Liverpool déjà en crise

Après la défaite face au petit voisin Blackpool ce dimanche, il y a le feu à Anfield. En position de relégable à l’heure actuelle, les Reds et Roy Hodgson sont sous le feu des critiques.

Latics – Wolves en entrée

Un ami venait me rendre visite ce week-end en Angleterre. Quel plus beau cadeau lui offrir qu’un billet en tribune pour la grandiose affiche entre Wigan et Wolverhampton, le samedi à midi et demi ? Quand à la mi-temps du match il me fait remarquer que ça joue mieux à la Pontaise cette saison et que je ne peux pas lui donner tort, pas sûr d’avoir fait la meilleure publicité possible pour le foot anglais. Surtout que c’est en famille qu’on vient assister aux matchs à Wigan et que l’ambiance feutrée et bourgeoise du DW Stadium ne laisse pas un souvenir impérissable.

La soirée du vendredi soir à Liverpool dans l’estomac, nous zappons la pinte d’avant-match pour se rendre directement au stade. Une victoire serait une bonne bouffée d’air pour les deux entraîneurs. Wigan n’a pas encore gagné le moindre match à domicile en championnat cette saison et avec des revers 0-4 contre Blackpool en ouverture et 0-6 contre Chelsea, les Latics n’ont pas vraiment gâté leurs supporters. On espérait du coup que les deux équipes allaient se battre dès le coup d’envoi comme des meurs de faim mais c’est plutôt attentistes et la peur au ventre qu’ils ont entamé le match. Les loups de Wolverhampton ont montré par moments une jouerie intéressante. Mais réduits à dix dès la 11ème minute, suite au «pire tacle de la saison» dixit Martinez, l’entraîneur de Wigan, ils n’ont pas pu en profiter. Wigan l’emporte 2 à 0 sur un coup-franc dans la toile de Gomez et un contre rendement mené conclu par Rodallega. Sans tranchant et avec bon nombre d’imprécisions, pas certain que Wigan se soit totalement réconcilié avec son maigre public. Ça fleurait bon la relégation dans ce duel des mal-classés et devant une affluence digne de la Championship (14’042 spectateurs).

Bienvenue chez les Ch’tis

Après l’avoir ramené à l’aéroport John Lennon, c’est sans billet que je me dirige vers Anfield le dimanche pour un autre match entre deux équipes de bas de classement. L’appréhension de voir le match au pub est grande. Blackpool est à nonante kilomètres et ses supporters se déplacent en masse chez le prestigieux voisin et Liverpool joue pratiquement tous ses matchs de championnat à guichets fermés. J’arrive au stade pour la première fois par le sud du quartier et heureusement qu’on n’est pas en soirée parce que c’est un bon coupe-gorge. Des rues de vieux cottages désaffectés (du moins je l’espère), des terrains vagues : on se croirait dans l’ancien Bergues de Bienvenue chez les Ch’tis. Etant plusieurs heures à l’avance au stade, il reste encore quelques places en tribune et c’est donc avec un énorme soulagement que je rejoins le pub billet en poche. En trouver un le jour même à Anfield me rend toujours euphorique ; marcher sous la pluie devient agréable, les Anglaises se transforment en Suédoises et même la Carlsberg doit avoir du goût. Mais je n’ai pas vérifié, le Grove Pub servant une bonne ale anglaise.

Torres en mode Arsenal

Le match commence tambour battant : un coup franc d’Adam est repoussé difficilement des points par Reina et sur l’action suivante, Gerrard décale Torres sur le côté et son centre trouve Joe Cole qui est contré au tout dernier moment. On n’est pas passé loin de l’ouverture du score après cinq minutes et je me dis que ce match va peut-être enfin lancer la saison des Reds. Mais le sort s’acharne et après dix minutes de jeu, Torres demande à sortir. Aussi souvent blessé que les Suisses qui jouent en Angleterre, El Niño devrait être une recrue de choix pour Arsène Wenger la saison prochaine. Et autant dire que l’entrée de N’Gog n’a pas soulevé une vague d’optimisme dans le Kop. Je me demande d’ailleurs s’il n’aurait pas été préférable de faire jouer Kuyt et Cole en pointe et faire rentrer Lucas ou Maxi Rodriguez, le Français ayant décidé de faire un remake de Fantômas durant la partie.
Blackpool va me surprendre en bien durant cette première mi-temps. Malgré un contingent composé  de jeunes joueurs en prêts des autres clubs de la ligue ou qui évoluaient dans les divisions inférieures l’année passée, la prestation collective de l’équipe est convaincante. Plusieurs actions joliment construites vont mettre à mal une défense de Liverpool bien fragile en la circonstance. Le remuant Varney crochète Glen Johnson dans les seize et le défenseur applique à la lettre le fameux «si le ballon passe, le joueur ne passe pas» cher à Carragher. Le ballon étant passé, c’est pénalty, transformé par Adam, malgré le plongeon du bon côté de Reina.

