Tout seuls comme des grands

Privé de ses meilleurs éléments, Fribourg n’avait pas grand-chose d’autre que son courage à opposer. Mais les Aigles ont tout de même trouvé le moyen de lui offrir la victoire. Le constat est le même qu’après la première partie : une équipe joue les play-off, l’autre est encore en saison régulière.

Le Genève-Servette cru 2010 est-il une équipe de play-off ? Au vu de cette série, on peut sérieusement en douter. La partie de jeudi avait montré la voie à suivre : quand on joue physique, qu’on bouscule ces Fribourgeois, qu’on ne les laisse pas respirer, le Dragon s’éteint gentiment. Mais les Grenat ne sont visiblement pas capables d’afficher cette révolte plus de 60 minutes.Qu’elle soit due à un excès de confiance ou à un manque de caractère, la prestation d’hier fut alarmante à ce sujet. Face à une équipe diminuée, ne brillant que par quelques débordements d’un Mark Mowers remuant comme jamais, les Grenat sont retombés dans la facilité et l’attentisme. La défense fut ainsi d’une passivité extrême, abandonnant la zone neutre aux hommes de Serge Pelletier, qui avaient tout loisir de prendre cette vitesse qu’ils aiment tant, et regardant jouer les attaquants. On remerciera d’ailleurs au passage le précité Mowers de ses nombreuses passes en retrait alors qu’il avait mis tout le monde dans le vent. Cet homme est chevaleresque.

Le pire dans cette histoire est que Genève-Servette aurait tout de même dû remporter cette rencontre sans trop de discussion. Mais à chaque fois que la différence semblait faite, un cadeau d’un élément censément clé de l’équipe redonnait sa chance à l’adversaire. Après un quart d’heure de jeu, suite à un numéro du dragster Tony Salmelainen en box play suivi d’un rebond opportuniste de Jeff Toms en jeu de puissance, les Aigles possédaient deux longueurs d’avance et les Fribourgeois semblaient déjà accuser le coup. C’était sans compter sur la Schürcherie sortie six secondes plus tard du chapeau à malice de Tobias Stephan, laissant filer un tir «Ave Maria» du revenant Benny Plüss. Les gens de Fort-Béton se reprenaient à y croire et égalisaient logiquement en début de deuxième période sur une xième accélération de leur top-scorer de secours.
La réaction intervenait sur une belle combinaison en supériorité numérique, permettant aux Grenat d’aborder le troisième tiers avec une tête d’avance. Mais au lieu de pousser leur avantage pour aller chercher la victoire, ils évoluaient pendant l’essentiel de la période avec la peur au ventre, préférant préserver leur maigre pécule. Quand les défenseurs commencent à jouer à toi à moi au lieu de relancer, le supporter genevois se tend instinctivement. Et au moment où les locaux semblaient maîtriser l’affaire survenait l’inévitable ou presque en pareille situation. En l’occurrence, c’est le capitaine, l’international, l’homme qui se permettait de mettre des conditions à un hypothétique retour en NHL, Goran «one-way ticket to the blues» Bezina qui, sans pression aucune, foirait lamentable une passe latérale. Corsin Casutt, jusque là aussi invisible que ses compagnons de ligne, ne se faisait pas prier pour décrocher les toiles d’araignées de lucarne droite et la prolongation.

Le but qui y mit fin, inscrit dans des circonstances peu claires, est paradoxalement une anecdote. Il n’a déterminé l’issue de la partie que sur le plan comptable. Il aura en tout cas le mérite de mettre le nez des Genevois dans leur inaptitude à gérer une rencontre.
Que penser de l’issue de la série ? Les Aigles restent largement supérieurs aux Dragons, et, s’il s’agissait toujours de la saison régulière, les victoires se seraient sûrement enchaînées. Mais Shawn Heins n’est apparemment pas le seul à découvrir que les play-off se déroulent dans des circonstances particulières. Sur ces trois premiers matches, la réédition d’un parcours similaire à celui de 2008 apparaît plus qu’hypothétique. L’effectif genevois ne semble pas posséder de joueurs prompts à se sublimer quand la saison est en jeu, comme l’avaient été alors Igor Fedulov, Laurent Meunier et surtout Jean-Pierre Vigier. Du coup, on imagine plutôt, au mieux, un revival 2004. On espère tirer des conclusions trop hâtives, mais c’est maintenant aux Aigles de nous le prouver.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Fribourg Gottéron 3-4 ap (2-1, 1-1, 0-1, 0-1)

