et grave effectivement. Mais pour l’instant le plan sportif n’en est pas affecté, heureusement. Et moi c’est celui-là qui m’intéresse.

    Le bilan de recrutement est bon, quoi que les médias en disent. Ronaldo ne peut pas être remplacé mais Obertan semble avoir un très bon potentiel, mais doit encore être « façonné », rien d’anormal.
    Valencia est une très bonne recrue et impressionne de match en match. Il y a juste Owen n’a pas assez de temps de jeu, mais ça c’était clair dès le départ pour lui. J’espère qu’il pourra quand même aller en Afrique du Sud.

    @bouriquet :

    je crois que tu devrais en parler à ton psy…

  4. Ah c’est clair que tant que le sportif va, tout va, si ca tournait vraiment en couille, il suffira juste de trouver un autre club pour se faire mousser…

    Une autre vision du match:

    http://www.wsc.co.uk/content/view/4398/38/

    Prochainement au menu, la vente d’Old Trafford et du centre d’entrainement de Carrington pour liberer du capital pour payer pour la dette. Entretemps, les finances pour les nouveaux joueurs sont limitees, les prix des places augmentent (absolument pas grave bien entendu, les connards de prolos mancuniens n’auront qu’a se serrer un peu plus la ceinture, avec le taux de change, c’est une bonne affaire depuis la Suisse apres tout…) et des sponsors importants font remarquer que ce qu’ils voient derriere les paillettes n’ait pas folichon (Fred Done, proprio de BetFred, un tout gros bookie anglais et supporter depuis 40 ans du club).

  5. Pas franchement rassuré sur ce match, en effet.
    D’accord sur le fait de retrouver Vida et Rio, malgré tout, avec une défense rafisticolée à chaque match, l’équipe est présente sur tout les tableaux (hormis la FA muuuarf)
    Quand à la situation des finances elle m’inquiète fortement mais les grands clubs ne meurent jamais même si elles ont bâti leur histoire sur un drame affreux…pfff tu portes bien ton nom âne gris, imbécile que tu es!!

    Ahhh le Tarfford, son interdiction aux fans adverses, ses pintes à £1.50, ses serveuses dégeulasses aux bras tattoués, son arrière cours cloturée…vivement le prochain voyage!
    Only One UNITED

  6. « Ah c’est clair que tant que le sportif va, tout va, si ca tournait vraiment en couille, il suffira juste de trouver un autre club pour se faire mousser… »

    Exact ! d’ailleurs je commence déjà à apprendre les chants de City.

    Pour revenir au sujet, simplement je ne donne pas mon avis sur quelque chose que je ne connais pas suffisamment. J’attends d’en savoir un peu plus. En fait j’attends de savoir ce qu’en pense Canal +… 😉

  7. C’est marrant, je me sens comme si j’avais été coincé deux heures chez quelqu’un qui insiste pour me montrer ses photos de vacances.

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