Xamax : les faux-cools

Comme mon employeur m’a libéré de mon train-train, j’ai décidé de revenir faire un petit tour sur CartonRouge.ch. C’est que maintenant j’ai tout loisir de me rendre aux traditionnels point-presse xamaxiens du vendredi. L’occasion de goûter à la communication «made in Neuchâtel».

Mais commençons tout de même par le début. On avait quitté les rouge et noir sur une série vertigineuse de contre-performances. DNNDDD comme on dit. 6 matches, 2 points. Autant dire, gros coup de spleen au moment de plonger dans les longues nuits d’hiver. Deux mois plus tard, après plein de cadeaux et de coupes de champagne, à la veille de la reprise, un état des troupes s’impose.L’effectif était bien parti pour ne pas trop bouger, jusqu’à ce que 2010 arrive. La crise ? Tu parles, Xamax n’aura jamais fait autant de chiffre d’affaires dans toute son histoire en si peu de temps. A force d’affûter et provoquer les chéquiers des clubs voisins en Europe, l’appât a fonctionné. Trop bien, trop vite ou trop sournoisement même. A l’heure de la reprise des entraînements, Ideye Brown, bonnet vissé sur le crâne, sourire qui fait trois fois le tour de la tête, martelait qu’il était xamaxien et voulait le rester. L’adorable petit Bobby était moins déterminé que les Sochaliens. Ces derniers tentaient un coup de poker (pour résumer : le championnat de Suisse étant si faible par rapport au leur). Un gros transfert, même pour un club de D1, et un risque qui a fait frémir dans les travées de Bonal. Une transaction triangulaire qui devrait laisser un petit goût de «win-win-win», tant tout le monde semble gagnant. Hein ? Xamax, gagnant en laissant partir sa perle ? C’est que 4 millions d’euros ça se refuse pas. Surtout pour un joueur qui a coûté 200’000 francs… A ce niveau-là, Bernasconi et ses amis investisseurs sont les Jérôme Kerviel honnêtes du 21ème siècle. Sur ce magot, les deux tiers devraient retomber tôt au tard dans les caisses du club, et plus tard sans doute, dans les mallettes de Paolo Urfer. Car ce dernier va avoir du travail.

Quelques jours plus tard, un nouveau bruit traversait les murs de la Maladière. Schalke s’intéresse à Gavranovic. Pas le temps de comprendre, le deuxième meilleur buteur de la Maladière s’en va. Prêté par Yverdon, propriété d’un groupe d’investisseurs allemands, sous contrat avec option d’achat pour Xamax, le cas de figure semble relever du casse-tête. Mais avec les sous, tout s’arrange. Un petit million plus tard, Xamax est à la recherche non pas d’un attaquant, mais de deux. «On est trois personnes à se prononcer sur l’engagement de joueurs, le Président, M. Schürmann et moi-même, et il faut qu’il y ait unanimité» prévient Urfer. Faisant croire à des vacances en Autriche pour regarder Cuche descendre la Streif, les dirigeants neuchâtelois préparaient leur plan, et la déclaration du Président mettait définitivement la puce à l’oreille. Sanel Kuljic (32 ans), ancien sédunois, actuellement meilleur buteur du Wiener Neustadt (Autriche), est désormais xamaxien. Un caractère bien trempé en tout cas, gageons qu’Urfer aura retenu la leçon et aura averti Sanel sur les dispositions fiscales et le prélèvement à la source dans notre pays.
Mais voilà certainement un premier renfort qui devrait porter ses fruits. Véritable renard des surfaces, complet, Kuljic n’est pas homme à se poser des questions quand il est face au but. Pour preuve lors du match amical face à Lucerne, fraîchement entré, le têtu «Safet» comme l’appelle à tort Schürmann, demande à tirer le penalty. Sans succès hélas, mais on salue l’initiative. On aura bien besoin d’un pied droit sur les coups de pied arrêtés. «PAS» ne s’y trompe pas : «il faut qu’il s’intègre au plus vite dans le groupe, mais après il pourra amener beaucoup».

Mais bon, Sanel c’est un beau coco (coco Sanel, vous l’avez ?), mais si vous comptez bien il en manque encore un. Et c’est là qu’on commence à rigoler. A Neuchâtel Xamax quand on agit un peu dans l’urgence, on sent toujours une certaine fausse décontraction. Alors, quid du deuxième attaquant Messieurs ? Urfer : «Bon alors les pistes menées récemment, et qui ont été mentionnées dans la presse ces jours ont été abandonnées, toutes, et je n’en dirai pas plus !». Schürmann se réveille «ouais bon, pour Makinwa [ndr : la seule piste mentionnée par la presse récemment] on sait pas encore, on discute». Urfer l’interrompt et change de sujet. C’est que la presse italienne se montre insistante, mentionnant de sérieux contacts entre Xamax et la Lazio. Le Nigérian aurait même accepté l’offre. Une affaire qui sera de toute façon éclaircie très rapidement, et les règles du mercato sont actuellement favorables à Xamax qui a 15 jours pour engager un joueur, mais ne peut plus en voir partir. Toujours est-il que quand on connaît la qualité des mercatos hivernaux de Xamax, on est en droit de demander de ne pas confondre vitesse et précipitation. Une vision corroborée par Schürmann, tellement dans le baratin, qu’on appellera ça de la langue de bois de cerisier : «il est nécessaire de trouver quelqu’un, mais il faut suivre la bonne ligne de conduite, et consolider les bases construites lors de la première phase». Après 5 minutes de one-man show, le coach a oublié la question initiale et s’égare. Il aborde sans que personne ne le lui demande, le cas Gavranovic : «c’est dommage, j’avais tellement insisté pour l’avoir et voilà qu’il s’en va dans une histoire où le club n’a même pas été approché». Drôle d’allusion, une fois encore tempérée par un Paolo Urfer tranchant : «T’façon on est là pour parler du match de demain, pas de Gavranovic».
Le match de demain justement. Les absents ? Binya est revenu de la CAN, il est prêt mais suspendu pour le match à Zurich. Niasse est lui convalescent. Sa guérison suit son chemin, il foule à nouveau le terrain et la douleur a disparu. Petit à petit il devrait donc pouvoir reprendre sa place. Quant au gardien remplaçant, Guillaume Faivre, non aligné lors des matchs de préparation, il s’entraîne à nouveau normalement depuis une semaine. Il devrait donc être opérationnel pour la suite.