Liverpool réagit et tire cinq ou six fois au but en l’espace de quinze minutes, mais les tirs sont lointains et n’inquiètent pas le gardien Gilks. Le pire des scénarios va se produire pour les hommes d’Hodgson avec un second but encaissé à la 45ème. Taylor-Fletcher n’est pas inquiété proche des seize par une arrière-garde léthargique et peut piquer le ballon pour Varney qui, à la limite du hors-jeu, fait exploser le secteur visiteur. Pepe Reina traverse la moitié du terrain pour aller dire le fond de sa pensée au juge de touche et prend un jaune. J’aurais préféré qu’il aille dire ses quatre vérités à Johnson ou à Poulsen sur ce coup-là, tant le secteur défensif de Liverpool fait peur à voir.

Gerrard esseulé

J’attends évidemment la deuxième mi-temps avec impatience, les Scousers ne pouvant pas revenir sur le terrain sans montrer une réaction et mettre le feu devant leur public. Les discussions à la mi-temps entre fans ne sont pas tristes et mon voisin m’explique qu’à quarante-cinq ans, il est meilleur et va plus vite que Glen Johnson. Je rêve d’un retour et même d’une victoire arrachée dans un chaudron indescriptible. Ça démarre plutôt bien, Liverpool presse et N’gog manque sa tête, démarqué par un excellent centre de Kuyt à trois mètres des buts à la 47ème. Puis quelques minutes plus tard, Gerrard et toute sa roublardise tire rapidement un coup-franc alors que les joueurs de Blackpool faisaient un feuille-caillou-ciseau pour savoir qui serait dans le mur et dépose le ballon sur la tête de Kyrgiakos qui propulse le ballon sous la latte. 1 à 2 à la 53ème, Anfield se réveille.

Liverpool jette toute ses forces dans la bataille. Meireles peut tirer trois fois au but sur des actions successives, mais ça passe deux fois juste à côté et le dernier tir est bien repoussé par Gilks. Le Kop est debout, les Seasiders ne savent plus où ils habitent et Joe Cole se crée également une belle opportunité mais croise trop sa frappe pour clôturer ce quart d’heure de folie. Liverpool relâche un peu la pression pour souffler. Malheureusement, ils souffleront jusqu’à la fin du match. Malgré des montées rageuses de Gerrard qui surnage dans la tempête et la possession de balle en leur faveur, ils n’arriveront à se montrer dangereux que sur une tête de Kuyt dans les derniers instants du match.
L’entrée de Jovanovic et celle tardive de Maxi Rodriguez n’y changeront rien. Liverpool regagne les vestiaires sous les sifflets alors que les joueurs de Blackpool ont droit à une ovation d’Anfield. Le rêve se poursuit pour les oranges. Donnés comme candidat numéro 1 à la relégation la saison passée en Championship, ils ont déjoué tous les pronostiques jusqu’au play-off et l’ascension au plus haut niveau. Surtout qu’il s’agit de leur quatrième promotion en sept ans et qu’ils se retrouvent pour la première fois en Premier League depuis leur création.

Roy Hodgson dans l’histoire ?

Au coup de sifflet, le Kop a scandé le nom de Kenny Dalglish. L’ancienne star du club est dans les starting-blocks pour remplacer Hodgson. Les supporters des Scousers étaient divisés hier entre ceux qui pensent qu’il faut laisser plus de temps à l’équipe en place et les autres qui sont d’avis que Dalglish est la personne idéale pour prendre les rênes de l’équipe et que Roy n’est plus l’homme de la situation. Dix-huitième et relégable avec sept matchs et six points, éliminé de la Coupe de la Ligue par Northampton, pensionnaire de quatrième division, le début de saison est cauchemardesque.

