Ce n’est plus le stade des Suisses

En juin 2006, le Niedersachsenstadion d’Hanovre avait permis au football suisse d’écrire l’une des plus belles pages de son histoire. Samedi, en revanche, il a été le théâtre d’une grosse bévue du gardien de notre équipe nationale Diego Benaglio qui a fait basculer le Niedersachsenderby en faveur d’Hannover 96.

C’est avec un léger frisson que l’on a retrouvé ce Niedersachsenstadion d’Hanovre où l’on n’avait plus eu l’occasion de revenir depuis une soirée magique du mois de juin 2006. Ce soir-là, l’équipe de Suisse avait battu la Corée du Sud 2-0 dans une ambiance de feu et s’était assurée la première place de son groupe de Coupe du Monde devant la France. Dans un stade transformé en discothèque géante, les espoirs les plus fous semblaient autorisés, l’Ukraine en 1/8e ne devait être qu’une formalité, l’Italie en 1/4 paraissait largement à notre portée et l’on rêvait déjà d’une demi-finale contre l’Allemagne dans le temple ultime du foot mondial à Dortmund. Si ma mémoire n’est pas trop défaillante, cela ne s’est pas passé exactement de la sorte mais cela n’enlève rien au souvenir lumineux de cette fameuse nuit hanovrienne. Surtout quand, dès la sortie du U-Bahn, on tombe directement sur le mythique Waterloo Biergarten, là où s’était battu le record du monde du lancer de dessous de bières après le match contre la Corée.

Le faux derby

L’affiche du jour, c’est le Niedersachsenderby entre Hanovre et Wolfsburg. Ou plutôt, je vais corriger immédiatement sous peine de m’attirer le courroux d’un fidèle lecteur, c’est un Niedersachsenderby car LE Niedersachsenderby, le vrai, c’est celui qui oppose, comme chacun le sait, les deux Traditionsvereine de la région, Hanover 96 et l’Eintracht Braunschweig. Mais en attendant un hypothétique retour de Braunschweig dans l’élite (le club jadis sponsorisé par Jägermeister est fringant leader en Dritte Liga), il faut se contenter d’un derby entre Hanovre et son voisin nouveau riche artificiel du VfL Wolfsburg. Ces dernières années, Sechsundneunzig avait plutôt l’habitude de lutter contre la relégation et devait regarder de loin son voisin, moins populaire mais plus riche, jouer les premiers rôles. Changement de décor toutefois cette saison : alors que l’on s’attendait à la voir à nouveau truster les dernières positions, Hanovre joue une place en Coupe d’Europe, alors que Wolfsburg, qui avait de grandes ambitions, en est réduit à lutter contre la relégation.

Une bourde XXL

Tout débute par une histoire de gardiens : le dernier rempart d’Hanovre Zieler réussit un sauvetage miraculeux devant Dejagah après deux minutes. Ron-Robert Zieler, bientôt 22 ans, passé par Manchester United, c’est la révélation de ce début de 2e tour où il a piqué la place de titulaire à Florian Fromlowitz, celui qui avait assumé la lourde succession du regretté Robert Enke. Son homologue de Wolfsburg, Diego Benaglio, a plus d’expérience mais il va commettre une immense boulette quelques instants plus tard en laissant passer sous son ventre un tir anodin du Portugais Sergio Pinto. Certes, il y avait beaucoup de vent samedi sur la Basse-Saxe mais le gardien de la Nati avait tout le temps de mettre son corps en opposition pour assurer le coup, c’est vraiment une erreur de débutant. Il se rachètera un peu en 2e mi-temps avec deux sauvetages devant Rausch et Ya Konan mais commettra une nouvelle bêtise en relâchant un ballon devant Ya Konan, sans conséquences cette fois. Incontestablement, Diego Benaglio connaît une saison bien difficile en Bundesliga et ce n’est pas vraiment rassurant dans l’optique des échéances décisives qui attendent la Nati ce printemps. Et ce n’est pas comme si l’on avait 25 solutions de rechange.

Diego est tragique

Cette bévue liminaire était d’autant plus embêtante que ce Wolfsburg-là, sans âme et sans fond de jeu, n’est pas vraiment taillé pour courir après le score, malgré les nombreuses arrivées du mercato hivernal. Il faudra attendre la 80e et un penalty pour une faute de Pogatetz sur Diego pour voir les Wölfe se procurer une réelle chance d’arracher une égalisation qui n’eût pas été méritée. Fraîchement débarqué de Leverkusen, Patrick Helmes devait exécuter la sanction mais Diego s’est emparé du ballon et a fait clairement comprendre à son nouveau coéquipier (Willkommen in Wolfsburg !) qu’il était hors de question qu’il le laisse tirer. Bafouant ainsi les consignes de son entraîneur et la règle qui veut que le joueur sur lequel a été commise la faute ne devrait pas tirer le penalty.
Evidemment, le Brésilien a raté son truc et ajusté la barre transversale, provoquant l’explosion de joie du Niedersachsenstadion. Un salaire de ministre, des comportements de diva, une attitude dilettante, une emprise sur le jeu proche du néant, des protestations incessantes envers l’arbitre et des mauvais gestes envers adversaires et coéquipiers, le retour de Diego en Bundesliga tourne au flop monumental. Son exploit de samedi devrait lui valoir 100’000 euros d’amende et un match de suspension par son club.

