Les supporters romands n’ont-ils aucune fierté ? (3/4)

On a vu que le modèle du mécène omnipotent qui considère un club comme son jouet personnel et le fait vivre largement au-dessus de ses moyens – généralement pour des résultats médiocres – était très répandu en Suisse romande. Et largement plébiscité par les supporters, à en croire certains commentaires. Qu’en est-il ailleurs en Suisse et à l’étranger ?

Suisse

Le Tessin n’est guère mieux loti que la Suisse Romande à ce niveau-là : le HC Lugano ne serait pas ce qu’il est sans la famille Mantegazza, alors que les plus beaux fleurons du foot tessinois Lugano, Bellinzone ou Chiasso sont tous à un moment ou un autre passés sous la coupe d’investisseurs italiens qui ne juraient que par l’engagement de mercenaires de seconde zone – généralement issus des séries inférieurs transalpines. Le FC Lugano a d’ailleurs lui aussi connu sa faillite rocambolesque avec la Mercedes de son président au fond du lac.
Les choses sont différentes en Suisse alémanique. Il y a bien eu des déboires financiers retentissants, GC, YB, Aarau, St. Gall, Lucerne, Wettingen etc. en football, Arosa, Herisau, ou Langnau etc. en hockey mais la région a beaucoup moins cédé à la tentation du repreneur miracle venu de l’étranger. Les solutions de sauvetage sont restées locales ou alors les clubs ont coulé.
Quant aux mécènes, ils sont généralement indigènes : le cas le plus célèbre, c’est bien sûr Gigi Oeri à Bâle mais elle s’implique moins dans la gestion du club que nos présidents-mécènes romands qui croient que leur pognon leur donne de quelconques connaissances en matière de football ou de transferts. Le FC Bâle, c’est deux entraîneurs en douze ans ! En outre, les Bâlois ont d’autres sources de revenus, avec des sponsors importants, des loges louées à prix d’or, une forte moyenne de spectateurs, la revente des jeunes joueurs révélés au club… Du coup, même en cas de retrait de sa bienfaitrice peroxydée, le FCB devrait peut-être un peu réduire la voilure mais son existence ne serait pas menacée. Il y a également le FC Zurich, longtemps resté sous perfusion de Sven Hotz mais là aussi avec une gestion beaucoup plus rationnelle. Lucien Favre est resté six mois en queue de classement avec le FCZ mais n’a pas été viré, avec le succès que l’on sait. Et aujourd’hui, Sven Hotz passe gentiment la main sans que cela n’altère les résultats et la formidable productivité du mouvement juniors.

Si St. Gall s’est planté avec la structure juridique et financière autour de son nouveau stade, les autres locomotives du foot alémanique, Lucerne, YB, Thoune ou même GC mènent aujourd’hui des politiques raisonnables : dirigeants et sponsors locaux, présence de juniors du club en équipe A, développement des ressources indigènes au travers de nouveaux stades… Le constat est plus ou moins identique en hockey. Il y a bien eu à l’époque la tentative de Walter Frey de monter un machin complètement artificiel à la Genève-Servette avec GC et ses 150 spectateurs (dont 80 juniors qu’on obligeait à venir) mais il a fini par comprendre l’inanité du projet et a été dispenser ses largesses auprès des ZSC voisins. A Bâle, des investisseurs ont également tenté de monter une équipe de LNA mais ont renoncé devant le manque d’engouement et ont replacé le club à une place plus en rapport avec ses moyens.
Bref, d’une manière générale, en Suisse alémanique, les mauvaises expériences du passé semblent avoir servis de leçon et le modèle du club jouet en mains d’un seul homme n’est plus guère couru. Et encore moins le bradage des clubs à des repreneurs étrangers aux références douteuses. En outre, même lorsqu’il y a des mécènes, ceux-ci ne tentent pas de s’arroger des compétences qu’ils n’ont pas et ne deviennent pas les pigeons des agents du monde entier qui se refilent les bonnes adresses romandes où placer à prix d’or des joueurs en fin de carrière

