Gottéron pour les Nuls

Voici un mode d’emploi décryptant les péripéties de Fribourg-Gottéron. Tout cela sous forme de calendrier avec un aspect très pratique : il est utilisable chaque année ! Ben oui, c’est tout le temps la même chose avec les Dragons. De juin à mai, Fribourg-Gottéron, c’est la panacée !

Juin Avant le début de l’entraînement d’été, les équipes intègrent normalement des jeunes joueurs. Fribourg-Gottéron voit les choses différemment. Si le club est un des plus faibles pourvoyeurs de juniors pour les équipes nationales, n’y voyez que le fruit du hasard ou de la malchance. Mais la tactique est aussi tout simplement différente. Le club de Saint-Léonard sait très bien que ces joueurs créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. Serge Pelletier fait de temps à autre une exception, mais sinon c’est loin ! Les petits cons sont envoyés dans d’autres clubs. Tant pis si un ou deux perce(nt) ailleurs, ça peut arriver.
Juillet
La préparation d’avant-saison est très importante. Heureusement, le staff sportif de Fribourg-Gottéron l’a bien compris. Malheureusement, elle ne se passe jamais comme ils l’auraient voulu. Mais c’est fou cette guigne ! Chaque année, le sort s’acharne sur eux. Ouf, on sait déjà que cet argument pourra être utilisé pour répondre aux satanés râleurs qui diront que la saison n’est pas réussie. Pour ne rien arranger, les joueurs étrangers égarent régulièrement leur programme d’entraînement personnel et ont souvent des problèmes d’avion pour revenir à Fribourg. Si ce n’est pas la balance qui déconne et qui ajoute des kilos imaginaires aux mercenaires de retour de vacances. Rien à faire, le club doit vraiment être maudit.

Août
Alors cette fois c’est sûr : «On a atteint le plafond du budget.» Cette phrase est prononcée par le pion de la BCF (pardon le président du club) durant chaque conférence de presse d’avant-saison. Ben oui, il y a des limites que l’on ne peut pas dépasser. Il y a un seuil incompressible, une barrière infranchissable, une frontière impénétrable. Et finalement, on ne peut que se réjouir que le club ne cède pas à la surenchère. Dans le monde du sport actuel, il est agréable de constater que des clubs ont encore des valeurs et ne succombent pas aux envies de transferts de joueurs beaucoup trop chers ou aux prolongations de contrat trop coûteuses (même pour des hockeyeurs du crû, eh oui !).
Septembre
Y’a-t-il plus ingrats que les supporters ? Certainement pas. Les fans de Fribourg-Gottéron le sont certainement encore plus que les autres. En début de saison, il est normal que les prix des abonnements soient indexés, tout augmente non ? D’accord, Saint-Léonard n’est pas équipée de tous les derniers gadgets en matière de confort. Mais quand même, c’est du hockey pas du golf ! De plus, le club leur promet toujours une saison des plus réussies, mais il faudrait qu’ils se calment ces gens ! C’est quand même incroyable, le spectacle est garanti, les joueurs mouillent le maillot et les gens se plaignent ! Qu’ils résilient, d’autres sauront saisir l’occasion.
Octobre
Le deuxième tour commence et la réflexion revient souvent dans les discussions. «Gottéron n’a pas de système de jeu.» C’est d’un facile ! Il est vrai que le jeu n’est pas toujours totalement structuré, mais les nombreuses défaites déjà concédées à cette période de l’année ne s’expliquent pas aussi bêtement. Il y a une foule de facteurs qui entrent en jeu. Serge le rappelle souvent à juste titre.
Novembre
Certains clubs optent pour un cinquième étranger dès le début du championnat. À Fribourg-Gottéron, on est plus malin que ça. Comme il y a toujours des bonnes affaires à dénicher durant l’automne, on préfère attendre cette période. Il y a de toute façon un joueur étranger qui se blesse durant les premiers mois de championnat (la préparation ne peut pas être mise en cause, de nouveau la malchance !), donc autant profiter de l’aubaine. Les mauvaises langues diront que les joueurs arrivant en cours d’exercice ne sont que des seconds couteaux. Le club répondra, avec raison, qu’ils sont au contraire de vraies perles. Lintner la bombe à retardement ou Ouellet le sniper viendront d’ailleurs le confirmer.

