Malley, roi du money time

Grâce à un but de Nicolas Hélin à quelques secondes du gong, l’ES Malley entreprendra le voyage en terres saint-galloises avec des rêves de promotion intacts. Un match retour qui s’annonce d’ores et déjà chaud bouillant puisque le SC Brühl attend plus de 3’000 spectateurs samedi après-midi !

L’ES Malley ne méritait vraiment pas ça. «Ça», c’est cette pluie diluvienne qui s’est abattue sur le Bois-Gentil en ce mercredi soir aux airs automnaux. Comme on dit, il n’a plu qu’une seule fois durant cette rencontre : de la première à la dernière minute. Si ce temps exécrable a motivé la majorité des amateurs de foot de la région à rester sagement chez eux, il n’a pas empêché les quelque 150 supporters du SC Brühl à faire le déplacement ni à Timothée Guillemin, ex-rédacteur émérite de CartonRouge.ch, à suivre le match en t-shirt et pantalon trois quarts, trempé de la tête aux pieds. «Mais ne l’écris pas dans ton papier, Marco, je m’habille comme ça à chaque match de mars à novembre !» me dira ce dernier. Dans ces conditions dignes d’un funeste LS – Servette de juin 99, ce match du second tour des finales de 1ère ligue n’a pas atteint des sommets, loin s’en faut. Entre une équipe de Brühl très solide et un ES Malley emprunté, les étincelles ont été rares dans la nuit lausannoise. Tout juste notera-t-on la tête de Renato Rocha à la 20e minute, trop centrée pour inquiéter le dernier rempart saint-gallois et, évidemment, le but des visiteurs, inscrit à la 28e. Un centre-tir de Istrefi qui ira se loger en pleine lucarne. Le ciel (re)tombait sur la tête des Stelliens.

Sur ce terrain aussi humide qu’une nymphomane devant Rocco Siffredi, il ne se passera quasiment plus rien dans une première mi-temps à oublier, sinon quelques timides escarmouches vaudoises. Heureusement qu’il y avait un peu d’ambiance dans les tribunes avec des supporters saint-gallois bons joueurs, qui lanceront des «SCB» à tout va, repris tour à tour par les deux tribunes. Plutôt sympa pour un match de 1ère ligue. L’arrivée de Yannick Favre et ses compères, qui sortaient d’un repas de soutien du FC Pully apparemment bien arrosé, aura également le mérite d’égayer cette fin de période. C’est avec intérêt que l’on apprendra que Philippe Favre a tiré sa révérence à la présidence du FC Pully ainsi que les exploits du gardien Christophe Iseli, dont les quatre cartons rouges consécutifs sont en passe d’être gravés dans le livre des records de l’ACVF.

Egalisation inespérée

La seconde mi-temps sera fidèle à la première avec une équipe saint-galloise solide comme un roc, à l’image de sa vedette Marc Zellweger, international helvétique à 13 reprises. «C’est une vraie équipe suisse allemande, hyper bien organisée, avec deux ailiers qui vont très vite», analysera justement le capitaine stellien Nicolas Bastardoz. Face à ce bloc aussi difficile à bouger qu’un troupeau de pucelles devant la loge de Tokio Hotel, l’équipe de Paolo Martelli va souffrir, d’autant plus que Gilberto Reis a dû quitter le terrain sur blessure avant le thé. C’est dire si le carton rouge d’Aziz Demiri, consécutif à une simulation dans la surface de réparation, n’arrangeait en rien les affaires déjà mal embarquées des voisins du Bois-Mermet. A 11 contre 11, la mission semblait compliquée. A 10 contre 11, on en venait presque à brûler un cierge.   
Et pourtant, animés par une force de caractère à toute épreuve et encore sur leur nuage après leur qualification héroïque à Schötz (victoire 5-2 après prolongations !), les Stelliens ne vont rien lâcher. C’est en effet une équipe sans complexe qui va se jeter à l’attaque, continuant à prendre des risques et à provoquer l’adversaire. Par le remuant Atkinson tout d’abord puis par Basha (85e) qui est à deux doigts de mettre les équipes à égalité lorsqu’il se présente seul face au gardien brühlois. On joue alors la 92e minute lorsque le cuir est balancé dans les seize mètres saint-gallois, le ballon est repoussé en catastrophe par la défense et c’est Nicolas Hélin, seul à 15 mètres, qui arme une frappe à ras de terre. Le tir passe entre une forêt de jambes et s’en va transpercer Geisser : c’est l’explosion de joie sur le banc lausannois ! Après avoir éliminé le leader du groupe 2 au terme d’un match retour où il est revenu deux fois au score avant de passer l’épaule en prolongations (sans parler de l’égalisation à la…94e minute lors du match aller !), le club du président Mann pourrait bien créer une seconde sensation samedi dans l’antre du leader du groupe 3 de 1ère ligue. Et dire que l’ES Malley n’a fini «que» 4ème de son groupe…

