Fribourg-Gottéron – Berne : un vrai régal

Avec les années, il est frustrant de voir les médias romands continuellement mettre leur casquette de supporters lors des duels de Zähringen, au lieu de commenter ces matchs passionnants en tant que fan de hockey sur glace ou en tant que fan de sport.

Traditionnellement, ils réduisent la série à un clash entre une équipe physique bernoise contre une équipe créatrice fribourgeoise, et trouvent mille excuses (arbitres, chance, public…) à chaque défaite fribourgeoise pour, en cas de perte de la série, retourner leur veste et tirer sur l’équipe qu’ils avaient continuellement supportée et même portée aux nues, souvent de manière prématurée. De manière plus générale, les journalistes romands rêvent d’un titre dès qu’une équipe romande se pointe dans les premiers du classement, sans parfois analyser de manière objective les forces en présence, et lorsque l’équipe romande n’arrive pas à atteindre cette expectative, les journalistes leur en veulent de ne pas leur avoir donné raison. Un peu comme lorsque Pierre-Alain Dupuis engueulait Martina Hingis parce qu’elle avait mis une volée dans le filet, alors qu’il avait déjà annoncé de manière prématurée et à tort le point pour sa favorite. L’orgueilleux Pierre Tripod, le mentor de PAD, faisait la même chose au foot, lorsqu’il voulait montrer qu’il savait mieux que les autres et annonçait «goal» à l’avance, et la balle n’entrait pas, alors il faisait des remontrances au joueur qui avait raté, car c’était ce dernier qui avait fait l’erreur, surtout pas Pierre Tripod !Bref, vivement un journaliste romand qui oublie vainqueur et vaincu et apprécie à sa juste valeur la beauté d’un duel tel que Berne – Fribourg, au vu non seulement de l’intensité du jeu, mais également de l’ambiance à la patinoire de la PostFinace Arena, qui est unique en Europe, si ce n’est au monde. C’est sans aucun doute un des haut lieux du sport en Suisse, et le regretté journaliste de la TSR Bernard Vité, qui était un véritable passionné de hockey, l’avait déjà bien compris lorsqu’il avait fait un «Sous la loupe» mémorable sur le derby Berne –Langnau, à la fin des années 70.

De plus, pour apprécier la beauté de ce duel, il faudrait également que les journalistes soient plus encrés dans l’histoire, soit les magnifiques matchs du début des années 90, où trois parmi les 20 meilleurs joueurs du monde de l’époque s’affrontaient, le légendaire duo Bykov-Khomutov contre le génial défenseur finlandais Reijo Ruotsalainen, et en particulier la finale de 1992, que Berne avait remporté lors du match décisif 4-1 à Fribourg. Plus près de nous, le fabuleux quart de finale de 2008, pendant lequel le vétéran Gil Montandon, trois fois champion de Suisse avec le SCB, a crucifié son ancienne équipe, archi-favorite, par un but en prolongation au 6ème match dans une ambiance indescriptible à Saint-Léonard (Fribourg avait sauf erreur gagné ses 4 matchs en prolongations !).
Il est normal que les journalistes romands soutiennent Fribourg qui, au vu de son histoire (on n’a pas parlé de tous les matchs à guichets fermés à la patinoire des Augustins), mérite sans doute enfin un titre (avec un meilleur gardien, ils auraient sans doute été champions en 1994, voire 1992), mais il est possible de le faire tout en évitant les clichés et en analysant les matchs avec objectivité et compétence. Jean-Jacques Tillmann, par exemple, était un journaliste qui, tout en affichant ouvertement sa préférence pour les équipes de football anglaises, analysait cependant les matchs qu’il commentait de manière impartiale, tout en transmettant sa passion pour le sport en lui-même, ne manquant pas de s’extasier pour un geste extraordinaire d’une équipe adverse.
Alors objectivement, quels sont les éléments clés dans la série actuelle, qui voit Berne mener 3 matchs à 1, acte V ce soir à 20h15 ? Sûrement pas le public fribourgeois et la pression, dernière trouvaille du journal Le Matin, qui y voit aujourd’hui l’explication sur la situation délicate des Fribourgeois. C’est quand même un peu léger, surtout lorsqu’on sait qu’en hockey, l’avantage de la glace est de toute façon toute relative, non seulement en Suisse, mais aussi dans les play-offs NHL. En contraste, la Berner Zeitung analyse la série en soulevant de manière plus pertinente que la ligne de parade de Fribourg (Bykov, Pluess, Sprunger) n’a pas marqué un seul but à 5 contre 5 contre Berne, et a un bilan négatif (plus de buts encaissés que marqués) lors des play-offs. Ils soulignent également la tactique du 1-3-1 du CP Berne, qui verrouille la zone neutre et empêche les Fribourgeois de développer leur jeu habituel.
Ce remarquable jeu compact fait la force du CP Berne, et contrairement à ce qui était dit dans la presse romande, le remède à ce verrou défensif n’est pas la tactique du non-jeu du HCFG telle que pratiquée durant les 7 premières minutes samedi à Berne, puisque le SCB a récupéré le puck lors de leur premier vrai fore-check et a instantanément marqué le 1 à 0. Inutile de dire que Fribourg n’a plus procédé de la sorte pendant le reste du match. Ainsi, le premier élément clé de cette série me paraît être la capacité d’entrer dans la zone offensive du HCFG, car une fois installés, ils ont prouvé qu’ils étaient redoutables (voir le poteau et la latte lors de la dernière minute du match à Berne).

