Le verrou suisse

Un Diego Benaglio impérial est venu briser les rêves de Ligue des Champions du Borussia Dortmund. Cela n’a pas empêché le Westfalenstadion de célébrer ses héros, auteurs d’une saison magnifique et qualifiés pour l’Europa League.

On commence cet article par une petite séquence d’autocongratulation : en relatant ce Dortmund – Wolfsburg, ton site préféré aura vu et couvert sur place au moins une fois toutes les équipes de Bundesliga cette saison, je ne pense pas que beaucoup de médias francophones peuvent en dire autant. A ma grande honte, je n’ai pas eu l’occasion de voir le VfB Stuttgart dans ce championnat mais le providentiel Philip Borns a couvert Stuttgart – Dortmund, ce qui compense cette intolérable lacune dans mon cursus germanique annuel.

Ces lendemains qui déchantent

Il y a douze mois, le VfL Wolfsburg fêtait le premier titre de champion d’Allemagne de son histoire. Les lendemains d’hier sont plutôt difficiles pour les Wölfe, englués dans le ventre mou du classement cette saison et qui débarquent au Westfalenstadion en ayant d’ores et déjà perdu tout espoir de qualification européenne. Dortmund en revanche a déjà assuré son ticket pour l’Europa League et peut même rêver de Ligue des Champions avec un seul point de retard sur la 3e place et le duo Brême – Leverkusen à deux journées de la fin. Mais pour cela, il fallait gagner contre un Wolfsburg bien décidé à ne rien solder et qui aligne onze champions d’Allemagne en titre qui démontrent qu’ils n’ont pas complètement perdu toutes leurs qualités après le départ de Felix Magath. Avec un milieu axial remodelé suite aux absences de Kehl, Bender et Zidan, le BVB peine à trouver ses marques et à se créer des occasions. Et lorsque Dortmund parvient à mettre hors de position la défense des Wölfe, il se heurte à un formidable Diego Benaglio dans les buts du VfL.

Diego Benaglio, la muraille

Le gardien suisse sort un premier tir d’Hajnal qui prenait la direction de la lucarne (8e). Mais c’est surtout à la 35e que le portier de la Nati va faire le désespoir des 80’000 fans du Westfalenstadion en détournant un penalty de Nuri Sahin, consécutif à une faute de Pekarik sur Grosskreutz. Le BVB n’avait plus manqué de penalty depuis la 34e journée de la saison 2007-2008 : ce jour-là, le tireur malheureux se nommait Alexander Frei, l’adversaire du jour Wolfsburg et le gardien adverse auteur de la parade Diego Benaglio. C’est un peu malheureux pour le jeune Nuri Sahin, lui qui s’est fait casser le nez voici deux semaines suite à un coup de coude (non sanctionné) contre l’infectissime équipe d’Hoffenheim mais qui tient absolument à jouer ces dernières journées, quitte à porter un masque. Cela lui avait bien réussi la semaine précédente à Nuremberg, avec trois assists, cela a été moins probant samedi avec ce penalty raté. Le BVB ne se laisse pas décontenancer par ce coup du sort et met une grosse pression sur son adversaire dans les dernières minutes de la 1ère mi-temps, avec notamment un tir juste trop croisé de Lucas Barrios (40e) et un sauvetage de Benaglio et Madlung devant Tamas Hajnal (42e). Sur le coup, on en veut un peu à Diego Benaglio, lui qui s’était troué la semaine précédente à Freiburg mais qui sort tout à Dortmund, on aurait préféré qu’il fasse le contraire. Mais s’il nous sort le même match à la Coupe du Monde contre l’Espagne, on voudra bien lui pardonner.