Meilleur dans le jeu, l’ES Malley a amplement mérité cette égalisation au bout du suspense. «On est vraiment contents ! Une chose est sûre, on montera à Brühl avec une seule idée en tête : être promu comme nos voisins du Lausanne-Sport !» ajoutera un Bastardoz souriant. «Franchement, il y a moyen de passer, j’ai trouvé que Schötz était supérieur à Brühl. On y croit !» A la question de savoir si les conditions de jeu l’avaient dérangé, le capitaine lausannois n’ira pas par quatre chemins : «La pluie ? J’ai adoré ! C’est génial de jouer dans ces conditions avec ce ballon qui va si vite. Bien sûr, il y a eu moins de monde que prévu mais pour nous, les joueurs, c’était le pied !»
Si les joueurs lausannois ont pris du plaisir à évoluer devant 600 spectateurs un mercredi soir pluvieux, leur motivation devrait être décuplée samedi après-midi à Brühl. Selon les dires de son président René Hungerbühler, la ferveur est immense dans ce quartier st-gallois. «Nous avons déjà vendu 1’000 billets pour ce match, c’est fou ! Il devrait y avoir plus de 3’000 personnes pour nous pousser à l’exploit. Lors du premier tour des finales, nous avons accueilli 2’400 personnes au retour tandis qu’on était près de 500 à avoir fait le déplacement à Breitenraim à l’aller.» Des chiffres qui feraient rêver n’importe quel caissier de 1ère ligue en Suisse romande.
Force est de constater que la passion est énorme dans cette région folle de football. Hier soir, un car de supporters a traversé la Suisse pour soutenir ses couleurs, avec écharpes, drapeaux et maillots. Samedi après-midi, c’est donc tout un quartier de la ville de St-Gall qui sera derrière son équipe fanion, laquelle rêve d’affronter le grand frère l’an prochain en Challenge League. Des étoiles dans les yeux, René Hungerbühler dira : «Ce serait incroyable pour la région. L’AFG Arena n’est qu’à 7 kilomètres de notre stade, et ça fait depuis 1971 qu’on a plus affronté le FC St-Gall en match officiel, on le veut notre derby !»
L’ES Malley et ses joueurs sont donc prévenus : le SC Brühl est motivé comme jamais à l’idée d’évoluer dans la même catégorie de jeu que son prestigieux voisin. Mais que les St-Gallois se méfient aussi car en cette saison de grâce 2010-2011, c’est l’année des promotions des clubs lausannois ! Clubs de football s’entend…

ES Malley – SC Brühl 1-1 (0-1)

Bois-Gentil, 600 spectateurs.
Arbitre : M. Schärer.
Buts : 28e Istrefi 0-1. 92e Hélin 1-1.
Malley : Warpelin ; Kurtic, Cessy, Bentayeb, Rego ; Bastardoz ; Reis (36e Atkinson), Gabriele (77e Basha), Meoli (87e Hélin), Demiri ; Rocha.
SC Brühl : Geisser ; Züger, Van der Werff, Zellweger, Thomas Inauen ; Bushati, De Freitas, Pontes (69e Mehmeti) ; Morina (87e Ibrahimi), De Simone (79e Steuri), Istrefi.
Carton rouge : 64e Demiri (2 cartons jaunes).