Les Vernets, 7’202 spectateurs.
Arbitres : MM. Mandioni, Rochette ; Wehrli, Wirth.
 
Buts : 10:00  1-0 Salmelainen (Breitbach) 4c5 ; 16:48  2-0  Toms (Bezina, Malik) 5c4 ; 16:54  2-1  Plüss (Sprunger, Bykov) 5c5 ; 24:36  2-2  Sprunger (Mowers, Lakhmatov) 5c5 ; 30:30  3-2  Gobbi (Toms, Salmelainen) 5c4 ; 55:27  3-3  Casutt 5c5 ; 63:21  3-4  Jeannin (Knoepfli) 5c5.
 
Genève-Servette : Stephan, Tamo ; Bezina, Gobbi ; Malík, Vukovic ; Breitbach, Höhener ; Mercier. Conz, Rubin, Toms ; Salmelainen, Savary, Déruns ; Suri, Trachsler, Rivera ; Maurer, Hürlimann, Pivron ; Barbero.
Fribourg Gottéron : Caron, Todeschini ; Birbaum, Ngoy ; Abplanalp, Collenberg ; Leuenberger, Gerber ; Voisard, Loeffel. Lakhmatov, Mowers, Ouellet ; Plüss, Bykov, Sprunger ; Knoepfli, Jeannin, Casutt ; Botter, Wirz, Lauper.
 
Pénalités : 6×2’ contre Genève-Servette ; 7×2’ contre Fribourg Gottéron.
Notes : Genève-Servette sans Cadieux et Antonietti blessés ; Kolnik suspendu ; Randegger avec Lausanne. Fribourg Gottéron sans Aubin, Hasani, Ciaccio et Leblanc blessés ; Heins suspendu.

Écrit par Yves Grasset

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12 Commentaires

  1. @Bibi: en effet! Mais on y est habitué. Genève ne peut être battu que par lui-même, par les arbitres ou par le juge unique. Mais personne ne peut les battre en étant juste… meilleur.
    Allez Fribourg! Espérons qu’ils arrivent à faire un bon match à domicile mardi; à 3-1, l’avantage serait intéressant. A 2-1, il n’y a encore aucun avantage.

  2. Puffff match pourri pour nous… je l’admets amplement. La seule et unique chose que j’ai du mal à accepter c’est ce fameux dernier but…

    Enfin on va pas refaire l’histoire.

  3. Ne dit-on pas que le hockey est un jeu d’erreurs où celui qui en commet le moins finit par gagner ?
    Question salaires, puisque McS semble avoir des soucis financiers, il pourrait proposer à Pelletier de prendre en charge le salaire de Bezina, vu son impact actuel sur la série…

  4. bien que dzo je suis assez d’accord avec le commentaire de Yves Grasset. Au vu de la saison réussie par Servette, du match de jeudi et des forces en présence, les genevois détenaient tous les atouts pour gagner. Mais c’est souvent dans ces cas là que l’équipe la plus faible décide de laisser son coeur sur le glace et se surpasse pour la victoire. Servette reste néanmoins favori. Avec Heins, qui va sans doute se ramasser une forte suspension pour récidive, et Aubin out pour la fin de saison Gottéron perd énormément de sa substance. Sur un match ça va mais sur 3 ou 4 de plus?

  5. bon papier je trouve. bien vu !
    @ Dayna : le dernier but est 100% valable. j’espère que c’est pas dans ce sens que tu as du mal à le digéré !!