Angleterre

S’il y a bien un pays qui a vendu son championnat et ses clubs à des investisseurs étrangers, c’est l’Angleterre : Al Fayed, Shinawatra, Hicks, Gillett, Magnusson, Glazer, Mansour, Abramovich, Henry, Kroenke, Rao… Il faut toutefois distinguer deux cas de figure différents : les mécènes, comme Roman Abramovich ou le Sheikh Mansour, qui mettent largement la main au portemonnaie, un peu dans le même style que ce que l’on voit chez nous, même si les sommes en jeu ne sont pas comparables, et les investisseurs genre Glazer, Hicks ou Gillett, pas forcément intéressés par le football mais qui y voient un investissement rentable. Car l’Angleterre est l’un des rares pays où l’on peut parler d’investisseurs et où il est possible de gagner de l’argent avec un club de football. Comme à Manchester United qui, à force d’aligner les exercices bénéficiaires, a attiré des requins de la finance qui ont imputé au club la propre dette qu’ils avaient contractée pour le rachat du club. Aujourd’hui, les bénéfices réalisés par United servent à payer les intérêts d’une dette qui n’est à la base pas la sienne…
On peut s’étonner que, dans un pays fier de ses traditions, ces dérives et cette mainmise étrangère n’aient pas provoqué plus de réactions. Il y a bien eu quelques protestations, les écharpes green and gold à Old Trafford, la création du FC United of Manchester ou le courroux d’Anfield contre Hicks et Gillett. Mais globalement cette internationalisation de la Premier League, sur et hors du terrain, a été plutôt bien acceptée ; d’ailleurs, les affluences dans les stades ont grimpé. Il faut croire que l’arrivée massive de joueurs et de capitaux étrangers était le prix à payer pour que l’Angleterre retrouve sa place de meilleur championnat du monde et malheureusement tant pis pour les traditions. 

Italie

Le modèle du président-mécène omnipotent domine largement la scène en Italie et ce de longue date : Berlusconi, Agnelli, Moratti, Gaucci, Cragnotti, Lotito, Cecchi Gori, Zamparini, Tanzi, Preziosi, Mantovani, Ferlaino, De Laurentiis et la liste est loin d’être exhaustive. Les clubs italiens ont pris l’habitude de systématiquement lier leur destin à celui d’un seul homme, généralement haut en couleurs, qui en retour fait bénéficier le club de ses largesses. En Italie, les supporters font preuve d’un militantisme forcené et sont toujours prêts à des actions de boycott ou de protestation pour diverses raisons mais le modèle du président-mécène n’est que rarement contesté sauf si le président rechigne à délier les cordons de la bourse, comme à la Sampdoria ce printemps. Et ce modèle n’est pas prêt d’être remis en question : pour avoir vécu au-dessus de ses moyens, négligé la relève et misé sur une croissance exponentielle des droits TV plutôt que sur une modernisation des infrastructures, le foot italien est aujourd’hui financièrement exsangue.
Et, à court et moyen terme, les perspectives de voir croître les recettes sont faibles. Dès lors, pour faire encore illusion, notamment au plan international, le foot italien va être de plus en plus dépendant de ses présidents-mécènes. Reste à savoir s’il se trouvera longtemps des bonnes âmes pour garantir des budgets qui demeurent extrêmement conséquents. Si Berlusconi ou Moratti devaient se retirer du Milan ou de l’Inter, ils ne sont sans doute pas très nombreux à pouvoir reprendre ces clubs en conservant le même standing. C’est peut-être là le prochain enjeu pour le foot italien : jusque-là, les mécènes étaient quasiment toujours indigènes, souvent tifosi du club depuis leur enfance. A l’avenir, pour conserver leur train de vie, les plus grands clubs italiens risquent de devoir passer en mains étrangères, le premier d’entre eux étant l’AS Roma, tout récemment reprise par un Américain. On est curieux de voir si les si engagés supporters italiens seront prêts à accepter de voir leur club favori en mains russes ou émiratis, pour garantir des ambitions élevées, ou s’ils se battront pour préserver leur identité, quitte à devoir rentrer dans le rang. Je ne suis pas sûr de la réponse…