Décembre
Un bilan à mi-parcours est souvent tiré à la fin de l’année. À cette période, Fribourg-Gottéron se bat avec la barre. La gronde monte parmi les supporters, mais Serge Pelletier sait calmer les foules. Il faut dire qu’il a une qualité que personne ne peut lui enlever : l’autocritique. Combien de fois a-t-il reconnu que ces choix n’étaient peut-être pas justifiés ou que quelque chose était à revoir ? Mon Dieu, on en est presque gêné pour lui. Un peu de confiance en toi Serge !
En plus de cela, il répond toujours avec franchise et à-propos. Lorsqu’on lui parle d’une série de défaites à l’extérieur, il signale qu’une série (certes un peu plus courte) de victoires est en cours à domicile. Mais bien sûr, quelle bête question de journaleux ! Enfin, il sait éviter ce ton moralisateur si désagréable chez certains entraîneurs. Décidément, on a beau chercher, difficile de lui trouver des défauts.
Janvier
Ah la nouvelle année, ses résolutions, ses espoirs, ses surprises aussi. Il arrive en effet qu’il s’en produise avec les joueurs «importés» de Fribourg-Gottéron. Non pas qu’ils crèvent l’écran (les surprises sont rarement bonnes), mais plutôt qu’ils ne répondent pas aux attentes. Patatras, les étrangers ne seront pas des locomotives cette année…
Une fois le choc passé, le supporter se pose la question : existe-t-il un syndrome Gottéron ? Un joueur peut-il devenir mauvais une fois arrivé à Fribourg ? Ce qui est sûr, c’est que la tactique de jeu de l’entraîneur ne peut pas, décemment, être mise en cause. Cela restera donc un mystère…
Février
L’heure du verdict de la saison régulière sonne irrémédiablement au mois de février. Fribourg-Gottéron termine à la 8e place, c’est comme ça, c’est une habitude. À la rigueur, 7e mais vraiment exceptionnellement. C’est bien ce rang : au-dessus de la barre, pas trop haut pour ne pas mettre trop de pression aux joueurs. Tout le monde est content et franchement, lutter jusqu’au bout pour une place en play-off, c’est quand même plus excitant.
Mars
Le troisième mois de l’année coïncide avec le début des séries. Avec tous les succès de ces dernières années, on en oublie que Gottéron a (très rarement il est vrai) participé aux play-out. Comme ça paraît loin ! Les Dragons se battent maintenant pour le titre, qu’on se le dise. Ils ont, par contre, décider en toute conscience de ne pas aller jusqu’au bout. On peut évidemment discuter du bien-fondé de la décision, mais il faut la respecter. Celle-ci ne date d’ailleurs pas d’hier, elle était déjà appliquée dans les années nonante. Gagner est-il vraiment la finalité ? Fribourg-Gottéron pense le contraire et s’il faut perdre une série 4-3 après avoir mené 3-0 et bien tant pis. L’histoire retiendra certainement cette noblesse d’esprit.

