Le plus dur métier du monde

Dans une pub pour un jeu vidéo, il est dit qu’être manager de football est «le plus beau métier du monde». Des joueurs de foot français sont aujourd’hui mis en cause pour s’être tapé une fille faisant, comme le dit l’adage, «le plus vieux métier du monde». J’ai personnellement fait l’expérience de ce qui est à mon avis «le plus dur métier du monde» : journaliste sur le cyclisme.

Hé oui, suivre le vélo en tant que journaliste est clairement le job le plus terrible du monde. Sur une simple course telle que le Tour de Romandie, vous devez :

Être un chroniqueur judiciaire de haut-vol

Tous les noms des différents tribunaux et recours possibles ne doivent plus avoir de secret pour vous. L’UCI, l’AMA, le TAS, le Tribunal Fédéral, les divers comités olympiques et j’en passe… Sautez-en un dans votre compte-rendu et vous vous exposez à un sacré bordel. Le cas du gagnant du Tour de Romandie 2010, Alejandro Valverde, est éloquent.
Il traîne son implication dans «l’Affaire Puerto» depuis cinq ans et n’a toujours pas été suspendu (à part sur sol italien, ce qui lui a valu de ne pas être sélectionné pour le dernier Tour de France puisque celui-ci passait pour une vingtaine de bornes en Italie). Il devrait recevoir une lettre de l’UCI le suspendant pour une année très prochainement et voir son succès sur nos routes être effacé des tablettes. Du coup, la victoire devrait revenir à l’immense Simon Spilak.

Être schizophrène

Corollaire du paragraphe précédent, le journalisme de cyclisme impose une bonne dose de maladie mentale. Vous devez réussir à faire vivre un événement, tout en sachant que vos écrits sont susceptibles d’être remis en cause quelques jours/semaines/mois/années plus tard par quelque juridiction que ce soit. Vous devez faire rêver les gens (enfin essayer, avec du vélo c’est pas gagné), tout en sachant que de retour au bureau, vous avez une chance sur deux de descendre en flammes le vainqueur parce qu’il est passé par la case dopage.

Avoir un diplôme de médecin

Entre les taux d’hématocrite, les stimulants divers et variés ou encore les types dont le passeports sanguins montrent des variations prouvant un dopage qui n’avait pas été détecté dans les contrôles, bonjour l’imbroglio. Si vous regardez les dix derniers vainqueurs du TdR, vous prenez peur. Entre Thomas Dekker, Tyler Hamilton, Dario Frigo, Paolo Savoldelli et Santiago Botero, vous avez toute une pharmacie à votre disposition et au moins quatre façons différentes de tricher. En prime, vous devez faire des papiers avec des coureurs suisses qui ne supportent pas la chaleur et le pollen le mardi, pour finalement s’effondrer le samedi parce qu’il fait froid et qu’il pleut.

Se muer en chronométreur

Le chronomètre du Tour de Romandie 2010 a fait jaser (on en a parlé quoi, comme avec Lance Armstrong, rien à voir avec jazzer, avec Louis Armstrong). Entre la victoire d’un inconnu Australien lors du contre-la-montre de Moudon (le tout en réussissant à prendre quasiment une minute sur les meilleurs spécialistes de l’exercice lors des derniers kilomètres de plat avec le vent de face) et des secondes de bonification offertes à qui mieux mieux le vendredi (à la suite d’une erreur informatique), la hiérarchie et les classements étaient bouleversés par l’incompétence d’un certain horloger neuchâtelois. Ah quand il faut vendre des montres à deux mille balles, y’a du monde.

Connaître un peu le vélo

C’est quand même nécessaire. Même si sur le Tour de Romandie, vos connaissances serviront moins que Wikipédia, tant les vainqueurs sont souvent des révélations venues d’ailleurs (ailleurs, c’est souvent des coureurs de l’Est, formés en Italie et déclarés dopés quelques années plus tard).

Commentaires Facebook

5 Commentaires

  1. L’illustration avec l’ours me rappelle quelque chose… Sur un forum de hockey évoluant dans le temple des désillusions… Je pense à rude aussi… Gary AIDE MOI

  2. Ben t’as réussi à me faire apprécier un article sur le cyclisme, et ça c’est déjà de l’exploit XXL !

    Chapeau, ou plutôt casquette en l’occurence !

  3. Ce texte tape dans le mille! Et que dire de la soudaine indifférence dont a fait preuve Richard Chassot face à Valverde et consorts. Pour critiquer les tricheurs sur la TSR pendant le TdF, ok mais pour parler de ces mêmes voyous lors de son épreuve… tiens soudain il n’y a plus personne!
    Et après on s’étonne encore que la lutte contre le dopage n’évolue pas. Avec Valverde, Vinokourov et consorts, les tricheurs ont encore de beaux jours devant eux.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.