«Le pire est derrière nous»

Je ne sais pas pour vous, mais lorsque je me suis renversé mon café sur les genoux en lisant cette énormité sortie par Jan Alston, je me suis dit qu’on allait bien se fendre la gueule dans les jours à venir. Deux piteuses défaites et un licenciement plus tard, nous n’avons pas été déçus !

Ah, le papier… Ce fameux matériau qui permet de pondre une multitude de théories sur le classement qui doit sanctionner l’exercice en cours en fonction des joueurs qui composent les équipes du championnat. A ce jeu, Lausanne a souvent été le grand champion. Sauf que pour le moment, ça ne colle pas. De même que les éléments qui forment le groupe LHC version 2012/2013. Et comme toujours, quand l’équipe ne livre pas la marchandise, c’est l’entraîneur qui saute. Soit. La vox populi s’est imposée et le directoire a cédé. Celui qui était vu comme le messie lors de sa venue sort par la petite porte au plus grand soulagement de ses nombreux et soudainement tout nouveaux détracteurs.

Et le grand gagnant est…

En ce moment, les téléphones des bureaux du LHC doivent fumer et le club croule sous les curriculums vitæ de ceux qui rêvent de diriger ce grand club. En attendant, on balance donc des noms ici et là parce qu’on a rien d’autre à foutre, en commençant par ceux qui se sont aussi fait récemment lourder (Kevin Constantine), ceux qui hantent le paysage du hockey suisse et qui ont déjà une réputation – bonne ou mauvaise – clairement établie (Kent Ruhnke, Colin Müller), ceux qui sont systématiquement cités dans le rôle du potentiel successeur (Serge Pelletier… Oups, encore raté) et ceux issus de chimères typiquement lausannoises (Slava Bykov, Serge Poudrier). Bref, toujours les mêmes noms en somme. Rassurons-nous: on ne désespère pas de voir apparaître prochainement les noms de Billy Flynn, Doug McKay ou encore Don Riccardo.

A l’heure où les propriétaires des Lions continuent à bousiller le club à petit feu, il est difficile de trouver le responsable principal de l’actuel fiasco. Mais le suspect numéro un reste souvent celui qui est en charge de la cellule sportive du club. Jusque-là, sa langue de bois et ses excuses à ne surtout pas ressortir à une base déjà échaudée ont été légion. Et vas-y que je te donne du «c’est parce que nous avons des blessés» par ici, et que je te refile un peu de «la préparation a été tronquée» par là, sans oublier le traditionnel «de nouveaux joueurs ont rejoint le groupe, il faut du temps pour que la cohésion se fasse». Le premier prix revient néanmoins au fameux besoin du public lausannois de se faire inculquer certaines notions de hockey en faisant un parallèle assez puissant avec celui de Montréal. «Inculquer»; un verbe qui risque d’être gravé un long moment dans les esprits. Cela dit, il paraît que l’homme qui dégaine son iPad plus vite que son ombre fait du bon boulot au sein du mouvement junior. S’il a mis dehors ceux qui ont jugé que Rimann ne pourrait jamais évoluer en LNB et qui ont laissé filer El Assaoui, alors c’est vrai.

Hockeymanager pour les nuls, v2.0

Pourtant, la campagne de transfert avait commencé de manière plutôt prometteuse: Joël Fröhlicher ? Un bon défenseur défensif ayant tâté de la LNA, ça n’allait pas être dégueulasse dans l’effectif lausannois et ses performances tendent à prouver cela. Codey Bürki ? Pourquoi pas. Autre transfuge de l’élite, le jeune attaquant s’en sort actuellement très bien sous ses nouvelles couleurs alors que le scepticisme semblait régner au moment de son engagement.
Pour Christobal Huet, le bilan est pour l’heure bien plus mitigé. Sa signature au LHC a été vue comme un coup de génie. C’est clair, le garçon allait nous gagner plusieurs matchs à lui seul. Le gardien, c’est bien le 50% de l’équipe non ? Et pourtant, on est loin de ce qu’on est en droit d’attendre d’un tel portier. Trois buts encaissés en moyenne par rencontre, c’est clairement trop, mais je vais forcément me prendre une volée de bois vert: on ne touche pas à Christo. Il a joué en NHL, a remporté la Coupe Stanley et tout ça. Donc droit à l’impunité totale. Son ratio coût/performance n’est juste pas à la hauteur mais on s’en fout, on expédie Caminada à Thurgovie, on rapatrie un autre portier qui n’a pas joué depuis deux ans, et elle est belle.

