Un melting-pot rafraîchissant

Pour la première fois depuis 11 ans, 6 nations compteront au moins un représentant en quart de finale de la Ligue des Champions. Un brassage des équipes européennes qui fait du bien, l’hégémonie espagnole et anglaise est enfin concurrencée.

Dehors les millionnaires

On ne va pas aller jusqu’à dire que la «réforme Platini» pour la course aux millions redistribue les cartes du football sur le plan continental, mais elle fait quand même du bien. Il était bien exotique de voir débouler dans cette compétition des équipes comme Debrecen, APOEL Nicosie, Urziceni ou Zurich, qui s’en viennent plier sur les gros calibres, car après tout l’argent continue de créer la différence. Sauf que cette fois, des millionnaires ont dû plier bagages assez rapidement dans la compétition à l’image des machines à fric que représentent le Real Madrid et Chelsea. Pour les Merengue, il ne suffit pas de débourser 250 millions d’euros à l’intersaison pour acquérir une danseuse, un prêtre et un melon, le résultat reste le même et une sixième élimination consécutive en 8e de finale. Le spectre de la saison blanche pend au nez des Madrilènes qui, même s’ils sont leaders de la Liga, devront se battre jusqu’au bout face à l’ogre barcelonais. Il ne suffit donc pas de mettre côte à côte une constellation d’individualités pour que l’équipe tourne. Les débâcles du Real contre Lyon, et un peu plus loin, en Coupe d’Espagne, en prenant un sec et sonnant 4-0 contre Alcoron, pensionnaire de 3e division, attestent largement des lacunes collectives de l’équipe espagnole. Benzema devra reporter ses envies de Ballon d’Or à plus tard (ou à jamais ?), lui qui déclarait haut et fort dans France Football en février que son objectif principal de l’année est cette prestigieuse distinction individuelle, un peu comme si Ludovic Magnin visait le titre de sportif suisse de l’année.
Du côté de Londres, Abramovich et ses millions devront encore patienter avant de se retrouver sur le haut du podium. Mourinho rigole encore d’avoir joué un tel tour à son ancien club. L’Inter mérite amplement sa qualification sur l’ensemble des deux matchs, l’équipe s’est accrochée, à tous les sens du terme, notamment dans ses 16 mètres lors des balles arrêtées. Et Drogba de prouver une nouvelle fois – si besoin est – que son talent n’a d’égal que sa stupidité, lui qui pour la 3ème année consécutive sera suspendu à la reprise des joutes européennes. Bon en même temps demander à Drogba de ne pas péter les plombs durant une année, c’est pareil que d’exiger à son coéquipier Terry de ne pas faire les tabloïds pendant 2 mois ou de demander poliment à Patty Schnyder de passer deux tours dans deux compétitions successives. 


The Special One a réussi son coup

Diversification du football européen

Il faut remonter à 1999 et la présence de deux clubs allemands (Bayern et Kaiserslautern – eh oui, il y avait même Sforza en meneur de jeu, c’est pour dire que c’est vieux), deux clubs italiens (Juventus et Inter), un espagnol (Real Madrid – étrange mais ils ne s’étaient pas fait sortir en 8e), un ukrainien (Dynamo Kiev), un Anglais (Manchester United) et un grec pour la forme (Olympiakos) pour retrouver 6 nations différentes en quart de finale de la Ligue des Champions. Ce qui est réjouissant, c’est que la mainmise des clubs anglais semble remise en question lors de cette édition, et ce n’est pas pour nous déplaire. Seulement deux de leurs représentants en quart de finale, ça n’était plus arrivé depuis 4 ans, et le plus surprenant, c’est que l’Angleterre doit partager cet honneur avec les Français. Eh oui, deux clubs français en quart de finale de la Ligue des Champions, une première également depuis 2002 et la présence des Gones et de Monaco à ce même stade. Bon vous allez me dire que comme d’habitude, et cela se vérifiera, Lyon ne passera pas les quarts, mais peu importe, l’autre disait que c’est la participation qui compte.
Les Italiens auraient pu compter sur un second représentant sans les largesses ou plutôt la cécité de Monsieur Ovrebo et de ses assistants lors du match aller entre le Bayern et la Fiorentina. Ceux-ci ont accordé un but de 5 mètres hors-jeu à Klose que Pipo Inzaghi ne renierait sûrement pas. Malheureusement aussi pour les Italiens, ils sont tombés sur un Robben au sommet de son art qui enchaîne les grosses performances depuis son transfert en Bavière. Dans le même temps pour la Viola, 36% de possession de balle sur l’ensemble du tournoi prétérite tout de même les chances de qualification. Autre acteur qui s’est distingué durant ces 4 semaines de compétitions (quelle aberration de l’UEFA d’étaler ces matchs sur 4 semaines quand on voit les calendriers surchargés des championnats), c’est la doublure d’Almunia à Arsenal, j’ai nommé Fabianski qui nous a bien fait rire. Le gardien polonais a su préserver le suspense de la confrontation entre Arsenal et Porto en offrant les 2 buts aux Portugais à l’aller. Un autobut et une prise de ballon avec les mains sur une passe en retrait de Campbell auront suffi au bonheur de Hulk et de ses collègues. Heureusement pour Fabianski, le brio de ses coéquipiers au match retour ne lui aura pas fait défaut au final.


Ribéry, Robben et le Bayern ont passé chichement

Les Russes dans le gotha du football européen

Une équipe russe est en quart de finale de la Ligue des Champions, cela n’était plus arrivé depuis 1996 et le Spartak Moscou. Pour donner un ordre d’idée c’est la même année où Pascal Richard est devenu champion olympique,  que Bjarne Riis était le mieux dopé au TdF, que Von Grünigen et Kälin régnaient en géant et que le FC Sion comptait encore 10 joueurs suisses dans ses rangs, ça fait donc un bail. Les équipes de l’Est se montraient davantage en évidence en Coupe de l’UEFA ces dernières années, cette compétition qui concentre les rebus du gratin du football européen. Ainsi on aimerait bien que cette équipe du CSKA Moscou continue de perturber ces grands noms du football, avec des joueurs qui s’affirment comme Honda ou Krasic, le rôle de trouble-fêtes leur allant si bien.
Sans évoquer les équipes comme Manchester et Barcelone, ainsi que leurs joyaux Rooney et Messi, félicitons-nous que pour une fois il n’y ait pas 4 représentants anglais, deux espagnols, un italien et un allemand en quart de finale. Le changement fait du bien, surtout lorsque ce sont des clubs comme Bordeaux ou le CSKA qui apportent un peu de fraîcheur à ce football continental trop concentré sur les millions, et avec les dettes des clubs anglais, espagnols ou italiens. Le règne se divise et c’est tant mieux, ne reste plus qu’à espérer que quatre nations différentes se retrouvent en demi-finale. Allez, parions sur un vieux Manchester – Barcelone et un CSKA Moscou – Bordeaux.

Écrit par Johan Tachet

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5 Commentaires

  1. mouais… « le football continantal trop concentré sur les millions » ce n’est surement pas le cas des clubs russes effectivement :-/

  2. « Allez, parions sur un vieux Manchester – Barcelone et un CSKA Moscou – Bordeaux. »

    Impossible. Demi finales: Bayern/ManU – OL/Bordeaux, Inter/CSKA – Arsenal/Barcelone.

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