Affaire MacMurchy : l’autre point (g) de vue

Si vous avez suivi un peu le purgatoire du hockey suisse ces derniers jours, vous avez sans doute entendu que le Top Scorer PTT des Red Ice, Ryan MacMurchy, avait été suspendu pour dix matchs par le remplaçant (!) du juge unique de la Ligue, répondant au doux nom francophone d’Oliver Kruger. Petit retour sur les faits de ce match contre Viège pour démontrer qui si une sanction sévère s’imposait, il y avait une marge de mitigation avant de refiler dix matchs de suspension au centre des Red Ice. Encore aurait-il fallu que la Ligue se mette en mode audition et non transmission.

ABBA Fernando

Pour bien comprendre le pétage de plomb du Canadien MacMurchy sur le pauvre Fernando Heynen, il faut remonter à la douzième minute du match. Le Viégois Fabian Brem s’en vient taillader la figure du soldat Ryan qui malgré les traces de sang sur sa figure ne sera pas sauvé sur ce coup par l’arbitre du soir, le triste Peer. Ce dernier non seulement décida de ne pas sanctionner l’agresseur du Haut à une pénalité de match comme le règlement l’exige mais se contenta de lui infliger un «maigre» 2×2 minutes pour s’affranchir de tout reproche futur. Il faut croire que l’attaquant viégeois reprit vite son souffle durant sa pause forcée puisqu’il signa les deux prochains buts de Viège dans ce match alors qu’il aurait dû être en train de se décrotter sous les douches de la Litternhalle. Ce sentiment d’injustice ajouté à l’insupportable acharnement dans les bandes de la part des angéliques défenseurs haut-valaisans allait finir par faire péter l’armoire à fusibles de MacMurchy. En infligeant un solide un cross-check en biais à la tête du malheureux Heynen (qui soi-disant passait par là vraiment par hasard…) ainsi qu’en astiquant des coups de crosses malvenues lorsque le numéro 80 viégeois rabotait la glace, l’attaquant de Martigny finit par dépasser les bornes. Personne ne met en doute le fait qu’il commettait à la fois une action pouvant entrainer des blessures graves mais également un acte antisportif qui n’avait rien à faire dans ce derby. Comme quoi, même quand on peut flairer le sang sur ce site, on sait encore défendre le fair-play.
Par contre, sur CartonRouge.ch, on ne supporte pas les contre-vérités et l’iniquité sportive.

