Un point de perdu

Ne nous voilons pas la face. Malgré la maîtrise absolue du LHC, ces points égarés contre les petites écuries comme Fribourg ou Berne pourraient peser lourd au moment de l’addition finale.

Ces matches de préparation avant les play-off réservent quelquefois d’agréables surprises. En l’occurrence, le match de samedi a permis de décerner la Supercoupe intercontinentale de Suisse, qui opposait le champion de LNA à son probable successeur, le champion de LNB. Et c’est tout logiquement le LHC qui s’est imposé, faisant parler son expérience, son aisance dans le jeu et sa classe largement au-dessus. Pourtant, le public vaudois a pu avoir quelques sueurs tièdes au vu de l’entame du match. Les Lions ont eu la mauvaise idée de baisser de huit crans leur niveau pour se mettre à celui de leur adversaire. Sentant le bon coup, les outsiders bernois se sont jetés tels des morts de faim sur cette opportunité inespérée. 0-2 après neuf minutes, autant dire que les plus fous des supporters du SCB n’auraient jamais osé rêver d’un tel scénario. Et même si ces deux buts ont été le résultat d’un cul bordé de nouilles fraîches au saindoux, l’important pour le club de la capitale était de faire la course en tête à Malley, quelle que soit la manière.
Conscient de sa supériorité indiscutable dans tous les domaines, le LHC ne s’est pas affolé et a suivi son plan de match, sachant pertinemment que les Ours n’en verraient plus une dès qu’ils décideraient de passer la vitesse supérieure. Et ça n’a pas manqué. Il y avait toujours 0-2 lorsque Lausanne a réalisé deux actions offensives de suite à la 36e minute. L’expérimenté coach bernois Törmänen n’a pas eu le choix : il a logiquement pris son temps-mort, espérant (vainement) retarder l’inéluctable échéance. Cette tentative désespérée de couper le rythme irrésistible des Vaudois aura au moins eu le mérite de ne voir Bührer capituler qu’à une seule reprise dans ce tiers médian. Travis Roche, impressionné d’évoluer dans le Temple de la capitale olympique, a complètement perdu ses moyens et le puck sur le Gretsky des Alpes. «Setzi» a fait alors parler sa technique en slalomant avec une facilité déconcertante entre les défenseurs bernois faisant office de cônes d’entraînement. Altruiste, il a parfaitement servi son capitaine pour l’ouverture du score lausannoise. 1-2, les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer.

Quart d’heure vaudois

«Si les Bernois parlent lentement, c’est pour que les Vaudois les comprennent» plaisantent cocassement les beaucoup-uple champions de Suisse. Mais si les Lions ont mis un bon double quart d’heure vaudois pour se mettre en branle, après, ça rigolait plus tant que ça. De bleu. Faisant étalage de toute sa classe, Hytönen (qui a eu le fin nez de refuser l’offre de Fribourg pour rejoindre une équipe ambitieuse) a subjugué Bührer sur un gros travail dans la bande de Bång. 2-2 à l’entame du dernier tiers, le match était enfin lancé. Et les visiteurs n’ont alors plus pu faire illusion. Surnommé le «LHC suisse-allemand» en raison d’un soutien populaire qui tente d’imiter l’ambiance de Malley – reconnu unanimement comme le meilleur public de Suisse –, le CP Berne est encore loin d’arriver à la cheville du niveau des Lions sur la glace. Et ce n’est que grâce à un Bührer en état de grâce que le SCB n’a pas coulé corps et biens.
Dépité, Törmänen avait un regard sur le banc qui disait : «J’ai tout tenté pour juguler l’armada offensive lausannoise, mais à l’impossible, nul n’est tenu. Ce serait déjà un exploit mémorable de pouvoir repartir avec un point de Malley, chose que nous n’avons plus réalisée depuis au moins huit ans, c’est vous dire.» Délaissé par une équipe totalement dépassée, le gardien bernois a fini par craquer en prolongation à la suite d’un travail monumental de Hytönen, qui a pu servir idéalement Déruns, tout content d’ajuster la lucarne de son ancienne équipe.

Donnez-nous un adversaire

Difficile de se dire que c’est «ça», la Ligue A. Avec des victoires contre Berne et Kloten et un retournement de situation totalement immérité de Fribourgeois archi-dominés en match d’ouverture, le LHC est en train de confirmer les pronostics de tous les suiveurs entre Lutry et St-Sulpice qui connaissent quelque chose au hockey. A tel point qu’il se murmure que le CIO réfléchirait à changer les poules des prochains Jeux Olympiques. Selon nos informations, pour augmenter la popularité de ce sport et le spectacle proposé, le LHC serait LA principale attraction des JO de Sotchi, et serait opposé à la moins mauvaise sélection d’équipes possibles. Chicago, Pittsburgh, Vancouver et Washington seraient pressentis, même si ces clubs seraient pour l’instant réticents à l’idée de se faire humilier par une équipe européenne. Affaire à suivre.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Lausanne – Berne 3-2 ap (0-2 1-0 1-0 1-0)

Malley, 7361 spectateurs.
Arbitres : MM. Küng, Massy ; Fluri, Kohler.
Buts : 2e Krüeger (Plüss, Rüthemann) 0-1. 9e Gardner 0-2. 39e Conz (Setzinger) 1-2. 43e Hytönen (Bång, Déruns) 2-2. 62e Déruns (Hytönen) 3-2.
Pénalités : 3×2’, 1×5’ (Bång), 1×20’ (Bång) contre Lausanne ; 6×2’, 1×10’ (Rubin) contre Berne.
Lausanne : Huet; Leeger, Gobbi; Stalder, Genazzi; J.Fischer, Lardi; Reist, Morant; Bång, Hytönen, Déruns; Setzinger, Genoway, Antonietti; Bürki, Froidevaux, Neuenschwander; Savary, Conz, Ulmann.
Berne : Bührer; B.Gerber, Roche; F.Randegger, Krueger; Kinrade, Wellinger; Dufner; P.Berger, Ritchie, Lehtonen; Rüthemann, M.Plüss, Dostoinov; T.Scherwey, Gardner, Rubin; Vermin, Bertschy, Loichat.
Notes : Lausanne sans Primeau, Eigenmann, Le Coultre, S.Fischer (surnuméraires), Seydoux, Augsburger (blessés). Berne sans A.Berger, Furrer, Jobin (blessés), Hänni (malade).

Écrit par Yves de St-Aÿ