  6. Que dire d’autre ? si ce n’est qu’a chaque fois, on doit subire des commentaires de dzozs frustrés (à part Bora2x, réaliste)

    GSHC est le plus fort, mais joue mal mal mal, tant mieux pour eux si fribourg en profite.

  7. @ J

    Ouai je sais pas… j’suis pas non plus une pro donc voilà je vais pas dire qu’il n’est pas valable etc. mais je trouve un peu juste quoi… mais bon voilà c’est pas très important…

  8. Bezina 3 matchs de PO, 4 buts fribourgeois pour lui! C’est l’homme de la série! ahahah, il ferait mieux d’arrêter de ramener sa gueule et jouer un peu plus au hockey…

  9. Lausannois de coeur mais fans de hockey en général je suis avec en certain entrain cette série.

    J’avoue espérer que Fribourg passe plutôt qu Genève et j’ai mes raisons.

    Mais je vais tenter d’être un tantinet neutre sur le sujet.

    Le geste de Heins est pas terrible et venant d’un capitaine c’est sûr que c’est pire.

    Mais franchement, soyons honnête, y a pas de quoi étaler un hockeyeur. Ou alors éventuellement un poussin asthmatique.

    J’ai vu écrit également « Oui mais un coup dans la nuque, c’est dangereux… » Mouais, déjà le niveau de la nuque est quand même un poil plus bas et surtout de base c’est derrière. Et ceux qui raconte que le coup vient de derrière doivent carrément changer d’opticien.

    Et surtout je ne félicite pas Genève qui arrive à le faire jouer 2 jours après alors qu’on criait au scandale et qu’on lui diagnostiquait une commotion. Comme disait l’autre, Chapeau aux soigneurs du GSHC, même Dr House n’aurait pas fait mieux.

    Quand je vois Maurer blesser deux joueurs de Fribourg je me pose des questions. L’action est peut-être régulière, mais il me semble que lorsque l’on touche à l’intégrité physique d’un adversaire (volontairement ou pas) 2 fois dans un match par le même joueurs il y a lieu de se pencher sur le cas.

    Donc selon moi, Heins ne mérite pas beaucoup plus de suspension que Maurer sur le principe.

    Niveau supporters, c’est toujours la même rengaine, les autres sont toujours plus cons que soit, plus méchant, moins fidèle et blablabla…

    Franchement à Lausanne on est loin d’être des modèle (ex. Puck jeté par inadvertence sur Desmarais…). Mais la faut arrêter. Réussir à descendre les bandes dans sa propre patinoire. Ben ca prouve bien le niveau… Digne du PSG… A quand une bagarre intra muros parce qu’il n’y a que 4 supporters de Davos pas assez bourrés pour répondre aux provocs.

    Niveau hockey (Ah oui c’est de ça dont on parle…), ben voilà… Genève semble bien supérieur à Fribourg de base, et cela c’est vu lors du dernier match, mais Fribourg a une notion bien plus iimportante en son sein: la solidarité, l’esprit d’équipe. Et surtout un Caron revenu à son niveau qui a pu surpendre des Genevois qui s’attendaient peut-être à recevoir les même cadeaux que lors de la dernière ronde de championnats.

    Le retour de Kolnik peut changer pas mal de choses, mais attention à ne pas se reposer la-dessus. Car il faudra toujours mettre plus de but que l’autre sur la glace pour gagner, pas sur le papier (cf Réal Madrid).

    Enfin petite mention spéciale au commentateur de la TSR samedi soir quin n’a pas réalisé que c’était un Fribourgeois qui avait assomé l’arbitre avec sa canne après le but en o.t. et qui était en train de se dire que Rubin l’avait agressé. Toujours aussi attentifs ces commentateurs. Mais on va pas lui jeté la pierre non plus, il a quand même été pas trop mauvais. (Pas comme PAD mardi soir pour Arsenal-Porto qui a réalisé une de ses pires (ou meilleures c’est selon) performance de commentateurs, et c’est pas rien…)

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