Omerta. La FIFA de Sepp Blatter. Histoire d’une mafia

Tout ce que vous aviez toujours voulu savoir sur la FIFA et que vous n’aviez encore jamais osé demander…

Pour bien se mettre en jambes, dans le hamac, avant le coup d’envoi de la «Copa», prévoyez aussi un bon gros pack de bière et munissez vous du dernier livre du journaliste d’investigation écossais Andrew Jennings, dont la version française est disponible sur Amazon : «Omerta. La FIFA de Sepp Blatter. Histoire d’une mafia».Andrew Jennings réalise des films d’investigation pour la BBC. Il a aussi écrit cinq livres sur la corruption et des milliers d’articles pour les quotidiens, les magazines et des revues académiques. «Carton Rouge», sa première enquête sur la corruption au sein de la FIFA, a été traduite en 16 langues depuis 2006. Blatter a tenté de le faire interdire devant les tribunaux suisses – et il a échoué. La préface d’«Omerta» est signée par Romario, l’ancienne star du foot brésilien et aujourd’hui député au Congrès Fédéral de Brasilia. L’illustration de couverture est signée Olé Anderson. En 2013, Sepp Blatter avait obtenu que les dessins d’Olé soit interdits de publication en Suisse.

La nouvelle enquête du journaliste britannique Andrew Jennings explore les coulisses de la puissante fédération et de la préparation de la Coupe du monde brésilienne, entre dénonciations de fraudes et mise à jour d’un système jugé mafieux. Andrew Jennings, qui a choisi de s’autoéditer en ligne pour «conserver toute sa liberté de ton».

Bin Hammam finance aussi les campagnes de Blatter

«C’est une organisation dont le niveau de corruption est littéralement écœurant», résume Jennings qui a déjà publié plusieurs ouvrages sur les sales dessous de la FIFA et du Comité Olympique International. Le journaliste révèle ainsi que le Qatari Mohammed Bin Hammam, ancien président de la Confédération Asiatique de Football, accusé aujourd’hui par le Sunday Times d’avoir distribué des enveloppes pour l’obtention du Mondial 2022, avait également financé les campagnes électorales 2002 et 2006 de Sepp Blatter, actuel président de la FIFA. Il a par ailleurs été radié du comité exécutif  de la FIFA le 14 juin 2011, alors qu’il aspirait à la présidence.
Jennings explique aussi comment le Haut-Valaisan a toujours toléré les agissements de certains membres du Comité Exécutif de la FIFA – trafic de billets pour les matchs de la phase finale du Mondial, détournements à gogo des fonds destinés au développement du foot, train de vie délirant en «se servant sur la bête» – tant que ces derniers lui garantissaient sa réélection.
Enfin, Jennings trace le portrait peu reluisant des dirigeants du foot brésilien de ces quarante dernières années: João Havelange, ancien président de la FIFA, qui a touché 50 millions de dollars de dessous de table des sponsors du Mondial comme Coca Cola; son gendre, Ricardo Teixeira, ancien président de la Fédération brésilienne qu’il a pratiquement coulée en gaspillant l’argent des contrats Nike; José Maria Marin, l’actuel patron du foot brésilien, un politicien sans scrupule, ancien complice de la junte militaire.

«Et les gens s’étonnent que les Brésiliens descendent dans la rue pour protester contre les gaspillages du Mondial, peste Jennings. Si, comme je le souhaite, les manifestations prennent de l’ampleur, Blatter ne pourra pas se représenter l’an prochain. Et la FIFA devra se réformer. Enfin! Dans Omerta, je montre que la direction de la FIFA, sous l’autorité du Brésilien João Havelange et aujourd’hui celle de Sepp Blatter, se comporte précisément comme un syndicat du crime», raconte Andrew Jennings.
Son enquête l’a mené de Palerme où il a fait face à la Mafia jusqu’au palais de glace et de marbre de Zurich, puis à la guerre des gangs de Rio, suivant la trace de mallettes pleines de lingots d’or.

Niveau de corruption à couper le souffle

«La Coupe du Monde de la FIFA 2014 va se jouer sur un fond de colère de la population qui pourtant adore le football. Si des manifestants sont tués par la violente police anti-émeute, la responsabilité en incombera à Sepp Blatter qui, depuis des années, a laissé prospérer la corruption qui pourrit maintenant l’atmosphère du tournoi. Au début, je pensais qu’il n’y aurait que quelques escrocs dans ce monde-là. Mais d’excellentes sources à l’intérieur de l’organisation m’ont contacté et m’ont confié des cartons contenant des documents financiers internes. J’ai alors constaté que le niveau de corruption – et de dissimulation – était à couper le souffle. Ce n’était pas de quelques escrocs dont il s’agissait mais de toute une institution. La FIFA s’est transformée en mafia.»
«Avec d’autres journalistes, j’ai exposé la corruption organisée au sommet de la FIFA. Les scandales de ces dernières années n’ont pas entraîné de réaction par la direction de la FIFA. Comme un vrai chef de bande, Blatter se refuse à condamner ses collègues pris la main dans le sac. Les grandes marques transnationales qui financent la FIFA restent tout aussi silencieuses. L’omerta règne. L’ancien secrétaire général, le Sédunois Michel Zen Ruffinen, qui avait voulu dénoncer ces agissements lors du congrès de 2002 à Séoul, s’était fait éjecter sans ménagement, au même titre que 24 de ses plus proches collaborateurs.»
«Quand Blatter a sévi contre des officiels du football ces quatre dernières années, ce n’était pas pour des faits de corruption. Ils ont été punis pour avoir été pris au piège par des journalistes – pour avoir brisé le serment du silence. Certains des membres du Comité exécutif de Blatter sont des escrocs de grande envergure. Les autres regardent ailleurs et se taisent. Ils profitent de rémunérations exorbitantes, de bonus,  de frais grassement remboursés lors des différentes manifestations auxquelles ils assistent, d’allocations de tickets pour les matchs du Mondial et de subventions distribuées sans aucun contrôle pour développement du foot dans leurs pays. L’argent du foot lubrifie tous les rouages de la FIFA et maintient Sepp Blatter au pouvoir.»

