Aussies loin que possible et par tous les moyens

Surnommés souvent à juste titre par la presse australienne de «boîte à tacles», les Socceroos nous rappelleront sans doute plus l’Uruguay de 1986 que le Brésil de 1970. Il faut dire qu’au pays du Aussie Rules (football australien), on ne badine pas avec l’engagement physique et les Australiens n’ont de doux que les koalas. Pourtant, malgré un groupe plutôt relevé, la surprise pourrait bien venir de ces Crocodile Dundee des antipodes qui ne lâcheront rien pour tenter de se qualifier pour les 8èmes.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?Quels que soient le sport et le pays, j’ai toujours eu le don pour supporter les équipes les plus poissardes, les plus pauvres ou les plus médiocres ou en tout cas celles qui ne gagnent jamais rien (et ce n’est pas valable que pour Lausanne…). Et comme ces Australiens, bien que quadruples vainqueurs de la Coupe d’Océanie sur 7 éditions (ça en jette quand même…), ne gagneront jamais rien de conséquent, c’est tout naturellement que je m’y suis intéressé et que j’ai tenté d’y déceler en eux ce qui allait en faire les futurs champions du monde. De plus, l’injuste défaite concédée face aux margoulins d’outre-Simplon il y a 4 ans me reste encore en travers de la gorge. Et comme je m’y suis bien marré en y séjournant 6 mois il y a de cela quelques années, c’est presque en régional de l’étape que je me suis collé à la présentation des Socceroos.
2) A quoi sert ce pays ?
Isolés du reste du monde, les Aussies ne font généralement que peu parler d’eux dans nos contrées. Et si c’est le cas, il n’est en tout cas que très rarement question de football.
Peu intéressé par la scène internationale, ce peuple qui a pour sport favori la natation (hyper passionnant il est vrai) suivi du cricket (encore pire) et de l’Aussie Rules (inexportable) émerge de temps en temps sur la scène internationale des sports plus universels et moins confidentiels sous nos latitudes au gré de quelques exploits réalisés par les Wallabies, Lleyton Hewitt, Pat Cash, Mark Webber ou Cathy Freeman, entre autres.
Sinon, mis à part le fait qu’ils aiment bien boire, se battre, le surf, la guerre en Irak et qu’ils n’aiment pas les aborigènes, c’est un pays fort accueillant mais malheureusement non desservi par EasyJet pour une petite escapade de fin de semaine.

3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
En parachutant l’Australie dans la zone asiatique et en modifiant le barrage entre le premier de la zone Océanie contre une équipe asiatique en lieu et place de la 5ème équipe sud-américaine, notre Haut-Valaisan de service et accessoirement président omnipotent de la FIFA, Sepp Blatter pour ne pas le nommer, a clairement montré son intention d’universaliser encore un peu plus le football.
Alors que l’Australie s’apprête à se porter candidate pour l’organisation de la Coupe du Monde 2018 ou 2022, cela ne surprendra personne que la Confédération océanienne soit dans une situation moins périlleuse qu’il y a quelques années.
Dès lors, à défaut d’avoir pu en planter 31 aux Samoa américaines ou 22 aux îles Tonga, les Socceroos se sont qualifiés directement, sans passer par un barrage toujours hasardeux, au terme d’un marathon de 15 matches en terminant finalement premiers de leur groupe devant le Japon, Bahreïn et le Qatar. Ça  vous pose pas une équipe mais c’est déjà pas mal.
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Même si je ne vois pas trop comment la troupe de Pim Verbeek pourrait se hisser beaucoup plus haut que les huitièmes de finale, la solidité défensive d’un groupe, certes vieillissant, mais soudé et habitué à jouer ensemble depuis de nombreuses années, peut leur permettre de réaliser un exploit et de toucher au Graal.
En effet, bien regroupée devant leur portier, les Australiens n’ont pris que 4 buts en qualification et ils n’ont concédé que 4 défaites en 27 rencontres internationales depuis 2008. Et lorsque la boîte à tacles est en marche, mieux vaut ne pas laisser trop traîner la jambe au risque d’y laisser une bonne dose de cartilage. Voilà notamment Gomez, Muntari et l’immense Marko Pantelic avertis !
La participation encore incertaine de la star Harry Kewell et, le cas échéant, son état de forme, conditionnera aussi grandement le parcours de cette équipe tant ce joueur est indispensable au rendement offensif d’une sélection en cruel manque d’attaquants de calibre international.

