Pomme avec le Duisburg ?

En battant Aue, le MSV Duisburg a parfaitement lancé un printemps où il peut rêver d’une promotion en Bundesliga, d’une finale de Coupe d’Allemagne et d’une qualification européenne. À condition de ne pas tout perdre en jouant sur plusieurs tableaux.

On termine notre périple germanique du week-end par l’affiche qui mettait en transe toute l’Europe du football : Meidericher Spielverein 02 Duisburg contre FC Erzgebirge Aue. On parle là de deuxième division, avec deux des bonnes surprises de la saison. Pour Duisburg, c’est plutôt d’une demi-surprise dont il s’agit car, à moyen terme, le club de la Ruhr a vocation de retrouver une Bundesliga qu’il a quittée en 2008, même si cette saison on ne le voyait pas si haut après le rajeunissement des cadres opéré l’été dernier. C’est en revanche complètement inattendu de retrouver le néo-promu Aue dans le premier tiers du classement, tant le club est-allemand semblait voué à lutter contre la relégation. Toutefois, après s’être hissés tout en haut de l’affiche en novembre, MSV et Erzgebirge marquent un peu le pas et se devaient de s’imposer pour garder le contact avec le trio de tête.

Le naming fait rêver

Le naming, l’opération consistant à vendre le nom du stade à un sponsor, est de plus en plus répandu en Allemagne. On n’est pas franchement enthousiaste envers une pratique qui implique une perte d’identité certaine, surtout quand le stade change de nom chaque année, en fonction des différents sponsors qui se succèdent. D’un autre côté, à partir du moment où le naming s’est généralisé, les dirigeants idéalistes qui y renonceraient se priveraient d’une manne considérable par rapport à la concurrence et les bastions qui résistent encore en Allemagne sont de moins en moins nombreux. Reste que tous les supporters ne sont pas égaux face au naming et que certains ont plus de chance que d’autres, en fonction du sponsor retenu. Ceux du MSV Duisburg font partie des malchanceux : quand l’antre de ton équipe favorite est rebaptisé Schauinsland-Reisen Arena, c’est une incitation à changer de club. On craint déjà le pire pour le futur stade du Lausanne-Sport…

Les rois des balles arrêtées

Malgré son nom barbare, cette Schauinsland-Reisen Arena (à tout jamais le Wedau pour les fans) est assez sympathique, avec une belle ambiance et des supporters qui n’hésitent pas à reprendre les chants, y compris en tribunes latérales. Ce qui ne fait pas trop mes affaires en ce dimanche un peu vaseux (tout comme d’ailleurs les annonces récurrentes sur les écrans géants selon lesquelles «c’est l’heure de la bière»). Va savoir pourquoi, on est toujours un peu plus regardant sur la qualité du jeu lors des Sonntagspiele et là, force est de constater que, en faisant abstraction du décor et de l’ambiance, ce n’était pas bien meilleur que ce qu’on a coutume de voir dans notre LNB suisse. Duisburg va tout de même prendre le match en main et logiquement ouvrir le score sur ce qui constitue son grand point fort, les balles arrêtées : sur un long coup franc de Filip Trojan, le Slovène Goran Sukalo devance de la tête la sortie du gardien Männel pour le 1-0.

Bis repetita

C’est sur ce score que sera atteinte la mi-temps, malgré plusieurs nouvelles occasions pour les Zebras, la plus nette pour l’international autrichien Maierhofer qui n’est pas parvenu à cadrer sa tête à trois mètres du but malgré son double mètre. Ce sera plus brouillon après la pause et, après avoir galvaudé plusieurs balles de contre, Duisburg aura besoin d’un nouveau coup franc pour doubler la mise par l’inévitable Goran Sukalo pour un deuxième but copie conforme du premier. La réduction du score signée Tobias Kempe dans les dernières minutes n’y changera rien, ce d’autant plus que le joker Manuel Schäffler scellera la victoire des Zebras quelques instants plus tard d’un tir insidieux.
Avec cette nouvelle défaite, l’Erzgebirge Aue, révélation du premier tour, rentre un peu dans le rang ; ce n’est pas dramatique, personne ne pensait sérieusement que le néo-promu pouvait enchaîner une deuxième promotion ; en revanche, l’objectif de la saison, le maintien, est d’ores et déjà acquis, c’est bien là l’essentiel.

Le LS de la Ruhr ?

Le MSV Duisburg n’est lui qu’à deux points des places 2 et 3 synonymes, respectivement, d’ascension directe et de barrage. Cette jeune équipe duisbourgeoise peut donc rêver de retour en Bundesliga, même si les trois formations de tête, Hertha Berlin, Augsburg et Bochum, qui possèdent les trois effectifs les plus fournis et chevronnés de la ligue, seront dures à aller chercher. Ce d’autant plus que les Zebras poursuivent en parallèle un autre objectif majeur, la finale de la Coupe d’Allemagne ; en effet, après avoir sorti deux clubs de l’élite, Cologne et Kaiserslautern, Duisburg jouera sa demi-finale à domicile contre un autre club de Zweite Liga, Cottbus. Les chances de voir le MSV en finale sur la pelouse de l’Olympiastadion berlinois le 21 mai prochain sont donc bien réelles. Avec en prime l’éventualité d’imiter le Lausanne-Sport et d’être européen quel que soit le résultat de la finale si l’autre finaliste s’appelle Bayern Munich et qu’il est qualifié pour la Ligue des Champions. C’est dire que les supporters du MSV Duisburg s’apprêtent à vivre un printemps des plus exaltants, avec une promotion et une finale de Coupe en perspective. Mais avec aussi le risque de tout perdre en jouant sur deux tableaux avec un effectif limité.

MSV Duisburg – FC Erzgebirge Aue 3-1 (1-0)

Schauinsland-Reisen Arena, 17’664 spectateurs.
Arbitre : M. Stieler.
Buts : 15e Sukalo (1-0), 74e Sukalo (2-0), 88e Kempe (2-1), 91e Schäffler (3-1).
Duisburg: Yelldell; B. Kern, Soares, Bajic, Veigneau; Banovic, Sukalo; Sahan, Baljak (88e Grlic), Trojan (71e Yilmaz); Maierhofer (84e Schäffler).
Aue: Männel; Schlitte, Laccheb, Paulus, Klingbeil; Müller (63e Strauss), Hochscheidt (79e Glasner), Hensel, Curri (62e Milchraum), Kempe; E. Kern.
Cartons jaunes: 14e Hensel, 62e Bajic, 65e Sukalo, 66e Maierhofer, 71e Sahan.

Écrit par Julien Mouquin