«Omerta révèle que les réformes de Blatter sont bidon. Il a changé le règlement interne de la FIFA pour rendre sa position inexpugnable, n’hésitant pas à financer des enquêtes qui ne servent qu’à l’exonérer. La FIFA a englouti des millions de dollars pour en faire le Grand Intouchable du sport mondial.»

Vaste escroquerie sur la vente de billets du Mondial

Un des chapitres du livre expose l’escroquerie sur la vente de billets du Mondial. Et cette fois, Andrew Jennings s’attaque directement au président Sepp Blatter. L’entreprise Match Event Services, basée à Manchester, est gérée par les frères mexicains Jaime et Enrique Byrom, deux vieilles connaissances de Blatter. Un des actionnaires de la société n’est autre que Philippe Blatter, son neveu! Jennings raconte que la vente des tickets pour l’Afrique du Sud s’était soldée par un véritable fiasco financier pour les deux businessmen. Pour rattraper le coup, ils comptent bien mettre le paquet sur leur offre de luxe et notamment sur les nouveaux boxes VIP du Maracaña, le stade de Rio où aura lieu la finale:
«Tous les tickets de la Coupe du monde passent par les ordinateurs de Jaime et Enrique. Les frères disposent d’agents partout dans le monde pour vendre les packs VIP et, quand ils le peuvent, essaient de garder le business dans la famille du football!»
Avec une profusion de détails, l’auteur accuse les vendeurs officiels d’alimenter eux-mêmes les circuits parallèles et de racketter les supporters, grâce à des amis douteux, et ce avec la bienveillance du président de la FIFA, qui clame pourtant haut et fort combattre le marché noir…
«Peu importe ce que vous dit Sepp, au fil des ans, des billets sont passés entre les mains d’un Polonais spécialiste des arts martiaux, d’arnaqueurs des Caraïbes, de contacts en Europe de l’Est, et partout ailleurs dans le monde, tous faisant leur business secret dans la partie immergée de l’iceberg avec la bénédiction des pontes officiels de la FIFA. Un revendeur m’a assuré que plus de 40% des billets sortaient par la porte dérobée de la Fédération.»
La vente officielle des tickets ne se fait que sur le site de la FIFA à prix fixe. Mais il y aura toujours des amateurs fortunés prêts à payer n’importe quel prix au marché noir. On trouve des billets sans trop de difficulté sur Internet pour des montants allant de deux à dix fois leur valeur faciale. Comptez plus de 1’000 euros le match d’ouverture et 4’000 euros (le premier prix est à 320 euros) pour la finale au marché noir. Pour freiner cette inflation, le gouvernement brésilien a bloqué dernièrement l’accès au site de revente.

En apprenant les nouvelles révélations que s’apprêtait à faire Jennings, le cabinet d’avocats BM&A, qui représente la FIFA au Brésil, a envoyé une lettre à l’éditeur Panda Books pour menacer de les poursuivre pour «fausses accusations, contenu diffamatoire et mensonger, dommages à l’honneur et à l’image» si le livre était publié dans le pays.
Malgré ces démarches, le livre est sorti début mai en librairie au Brésil. «J’ai persuadé mon éditeur de les envoyer se faire voir. Les Byrom n’ont pas aimé mes révélations et ont également fait appel à leurs avocats. Mais pour l’instant, tout est calme», explique Andrew Jennings. «La FIFA avait arrêté de me menacer depuis plusieurs années, car Blatter n’aura jamais le courage de m’affronter devant un tribunal! Mais cette fois, ils étaient si inquiets de l’impact sur le public brésilien de mes révélations sur le racket des Byrom qu’ils ont essayé les menaces.» Pour commander et lire les meilleures pages. Interview de Andrew Jennings Sources :
– ANDREW JENNINGS «Omerta. La FIFA de Sepp Blatter. Histoire d’une mafia».
– Mathilde Dorcadie, State.fr
– Eric Wattez, Capital.fr

Commentaires Facebook

3 Commentaires

  1. UN excellent article!!
    merci pour cette « preview »!!
    J’ai eu une discussion avec un ancien arbitre suisse qui a quelques griefs sur M.Blatter lorsqu’il était chef des arbitres… et déjà là, les magouilles étaient de mise.

  2. Bel article en effet. La copie carbone doit certainement être faisable sur le CIO, quand on voit le gag qu’ont été les JO de Sochi…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.