France

Dans un pays qui, aussi bien en politique qu’en économie, personnalise à l’excès la fonction présidentielle, le football n’a pas échappé à la règle : les grandes épopées du foot français ont toutes été l’histoire d’un dirigeant tout puissant : Roger Rocher à Saint-Etienne, Claude Bez à Bordeaux ou Bernard Tapie à Marseille, des présidents qui n’ont d’ailleurs pas hésité à prendre quelques libertés avec l’éthique et la loi pour faire triompher leur club. Note, si le foot français était toujours resté dans la légalité, son palmarès serait encore plus rachitique qu’il ne l’est déjà… Aujourd’hui, le principal dirigeant emblématique du foot français, c’est bien sûr Jean-Michel Aulas. Malgré ses théories sur la gestion rationnelle et la rentabilité de son club, le président de l’OL a tout de même dû largement financer les sept titres remportés par son club. Et son exposition médiatique et les polémiques stériles qu’il entretient tranchent avec l’image du froid gestionnaire qu’il aimerait laisser.
Mais à part Aulas et en dehors du cas Louis Nicollin, la France rompt un peu avec la tradition des grands présidents omnipotents et omniprésents. Marseille (après avoir échappé de peu à un escroc canadien) n’est plus qu’un actif successoral encombrant dans le patrimoine d’une veuve russe pas forcément très intéressée par le football et le PSG est passé en mains qataries. Mais en dehors de ces deux clubs phares, le championnat français semble relativement préservé d’une invasion des mécènes étrangers. En fait, le peu d’attractivité de la Ligue 1 constitue son meilleur rempart : des stades vétustes et à moitié vides, un contrôle financier très strict, une exposition médiatique quasi nulle à l’étranger, un jeu ennuyeux au possible, un championnat qui rebute les meilleurs joueurs du monde, des budgets malgré tout conséquents en raison d’une surenchère absurde sur le moindre joueur français qui arrive à aligner trois passes de suite… Il y a bien eu le précédent Grenoble et ses investisseurs japonais avec une faillite au bout mais sinon, en dehors de quelques grands clubs, on ne voit pas trop l’intérêt pour un étranger d’aller reprendre un club de seconde zone de Ligue 1, c’est cher et les perspectives de développement sont ténues. Les arrivées d’Al Jazeera et d’une nouvelle génération de stades pour l’Euro 2016 pourrait toutefois changer la donne dans les années à venir.