Avril
Quelques semaines après la fin de la saison, il est temps de faire le bilan. Le club excelle dans la rédaction de communiqués. Ceux-ci sont toujours très objectifs et ne manquent pas de mettre le doigt là où ça fait mal. Dans le communiqué de fin de saison, on lira donc que malgré les périodes plus difficiles (sic), l’équipe a atteint ses objectifs. Le club ne doutera pas que la saison suivante sera encore meilleure, car finalement il sait corriger ce qui ne va pas. Tous les espoirs les plus fous sont permis, à Fribourg-Gottéron on ne répète jamais les mêmes erreurs. C’est incroyable, la fameuse grande saison (promise depuis l’ère néolithique) est toujours la prochaine…
Mai
Alors que l’ossature de l’équipe pour la saison qui s’annonce est connue, la période est propice pour la prolongation du contrat de l’entraîneur. Très content des prestations de ce dernier, le conseil d’administration choisit le mois de mai pour rendre public que le contrat de Serge Pelletier est prolongé. Celui-ci donne satisfaction et sait trouver la bonne alchimie entre les joueurs de son équipe. Pourquoi changer le mentor alors que tout va bien ? Les autres clubs, conscients du potentiel de Pelletier, aimeraient certainement venir nous le piquer. Mais sauraient-ils lui donner d’aussi bonnes conditions de travail ? Sûr que non. Peut-être que le jour où tout ira mal, il voudra partir de lui-même. Mais comme les résultats sont toujours au rendez-vous, cela n’est pas près d’arriver.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Louis Rémy

Commentaires Facebook

12 Commentaires

  1. Le problème c’est l’entraineur…. A se demander si le comité a de la buée dans les yeux !!!!. Même certains joueurs ne le supportent plus

  2. Bon papier… Une précision toutefois concernant les juniors du club. Le problème est plus politique que sportif puisque le canton de FR ne dispose d’aucun sport-étude. Difficile dès lors de résister aux offres de Berne, Zoug et Davos qui ont de quoi séduire.
    Pour le reste, absolument rien à redire!

  3. Et si je ne me trompe pas, Lintner était venu dès le début de la saison, mais s’était blessé et avait été absent pas mal de matchs

    Mais très bonne analyse cartonesque !

  4. Si gotteron n accède pas à la finale la saison prochaine avec tous les gros transferts qu ils font ,ca sera définitivement gros nullards!

  5. La passion sacrifiée à la professionnalisation…

    Et oui, avant, Gottéron était pauvre, il inspirait de la compassion à ses supporters et de la pitié aux autres.. Si Gottéron jouait mal les 3/4 de la saison mais se qualifiait quand-même en play-off « par les poils » et avec du coeur, c’était fête à la maison. Aujourd’hui, l’argent qui coule a flot, censé amener monts et merveilles, a juste rendu les joueurs trop riches et plus assez braves, l’entraîneur dépassé par un vestiaire qu’il ne tient plus et le public aigri par ses colossales attentes déçues. Triste période pour un club qui ne mérite pas un tel sort… mais qui va s’en relever !

  6. Voilà, c’est fait Pelletier est viré avec effet immédiat! Et dire que Haymoz voulait le prolonger une saison de plus il y a quelques jours!

  7. @Henri: ton analyse n’est certes pas totalement fausse mais il n’empêche qu’elle est incomplète.
    A l’exception de la première finale (surprise) contre Berne, Bykov a disputé deux finales en étant blessé (agression de Zehnder une année et d’un défenseur d’Ambri l’autre année en séries). Par ailleurs, les investisseurs – douteux – d’alors ont chaque année profité des bons résultats pour s’enrichir en revendant les bons joueurs (qui leur appartenaient en fait vu que les licences n’étaient pas en main du club). Exit Brasey, Balmer, Princi, etc Une seule ligne ne pouvait dès lors pas toujours faire des miracles. Dont acte…

  8. Ah les vilains dirigeants de Gottéron. Ils font venir Gamache et Dubé grâce à Pelletier et dès qu’ils ont signé, on le vire. Ca va pas donner envie à d’autres joueurs de venir tout ça!

  9. Mouarfff BE. Et si c’était justement l’inverse. On le voit avec Bykov ……… qui ne serait pas resté si Pelletier avait toujours été là.

    Et si les dirigeants avaient tout simplement été très malins en se séparant de Pelletier après avoir signé Dubé, Gamache, mais avant de faire signer Bykov ?

    Plus qu’un défenseur étranger et l’équipe aura fière allure la saison prochaine.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.