Après sa défaite à Manchester, Liverpool avait un joli programme pour se relancer. Avec Blackpool et Sunderland à domicile, la Coupe de la Ligue et Utrecht en Coupe d’Europe, on pouvait s’attendre à plusieurs victoires. Mais Roy Hodgson s’est d’abord tiré une jolie balle dans le pied ; je ne comprends toujours pas pourquoi il a fait jouer les M21 contre Northampton alors que Torres et les nouvelles recrues avaient besoin de temps de jeu pour trouver des automatismes et que Cole revenait d’une longue suspension. Les nuls contre Sunderland et Utrecht n’ont fait que confirmer la méforme de Torres et c’est désormais la crise du côté d’Anfield avec cette défaite à domicile. Si Hodgson reste à la tête de Liverpool pendant la pause des équipes nationales, il a quatorze jours pour trouver des solutions. Si non, ce serait le limogeage le plus rapide de l’histoire du club. Le lynchage médiatique a commencé. Le prochain match des Reds est le derby de la Mersey contre Everton, actuel dix-septième au classement avec le même nombre de points que Liverpool mais une meilleure différence de but. Ça sent le match couperet tant ce derby est important pour les deux quartiers limitrophes.

Liverpool – Blackpool 1-2 (0-2)

Anfield, 43’156 spectateurs.
Arbitre : Michael Jones.
Buts : 29e Adam 0-1, 45e Varney 0-2, 53e Kyrgiakos 1-2.
Liverpool : Reina, Johnson, Kyrgiakos, Skrtel, Carragher; Poulsen (60e Jovanovic) , Meireles, Gerrard, Cole (88e Maxi Rodriguez), Kuyt ; Torres (9e Ngog).
Blackpool : Gilks; Eardley (45e Philips), Evatt, Cathcart (20e Keinan), Crainey; Vaughan, Adam, Campbell, Grandin (63e Southern), Varney; Taylor-Fletcher.
Man of the match : Luke Varney.

Écrit par Ludovic Schmutz

Commentaires Facebook

7 Commentaires

  1. super article, comme souvent.
    Mais, par pitié, relisez-le avant de le poster… « Le math commence à tambours battants »

    bisous

  2. hahahahah…

    Il faut être honnête, faire venir Roy Hodgson à LFC est une blague.
    Magnifique dans le flou du football des années 90 avec l’équipe Suisse mais après?!? Un beau parcours avec Fulham…sinon il n’a pas le costard pour s’occuper d’une équipe du Big Four…enfin d’une ex-équipe du Big Four..

  3. C’est cool en fait d’écrire pour Carton rouge non ? Le but c’est quoi ? De montrer qu’on est capable de se déplacer n’importe ou pour assister à des matches de merde ? En gros c’est ça non ? C’est con, vous parlez jamais de Chelsea à cause de « nos petro-dollars ». 2-0 contre Arsenal, 90 min à Stamford Bridge mémorables, une fois de plus (depuis 1990: je sais, j’voyais venir les « t’es fans depuis qu’ils win »).

    Go go Looserpool ! Go go Scousers ! Relégués?! Lol !

  4. @ CFCnet : rien ne t’empêche de nous raconter le match entre Chelsea et Arsenal dans un article non ? Propose-toi à la rédaction et fais nous vivre tes aventures à Stamford Bridge en live de Londres …
    Ah, tu es en Suisse … dommage que ton club n’est pas de correspondant sur place alors ^^^

  5. La crise ça fait déjà un moment qu’elle est présente…

    Dommage, vu que tu étais sur place ce weekend, tu aurais pu nous écrire 1-2 paragraphes sur les problèmes liés aux 2 proprios et à la dette auprès de la RBS. Surtout que les divers associations comme Spirtit of Shankly ont encore effectués des actions au stade ce dimanche.

    Peut-être pour une prochaine fois?

  6. @ CFCnet :

    Tu es le bienvenu pour écrire un article sur la victoire de Chelsea sur Arsenal. Evidemment, on préfère les récits en live que derrière sa télé… mais si tu penses qu’écrire un article est aussi facile que de pondre un commentaire virulent, n’hésite pas, on t’accueille avec grand plaisir !

    La rédac

  7. Si Blackpool joue effectivement sa première saison en Premier League, fondée en 1992, les Tangerines ont néanmoins joués à plusieurs reprises dans l’ancienne Division One, la dernière fois en 66/67, avec au passage une victoire en FA Cup en 1953 (plus deux défaites en 48 et 51), la période faste où Sir Stanley Matthews brillait sous leurs couleurs.

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