Espagne

A priori, l’Espagne, avec ses présidents élus démocratiquement par les socios, devrait être à l’abri des envahisseurs étrangers. Les quelques satrapes de la Liga, comme Jesus Gil y Gil à l’Atletico Madrid, étaient généralement locaux. A Bilbao, l’ancien joueur Josu Urrutia vient de détrôner le président sortant Fernando Macua après avoir axé sa campagne sur le renforcement de l’identité basque du club (et aussi en promettant l’arrivée de l’entraîneur argentin Marcelo Bielsa). Mais ce modèle a ses limites, on le voit lors des élections au Real ou au Barça où les candidats tentent de s’attirer les faveurs des électeurs en promettant des transferts galactiques, généralement financés avec de l’argent que le club n’a pas. Aujourd’hui, cette fuite en avant, doublée de la répartition des droits TV la plus inique d’Europe imposée par les délires hégémoniques barcelonais et madrilènes, ont placé le foot espagnol au bord du gouffre. L’endettement des quarante clubs de première et deuxième division est estimé aux alentours de quatre milliards d’euros et vingt-et-un club ont fait recours à la «Ley Concursal» qui leur permet de suspendre le remboursement de certaines dettes, notamment auprès des joueurs.
Comme les deux soutiens traditionnels du foot espagnol, l’immobilier et les banques, ne sont pas au mieux et que les pouvoirs publics ont actuellement d’autres priorités que de sauver des clubs en difficulté, le foot espagnol n’a aujourd’hui plus guère d’autres solutions que de se tourner vers de généreux mécènes étrangers pour éviter la banqueroute. Le Racing Santander s’était vendu à un homme d’affaires indien qui n’a pas tenu ses engagements : le club est désormais menacé de rétrogradation en troisième division. Getafe devrait être rebaptisé Getafe Team Dubaï après son rachat par un consortium émirati, Malaga joue les gros bras sur le marché de transferts grâce aux largesses de son propriétaire qatari, alors que le néo-promu Grenade est le club ferme de l’Udinese.
Et a priori, le phénomène n’en est qu’à ses débuts. A quelques exceptions près, la Liga est à vendre et les clubs qui ne trouveront pas de bienfaiteur fortuné risquent d’avoir de la peine à s’aligner. Après des années de laisser-aller total, l’Espagne vient d’ailleurs de se doter d’un semblant de contrôle des comptes. Non pas tellement pour freiner la fuite en avant dans les déficits mais davantage pour rassurer les investisseurs étrangers puisqu’il semblerait que plusieurs rachats de club aient échoué, les acquéreurs potentiels ayant été découragés par l’opacité des comptes et l’ampleur des dettes. Bref, l’ère des mécènes tout puissants n’en est qu’à ses débuts en Espagne.

Allemagne

J’avais malencontreusement et involontairement omis l’Allemagne dans la liste des pays à examiner, cela a provoqué l’émoi de certains lecteurs mais il s’agissait bien sûr d’un lapsus non révélateur car tu te doutes que le but de l’opération était de démontrer que la Bundesliga était l’exemple à suivre. En effet, l’Allemagne est le cauchemar des Kita, Roger, Constantin, Chagaev ou Pishyar du monde entier : en Bundesliga et en Zweita Liga, la règle 50+1 interdit à un investisseur de détenir plus de 49% des droits de vote dans le club. Ce qui forcément limite les possibilités de s’offrir un club pour une partie de Football Manager grandeur nature. Certes, la règle n’est pas absolue, la lex Bayer permet à des clubs comme Leverkusen ou Wolfsburg, détenus de très longue date par la même entreprise, de conserver leur actionnaire majoritaire. A Hoffenheim, le mécène Dietmar Hopp détient 96% du capital mais seulement 49% des droits de vote et Red Bull cherche déjà une parade en vue de l’arrivée de son RB Leipzig en Zweite Liga. Reste que, malgré ces quelques petites entorses, la règle est très contraignante et limite le contrôle qu’un mécène, local ou étranger, peut exercer sur un club. Ce qui, couplé à un contrôle financier impitoyable, a largement préservé la Bundesliga d’un destin à la Premier League.
Aujourd’hui, la règle 50+1 fait l’objet d’un vaste débat outre-Rhin : d’un côté, la plupart des Traditionsvereine allemandes réclament une application plus stricte de la règle, estimant – à juste titre – que l’incroyable succès populaire de la Bundesliga était basé sur une identification très forte aux clubs et aux traditions et qu’en outre, la règle empêchait des mécènes étrangers de lancer une surenchère malsaine. A l’inverse, un courant abolitionniste, emmené par le président d’Hanovre Martin Kind et soutenu par Hoffenheim ou le RB Leipzig, réclame la suppression de la règle 50+1 qui, selon eux, protégerait les clubs établis et empêcherait l’émergence de nouvelles puissances dans le foot allemand (ce qui n’est pas tout à fait exact, elle limite uniquement des mirages artificiels style Malaga ou Manchester City). Inutile de préciser de quel côté je me situe dans ce débat qui est loin d’être clos : cette règle 50+1 est une bénédiction et d’autres pays feraient bien de s’en inspirer, la réussite populaire, commerciale et sans doute bientôt sportive de la Bundesliga l’atteste.

