En mai fesse qui il te plaît

Alors que tout le monde se projette déjà dans la finale de dimanche, que les polémiques vont bon train sur l’organisation de la vente des billets par le club, du prix du train spécial et du nombre final de billets vendus aux Vaudois, quelques supporters du BWFK n’ont pas oublié que le championnat continuait. Dans l’indifférence générale (tout juste si on ne se faisait pas engueuler sur les forums quand on voulait aborder cette échéance), la route passait par Lugano.

Pour préparer un match de Coupe, le Tessin avait fait ses preuves : quatre jours avant la formalité saint-galloise en demi, le LS était allé s’imposer à Locarno, un mercredi soir, devant 4 supporters irréductibles. Hier matin, nous étions 9 au départ du car. On sent donc un certain frémissement dans le monde des supporters du LS, et tout indique que la barre de 20 pourrait être franchie à Bâle.La finale approchant, il s’agissait de rentabiliser la dizaine d’heures à passer dans le car. Ainsi, le matériel de l’animation prévue en finale a fait le voyage avec nous et jusqu’à la dernière minute (ou presque) les présents ont travaillé dessus. A l’heure où je vous parle, on peut affirmer qu’il suffirait que le LS joue en amical à Helsinki mercredi pour que tout soit terminé pile poil dans les temps, c’est dire si c’est pas du tout le stress.

Match il y a eu donc, hier, dans l’ensoleillé Tessin. C’est tout de même un canton incroyable sur le plan météorologique : les habitants savent à l’avance combien de jours de pluie ils auront. Il leur suffit de regarder le calendrier de la ligue nationale. Quand le LS vient, on range les barbecues, on ne lave pas sa voiture la veille et on cire ses bottes. Dès le lendemain, tout ce petit monde peut recommencer à entretenir son cancer de la peau sous les assauts du soleil impitoyable. Les mauvaises années, lorsque le LS joue à Lugano, à Locarno, à Chiasso et à Bellinzone, les autochtones protestent mollement.
C’est donc sous une trombe d’eau que le leader accueillit les Vaudois. Avec Thoune dans la roue et un goal-average légèrement meilleur que lui, les trois points de la victoire étaient synonymes de grand pas vers l’ascension directe. En face, une fois de plus décimé par les absences (Tosi, Meoli, Hélin, Carrupt, Geiser…) et en l’absence du suspendu Ndzomo, le LS n’avait «que» sa finale à préparer et son maillot à défendre.
Il est clair que de se passer des services de ses deux meilleurs joueurs (Tosi et Ndzomo, pour les deux du fond qui discutent) n’aide pas à la préparation d’un match si important. Et se défoncer pour défendre un maillot jaune pisse d’irradié de Tchernobyl n’a visiblement pas suffi à compenser.
Pourtant, la première mi-temps fut intéressante. Devant un bloc d’une cinquantaine de supporters bien regroupés et qui auront encouragé les leurs durant 90 minutes, les Luganais se montrèrent certes plus dangereux que nous, mais on sentait qu’il y avait la place de ramener quelque chose. Gaspar, par exemple, a fait un copier-coller de sa meilleure occasion de goal contre Servette, en croisant légèrement trop son tir alors que le goal adverse semblait battu. A noter que Stadelmann, coupable d’avoir subi une vilaine faute, s’est fait siffler ensuite à chaque touche de balle. Décidément, ce racisme anti-roux devient pénible. A la mi-temps, les bianconeri menaient aux points, mais rien ne semblait joué.
Malheureusement, l’espoir fut de courte durée. A la reprise, le LS était un ton au-dessous. Et contre une équipe qui bataille pour la promotion, cela n’a pas traîné : dès la 52ème minute, ce diable de Renfer me rappela que non, il n’y a pas que Bieli qui est efficace quand il joue contre le LS. Dix minutes après, le match était plié sans que le LS ne retouche la balle. Puis à la septantième, trois minutes de folie, durant lesquelles trois buts furent inscrits : nous avions à peine eu le temps de maudire nos joueurs d’avoir réussi l’exploit d’en prendre deux en soixante secondes que Gaspar reprenait un tir un peu trop mollachu de Madou. Pour l’émotion, le must serait quand même de sauver l’honneur en premier, en ouvrant la marque, mais finalement comme nous avons bien cru que Gaspar s’était blessé sur le goal les frissons auront bien été présents. Brrrrrrrrrrrrrrr.

Ainsi, c’est ce LS qui vient de prendre sept goals en deux matches qui s’en va défier Bâle dimanche prochain, à l’extérieur, pour le dixième match d’Arpad Soos. Arpad qui n’a jamais pu aligner deux fois de suite la même équipe, et probablement même jamais l’équipe dont il rêve, entre blessures et suspensions. Alors bien sûr, on sait qu’on va gagner, mais on ne voit pas encore comment. Avec le Tosi de YB et le Gaspar de St-Gall, bien sûr, mais si on pouvait faire revenir Chapuisat et avancer l’arrivée de Célestini, ce serait pas un luxe.
Au retour, absorbés par le travail sur le tifo, les neufs passionnés prendront tout de même le temps d’en boire deux ou trois à la santé de l’Europa League. Dame, ce n’est pas tous les jours qu’une fessée nous qualifie pour la Coupe d’Europe. Et la perspective d’aller balader ma carcasse à Chypre, à Malte ou en Grèce me rajeunit de dix ans. Il doit bien y avoir moyen de trouver un rayon de soleil là-bas.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lugano – Lausanne 4-1 (0-0)

Cornaredo, 1’424 spectateurs.
Arbitre : M. Wermelinger.
Buts : 53e Renfer 1-0, 62e Da Silva 2-0, 71e Silvio 3-0, 72e Feussi 4-0, 73e Gaspar 4-1.
Lugano : Cordaz; Thrier, Montandon, Denicolà, Preisig; Da Silva, Rey, Maggetti (59e Basic), Perrier (46e Silvio); Felipe (66e Feussi), Renfer.
Lausanne : Debonnaire; Katz, Buntschu (85e Borges), Sonnerat, Bilibani; Stadelmann (81e Lavanchy), Vandebossche, Mayila, Pimenta (59e Madou), Marazzi, Gaspar.
Cartons jaunes : 32e Katz, 40e Mayila, 61e Basic, 70e Feussi, 84e Sonnerat.