Le FC Gingins a fait trembler les anciennes gloires de la Nati

Il s’en est fallu de peu pour que les nouveaux pensionnaires de 3e ligue vaudoise arrachent le match nul face aux anciennes stars de la Nati. Un match de gala disputé dans une excellente ambiance pour les festivités du 75e anniversaire du club de la Côte. Retour sur cette partie pas comme les autres, vécue de l’intérieur.

Depuis notre promotion acquise il y a de cela une semaine, tous les esprits des joueurs étaient accaparés par cette rencontre spéciale que nous allions disputer face aux ex-vedettes de l’équipe suisse. On en rigolait : Chappi maîtrise-t-il toujours son crochet intérieur ? Bregy sera-t-il présent pour nous mettre un coup franc dont il a le secret ? Frei et Streller sont retraités, non ? Du coup les pronostics dans les vestiaires allaient bon train pour savoir si ces joueurs, malgré le poids des années, arriveraient à tenir tête à des 2e ligue, voire 2e inter. Du coup, on spécule. «Quand ils en auront mis trois, ils nous laisseront un peu jouer, non ?». Arrivé au vestiaire, on te dit que malheureusement Vega et Subiat ne sont pas là, mais que Celestini, Lonfat et Wicky sont présents. On se regarde avec mes compères du milieu de terrain : «On va devoir courir aujourd’hui». On lance les négociations pour savoir qui voudrait bien s’atteler aux marquages de Celestini. Pour finalement évoquer la question ultime : «Tu le mets à qui le petit pont ?» 
En se dirigeant vers le terrain, tu croises Cantaluppi. C’est une masse. Si Gerrard n’était pas passé à l’époque, comment toi, tu vas y parvenir. Egli nous demande gentiment de ne pas trop courir, en nous questionnant sur le jeune âge de notre effectif. L’échauffement débute. On tente des jongles histoire d’impressionner l’adversaire. On s’y est entraîné toute la saison avant chaque match. Je pense que nos adversaires ne devaient pas l’être le moins du monde et rigolaient plutôt : «On fait le concours du plus grand nombre de petits ponts ?»

Des boîtes, des occases, des mauvais joueurs et des buts

Bon, il n’y avait pas plusieurs solutions. Lorsque, pour sûrement l’unique fois de ta carrière de footballeur des talus, tu rencontres les anciennes gloires de l’équipe suisse, tu as envie de tout donner. En face ce sont des joueurs peut-être rouillés (encore que…) mais qui ont fait la Coupe du Monde 1994, l’Euro 1996 ou 2004, ou simplement porté le maillot rouge à croix blanche lors d’une obscure sélection contre les Iles Féroé un soir de septembre 2000. Alors pour marquer le coup, tu mets une petite semelle d’entrée à Bickel, juste histoire de lui rappeler comment les Roumains lui taillaient les chevilles un jour de juin 94 au Silverdome de Détroit. Il fallait bien également que Thomas sache que rigoler et prendre quelques bières peuvent attendre le coup de sifflet final de M. Etter, même si la réputation de notre club pour la 3e mi-temps est largement diffusée.
Surtout que quand tu rentres sur le terrain il y a du roublard en face de toi : Knup et Chapuisat en attaque épaulés par Hottiger, Hermann, Bickel et Wicky. Alors nous, jeunes joueurs désinvoltes, essayons tout de même de poser le jeu, et surtout de profiter de notre coup de reins salvateur dans ce genre de rencontre. Du coup, lorsque tu as un ballon qui traine à une vingtaine de mètres du but, tu t’essaies à la frappe. Ce n’est que Borer en face. Et juste avant de shooter, tu revois tes frappes lointaines de la saison contre Echandens, Etoy et autre Aubonne, qui sont toutes passées par-dessus le grillage. Tu hésites un instant. Mais la chance est là, les filets tremblent. C’est 1-0.