La liste des décisions discutables ne s’arrête naturellement pas là, et elles portent la signature du directeur sportif du Lausanne Hockey Club. Dans le désordre, nous avons tout d’abord la non-reconduction du contrat de Julien Staudenmann, la figure et l’âme du club. Le seul qui avait les couilles de dire ce qu’il pense, qui était capable de faire bloc et d’amener cette hargne et ce cœur (© C. Maillard) qui faisaient souvent défaut, ainsi que de faire le sale boulot. Un mec indispensable dans une équipe et dans le vestiaire, l’icône de l’équipe. Si Jim Koleff l’avait signé trois ans (valable en LNB comme en LNA), ce n’était pas pour rien et le regretté Canadien était loin d’être un manche au niveau du recrutement. Bravo.

Saison 91, épisode 7, sketch 12

Autre choix génial, engager Mottet pour deux ans, lui faire jouer les matchs de préparation avec le LHC avant de s’en débarrasser sous prétexte que sa saison dernière fut en-dessous des attentes et qu’il n’y avait pas de place pour lui dans les deux premiers trios. S’il faut renvoyer un jeune au talent unanimement reconnu à chaque fois qu’il souffre du fameux «sophomore slump», comment construire un groupe homogène et continuer à faire confiance à ceux qui sont censés le composer ?
Le cas Seydoux est aussi consternant. Sachant pertinemment que le défenseur est très – trop – souvent en mille morceaux tout en ayant végété dans d’obscures ligues de sixième zone à l’étranger, pourquoi devoir casquer pour un gars qui risque bien d’être plus souvent sur les plots que sur la glace, sans compter sa propension à posséder un melon digne de celui de Ngoy. Et que dire de Gailland… Son enrôlement trahit deux éléments: celui d’être incapable de se départir de l’héritage koleffien et celui d’avoir de sérieux trous dans son carnet d’adresses. La preuve que le club lausannois est toujours incapable de faire le deuil de la seule personne qui imposait le respect dans les travées de Malley, qui avait reconstruit une crédibilité dans ce club et qui avait un flair unique dans le secteur sportif. C’est ma foi plus facile de marcher sur les braises toujours brûlantes de son héritage et de bâtir un simulacre d’équipe sur des fondations en totale décrépitude. Où le LHC se dirige-t-il ? En tout cas pas vers la sérénité, mais bien vers ses vieux démons. Une fois de plus.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Alexandre Krimine

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5 Commentaires

  1. In Krimino Veritas ! 30 ans de « supportariat » à attendre que les lions de l’arène bouffent enfin les gars d’en face avec la volonté du gladiateur. Mais ce n’est que bien trop souvent que le glas qui sonne !!! La lassitude s’installe devant les éternels péripéties « hocheyistiques » des divers triumvirats à la tête du LHC. Force est de constater que seule la vox populi est indécrottablement et comme toujours la seule à la hauteur de l’événement. Ave LHC, ceux qui, lassés, vont s’en aller définitivement te saluent !!!

  2. Si d’autres raisons m’ont fait déserter Malley, il est évident que cette redondance de situations merdiques ne me motive pas à revenir. Et la question qui me gonfle depuis trop longtemps : c’est qui l’taulier ? En conclusion, superbe article

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