Entre frustration et optimisme

Pour son grand retour en LNA, le Lausanne-Sport s’est incliné face à une équipe de GC beaucoup plus réaliste. L’apprentissage du plus haut niveau commence pour le LS new-look de Martin Rueda, dont le rendement de son nouveau buteur brésilien sera déterminant. Avec la même attaque que mercredi soir, Lausanne n’ira pas très loin…

J’avais eu la chance de suivre le LS lors de ses deux derniers déplacements en Challenge League dans les stades champêtres de Colovray et de la Gurzelen. Autant dire que c’est un tout autre décor que nous était proposé hier pour le retour du club dans la cour des grands. Avec son toit en bois, son style épuré, ses toilettes dignes d’un hôtel de luxe et son Prosecco aux buvettes, le Letzigrund est à l’image de la ville de Zurich : design et moderne. Quand on repense à la bière chaude de la Gurzelen, on se croirait plongé dans un autre monde. Oui, ce «petit» stade a de la gueule et le rayon de soleil qui accompagne notre arrivée n’est pas là pour nous déplaire. C’est d’ailleurs toujours un plaisir de revenir dans cette ville géniale, fleuron de l’économie helvétique, où les soirées, les Street Parades et autres restos branchés ne nous ont jamais déçus. Ni les rencontres au Club Q avec Tanja La Croix…

Sur le terrain, la phalange de Rueda se présente avec seulement cinq rescapés de la promotion du printemps dernier. Pire, ils ne sont que quatre par rapport au onze de départ du mémorable 25 mai à Bienne : Meoli, Bah et Sonnerat en défense et l’indispensable Marazzi au milieu. Exit donc les héros de l’ascension Favre, Katz, Pasche et Roux ainsi qu’Avanzini, blessé. Ceux qui ont défoncé la porte de la Super League ne méritaient pas forcément «ça», d’autant plus que les joueurs ayant pris leur place n’ont pas crevé l’écran. Loin de là même quand on pense aux prestations décevantes de Lyng et – dans une moindre mesure – Coltorti. Mais voilà, il n’y a que peu de place pour les sentiments dans le football professionnel et on peut faire confiance à Martin Rueda pour faire les bons choix.

En manque de repères

Le début de match est celui qu’on attendait entre deux équipes qui se cherchent encore. Alors que les Sauterelles ont misé sur la jeunesse, le LS aligne six nouveaux joueurs avec Coltorti dans les bois, Page en défense centrale, Muslin en appui de Marazzi, Marin et Kamber sur les côtés ainsi que Lyng en attaque. La première mi-temps est disputée sur un rythme de sénateur, pour ne pas dire de match amical, et les émotions sont aussi rares que lors de la cérémonie d’ouverture de Gymaestrada. Le LS reste fidèle aux beaux principes de son entraîneur et tente de poser son jeu mais il manque clairement de repères, au milieu et en attaque surtout. Le Lyng – sans le Lang – est complètement perdu tandis que Marin et Kamber ont toutes les peines du monde à déborder la défense zurichoise. Il faut attendre un magnifique appel de Moussilou signalé à tort en position de hors-jeu (28e) et une belle frappe de ce dernier suite à une remise de Muslin (35e) pour se lever des sièges du Letzigrund. Non, on ne rêve pas, le LS domine son adversaire et Moussilou fait le spectacle.

Il n’y a pas de changement significatif à noter en seconde mi-temps. Enfin oui, le sponsor SportXX a été remplacé par la BCV sur les maillots vaudois. A Lausanne, on n’a pas de pétrole mais on a des idées, comme disait la célèbre publicité. C’est quand on commence à se dire qu’il y a vraiment un bon coup à jouer que le LS, tel un gamin qui chaparde dans les magasins, va se faire avoir comme un bleu. Couvert par un Bah peu à son affaire et fautif sur les deux réussites, Zuber part à la limite du hors-jeu et s’en va battre Coltorti. Une action, un but : bienvenue en LNA ! Ou plutôt : «Willkrrrrrommen in Zzzzuuuuper League die Welches !», à prononcer avec un fort accent zurichois.