5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Si l’Australie était un pays de football, ça se saurait. Et si elle était une des favorites du Mondial, sa cote chez William Hill ou chez Ladbrokes ne serait pas de 125 contre 1. Faibles offensivement, vieillissants avec 9 joueurs ayant dépassé la trentaine, éclopés avec près de la moitié de l’équipe légèrement blessée ou revenant de blessure, les kangourous auront bien de la peine à se sortir d’un groupe comprenant tout de même l’efficace Mannschaft, la malicieuse Serbie et les artistes ghanéens.
La chance de l’Australie sera peut-être, à l’instar de la Suisse face à l’Espagne, d’affronter le favori allemand lors du 1er match et ainsi de pouvoir éventuellement  bénéficier de l’effet de surprise face à une équipe peut-être encore en rodage.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Le gardien Mark Schwarzer pourrait bien être l’une des bonnes surprises du tournoi sud-africain. Solide sur sa ligne, plutôt bon dans ses sorties et habile balle aux pieds, le Germano-Australien y est pour beaucoup dans le brillant parcours de son club de Fulham jusqu’en finale de l’Europa League.
Devant lui, l’intraitable Lucas Neil (Galatasaray), s’il parvient à éviter l’expulsion après 5 minutes de jeu dans la compétition, devrait permettre à son équipe de faire perdurer cette solidité défensive qui fait sa force.
A près de 35 ans, le Bâlois Scott Chipperfield sort de l’une de ses plus brillantes saisons et sera également à surveiller. Reconverti latéral, sa relance impeccable et la qualité de ses centres seront de précieux atouts dans le jeu australien.

Au milieu du terrain, Tim Cahill, animateur de classe internationale, doté d’un excellent sens du placement, est incontestablement le meilleur joueur australien en activité. Dépositaire du jeu tant dans son club d’Everton qu’en équipe nationale, la créativité offensive des Socceroos dépendra en grande partie de la forme de son meneur de jeu. Bien épaulé par Mark Bresciano (Palerme) et Brett Emerton (Blackburn) notamment, son talent peut faire peur à plus d’une défense adverse.
Enfin, en attaque, véritable point faible de cette formation, si Harry Kewell (Galatasaray) parvient à se remettre à temps de ses pépins physiques, il pourrait toutefois former avec Josh Kennedy (Nagoya) ou le tout jeune Tommy Oar (18 ans-Utrecht) une attaque capable de tenir la route.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Le seul Australien dont il est de bon ton de se moquer c’est le surfeur de base, longs cheveux blonds, bronzage impeccable, débardeur Billabong, short baggy Quicksilver et tongs Rip Curl. Mais comme celui-ci ne s’intéresse absolument pas au foot et qu’il y a peu de chances d’en trouver un dans l’équipe de bourrins de Pim Verbeek, il n’est donc pas possible de railler un quelconque joueur.

L’autre sujet de moquerie concerne les aborigènes mais pas question de cautionner ici la politique d’exclusion pratiquée par les colons blancs à l’encontre de ce peuple ancestral qui, au départ en tout cas, n’avait pour seul défaut de vivre sur sa propre terre.
8) Une bonne raison de les supporter ?
Bruyants, colorés et toujours partants pour faire la fête, les supporters australiens sont parmi les plus agréables à côtoyer. A n’en pas douter, il risque d’y avoir de bonnes théories à 4h du matin après Allemagne-Australie lorsque les 4 copains de Gelsenkirchen rencontreront les 4 potes de Sydney et qu’ils chercheront à savoir si Klose est meilleur que Kewell, si Pat Cash méritait de battre Boris Becker à Wimbledon ou si Ian Thorpe en a une plus grosse que Jan Ullrich.
Si en plus, ils débarquent avec un stock de VB, de XXXX, de Tooheys New voire même de délicieux Bundaberg Rhum, ça promet d’être chaud bouillant.
Enfin, il est important de relever que sur les 23 sélectionnés australiens, près de 20 sont des doubles nationaux. Aussi, il sera facile pour presque n’importe qui de se sentir concerné par les résultats des Australiens.
9) Une bonne raison pour ne pas les supporter ?
Assis sur le banc des Socceroos se trouve Peter Tim (plus connu sous le nom de Pim, quoique…) Verbeek. Ce Néerlandais, qui a un palmarès aussi fourni que Gabet Chapuisat et un charisme aussi développé qu’Alain Geiger, est surtout reconnu outre-océans comme un fabuleux motivateur, adepte du beau jeu et de nature très optimiste. En effet, outre le fait d’avoir qualifié le championnat australien de «particulièrement désespérant», il affirme également ne pas voir comment son équipe pourrait envisager éventuellement une qualification pour les 8èmes de finale. Si c’est de l’intox, il est particulièrement brillant le Pim !

Adepte du bétonnage à outrance, du tacle à la hauteur du genou et du tout-en-avant, sa conception du football fera sans doute merveille lors de sa prochaine mission, puisqu’il quittera la sélection australienne à l’issue de la Coupe du Monde pour devenir superviseur des équipes de jeunes du Maroc. Son remplacement par Frank Rijkaard peut laisser penser à un jeu un peu plus léché lors des prochaines échéances des Socceroos.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Qui ose affirmer qu’il préfère les vuvuzelas aux didgeridoos ?

A propos Grégoire Etienne 81 Articles
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3 Commentaires

  1. L’Australie, je la mets dans mes équipes surprises… je la vois même choper le quart !

    Très belle présentation à part ça, ça m’a donné envie de découvrir ce pays où la bière semble couler à flots…

  2. Alors là je confirme, les aussies savent très bien faire la fête, après savoir s’ils préfèrent une bière fraiche ou un shot de Jager meister je ne m’avancerai pas…

    Sinon bon article plaisant a lire.

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