Un premier quart d’heure avec une domination ginginoise (eh oui !) et la Suisse qui cherche Chapuisat sur des longs ballons. Mais l’ancien meilleur crocheteur de la Bundesliga s’était mis en mode Alex Frei en Afrique du Sud (tiens, il est de Begnins, il aurait pu venir celui-là) et contrôlait tous ses ballons de l’extérieur à plus de 3 mètres. Et pourtant Hottiger, tel un renard des surfaces transalpines, permettait aux anciennes gloires d’égaliser, presque contre le cours du jeu à ce moment-là. Perturber par cette entame de match catastrophique, Roger Vonlanthen, sélectionneur de cette équipe suisse, lançait ses «jeunes» vieux. Un entrejeu composé de Celestini, Lonfat et Cantaluppi, ça en jette quand même. Ils ont commencé à poser le jeu et là, je peux te dire qu’on a trotté et regardé un moment.
Cela ne nous a pas perturbés plus que ça, puisque nous avons aussi essayé de proposer du football, certes avec nos moyens limités. Malgré les contrôles approximatifs et les passes du tibia intérieur, avec Penel et mes autres coéquipiers, nous avons tenté d’imaginer quelques velléités offensives. Les Bally, Goncerut, Tamone, Vacas ou autre Papy Djé, tu les connais pas, enfin sauf si tu sors souvent au Fish à Nyon, mais leurs tacles posés sur Chappi et Knup étaient d’une facilité insolente. Ainsi, poussés par notre public, on se crée aussi quelques jolies occasions, profitant du manque de vivacité d’Egli et consorts. Nos joueurs à vocation offensive se sont bien amusés, pour une fois que c’était ceux d’en face qui tirait la charrette. Toujours est-il que l’expérience paie et Celestini, toujours aussi sale gueule, prenant le corps arbitral à parti tout au long de la rencontre (sans mentionner que c’est le seul à ne pas avoir dit «bien joué» en serrant nos mains à la fin de la partie), pouvait inscrire le 2-1 peu avant la pause.

La Suisse fait tourner son effectif et tourne toujours autour de son adversaire

Mi-temps, et les changements s’imposent chez les vétérans du camp opposé. Les papys font leur entrée en défense, nous permettant de nous créer de nombreuses occasions en seconde période. Mais c’est le gardien remplaçant, Christophe Bonvin (!), qui offrait l’égalisation aux hôtes à la suite d’une mauvaise relance. Alors, du côté de Gingins, on reprend confiance, que même J.-P. Goncerut se permette le luxe de placer un petit pont mérité à Celestini. Tu crois qu’il tirait un peu la gueule juste après l’ancien Marseillais.
Gingins ne parvenant pas à profiter des contres, les Suisses allaient pouvoir reprendre l’avantage du score, par une mine de Cantaluppi qui fila dans la lucarne de Gabrielsson. Dommage qu’il se soit pris la tête avec Kuhn à l’époque, car il aurait peut-être été plus décisif que son ancien collègue bâlois Huggel en équipe nationale. 
Comme évoqué, le talent n’a pas d’âge, tant la suprématie technique et la science du football nous était supérieure. Tout comme la roublardise qui en était l’égale. Schällibaum avait toujours la petite semelle qui trainait, Knup le juste appel de balle, sans parler de Maissen (quel joueur !) qui se laisse intelligemment tomber dans les 16 mètres. Pénalty ! Ce dernier est transformé sans trembler par Wicky. Les Ginginois comptent aussi dans leur rang des légendes (enfin pour notre club) et clin d’œil au destin, Lopes, capitaine émérite des «jaune et bleu», inscrit le 3-4 d’un tir croisé précis pour sa toute dernière action avec la 1ère équipe.
La fin de match est haletante, Gingins presse pour chercher une égalisation méritée au vu de la rencontre, la barre en tremble même, mais Borer repousse les derniers assauts. Et en rupture le 3-5 tombe juste avant le coup de sifflet final par Lonfat.