Wanted buteur

C’est à partir de ce moment que le LS va connaître sa meilleure période. Bonifiés par l’entrée de l’excellent Lang et du guerrier Roux, les Vaudois vont partir à l’assaut des goals de GC et conjuguer le verbe vendanger à tous les temps. Lang (67e), Roux (69e), Moussilou (71e) et encore Roux (78e) sont à deux doigts de marquer ce premier but en LNA depuis 3331 jours. Las, maladroits et/ou malchanceux, les attaquants lausannois tombent invariablement sur un Bürki en état de grâce, véritable héros de ce lever de rideau. Du haut de ses 20 ans, le dernier rempart zurichois a éclaboussé la partie de son talent. De son côté, après 90 minutes dans l’élite, le Lausanne-Sport sait déjà ce dont il a besoin pour briller, ou tout du moins gagner : une locomotive aux avant-postes. Si l’entrée de Roux a été encourageante, force est de constater qu’il manque cruellement un poids lourd en attaque, un mec capable de faire basculer un match à lui tout seul. Puisse le Brésilien Junior Negrao être ce poisson rare et le digne successeur de Silvio. On y croit !

Le second but des hommes de Sforza tuera tout suspense et permettra au kop des Sauterelles de jubiler. C’est aussi ça la Ligue Nationale A : des supporters adverses nombreux, des chants ininterrompus et des jolis stades à visiter, à commencer par ceux de Thoune et Lucerne qu’on se réjouit de découvrir et qu’on espère mieux garnis que le Letzigrund hier soir.
En proposant un meilleur football, le petit poucet lausannois n’en repart pas moins bredouille de son premier déplacement dans la grande ligue. Frustration et optimisme se mêlaient à la sortie du stade. Frustration de voir toutes ces occasions gâchées, d’avoir été volé sur le hors-jeu imaginaire de Moussilou et d’avoir capitulé sur les deux seules occasions adverses. Optimisme de constater que le LS est toujours une équipe aussi joueuse, qu’elle a dominé les débats et que la marge de progression est encore énorme. Ce n’est pas très bien de l’écrire mais c’est presque «une défaite encourageante», de celles qui font apprendre et grandir. Ce LS new-look ne demande que ça !

Grasshopper – Lausanne-Sport 2-0 (0-0)

Letzigrund, 5’200 spectateurs
Arbitres : Stéphane Klossner, assisté de Bruno Zurbrügg et Johannes Vogel.
Buts : 56e Zuber 1-0, 82e Emeghara 2-0.
Grasshopper : Bürki; Menezes, Smiljanic, Vallori, Bertucci; Landeka; Feltscher (63e Emeghara), Toko, De Ridder (86e Hajrovic), Zuber; Paiva.
Lausanne : Coltorti; Bah, Page, Meoli, Sonnerat; Marin, Marazzi, Muslin (79e Pasche), Kamber (60e S. Lang); Lyng (65e Roux); Moussilou.
Notes : Grasshopper sans M. Lang, Abrashi (suspendus), Cabanas et Callà (blessés). Lausanne sans Avanzini et Nlundulu (blessés).
Cartons jaunes : 39e Kamber, 45e Bah, 77e Vallori, 85e Pasche.

A propos Marco Reymond 470 Articles
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5 Commentaires

  1. Je suis tout a fait d’accord, ce que l’on a vu sur le terrain hier des lausannois n’etait pas si mal. GC c’est 3 actions 2 buts….

    Tout dependra de la mentalite des joueurs! Soit ils y vont a fond contre Zurich pour tenter d’obtenir 3 points et proposent du jeu ou alors ils jouent pour defendre le 0-0 et la, c’est pas bon signe!

    Pour Lyng, les eternels « faut attendre avant de juger » ne vont pas me convaincre. En 3 matches il n’a toujours rien montre celui la! Meme au SC Bruhl je ne suis pas sur qu’il soit dans le 11 de depart!

    En tout cas bonne saison a tous les Lausannois. En esperant avoir un/des point(s) avant le match contre Servette!

  2. C’est sur que le stade de Zurich est la Pontaise à lausanne ça doit changer de décors, le seul truc qui ne change pas c’est le public a zurich comme à lausanne y a pas un chat

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