C’est toujours la même rengaine bâloise…

A l’image des trois chants rébarbatifs émanant perpétuellement de la Muttenzerkurve, quand Servette affronte le FC Bâle, c’est toujours la même ritournelle. En effet, les Grenat ont concédé une lourde défaite au Parc Saint-Jacques face à des Bâlois qui ont exhibé leur écrasante supériorité. Davantage réalistes que le SFC et plus habiles techniquement, les Rotblau ont donné une véritable leçon de football aux Genevois. Hélas, même si c’est un peu douloureux, la tâche incombe à votre serviteur de revenir sur cette déculottée.

Le pire aspect de cette défaite ? Sûrement le fait que l’on ne puisse pas reprocher grand-chose aux Servettiens ! Certes, il est vrai, Servette aurait pu ouvrir la score en début de partie lorsque Routis trouvait le croisement des montants (6e) ou encore lorsque Karanovic manquait sa frappe face à Sommer quelques minutes plus tard.  Mais, c’est connu, le manque de réalisme est une des caractéristiques principales qui distingue les grandes des petites équipes. Ainsi, les locaux ont monopolisé le ballon du début à la fin et n’ont jamais gambergé, confiants que tôt ou tard, la baraque servettienne allait péter.

Bâle est d’une autre planète

Cette défaite vient ternir encore plus le bilan des Servettiens face aux Rhénans cette saison. Les Genevois, en s’inclinant pour la troisième fois en autant de confrontations contre le FCB,  affichent le lugubre bilan de 12 buts encaissés pour zéro à leur actif ! Servette, bien que néo-promu, a réussi récolter de belles satisfactions face à des équipes comme Sion, YB, Lucerne ou Zurich. En revanche, le club du bout du lac n’est jamais parvenu à rivaliser avec la troupe d’Heiko Vogel. C’est compréhensible, puisque les mangeurs de Läkerli sont tout simplement des martiens : ils ne se sont plus inclinés en championnat depuis le 20 août ! Et si les Rhénans entamaient la procédure pour rejoindre la Bundesliga ? Ce n’est qu’une simple boutade, mais le peuple bâlois se divertirait beaucoup plus que dans le championnat suisse, où les résultats sont déjà escomptés. 

Ces maudits gestes simples

Dans l’antre des Rhénans, le SFC a souvent manqué des gestes simples. Or, ce sont ces gestes qui peuvent avoir des répercussions importantes. En revanche, Bâle joue avec une telle facilité qu’on en viendrait même à penser que le football est un sport trop facile. Le pragmatisme et le réalisme sont des caractéristiques importantes que l’on décèle au sein de toutes les grandes équipes. C’est pourquoi, lorsque dans l’antre de l’ogre rhénan on a une occasion, il faut la convertir en but. L’approche tactique de Pereira était juste : il fallait presser haut les hôtes et essayer de marquer d’emblée. Mais pour cela, il faut être réaliste et disposer d’une bonne technique. Si vous ajoutez à cela le fait que le deuxième club le plus titré du pays ait aussi manqué de concentration et de réactivité en défense, vous comprendrez mieux pourquoi le SFC a subi une telle déculottée. En effet, des balles aériennes ont été à l’origine de quatre des cinq buts des Rotblau. Abraham, auteur du premier but, a pris un immense plaisir à monter jusque dans la surface adverse et à dévier le centre de Shaqiri, sans que personne n’aille le déranger.

Ainsi est faite la vie

Après le match, les joueurs grenat semblaient habités par un drôle de sentiment : celui de ne pas avoir mal fait son travail, mais d’avoir vu quelqu’un le faire mieux que lui. L’heure était aux louanges sincères, tant il était difficile de nourrir quelconque regret. Car Servette, hormis ses deux occasions galvaudées lamentablement, a été asphyxié par le FCB. C’est vrai, il est douloureux de se faire de faux espoirs et de courir après un oasis sans pouvoir l’attraper car il s’agit en fait d’un mirage. Néanmoins, ce sont les défis difficiles – voire impossibles – qui font mûrir.

Emmagasiner de l’expérience

Alors, non, Servette n’a rien à se reprocher et pourra certainement apprendre d’une telle débandade. Le capitaine Lionel Pizzinat a abondé dans ce sens-là en zone mixte. «Après une claque comme celle-ci, il faut réagir. Notre habituel état d’esprit nous a fait défaut face à Bâle. C’est décidément une défaite qui nous permettra de rebondir.» Cette saison, Servette peut se permettre de ne pas devoir guetter le classement en tremblant à l’idée de se voir sous la fatidique barre. Certes, il existe la possibilité pour les Grenat de devenir européens, mais il ne s’agit de loin pas d’une priorité. Les Genevois doivent profiter des derniers matchs pour mûrir et pour apprendre à ne plus refaire les mêmes erreurs de jeunesse dans le futur. Mûrir, ça veut aussi dire être conscient de ses propres limites et savoir que seule une concentration de tous les instants peut permettre de rivaliser, le temps d’un match, face aux mutants du football suisse. Mais face aux pêcheurs du président Cocollet, ce sera une autre histoire. Servette endossera le rôle du FCB et aura à cœur de faire taire les Lausannois en leur infligeant une rouste historique.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Bâle – Servette FC 5-0 (1-0)  

Parc St-Jacques, 28’932 spectateurs.
Arbitre : M. Wermelinger.
Buts : 44e Abraham 1-0, 53e Alex Frei (pénalty) 2-0, 59e Streller 3-0, 87e Alex Frei 4-0, 93e Alex Frei 5-0.
FC Bâle : Sommer ; Steinhöfer, Abraham, Kovac, Park ; Shaqiri (75e Stocker), Yapi (79e Cabral), Xhaka, Zoua (86e Fabian Frei) ; Alex Frei, Streller.
Servette FC : Gonzalez ; Rüfli, Routis, Diallo, Moubandje ; Nater (58e Kouassi), Pizzinat ; Pont, De Azevedo (59e Esteban), Yartey ; Karanovic (70e Eudis).
Carton jaune : 52e De Azevedo.

Écrit par Grégory Soldati

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