Une équipe de Suisse humainement formidable

Une rencontre extraordinaire. Des anciennes stars fort sympatiques (à l’une ou l’autre exceptions près), un fair-play approuvé et une belle envie de pratiquer un football attrayant ont ravi le presque millier de spectateurs présents au Charly Gorgerat Stadium. Effectivement, s’ils n’ont pas perdu leur talent, ils manquaient aux joueurs adverses une certaine dose de vivacité que l’on peut comprendre avec l’âge. Des gars comme «Turbo» Elsener ou Roger Wehrli ont pratiquement la soixantaine, sans parler de Didi Andrey, qui les fête cette année et qui court encore comme s’il en avait trente. Certains joueurs actuels (ou récemment retraités) pourraient en prendre de la graine.
L’ensemble des sélectionnés comptaient 935 sélections, et pourtant il y avait Lubamba (2 piges). En tant que valaisan je me suis également amusé à compter le nombre de Coupe de Suisse valaisanne sur le terrain. Total qui s’élevait à 16 pour l’occasion entre Wicky, Lonfat, Fournier, Borer et Bonvin.
Des joueurs qui ont pris plaisir sur et hors du terrain comme le mentionnait Johann Lonfat à l’issue de la rencontre : «C’est un super plaisir de se retrouver. On revoit énormément de joueurs que l’on a croisés durant notre carrière avec qui on a joué ou pas. Evoluer avec un gars comme Bickel, par exemple, était simplement génial.» La plupart se sont amusés sur le terrain, avant de faire profiter les jeunes spectateurs d’autographes bienvenus et de pouvoir goûter aux produits viticoles du terroir. Chose que n’a évidemment pas négligé le fort sympathique Christophe Bonvin. Au fur et à mesure que les festivités se terminaient pour les 75 ans du club de Gingins, les anciens internationaux se retiraient également. Ils continueront d’arpenter les terrains de campagne de toute la Suisse ces prochaines semaines. Le rendez-vous suivant en Suisse romande est agendé au 10 juillet, lors duquel le FC Haute-Gruyère recevra ces anciens joueurs qui nous ont tous fait rêver il n’y avait pas si longtemps de cela.
Photos copyright 24 Heures, Georges Meyrat

FC Gingins – Club Suisse 4 Football 3-5 (1-2)

Stade Charles Gorgerat, Gingins, 800 spectateurs environ.
Arbitre : M. Florian Etter assisté de MM Stéphane Cuhat et Armand Barraud (excellente prestation du trio arbitral, certes malmené durant la majeure partie de la rencontre par Wicky, Cantaluppi ou Celestini. Ils ne seront donc pas remplacés par Mme Petignat et M. Meier lors des prochaines sorties de gala du Club Suisse 4 Football.)
Buts : 10e Tachet 0-1, 31e Hottiger 1-1, 44e Celestini 1-2, 50e Tachet 2-2, 61e Cantaluppi 2-3, 68e Wicky (pen.) 2-4, 80e Lopes 3-4, 91e Lonfat 3-5.
FC Gingins : Nigra ; Vacas, Tamone, Bally, Humbert ; Penel, Tachet, Lopes, Baltrons ; Rossier, Dupperet. Sont entrés en cours de match : Gabrielsson, Jean-Philippe Goncerut, Julien Goncerut, Walz, Kenoufi, Sprunger, Müller, Bernardino, Schmid, Montanari et Hauser. Entraîneurs : Braga et Egger.
Club Suisse 4 Football : Borer ; Lubamba, Egli, Wicky, Schällibaum ; Hottiger, Hermann, Bickel, Traber ; Knup, Chapuisat. Sont entrés en cours de match: Bonvin, Weber, Wehrli, Celestini, Maissen, Andrey, Elsener, Schepull, Cantaluppi, Fournier et Lonfat. Sélectionneur : Roger Vonlanthen.
Notes : 55e tête de Knup sur la barre, 73e tir de Walz sur la barre.

Écrit par Johan Tachet

Commentaires Facebook

2 Commentaires

  1. Enorme les gars !!! Bonne continuation à Sergio et Jérôme pour votre future challenge 😉 Je vous dis à bientôt au PALEO !!! Et encore bravo pour votre montée !!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.