Les Neuchâtelois quitteront le littoral cet après-midi pour Zurich, où ils chercheront un terrain naturel praticable. Les signaux sont en tout cas au vert. Les derniers matches de préparation étaient encourageants. Un nul face au CSKA Moscou en Espagne (2-2) et ce dernier match face à Lucerne, 2-2 également, avec de belles promesses. «C’est toujours le grand point d’interrogation du coach la reprise en février. Mais avec ceux deux rencontres, on a eu quelques références quand même, qui nous permettent d’y aller avec confiance». Une deuxième partie de saison où Wütrich, très en verve face à Lucerne, sera appelé à faire oublier Rossi. Car Rossi parlons-en. Une dernière fois. Remercié comme un malpropre par le club, il serait destiné à cirer le banc de la deuxième équipe. Un manque de respect abject, indigne pour ce grand professionnel qu’est Julio. Pendant que les supporters s’arrachent les cheveux, les journalistes eux ont la lourde tâche de faire les porte-parole, et de demander s’il ne serait pas finalement utile le brave Julio ; bref, le truc qui paraît évident à tout le Canton, mais… «Vous posez chaque fois les mêmes questions» s’agace Schürmann, avant que le directeur sportif tape du poing sur la table «le cas Rossi n’est plus d’actualité, c’est la dernière fois que je m’exprime là dessus !». Et Schürmann d’ajouter «surtout que le communiqué de Couvet était clair il me semble». Rappelons que le communiqué disait «Julio Rossi ne fait plus partie de la première équipe». Pour être clair, c’est clair. Merci pour tout Julio, tu incarnes la classe et tu en es bien mal remercié.

On sent bien que les nerfs sont à vif à Neuchâtel, il ne faudra pas grand-chose pour replonger dans le début de crise de la fin 2009. Deux besoins urgents en tout cas : trouver un buteur, car le duo Aganovic – Kuljic ne suffira pas (surtout le premier nommé, transparent face à Lucerne), et assurer un salaire minimal sur les trois prochaines journées. Dans le cas contraire, la deuxième partie de championnat devrait fichtrement ressembler aux précédentes. La huitième place n’étant qu’à trois points.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Roby Steedman

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7 Commentaires

  1. RE-Bienvenue !

    Merci d’avoir fait le point de la situation; j’avais commencé un article cette semaine mais j’attendais des nouvelles de Makinwa pour publier qqch… Je pense que l’article en question va pourrir dans un coin…

    Pour le reste, je partage ton opinion, je serais même plus dur avec « Bernasconneries » depuis l’article du « Matin » de cette semaine. Il a peut-être sauvé le club mais qu’en fait-il vraiment ?

    J’espère qu’on se croisera un jour à la Maladière !

    L’autre rédacteur pour couvrir Xamax

  2. Pour enfoncer un peu plus le clou, en ce qui concerne Aganovic, juste avant le départ en camp d’entraînement en Espagne, il a été transparent également face à Lausanne, valeureuse équipe de 2ème division helvétique..,. Inquiétant, je dirais même plus, très inquiétant.

  3. Aganovic n’est pas prêt à faire l’affaire, en effet. Cela dit en début de saison, il m’avait laissé une impression positive notamment à Bienne en amical. Il mérite de mûrir un peu avant de prendre une décision.

    Pour le reste, il était tout de même difficile de riposter au putch hivernal. A un moment donné, la meilleure solution pour le club était de trouver des investisseurs. L’inconvénient, c’est qu’après, la décision incombe moins au club. Le cas Gavra est assez identique, puisqu’il n’était pas à nous. Bref, la structure performante créée par les dirigeants l’été dernier avait la faiblesse de ses avantages on dira.

    En outre, le « beau Xamax » du premier tour articulait sa force autour d’autres éléments que sa percussion offensive. Un milieu de terrain percutant, un jeu rapide vers le haut et beaucoup de vivacité (un terme cher à PAD tiens). M’est avis, que le même plan pourrait aussi fonctionner à l’avenir.

    Au plaisir de te relire aussi,
    Bien cdt,

  4. c’est typiquement « xamaxien » que de s’auto détruire …je me souviens du temps d’un certain mr pedretti aux commandes ou xamax était premier de super league sans star sur le terrain. . Mais voilà , Mr Facchinetti sentant le pouvoir lui échapper , vira ce dernier et aussi l’entraineur , tous deux français. Résultat : la descente aux enfers.C’est là que Mr Bernasconi arriva tel le messie , avec les Zuber recrutements que l’on connait. Ainsi ce bon « facchi » pût continuer à rêver à ses « années xamax » du passé , sans perdre son « bébé  » et sans lui offrir d’avenir…

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