Ceci dit, au-delà de la règle juridique, une très forte culture des supporters interdit quasiment à un quelconque mécène de transformer un club historique allemand en jouet personnel : à Schalke, Felix Magath s’est fait virer davantage pour ses velléités dictatoriales et pour avoir écarté le représentant des supporters à la direction du club que pour les mauvais résultats ; à Cologne, les fans ont réclamé et obtenu le départ du manager Michael Meier, coupable (entre autres) de privilégier l’engagement de mercenaires étrangers au détriment des jeunes du club ; à Leipzig, les supporters du Sachsen et du Lokomotive ont refusé catégoriquement les millions et les grandes ambitions de Red Bull (la faillite du Sachsen vient d’être prononcée et le Lokmotive a échappé de peu à la relégation en 6ème division…) ; et l’on pourrait multiplier les exemples de ce genre à l’infini.
Il est donc quasiment impossible de s’offrir un contrôle total sur un club allemand établi ; la seule possibilité d’acquérir un jouet outre-Rhin, c’est de créer un club de toutes pièces, en partant des divisions régionales. Mais ça demande beaucoup de temps, de la patience et énormément d’argent : pour faire passer Hoffenheim de Kreisliga en Bundesliga, il a fallu 18 ans et 250 millions d’euros à Dietmar Hopp. Red Bull prévoit de 5 à 10 ans et 100 millions pour monter d’Oberliga en Bundesliga mais ça paraît très optimiste.
Toutefois, au printemps dernier, un homme d’affaires jordanien, Hasan Ismaik, a réussi à mettre la main (enfin, à 49%) sur une Traditionsverein, Munich 1860. Il faut dire que le club était au bord de la faillite et qu’il a paru préférable d’accepter les millions venus de Jordanie plutôt que ceux du rival honni Bayern. Reste que le principal groupe d’ultras des Löwen a boycotté les matchs de l’équipe fanion, se contentant d’aller suivre les rencontres de l’équipe réserve et des juniors (réussissant même à se bastonner avec des ultras du Bayern lors d’un 1860-Bayern M-18, les ultras nous feront toujours rêver). Munich 1860 et son bienfaiteur jordanien sont aujourd’hui sous haute surveillance : si Hasan Ismaik devait réussir à atteindre ses hautes ambitions, cela pourrait donner des idées à d’autres. En cas d’échec, cela ne ferait que confirmer que l’Allemagne est définitivement une terre inhospitalière pour les mégalomanes de tous bords qui cherchent un jouet pour dilapider leur fortune.
Si tu as manqué le début : partie I et partie II

Écrit par Julien Mouquin

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9 Commentaires

  1. Hasan Ismaik possède 49% des droits de vote mais 60% des parts du club. Après sa première conférence de presse début juin où il érigea le FC Bayern en modèle (Vorbild) pour le 1860 München, le voilà qui passe à l’offensive pour le contrôle du club. Le Süddeutsche Zeitung annonce le retour du chaos et la DFL compte les coups. Ismaik n’a pas perdu de temps pour cuisiner les règles.

    En cas d’échec ou de réaction de la DFL il est possible que le « sauveteur » reparte aussi vite qu’il est venu. La faillite redevient d’actualité alors même que la 1.Bundesliga n’est pas encore lancée…

  2. Simplement brillant ! Captivant à lire, très bien structuré, intéressant, étayé et documenté… Si seulement la presse romande (payante) pouvait faire le 10ème d’un tel travail !

    Voilà ce que ça donne quand un passionné parvient à transmettre sa passion.

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