Berne – Davos : tout reste à faire

Même si le hockey sur glace est un sport d’hiver, le meilleur moment de la saison c’est toujours le mois d’avril, puisque c’est là que se déroulent les échéances décisives. Etant donné que notre équipe favorite ne nous a pas fait le plaisir de prolonger sa saison jusque-là, nous en sommes réduits à migrer du côté de la capitale fédérale et de la finale Berne – Davos pour avoir notre dose de hockey au mois d’avril.

Pour cet acte IV, l’Allmend affiche complet pour la 11e fois de la saison, les 16’789 billets s’étant arrachés en quelque 16 minutes (performance qui sera pulvérisée lors de l’acte VI pour lequel toutes les places ont trouvé preneur en 150 secondes !). Et ce malgré des prix relativement onéreux : 52 francs la place debout, 10 francs pour une place de parc boueuse : à ces tarifs-là, on comprend que le SC Bern annonce régulièrement des chiffres noirs.

 

Menés 2-1 dans la série, les Bernois prennent d’emblée le match en main et s’installent dans le camp de défense grison. Très prudent, voire timoré, en début de partie, Davos se créera pourtant la première occasion sur une mauvaise passe de Söderholm. Le défenseur finlandais en commet une par match, c’était assez tactique de la faire à la 4e minute de jeu et non à la 60e comme lors de l’acte III. Surtout que Bührer, fermement décidé à aligner un cinquième blanchissage d’affilé à l’Allmend, veillait au grain. Berne profitera d’une défense grisonne aux abonnés absents pour ouvrir le score par Ziegler, bien servi par Reichert depuis derrière la cage. Les Ours doubleront la mise en supériorité numérique : s’il ne constitue pas une assurance tout risque sur le plan défensif, Toni Söderholm est redoutable à la ligne bleue et son missile de la 9e a laissé sans réaction un Jonas Hiller peu à son avantage sur cette action.
2-0 après moins de dix minutes, Arno Del Curto se voyait déjà contraint de demander son temps mort. Davos esquissera un semblant de réaction avec un tir sur le poteau et une période de 1’07’’ à 5 contre 3 affreusement mal négociée. On pressent déjà que les Davosiens viennent de laisser passer leur chance. Ce d’autant plus que le HCD accumule les pénalités et offre à son tour une double supériorité numérique aux Bernois, qui eux ne manqueront pas l’occasion : John Van Boxmeer prend lui aussi son temps mort et Sébastien Bordeleau fête son retour à la compétition par un tir victorieux de la ligne bleue. 3-0 au terme d’un premier tiers long de 40 minutes, la Bern-Arena jubile, se lève et tape dans les mains. La prochaine étape ce serait qu’ils soient davantage que 1’000 à chanter. Comme d’habitude, l’Allmend est beaucoup plus impressionnant sur le plan visuel qu’au niveau sonore. Parce qu’en dehors d’une ou deux poussées d’adrénaline, l’ambiance est restée bien calme dans l’immense halle bernoise. La minuscule cohorte de supporters grisons (à peine 200) s’est souvent davantage faite entendre que l’imposant mur du SCB que l’on ne saurait taxer de mur du son.

Lors du deuxième vingt, le match a été encore plus haché que dans le premier. Berne se contente de gérer, alors que Davos paraît toujours aussi absent et peu concerné. Daigle annoncé surnuméraire, Riesen discret, Marha moins en verve que lors des matches précédents, le potentiel offensif du HCD semble bien émoussé. Et l’on aurait pensé que Reto Von Arx serait davantage inspiré que cela par les publicités Gin Tonic et Feldschlössen situées juste derrière le but de Marco Bührer. Il n’y a guère que M. Kurmann qui assure l’animation de la soirée en distribuant des pénalités à intervalle régulier. L’arbitre cher à Chris McSorley s’était mis en tête de ne rien laisser passer, il aura été cohérent dans son arbitrage (presque) jusqu’au bout et peut donc être crédité d’un bon match, même s’il n’a pas vraiment favorisé la fluidité du jeu. Un peu à la surprise générale, Yves Sarault réduit le score, se rappelant ainsi au bon souvenir de l’Allmend, où Marco Bührer n’avait plus encaissé de but depuis 274 minutes et 51 secondes et un but de Jan Cadieux lors de la série de mise en jambes contre Genève-Servette, avant le véritable début des play-offs pour le SCB.
Le troisième tiers débute par un événement incroyable : entre la 29e seconde et 2’52, il n’y aura aucun arrêt du jeu. 2’23 sans coup de sifflet, c’est un miracle dans un match où, deux tiers durant, les phases de jeu avaient rarement excédé les trente secondes sans interruption. Cette longue séquence annonce un 3e tiers beaucoup plus intéressant et plus rythmé que les deux précédents. Davos est enfin entré dans son match, alors que Berne, même s’il ne prend plus aucun risque, reste dangereux sur contre. On sent toutefois les Bernois fébriles et Davos revient logiquement au score : après un tir de Leblanc sur les montants de Bührer (44e), Burkhalter inscrit le 3-2 au terme d’une splendide combinaison à 5 contre 4 (47e). Sentant son équipe en grand danger, l’Allmend s’enflamme (à cinq minutes de la fin, il était temps !) et l’ambiance est enfin digne d’une finale de championnat suisse. Mieux vaut tard que jamais… Dans une fin de match haletante, les Grisons se procureront plusieurs grosses occasions d’arracher la prolongation, notamment par Riesen à l’ultime minute. En vain, Berne est parvenu à s’accrocher à l’avantage pris au cours du 1er tiers et à égaliser dans la série (2-2).