Le deuxième élément clé est les carences de la défense fribourgeoise, qui ont été à l’origine de la plupart des buts du SCB dans la série. Samedi, les joueurs bernois se sont présentés au moins 6 fois tout seul devant un Huet impérial (dont 2 fois en infériorité numérique). Si le HCFG n’arrive pas à jouer avec plus de discipline, en particulier dans la relance et le marquage défensif, et éviter des pénalités stupides, la fin de leur saison n’est plus très loin.
Enfin, à cela, il faut ajouter que Rüthemann, à l’instar d’autres vétérans du SCB (la grande majorité des buts pendant les play-offs ont été marqués par des joueurs de plus de 30 ans), s’est réveillé pendant les play-offs. Par contraste, Christian Dubé et Simon Gamache (transférés du SCB dans la perspective du titre) restent pour l’instant en retrait dans cette série. Les mauvaises langues diront pour Dubé : «une fois de plus», car il est vrai que ce dernier a un long passé de play-offs décevants. Certes, il a remporté deux titres avec le SCB, mais tant en 2004 qu’en 2010, ce n’était pas lui qui avait tiré l’équipe lors des moments cruciaux. Pour que Gottéron puisse réaliser un retour miraculeux de 0-3 à 4-3, toujours possible en sport, il est essentiel que Dubé et Gamache élèvent le niveau de leur jeu.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Andy Tschander

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6 Commentaires

  1. Pas grand chose à redire sur le fond de ton article.

    J’aimerais toutefois juste réagir sur cette phrase: « l’ambiance à la patinoire de la PostFinace Arena, qui est unique en Europe, si ce n’est au monde. »

    Bien que Berne ait la meilleure moyenne au monde hors NHL, bien que c’était plein, bien que ça résonne quand SCB marque, bien que c’est jolie et qu’on est content, je me dois de dénoncer l’ambiance absolument nauséabonde qui règne dans ce stade. Je m’explique: relativement peu de chants (excepté pour insulter l’équipe adverse et la gravité des chants n’est pas anodin), peu d’applaudissement, aucun enthousiasme et une ambiance agressive des spectateurs.

    Alors ok c’est impressionnant. C’est plein. Mais je dénonce l’agressivité et le non-euphorisme de cette foule blasée et agressive.

    Ca fait maintenant 10 ans que je sillone les stades de foot et de hockey, et bien je me suis fait agressé parce que je parlais français Samedi soir. J’étais neutre. Pas de couleur. Aucune manifestation de joie. J’avais déjà remarqué cette atmosphère les précédantes fois mais arrêtons de se voiler la face: le SCB a un mauvais public!

    Mettez 17’000 personnes à Malley, Saint-Leonard ou aux Mélèzes, l’ambiance sera un peu plus festive, ce dont on attend d’une telle série et d’un tel club.

  2. Ouaip, les supporters à Berne c’est des rigolos… Aucune ambiance, sauf a 2 min de la fin. C’est vraiment ce nombre qui est impressionnant, mais sans plus.

    Et les supporters Biennois de chanter « Viele fans, keine Stimmung, scheiss Bern »

  3. « je me suis fait agressé parce que je parlais français Samedi soir. J’étais neutre. Pas de couleur. Aucune manifestation de joie » …

    En 15 années à Bern, c’est bien la première fois que j’entends des ânneries pareils … Le SCB regroupe un nombre très élevé de supporters « francophones ».

    Pour avoir parcouru également de nomreuses patinoires et stades en suisse, Bienne et Fribourg regroupent autant d’idiots que partout et les chants des fans sont pas d’une intelligence non plus.

    La frustration passée, place à l’objectivité Messieurs !

  4. Môssieur Gintonic.

    Aucune frustration. Neutre. Aucune manifestation. C’est même un des matchs qui me concernait le moins depuis un sacré moment alors après un tel match, aucune frustration.

    Rassure toi. J’étais comme toi avant. Heureux. Tout le monde il est content. Ceux qui se font agresser méritaient un message arrogant en réponse, comme si la personne ne savait pas qu’un nombre important de francophones peuplaient le mur bernois. J’avais déjà reçu l’avertissement d’un securitas il y a 3 ans. Il devait ne rien y connaitre.

    Haha, sauf que, Gintonic, je me suis fait agressé parce que je parlais français. Et oui. Désolé que tu sois si peu concerné et désolé de froisser ta grande expérience.

    J’ai toutefois fait cette découverte alors une fois ta période enchantée passée, je te demanderai un peu d’objectivité également.

    Julien

  5. Des bernois solides, bien organisés, fribourg n’a pas fait une mauvaise série mais il manquait sûrement un petit qqch … Bravo à eux pour leur excellente saison.

    La final sera inédit !

    @Julien

    Ca sent le mal être chez toi mon cher bonhomme. Perso jamais eut le moindre soucis, comme gintonic. Ca fait un bail que met le nez là bas et j’ai beacoup de connaissances bilingues, je vois pas le problème.

    Et si le match n’était pas d’une si grande importance pour toi …

  6. Vous êtes consternant et ne comprenez pas. Me suis peut-être mal exprimé. Notez toutefois que ce n’est pas parce que vous n’avez pas vu le problème qu’il n’y en a pas.

    Quant à la passion du sport, tu sembles pas t’y reconnaitre.

    Je vous laisse entre bisounours.

    Julien

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