La Ligue B, c’est nul

Forcément, ça devait arriver. Depuis le temps que les Aigles martyrisent leur pôvre équipe partenaire en faisant rien qu’à leur envoyer des joueurs qui piquent du temps de jeu aux espoirs du cru comme Igor Fedulov ou Olivier Keller, ils ont fâché les dieux du hockey. Lesquels se sont vengés en infligeant à ces insolents une relégation express en LNB le temps d’un match contre le multiple champion de la catégorie, le HC Bienne.

D’ailleurs, tout était fait pour rappeler de vieux souvenirs pas encore assez enfouis. Les Seelandais confiaient ainsi la garde de leur but à Reto. Pas Schürch, certes, mais presque. De son côté, Genève-Servette alignait spécialement pour l’occasion un défenseur nommé Malík, mais en l’occurrence, c’était son nom de famille.Les festivités pouvaient alors débuter avec tout ce qui fait le charme de la deuxième division : passes approximatives, relances pour l’adversaire, schémas de jeu marqués du sceau de l’improvisation générale, gestes techniques lamentablement foirés, chutes en tous genres, on en passe, et des pires. Ce fut à tel point qu’à la fin du premier tiers, on attendait, que dis-je, on implorait l’arrivée de Marcel Béliveau tel un deus ex machina venu mettre fin à nos souffrances en nous annonçant, ha ha ha, que tout cela était pour de faux, on vous a bien eus, tabarnak. Hélas, pas plus de moustachu québécois aux Vernets que d’instinct du buteur chez Florian Conz, et il fallut bien remettre ça au bout d’un quart d’heure de rémission bien méritée.

À la reprise, on pensait que ce pourrait difficilement être pire, et on était bien naïf. Thomas Déruns ayant réussi on ne sait trop comment à ne pas gâcher un caviar de Tony Salmelainen, les Aigles menaient alors au score et décidèrent de piquer une petite sieste. Assez logiquement, suite au 4’957e surnombre genevois de la saison, Martin Steinegger, non content de constituer avec Noah Schneeberger la paire défensive qui donne des sueurs froides aux commentateurs de la TSR, égalisait d’un tir de la bleue après 19 secondes. Au temps pour le meilleur boxplay du championnat.
Coup de chance, les gardiens décidèrent de se mettre au niveau de leurs camarades, ce qui à défaut de spectacle, assura des buts. Pas spécialement jolis, certes, qui voyait son tir anodin tracer inexplicablement son chemin jusqu’à la cage, qui profitait d’un rebond de 15 mètres plein centre admirablement maîtrisé, qui extrayait un puck de la mêlée devant le but. Ça fait rêver, hein ?
Stupeur dans la salle, c’est Bienne qui s’en sortait le mieux pour retourner complètement la situation à l’approche du second thé. Comment donc, cette équipe que tout le monde bat ces temps, même Fribourg, allait-elle donc s’imposer aux Vernets ? Y avait-il une malédiction bernoise ? Fallait-il y voir là encore un rapport avec nos amis lausannois ? Le doute flottait insidieusement.
Les Bielingues se chargèrent de répondre. Jusque là totalement absents du banc d’infamie, ils commettaient soudainement faute sur faute. Lorsque le chouchou des Vernets Sébastien Bordeleau, qui disposait de tout son temps, faisait la joie du public en dégageant par dessus les plexiglas, on trouvait alors trois visiteurs en prison. Hélas, la sirène intervenait sur ces entrefaites, empêchant le quatrième homme de les rejoindre pour une partie de jass peinard.

Tony Salmelainen égalisait dès la reprise, et les Seelandais pouvaient alors sombrer. À deux minutes de la fin, soulagement, une magnifique triangulation de la troisième ligne (!?) nous indiquait enfin que tout ceci était un mauvais rêve, que nous étions bien en Ligue A. Et insidieusement, sans se faire remarquer (à tel point qu’il fut superbement ignoré par Romain Glassey à l’heure de la remise des étoiles), Juraj Kolník enquillait son quatrième point de la soirée pour se replacer dangereusement au classement des pointeurs et s’apprêter, le veinard, à bientôt reprendre le maillot de top scorer.
Reto Berra cédait alors sa place à un joueur de champ supplémentaire, mais les Genevois ne parvinrent pas à inscrire pour la sixième fois de la partie un but dans la cage vide.
Et Marek Malík, me demanderez-vous ? Il fut prudent à l’extrême et un brin hors du rythme. On attendra donc les prochaines parties pour se faire une idée sur l’ex-idole du Madison Square Garden. En revanche, il s’est déjà mis le public des Vernets dans la poche par sa brillante imitation de Julien Sprunger lorsqu’il fut rappelé après la fin de la rencontre.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Bienne 5-3 (1-0, 1-3, 3-0)

Patinoire des Vernets, 5622 spectateurs. 
Arbitres : MM. Kurmann, Kehrli, et Stäheli.
Buts : 4e Déruns (Salmelainen, Savary) 1-0; 23e Steinegger (Schneeberger, à 5 c 4) 1-1; 32e Rubin (Kolnik, Bezina) 2-1; 33e Fröhlicher (Gloor, Brown) 2-2; 36e Zigerli (Gloor, Beccarelli) 2-3; 41e Salmelainen (Kolnik, Déruns, à 5 c 3) 3-3; 45e Kolnik (Rivera) 4-3; 59e Cadieux (Kolnik, Trachsler) 5-3.
Genève-Servette : Stephan; Mercier, Bezina; Vukovic, Malik; Höhener, Breitbach; Maurer; Déruns, Savary, Salmelainen; Cadieux, Trachsler, Suri; Rivera, Rubin, Kolnik; Randegger, Conz, Hurlimann; Pivron.
Bienne : Berra; Jackman, Trunz; Steinegger, Schneeberger; Fröhlicher, Brown; Meyer, Kparghai; Lötscher, Peter, D. Bärtschi; Truttmann, Tschantre, Nüssli; Wetzel, Bordeleau, Tschannen; Beccarelli, Gloor, Zigerli.
Pénalités : 3 x 2’ contre Genève-Servette; 4 x 2’ contre Bienne.

Écrit par Yves Grasset

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6 Commentaires

  1. « En revanche, il s’est déjà mis le public des Vernets dans la poche par sa brillante imitation de Julien Sprunger lorsqu’il fut rappelé après la fin de la rencontre. »
    Le meilleur moment de la soiree! On pourrait appeler ca une Sprungette!
    Sinon match nul des grenat, il n y a que les 3 pt a retenir. Et Biel peut se faire du soucis!

  2. « De son côté, Genève-Servette alignait spécialement pour l’occasion un défenseur nommé Malík, mais en l’occurrence, c’était son nom de famille. »

    Petite référence au retraité Malik Benturqui?..

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