Wolfsburg est tragique

Accessoirement, cette défaite a provoqué, 48 heures plus tard, le licenciement de l’entraîneur Steve McClaren, qui paraissait inéluctable tant l’Anglais n’a jamais réussi à faire passer son message auprès du jouet de Volkswagen. Même si le manager Dieter Hoeness porte lui aussi une large part de responsabilité pour une série de transferts foireux, en tête desquels le remplacement du génial Misimovic par Diego. L’intérim sera assuré par Pierre Littbarski, qui fut un merveilleux joueur mais n’a rien prouvé comme entraîneur (une relégation avec… Vaduz), avant la désignation d’un successeur à qui l’on souhaite bien du plaisir. Car ce Wolfsburg, qui visait le titre, paraît tellement à la dérive que tout risque de relégation ne peut être exclu.

Hanovre en Ligue des Champions ?

En revanche, la fête continue pour Hanovre qui réalise la meilleure saison de son histoire et peut toujours rêver d’Europe, voire même de Ligue des Champions ! Pourtant, l’équipe est sans génie mais l’entraîneur Mirko Slomka fait vraiment du bon boulot avec une organisation solide, beaucoup de confiance, quelques jeunes intéressants comme Stindl, Rausch ou Schmiedebach, un attaquant percutant (quoique discret samedi) Ya Konan et voilà l’une des bonnes surprises du championnat.
Pour terminer, je ne te cacherai pas que la logique, au lendemain d’un match à Dortmund, cela aurait été d’aller voir Köln – Bayern mais quelques matchs pourris au RheinEnergieStadion et la perspective d’assister à une victoire du Bayern nous ont incité à modifier nos habitudes et à opter pour Hanovre. On s’est dit qu’on avait rudement bien fait lorsque l’écran géant affichait 0-2 pour les Rekordmeister, un peu moins à 3-2 pour Köln. Même si l’on s’est bien amusé à Hanovre, surtout que la bière locale, l’Hasseröder, après un premier contact difficile, s’est avérée acceptable à force d’insister, on regrette un peu d’avoir manqué ce couac historique du Bayern, là je n’ai pas fait très fort. Et là où j’ai fait encore moins fort, c’est quand je suis revenu avec six Clausthaler alkoholfrei pour le trajet en train qui devait nous ramener à Dortmund où nous avions établi nos quartiers pour le week-end. J’ai heureusement été intercepté juste avant la caisse mais j’imagine que je vais encore entendre longtemps parler de la gare d’Hanovre ; d’ailleurs si je n’en avais pas fait état, ce serait sorti assez rapidement dans les commentaires. Décidément, l’idylle entre les Suisses et Hanovre paraît terminée. Et en plus Mario Eggimann est resté sur le banc…

Hannover 96 – VfL Wolfsburg 1-0 (1-0)

AWD-Arena, 37’213 spectateurs.
Arbitre : M. Winkmann.
But : 4e Pinto (1-0).
Hannover : Zieler; Cherundolo, Haggui, Pogatetz, Schulz; Stindl (89e Chahed), Schmiedebach (92e Lala), Pinto, Rausch; Ya Konan, Abdellaoue (80e Stoppelkamp).
Wolfsburg : Benaglio; Pekarik, Kjær, A. Friedrich, Schäfer; Josué (46e Helmes), Polak; Dejagah, Diego, Tuncay (73e Cicero); Grafite (73e Mbokani).
Cartons jaunes : 37e Ya Konan, 60e Kjær, 70e Grafite, 84e Pekarik.

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. Terrible ! Encore merci pour ces articles. Dommage que Berlin soit si loin de Dortmund (mais sinon, ça ne serait plus Berlin 😉 car quelque chose me dit que tu te serais bien plu au Hertha pour le derby Berlinois (décidemment, le w-e des derby en Allemagne !) et pour la victoire de l’Union, bien entendu. Au plaisir de te relire. J.

  2. petit match entre blaireau du Niedersachsen ,toute l’ALLEMAGNE sait bien que EINTRACHT BRAUNSCHWEIG IST DIE NUMMER 1 IN NIEDERSACHSEN cqfd
    gruesse ciao bon week a tous

  3. poutre je lit maintenant ton courrielle jakiese absolument tes dires et te felicite de ton engagement et pour tes grandes connaissances du futchbol allemand,a noter aussi SANKT PAULI magnifiquement sponsorisé par une grande maison alcoolisée laquelle????

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