En roue libre

Comme chacun le sait, le cyclisme est un sport qui sprinte dans le mur en klaxonnant. Le problème du dopage ne sera jamais résolu, la surenchère au niveau des grandes épreuves cyclistes devient franchement pathétique et on en parlera toujours au prochain millénaire. Le Giro s’est achevé dans l’indifférence générale hormis les polémiques qui ont enflé au sujet de son parcours. Oublions donc 2011 afin de revenir encore plus fort en… 2040 !

Pour la deuxième fois de son histoire, le Giro a débuté en Asie par un prologue de 53.3 kilomètres autour de Pékin, reprenant en grande partie le tracé olympique de 2008. L’arrivée était jugée devant les ruines du Palais Impérial de Pékin afin de commémorer le 10e anniversaire du bombardement meurtrier des forces alliées. Les favoris étaient nombreux pour cette édition 2040, mais le Nord-Coréen Hung-Soo Park ainsi que l’Américain Nick LaSelle semblaient les mieux armés pour s’imposer. Du côté suisse, le Nidwaldien Mahmoud Ibn Qassam ainsi que le Lémanique Slobodan Jaccoud ont représenté les meilleures chances helvètes !3e étape : Pour cette première étape en ligne inédite disputée sur la grande muraille de Chine sur une longueur de 342 kilomètres, il fallait d’emblée être en bonne position au sein du peloton pour éviter de se faire enfermer ou de passer par-dessus les fortifications, chose qui s’est malheureusement produite pour 41 coureurs. Technique et pour le moins vallonnée, cette étape a vu la victoire finale du Kazakh Andreï Kabarovskov au terme d’un sprint massif. Disputée à une moyenne de 86 km/h, les concurrents toujours en vie ont tous terminé dans le même dixième. La liste des décès a été initialisée par la disparition avérée de 5 coureurs, soit 4 de moins que l’année dernière ; un grand motif de satisfaction pour les organisateurs ! Il n’y a plus qu’un Suisse dans la course après l’abandon de Slobodan Jaccoud suite à accident vasculaire cérébral.
6e étape : De retour en Italie après un petit crochet par la Nouvelle-Zélande, le Portugais Fernando Armando Claudio Cristiano Ernesto de Oliveira-Figueira-Souza-Caipi-Caçapa, dit «Dédé», a frappé un grand coup en remportant l’une des huit étapes-reines entre Pré-St-Didier et Étroubles (234 km), étape qui comptait neuf ascensions, dont sept cols hors-catégorie. En portant l’estocade lors de la troisième montée du Galibier, Dédé a rattrapé puis dépassé le Gallois Llancwmfan qui avait alors fait la course en tête. Sous l’effet du souffle provoqué par le Portugais, le poids-plume de Cardiff (1m34, 31 kg) s’est alors envolé avant de s’écraser sur un python rocheux situé 400 mètres plus haut. Malgré de multiples fractures et un trauma crânien, Llancwmfan a pu rallier Étroubles dans les délais. Grâce à ce tour de force et au décès de l’Espagnol Valvador – seulement le 8e de ce Giro –, Dédé grimpe à la troisième place au général, à 31 centièmes du Savoisien Gérard Manvussa et 62 centièmes du Nord-Coréen Hung-Soo Park.
10e étape : Coup de théâtre lors du deuxième contre-la-montre de ce Tour d’Italie disputé entre Udine et Padoue (163 km). Victime de deux arrêts cardiaques successifs au 83e et au 102e kilomètres, Hung-Soo Park a perdu plus de vingt secondes dans l’aventure et doit laisser sa place de leader au Chinois Zhu Lu ! Emmenant un braquet gigantesque grâce à un développement de 86×3 – incluant donc le pignon révolutionnaire à 3 dents mis au point par l’institut de recherche cyclomécanique de Shanghaï –, le Chinois s’est imposé en moins d’une heure quinze et prend provisoirement la tête de ce Giro ’40, à 2 secondes du Français Richard Virenque Jr. Le grimpeur portugais Dédé a limité la casse en prenant la 57e place de ce contre-la-montre, à 9 secondes du vainqueur du jour.
17e étape : En dépit du nouveau réveil du Vésuve, la direction de la course a décidé de maintenir l’étape partant de Lecce se terminant par l’ascension du célèbre volcan italien. Les coureurs ont pu se munir de masques Millipore afin de pouvoir respirer au milieu des émanations de soufre et de cendres. Les montures des athlètes ont en outre été équipées de pneus composite à base de Tungstène au cas où une coulée de lave traverserait le sentier terreux. Dans des conditions un peu compliquées (79°C relevés au sommet), c’est le Gallois Llancwmfan – bien remis de ses petits bobos – qui a pris sa revanche en s’imposant devant le Suisse Ibn Qassam ! Aucun changement au général : Zhu Lu reste en tête, mais devant Manvussa à plus d’une seconde. Afin de limiter les risques dus à la lave en fusion, les organisateurs planchent pour une étape sur le Vatnajökull. Le glacier islandais est en effet protégé par une croûte glaciaire, ce qui devrait réduire les risques d’une coulée de magma.
