Les Bleus ont déjà été Serbie, à qui le tour ?

Vous avez dit Serbie ? Dans le monde des plus prestigieuses compétitions footballistiques, cette nation est nouvelle. Quatre ans après leur dernière apparition au plus haut niveau (la Serbie était absente de l’Euro 2008), la Serbie et Monténégro est devenue Serbie, simplement. La sélection serbe a suscité l’intérêt des amateurs de foot suite à la déroute qu’elle a infligé aux Bleus de Raymond lors des qualifications. Or, cet exploit laisse-t-il présager un renouveau suite à la roue de vélo encaissée en Allemagne en 2006 ? Ou est-ce cette fameuse chance du débutant qui a souri à la nouvelle dénomination de la nation ?

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?La réponse, aussi laborieuse soit-elle, est bien simple : parce que je ne voue absolument aucune passion particulière à cette nation et que la présenter représente en quelque sorte un défi personnel, une découverte ! En fin de compte, peut-être qu’après avoir présenté l’équipe serbe j’en deviendrai un fervent admirateur… On ne sait jamais !
2) A quoi sert ce pays ?
Elle donne du fil à retordre et du travail aux historiens. Yougoslavie, Serbie et Monténégro et maintenant Serbie, dur dur d’y voir clair au milieu de toutes ces dénominations. Quoiqu’il en soit, elle demeure aujourd’hui une nation européenne indépendante qui aimerait tourner la page d’un passé difficile balayé par de nombreux conflits.
Au niveau footballistique, la Serbie, depuis son indépendance, n’a pas encore eu l’occasion de briller lors d’un grand événement. Mais, pour les plus mordus d’entre vous, vous vous souviendrez certainement des très bons résultats de l’équipe yougoslave durant la période de 1998 à 2000, rivalisant avec les grandes nations du ballon rond que sont l’Espagne ou l’Allemagne.
3) Comment se sont-ils qualifiés pour la Coupe du Monde ?
La qualification directe de la Serbie pour le Mondial sud-africain a fait couler beaucoup d’encre. Pour la simple et bonne raison que la sélection a devancé notre voisin français et contraint les Bleus à un barrage des plus périlleux contre l’Irlande. Oui, la campagne qualificative a été très réussie et le jeu produit fut par moments un pur délice. Les déplacements dans l’antre de l’Etoile Rouge de Belgrade furent un véritable cauchemar pour de nombreuses nations tant le public serbe a transcendé des joueurs bourrés d’abnégation et de talent. Au-delà d’un jeu parfois alléchant, l’équipe serbe a proposé – et remporté – le défi physique face aux nations de son groupe. Sous l’impulsion d’une charnière Subotic-Vidic très athlétique, le onze serbe n’a pas hésité à «rentrer dedans» et là, difficile de rivaliser !

La Serbie a de nombreux atouts…
 

4) Pourquoi la Serbie va-t-elle gagner la Coupe du Monde ?

La Serbie est l’une des rares nations, dont le jeu est avant tout physique, à être capable de produire un football bien huilé et agréable pour l’œil expert. Face aux grandes nations, l’impact physique, l’abnégation et l’attitude parfois guerrière des Serbes représente un avantage nullement négligeable, surtout lorsqu’on dispose dans son effectif de joueurs capables de coups d’éclat absolument remarquables qui peuvent faire basculer un match capital. Quant à la concrétisation de ce système idyllique, on demande à voir !
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Parce que leur groupe est des plus ouverts. L’Allemagne, bien que décimée par les absences, demeure une grande nation du foot et le favori du groupe. Derrière eux, le Ghana et l’Australie pratiquent un jeu qui peut poser problème aux Serbes, parce qu’il est également avant tout basé sur le jeu physique. Et, là où des nations comme la France ou la Roumanie ont été bousculées et malmenées, le Ghana et l’Australie vont rivaliser. Allez donc vous frotter aux colosses ghanéens et aux molosses australiens !
Mais avant tout, l’ambiance de Belgrade, au milieu des pétards et fumigènes, va manquer aux valeureux guerriers du onze d’Antic qui seront privés d’ambiance électrique. Et l’usage de vuvuzelas n’atténuera pas l’ennui… Bien au contraire !
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Je viens de parler du jeu physique de la Serbie. Nemanja Vidic, le défenseur de Manchester United, en est le symbole le plus significatif. Régulièrement parmi les cinq meilleurs défenseurs de Premier League, il est intransigeant dans les duels rugueux. Il en va de même pour le latéral de Chelsea Ivanovic. J’ai également évoqué le talent et la fougue de certains éléments. Mon coup de cœur revient à Milos Krasic qui éclabousse le championnat russe de son talent. Ses prestations en Ligue des Champions ont suscité l’intérêt des grandes cylindrées européennes, et rien n’est plus normal. Jovanic, la jeune pépite, est un élément à surveiller, même si sa marge de progression est encore énorme. L’éternel Stankovic, joker de luxe à l’Inter, peut amener la sérénité et l’expérience nécessaires lors de tels événements.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller et dont on peut éventuellement se moquer ?
Par manque de connaissances poussées de l’effectif serbe, j’avoue avoir consulté l’article de mes collègues pour m’en inspirer quelque peu. Et là, miracle, une étincelle, une idée. La Serbie possède également une sorte de Peter Crouch. Un de ces géants qui paraît lent et dont on a l’impression que les jambes peuvent s’entremêler à chaque instant. J’ai bien sûr nommé Nikola Zigic. Même poste, même rôle, même physionomie, même couleur de maillot et… quasiment la même maladresse balle au pied. Incroyable, mais vrai !

8) Une bonne raison de les supporter ?
Ils ont empêché la qualification directe de la France et les ont poussés à se ridiculiser contre l’Irlande, et ça, c’est déjà un argument de poids. Pour un peu plus de sérieux, les admirateurs de «fighting-spirit» seront aux anges en regardant l’équipe de Serbie. Et, cerise sur le gâteau, ils ont bien d’autres qualités en stock pour régaler les passionnés.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Parce qu’on est fan du Lausanne-Sport et allergique à Marko Pantelic, le joueur qui avait raté la balle du 3-3 lors du fameux LS – Servette du 2 juin 1999. Derrière, les Genevois en avaient planté deux et gagné le titre national chez leur grand rival. Nul ne sait ce qu’il serait arrivé si le Serbe n’avait pas raté l’immanquable en début de seconde période…
10) Bon d’accord, mais sinon ?
J’ai émis la possibilité, au point 1, de pouvoir devenir un admirateur de la Serbie. J’avoue qu’à ce moment-là, il s’agissait d’une parole sans véritable conviction. Mais, au fil des recherches, j’ai constaté que la sélection disposait peut-être de plus de talent qu’elle ne laissait présager. Quoi qu’il en soit, elle ne figure pas dans les nations pour lesquels je serrerai mes pouces, rongerai mes ongles et aurai les mains moites, mais plutôt une de celles qu’on regarde entre amis pour passer un bon moment. Parce que c’est la Coupe du Monde et que c’est comme ça que ça doit se passer.

Écrit par Michel Leoni