Dortmunder Jungs

Sachant qu’en face, il n’y a guère qu’un tir non cadré de Barzagli à signaler, Wolfsburg et ses affreux maillots bleus rappelant le club honni de Schalke 04, étaient plutôt bien payés à la pause. Le BVB ne parviendra pas à continuer sur sa lancée et sera mis en difficulté par le bagage technique supérieur des Wölfe après la mi-temps. Il y aura deux avertissements sans frais avec deux sauvetages de Weidenfeller devant Grafite (57e et 63e). Et ce que l’on commençait à redouter a fini par se produire à vingt minutes de la fin : sur un centre a priori anodin de Makoto Hasebe, Neven Subotic glisse et permet à Edin Dzeko d’ouvrir le score d’une talonnade un peu chanceuse. Le Bosniaque est plus que jamais en lice pour remporter ce titre de meilleur buteur de la Bundesliga, qui lui avait été soufflé par son coéquipier Grafite l’an dernier. Le BVB devait dès lors marquer deux fois pour encore croire à la Ligue des Champions. Cela paraissait mission impossible vu la physionomie de la rencontre mais cette jeune équipe dortmundoise a souvent montré des ressources morales insoupçonnées cette saison. C’est ainsi le néophyte Marco Stiepermann, 19 ans, deuxième apparition en Bundesliga, qui va sonner la révolte et inscrire l’égalisation en reprenant un centre de Nelson Valdez. Il restait dix minutes à jouer, la victoire paraissait à nouveau envisageable pour les jaunes et noirs mais, malgré le soutien d’un Westfalenstadion en transe, plus rien ne sera marqué. Il y a bien eu un dernier tir de Nelson Valdez que les 80’000 supporters auraient tous voulu pousser au fond des filets mais le ballon a été tranquillement capté par Diego Benaglio.

L’avenir est en marche

Au coup de sifflet final, le résultat nul, couplé à la victoire de Brême à Gelsenkirchen, enterre les espoirs du BVB d’effectuer son grand retour en Ligue des Champions. De nombreux joueurs jaunes et noirs s’effondrent sur la pelouse. Ils sont rapidement consolés par la formidable ovation du Westfalenstadion qui, à défaut de Champions League, célèbre la qualification en Europa League et, surtout, la défaite de Schalke 04 contre le Werder qui prive certes le BVB d’une place en C1 mais surtout enterre les rêves de titre des Knappen. Et ça, ça suffit à réjouir n’importe quel supporter du BVB, qu’il soit supporter de longue date ou beaucoup plus récent, à l’instar du rédacteur en chef de CartonRouge.ch, qui vivait son premier match du BVB au Westfalenstadion mais qu’on a entendu lancer des chants hostiles à Schalke dans les Biergarten d’après-match, avec son maillot collector Chapuisat et un Jägermeister dans chaque main C’est donc sur une formidable communion entre joueurs et fans que s’est terminé le match, célébrant la belle saison d’un club qui, même s’il n’est pas complètement allé jusqu’au bout de son rêve, a réussi son meilleur championnat depuis sept ans et s’est redécouvert un avenir et des ambitions. Der BVB ist wieder da !

Borussia Dortmund – VfL Wolfsburg 1-1 (0-0)

Signal Iduna Park, 80’300 spectateurs.
Arbitre : M. Brych.
Buts : 69e Dzeko (0-1), 81e Stiepermann (1-1).
Borussia Dortmund : Weidenfeller ; Owomoyela (72e Rangelov), Subotic, Hummels, Schmelzer ; Sahin, Hajnal ; Blaszczykowski (72e Dede), Valdez, Grosskreutz (75e Stipermann) ; Barrios.
VfL Wolfsburg : Benaglio ; Pekarik (46e Johnson), Madlung, Barzagli, Schäfer ; Hasebe, J. Santana, Misimovic, Gentner ; Grafite, Dzeko.
Cartons jaunes : 75e Grafite, 90e Hasebe.
Notes : Dortmund sans Kehl, Bender, Zidan, Götze ni Le Tallec (blessés), Wolfsburg sans Josué (suspendu).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. J’y étais !! (tant au stade qu’au Biergarten…) Juste grandiose !! Le Westfallenstadion, l’essayer, c’est l’adopter ! Quelles émotions!!!

  2. En effet, voir Marco entonner avec tant de ferveur le si poétique « Scheisse null-vier, scheisse null-vier » ça valait le déplacement 🙂

  3. Ma parole, Carton Rouge s’était déplacé en nombre chez les abeilles! 😉 Merci pour le compte-rendu et bravo au Borussia pour sa saison.

  4. L’essayer, c’est l’adopter, tu as raison ! Je me réjouis déjà d’y retourner, mais pas pour voir jouer Hoffenheim comme y’a 2 semaines… Vivement la prochaine sortie dans la Ruhr !

    Et encore merci à Julien pour les conseils…

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