Le titre se jouera donc sur une série «best of three». Pour les Bernois, le problème reste entier : un douzième titre national passera immanquablement par une victoire en terres grisonnes. On a cependant l’impression que la situation n’est pas si défavorable que cela pour les Ours, qui pourraient être beaucoup plus mal barrés. En effet, pour s’être un peu trop vite contenté de son avance, le SCB a été bien près de se voir entraîné dans une prolongation à l’issue ô combien incertaine. Et, en entamant le match avec la même détermination que le troisième tiers, Davos aurait sans doute pu poser bien plus de problèmes aux Bernois. Incontestablement, les Grisons ont raté une belle occasion de faire le break face à un Berne qui était loin d’être intouchable dans sa Bern-Arena que d’aucuns jugeaient imprenable dans ces play-offs. Le genre d’occasion qu’il ne faut pas rater dans une série aussi serrée. Jusqu’ici, dans cette finale, les deux formations ont paru tellement obnubilées par la peur de commettre des erreurs et ont tellement cherché à limiter les prises de risque qu’elles en ont souvent oublié de jouer. C’est peut-être bien l’équipe qui la première arrivera à se libérer qui soulèvera le trophée, soit samedi à l’Allmend, soit lundi à la Vaillant-Arena. En tous les cas, cette fin de série s’annonce extrêmement indécise et l’on ne se hasardera pas à un pronostic. Si vraiment les deux équipes ne parviennent pas à se départager, elles pourront toujours régler ça par une course de Zambonis. Mais là, on ne donne pas cher des chances du HC Davos parce que les surfaceuses de la Bern-Arena sont vraiment très rapides.  

SC Bern – HC Davos 3-2 (3-0, 0-1, 0-1)

Bern-Arena : 16 789 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM. Kurmann ; Wehrli, Wirth.
Buts : 6e T. Ziegler (Reichert, Rüthemann) 1-0, 9e Söderholm (Dubé, Bärtschi, 5. c. 4) 2-0, 17e Bordeleau (Jobin, Gamache, 5 c. 3) 3-0, 29e Sarault (Taticek) 3-1, 47e Burkhalter (Riesen, Guggisberg, 5 c. 4) 3-2.
Berne : Bührer ; B. Gerber, Steinegger ; Do. Meier, Barinka ; Jobin, Söderholm; Reichert, T. Ziegler, Rüthemann; Berglund, Bordeleau, Da. Meier ; Bärtschi, Dubé, Gamache ; Raffainer, Rötheli, P. Furrer.
Davos : Hiller ; Gianola, J. Von Arx ; Benak, Blatter; Winkler, Crameri; P. Müller; Guggisberg, R. Von Arx, Riesen; Irgl, Marha, Sarault ; D. Wieser, Rizzi, Baumann ; Leblanc, Taticek, Ambühl ; Burkhalter.
Pénalités : 8×2 contre Berne ; 11×2 contre Davos.
Notes : Berne sans Camichel et Landry (blessés), R. Ziegler, Gautschi, Perrot ni Hubacek (surnuméraires) ; Davos sans A. Furrer (malade), Daigle, M. Wieser, F. Randegger, G.A. Randegger ni Heberlein (surnuméraires).
Temps morts : 9e Davos, 17e Berne. 59’19 : Davos joue sans gardien pour les 41 dernières secondes du match.

Écrit par Julien Mouquin

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