23e étape : Lors du premier contre-la-montre par nation organisé en Sardaigne, la hiérarchie n’a pas été bousculée en dépit d’un parcours assez exigeant. Certains passages à près de 66% n’ont pas permis aux meilleurs de se détacher au général, tous les pays ayant terminé dans la même minute. Dans cette discipline, c’est une nouvelle fois la Corée du Nord qui s’est imposée devant la Savoie et la France. La Suisse, avec son seul élément, a terminé à une réconfortante 31e place.
Suite à cette étape, le peloton peut donc savourer sa première demi-journée de repos depuis le début de l’épreuve. L’occasion de revenir sur la course avec Salvatore Berlusconi, l’organisateur principal de la boucle transalpine. «Lé bilan est très positif. On nè déplore què 15 mortè jusqu’à maintènant, 12 dé moins qué l’année dernière. C’est incrédibilè !» s’est félicité l’Italien, tout sourire. «Ma sourtout, la course est très dispoutée. Les 25 premiers sont dans la même sèconde. Ça promet pour la souite.» Pour revenir au tragique destin des coureurs morts au combat : «Ma vous savez, cè sont des choses qui arrivent. C’est le sport. C’est triste pour les familles, tout ça, mais la vita continue ! Et puis de nos jours, comme n’importe quelle autre chose, les papas, maris, etc… ça sè remplace (rires)». Sur la vitesse moyenne du peloton : «Pour l’instant, on roule à 72.2 km/h de moyenne. C’est oun peu dicèvant, mais il faut dire que les conditions n’étaient pas fatchilé, avec notamment les duè mètri de neige au col de l’Iseran et les trè mètri de acqua dans les rues de Torino suite à la croue du Pô». Salvatore Berlusconi se montre optimiste pour la suite : «Nous aurons un final souperbe, j’en suis convaincu. Si en plus Hung-Soo Park s’impose, il rentrera dans l’histoire avec ses 11 succès dans le Giro». Un coureur modèle courant sous les couleurs d’un pays autrefois opprimé, mais qui a gagné ses lettres de noblesse !
29e étape : Place à l’étape reine de l’édition 2040 du Tour d’Italie avec l’ascension du Mont Rose. Avec un dénivelé positif de près de 10’000 mètres et des pentes maximales à 113%, la sélection fut sans concession. Dédé – encore lui – a brillamment dompté le névé des contreforts du sommet et les températures frisquettes (-36°C à l’arrivée avec des rafales à 180 km/h). Au général, le Portugais prend le maillot azur avec trois secondes d’avance sur Hung-Soo Park, victime d’une effroyable défaillance et arrivé avec 5 minutes de retard sur le vainqueur du jour ! Autre victime de marque, le Savoisien Gérard Manvussa qui a fait une chute de plus de 500 mètres dans le vide avant de sombrer dans une crevasse. Dédé a donc fait un grand pas vers la victoire finale. Malheureusement, cette étape a aussi vu l’abandon du Suisse Mahmoud Ibn Qassam : arrivé trop vite dans une courbe dans l’ascension finale, ses freins ont lâché et «MIQ» a terminé sa course dans un mur de glace. Sévèrement touché à la tête, en état d’hypothermie avancée et de surcroît victime d’un œdème pulmonaire, le Nidwaldien a dû se résoudre à mettre la flèche. Rageant !
34e et dernière étape : La hiérarchie n’a pas été changée lors de l’étape finale sans histoire courue à une allure d’amateurs dominicaux (51 km/h de moyenne). C’est le Breton Olivier Floc’h’oh qui s’est imposé au sprint devant l’Islandais Ricardo Los Lobos. Au général, Dédé remporte son premier Giro devant le Flamand Dijrk van de Hoekeeuwijschge. La troisième marche du podium est complétée par le Chinois Zhu Lu.
Pour terminer, les grandes lignes du parcours 2041 ont déjà été tracées avec notamment une étape de 500 miles disputée sur l’ovale de Dalhart, Texas ; la quintuple ascension du Ventoux ; la montée du Vatnajökull et l’étape aquatique en scaphandre entre Rimini et Split.

