Le gras c’est la vie !

Chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans l’hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. Ce nouvel épisode rend hommage à un retraité du ski suisse et à ses bourrelets.

Avez-vous déjà entendu parler de William Foulke ? Non, jamais ? C’est bien dommage. William Foulke était une star en Angleterre il y a environ 120 ans. Et ce pour plusieurs prétextes. Premièrement parce que, gardien de but de son état, il a mené Sheffield au titre de champion en 1898. Mais aussi parce qu’il était la coqueluche du public qui se déplaçait en masse pour le voir jouer. La raison ? Son embonpoint. Ou son obésité si on veut parler franchement. Selon la légende, le bougre aurait pesé jusqu’à 150 kilos à la fin de sa carrière. Soit presque deux fois Yann Sommer. Et à peine une dizaine de kilos de plus que Jörg Stiel.

On imagine volontiers certains spectateurs de l’époque se fendre la poire (miam) en admirant William Foulke depuis les gradins. Tout comme de nos jours, certains se bidonnent en voyant des photos de Ronaldo, le vrai, qui a pris cher dès la fin de sa carrière. Pourtant, ce sont bien eux qui sont respectables en premier lieu. Ces types qui avec une génétique pour le moins défavorable, ont réussi à faire une grande carrière. Dernièrement, un retraité a rejoint ce club très select : Beat Feuz.

Le Bernois, devenu iconique avec son numéro de dossard souvent replié dans quelques bourrelets apparents et son double-mention prêt à pointer le bout de son nez, a raccroché les lattes avec un statut de légende. Evidemment, Feuz avait un talent certain. Mais imaginez le nombre de calories de plus que ses adversaires qu’il a dû brûler pour s’offrir dans le désordre un titre olympique, une couronne aux Championnats du monde, quatre globes de descente, 59 podiums de Coupe du monde et, cerise sur le gâteau (miam), six victoires entre Wengen et Kitzbühel. Le tout, pour ne rien arranger avec un genou en compote (miam). Bref un modèle d’abnégation qui a dû mettre de l’eau dans son vin (miam) pour se maintenir toutes ces années au sommet et mettre un peu de beurre (miam) dans ses épinards (miam). Pour toutes celles et ceux qui paient encore les fêtes de fin d’année sur la balance, Beat Feuz est une idole. Vous aurez sans doute deviné que l’auteur de ces lignes fait entièrement partie de ceux-ci.

Dans un monde du sport toujours plus professionnel où chaque gramme de la masse corporelle fait l’objet d’une étude approfondie, cela fait toujours plaisir de voir que pour les semi-grassouillets, les carottes (miam) ne sont pas cuites dès le départ.  Tout le monde n’est pas égal devant l’exigence du sport de haut niveau mais Feuz a montré la voie à suivre : s’appuyer prioritairement sur ses qualités pour, à terme, faire partie de la crème (miam) de la crème (miam). « J’ai toujours pensé qu’il fallait être gros pour réussir, » disait Coluche. Toute proportion gardée, c’est comme si Beat Feuz lui avait donné raison.

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