Dans trois matches, c’est la Coupe d’Europe…

Rien ne peut arrêter les Lausannois dans cette édition 2009-2010 de la Coupe de Suisse. YB, l’actuel leader du championnat de LNA, peut déjà se concentrer sur le championnat, le LS ne lâchera rien en quart de finale. On peut même avancer sans trop prendre de risque que non seulement le LS est à trois matches de l’Europa League, mais surtout à vingt-six matches de son premier sacre européen.

Après deux tirages au sort défavorables (un derby lémanique toujours délicat en seizième contre Stade Nyonnais, puis le leader de LNB dans son antre en huitième), le hasard continue à vouloir obstinément bouter le LS hors de sa Coupe. Rien n’y fera pourtant. Depuis que les mongoloïdes de l’ASF ont enfin cessé de se prostituer devant les vautours de Swisscom, le bon vieux trophée Aurèle Sandoz a repris sa place et exerce à nouveau son attraction. Et depuis que le FC Sion s’est fait éliminer par une équipe de Thoune pourtant diminuée (pensez que la moitié de ses joueurs courent les garderies alors que l’autre passe son temps à truquer des matches), la voie est libre pour les bleus-blancs-jaunes fluo.D’accord, je m’emporte un peu. Mais ça fait tellement de bien au moral, rétrospectivement, de penser qu’on ne s’est pas levés pour rien à 7h00 du matin un dimanche, qu’on a bien fait de traverser la Suisse avec un chauffeur qui ne connaissait du pays que ce que lui crachait son GPS et qui a failli nous faire traverser les cols du Grimsel, de la Furka et du Gotthard, et que ça valait la peine de rentrer fourbus vers 22h30 à la casa avec 800 kilomètres dans les pattes.

Parce qu’entre nous, ce n’était pas gagné d’avance, avec ce tirage au sort catastrophique. Difficile de trouver plus lointain, dans un stade plus pourri, avec un public aussi clairsemé… et contre une équipe aussi forte ! Devant 1’300 spectateurs passifs, posés derrière les goals à 80 mètres de l’action et avec la buvette qui proposait les trois décis de bière à cinq francs – voleurs !, pour le joyeux esprit de la Coupe, tu repasseras. Et puis nous avions encore bien en mémoire la gifle monumentale en ouverture de championnat contre le même Lugano (0-5), lors d’un match aussi équilibré qu’un concours de beauté entre Scarlett Johansson et Susan Boyle.
La trentaine de Lausannois ayant sacrifié son week-end aura finalement fait le plein d’émotions. La première période n’aura pas dissipé toutes les inquiétudes, bien que Dragani ait pour avis que le LS a accompli le match parfait (interview dans le 24 Heures). De fait, à part deux occasions par Marazzi et Tosi – qui seront décisifs en seconde période – on aura surtout vu Lugano pendant les 45 premières minutes. Bien disposés face à des Lausannois qui n’arrivaient pas à installer leur pressing, bien appuyés sur une défense guère gênée par nos deux attaquants Boughanem et Madou, les Tessinois se montrèrent supérieurs dans la possession et la circulation de la balle, étant dangereux non seulement dans le jeu mais également sur balles arrêtées. A trop vouloir bien faire offensivement, nos latéraux Bilibani et Katz prirent de plus trop souvent le risque de se retrouver quasiment sur la ligne de fond pour centrer dans la surface, et permettre aux Luganais de partir en contre face à une défense à trois, au sein de laquelle Sonnerat a sorti un match assez dantesque.
Dès l’entame de la deuxième mi-temps, Marazzi trouve la cadre sur la première occasion de la période, d’un maître tir pris à plus de 25 mètres. Le gardien Wütrich a eu l’air au moins aussi surpris que nous par la soudaineté de ce tir, la balle étant frappée comme elle venait suite à une mauvaise relance de la défense. Après être passé au travers de la saison précédente, Marazzi a clairement pris une dimension supplémentaire cette saison. Et les trois derniers buts qu’il a plantés (sur quatre cette saison) sont autant de coups de canon pris à une moyenne de trente mètres. Et comme à cette distance, nous avons également le Golgoth Ndzomo qui peut faire imploser n’importe quel mur sur coup franc, cela compense un peu le fait que nos attaquants peinent à jouer les renards des surfaces. Les petits plats du pied dans les 5 mètres et autres cafouillages sur corner, ce n’est pas pour nous : Tosi l’aura bien compris en tentant un lob hallucinant des 30 mètres, qui ira se ficher dans la lucarne et de la gueule du gardien (ô le joli zeugma !).

Avec deux buts d’avance à 15 minutes de la fin, le LS – qui avait contre toute attente connu sa meilleure période après l’ouverture de score, décidant d’aller chercher le deuxième au lieu de se claquemurer en défense – finit par reculer, pénalisé par un arbitre très tatillon qui sifflera la moindre touchette. Une avalanche de coups francs, de corners et d’actions chaudes permit à Favre de se mettre en évidence, par exemple sur un arrêt réflexe sidérant à 10 minutes de la fin, Anthony sortant de la lucarne un missile pris à l’orée des 16 mètres derrière une forêt de joueurs. On avait l’impression qu’il ne pouvait rien arriver à ce LS-là, et la (jolie) réduction du score finalement tombée dans les ultimes secondes n’aura même pas eu le temps de nous inquiéter.

L’explosion de joie au coup de sifflet final a été à la hauteur du plaisir que nous ont fait les joueurs, venant longuement communier avec leurs supporters en dansant et chantant sous les applaudissements de part et d’autre.
Dans le car du retour, le suspense durera encore presque trois heures, jusqu’à découvrir enfin le nom de nos prochaines victimes. Avec ce dimanche, comme mise en bouche, LE seul derby qui compte contre nos meilleurs ennemis du Servette, la fin d’année prend un petit côté bien sympathique.
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Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lugano – Lausanne 1-2 (0-0)

Lugano, 1300 spectateurs.
Arbitre : M. Bieri.
Buts : 51e Marazzi 0-1, 77e Tosi 0-2, 93e Basic 1-2.
Lugano : Wüthrich; Thrier, Portillo, Denicola (38e Bottani), Preisig; Basic; Martins (74e Doudin), Silvio, Maggetti; Renfer (62e Da Silva), Fejzulahi.
Lausanne : Favre; Katz, Buntschu, Sonnerat, Bilibani; Ndzomo; Rey, Tosi, Marazzi; Madou (91e Helin), Boughanem (72e Carrupt).
Cartons jaunes : 21e Buntschu, 63e Bilibani, 75e Rey, 76e Tosi.