Big Mac

Ce qui est agaçant dans cette affaire c’est que soit le borné juge de la Ligue Suisse, soit les grands journaux d’investigation style le Matin et le Nouvelliste essaient de nous démontrer que les Viégois (dont la «victime» Heynen) ont eu un comportement irréprochable et que le désormais vilipendé MacMurchy s’est comporté comme un vandale.
Premièrement, après avoir jeté un petit coup d’œil aux statistiques disciplinaires du sieur Fernando, on peut s’apercevoir que l’innocent numéro 80 viégeois est dans le trio de tête des défenseurs les plus pénalisés de Ligue B ces deux dernières saisons (source hockeyfans.ch). En résumé un défenseur qui joue dans la catégorie de ceux qui donnent plus qu’il n’en reçoit et qui, tôt ou tard, trouvera son maitre au contour d’une bande. Pourtant, s’il l’on en croit le communiqué officielle du juge Kruger, MacMurchy aurait mis la main arbitrairement sur Heynen.
On me permettra d’en douter fortement sur la base de son casier ‘hockeyistique’, surtout si l’on se réfère aux déclarations de l’attaquant canadien qui sont rapportées ci-dessous.
Deuxièmement, pour arrêter d’insulter intellectuellement les supporters et suiveurs du petit monde de la Ligue B suisse en se réfugiant derrière la jurisprudence de l’Association, il aurait peut-être été beaucoup plus judicieux d’auditionner le joueur du Saskatchewan pour soulever toutes les zones d’ombre de cet épisode viégeois peu glorieux. C’est un peu ce qu’a voulu faire la Red Live Radio en boutiquant une interview de sept minutes où un Ryan MacMurchy ostensiblement choqué par cette sanction de dix matchs est venu s’expliquer de sa propre initiative, avec humilité et un sens de la contrition assez unique au niveau professionnel. Petit extrait de sa version des faits : «Je m’excuse vraiment envers les fans, mes coéquipiers et le directoire du Club pour la situation dans laquelle je les ai mis par ma faute unique. Je joue tous mes matchs avec passion et émotion car je veux faire de mon mieux pour tout le monde à Martigny. Mais, parfois cette année, c’est arrivé que j’aie eu des mauvaises réactions sur la glace et je vais devoir accepter que je devienne une cible sur la glace. Les autres équipes vont me provoquer, je dois non seulement l’accepter mais contrôler mes réactions beaucoup mieux pour le bien de l’équipe. Je sais que ma réaction n’était pas acceptable mais je peux aussi dire que la tactique de Viège dès le début du match fut de pratiquer le «dirty play». Leur tactique n’était pas acceptable et l’arbitre n’a rien fait et dans un match comme ça, c’est dangereux pour tous les joueurs. Ça a commencé par une canne dans ma figure, et des ciblages tout le temps que j’étais sur la glace et par trois fois, certains de ces checks auraient pu finir en commotion. Mais l’arbitre n’a rien dit. Si bien qu’à la fin du match, j’ai eu une très mauvaise réaction mais sur le moment j’ai eu l’impression que je ne pouvais plus laisser passer ces attaques gratuites».
Bien sûr que les cyniques diront que ce sont les paroles d’un joueur qui essaie de se racheter à tout prix pour éviter une lourde sanction. Je vous laisserais vous faire votre propre idée, mais j’ajouterais simplement que les propos de Ryan MacMurchy confirment que son geste était induit par les provocations constantes, organisées et ciblées de l’adversaire du soir sous la bénédiction cruelle d’un arbitre qui n’a pas fait son boulot et par la même, mis en danger l’intégrité physique de TOUS les joueurs de cette partie. Mais comme on le sait, le jour où la Ligue ne viendra plus défendre ses arbitres, il y aura un minaret au sommet du Cervin, donc inutile d’essayer d’avoir une discussion d’adulte avec un espèce de machin qui s’assiéra derrière une jurisprudence bancale ignorant l’entier des circonstances entourant un fait de jeu.

Le vrai gagnant

En infligeant dix matchs de suspension à Ryan MacMurchy, la Ligue a appliqué une sanction totalement disproportionnée qui fera sûrement l’objet d’un recours pour mieux remplir les caisses de cet organisme juridique anachronique. Venant d’une section de la Fédération Suisse de Hockey qui a octroyé une licence de jeu au HC Sierre et qui a fermé les yeux sur les acrobaties comptables des aviateurs de Kloten, on ne peut pas se montrer outre-mesure surpris.
C’est peut être paradoxal et sciemment provocateur, mais le seul qui en ressortira véritablement grandit de cet épisode, c’est certainement Ryan MacMurchy. Lui qui aura probablement appris sa dure leçon en rabâchant ces prochaines semaines que le hockey se joue sur la glace et pas devant les micros ou dans les salles de tribunaux. Chapeau pour ta réaction et tes excuses Ryan, mais de grâce, ne recommence plus.
Quant aux bonnets d’ânes, je les allouerai bien gracieusement au scribouillard Kruger, à l’arbitre Peer et également au HC Visp pour avoir cautionné cette tactique de match tout en soufflant sur la braise quand il le fallait. On repassera pour l’unité valaisanne en hockey mais après tout, quand on connait les Hauts-Valaisans, y’a pas de pommes qui poussent sur les poiriers.
Copyright : interview de Ryan MacMurchy, Live Red Radio (Red Ice Martigny) ; photos Pascal Muller, www.mediasports.ch