Écrit par Mathieu Nicolet

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12 Commentaires

  1. C’est vrai que cuila est particulièrement tordant…

    Le seul problème c’est qu’il est pas si loin de la réalité que ca (toutes proportions gardées…). On pourrait presque changer de sujet et l’adapter au Mondial 2022…

  2. Failli m’étrangler avec mon déjeuner. Excellent !

    Personnellement, comme équipe participantes, j’aurais bien vu Novartis, Roche et autre Bayer…

  3. Article amusant à lire… certaines allusion et idées m’ont bien fait rire. mais je ne suis pas vraiment d’accord sur le fond.
    Les parcours étaient beaucoup plus durs il y a 50 ans et plus. Il y avait à cette époque des étapes du Tour de plus de 400km. des routes non asphaltées (surtout les cols) et des vélos plus lourds avec très peu de brauquets possibles…et c’est justement cette dimension épique qui a fait la popularité du cyclisme, des forçats de la route.
    Le dopage n’est pas directement lié à la difficulté du parcours! (je dirais même au contraire,sur un parcours plus facile il est d’autant plus dur de faire la différence « proprement ») Et surtout le dopage n’est le propre du cyclisme. Malheureusement le vélo a décidé d’essayer de le combattre et on s’étonne maintenant qu’on trouve des dopés.Si on évitait de chercher (comme le foot…ou les sports US. au hasrd) on ne trouverait personne et on serait content. Le problème c’est que maintenant on fait un foin pas possible dès qu’un cycliste se fait choper et par contre l’énième finaliste mondial du 100m qui est contrôlé positif ne fait que quelques lignes dans les brèves des pages sport. Le dopage organisé et quasi systématique a été découvert aussi dans le ski de fond et la course longue distance. Mais en fait, on en a pris acte, 2-3 suspensions ridicules, et on a recommencé comme avant. Pourquoi cet acharnement sur le vélo? parce qu’ils ont effectivement essayé de faire qch (et qu’ils n’y arrivent pas)? ça ne doit ni justifier ni excuser le dopage… mais bon. à la longue ça devient lourd. La presomption d’innocence c’est pour tous sauf les cyclistes. le reportages uniquement qd il y a un cas de dopage, idem, etc…

    Le dopage c’est la nature humaine qui le rend inévitable(celui qui n’a jamais bu 1-2 cafés ou autre chose pour rester réussir à étudier un peu plus longtemps, sortir plus long temps le soir, etc me jette la première pierre). Après il faut trouver la ligne entre ce qui est et qui n’est pas à interdire. Et c’est tout sauf simple… est-ce que c’est mieux de prendre qch pour mieux récuperer ou est-ce qu’on pousse l’organise à bout? ce qui est tout sauf sain… transposé à la vie de tous les jours est-ce qu’on prend qch pour mieux dormir ou est-ce qu’on accepte de passer des nuits blanches quitte à être incapable de faire son boulot le lendemain?)
    Mais c’est un tout autre débat…

  4. ‘Me suis renversé la moitié de mon coca dessus en explosant de rire en lisant le « Emmenant un braquet gigantesque grâce à un développement de 86×3 – incluant donc le pignon révolutionnaire à 3 dents mis au point par l’institut de recherche cyclomécanique de Shanghaï ».
    ENORME! Bravo ça fait plaisir un article de ce niveau de temps en temps.

  5. @ David

    Ah sur le sujet justement : 5 Mexicains pincé à la Gold Cup (foot) pour la même substance que Contador !

    L’excuse ?…la même (viande contaminée) lol

    Verdict…certainement blanchis…bravo le football…

  6. Bonjour,

    L’article est excellent, mais à prendre au deuxième degré. Actuellement, le dopage recule, il faut laisser ça au cyclisme. Déjà qu’il a fallu près de 12 ans après l’affaire Festina pour avoir une réaction ! Ne détruisons pas sur le fond tous les efforts dans la lutte anti-dopage, et revalorisons les nombreux jeunes qui font ce métier proprement.

    Salutations et bravo.

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