Premier succès pour l’Angleterre dans le nouveau Wembley

Wembley, ce sont sept lettres magiques, un nom mythique qui fait rêver tous les fans de football. Wembley, c’est le stade le plus célèbre du monde, celui dans lequel plus que dans tout autre s’est écrite la grande histoire du football. Wembley, c’est un pèlerinage obligé pour tout fan qui se respecte. Nous mettons à profit le premier match officiel de l’équipe d’Angleterre dans le nouveau Wembley pour combler cette intolérable lacune dans notre cursus de supporters.

A cette occasion, l’adversaire n’est pas des plus attractif puisqu’il s’agit de l’équipe d’Israël. On ne va pas entrer dans des considérations politiques sur les agissements de l’Etat hébreu et l’absence de réprobation internationale qu’ils suscitent, réprobation qui pourrait, par exemple, prendre la forme d’exclusion des compétitions sportives internationales, comme cela a été le cas pour d’autres pays à l’époque. En revanche, on se permettra une petite digression géographique : Israël n’est pas un pays européen mais dispute pourtant les qualifications pour les championnats mondiaux et continentaux dans la zone Europe. Il fut un temps où cette faveur pouvait se justifier parce qu’Israël faisait figure d’îlot isolé qui luttait pour sa survie au milieu d’états arabes hostiles. Mais aujourd’hui l’Etat hébreu est bien davantage en position d’occupant et d’agresseur que de victime et l’on ne voit pas pourquoi il pourrait se prévaloir de sa propre turpitude pour évoluer dans une zone continentale qui ne correspond pas à sa situation géographique. L’augmentation drastique du nombre de pays affiliés à l’UEFA et la diminution des places allouées à l’Europe en Coupe du Monde rendent les tickets qualificatifs suffisamment chers comme cela sur le Vieux Continent, sans avoir en plus à affronter la concurrence d’équipes asiatiques. Le constat est d’ailleurs aussi valable pour la Turquie, dont la majorité du territoire et de la population sont situés en Asie, et que je verrais donc d’un bon oeil rejoindre la Confédération asiatique de football.Il est arrivé par le passé que l’image brouillée d’états parias au plan politique soit rehaussée par ses sportifs ou son équipe nationale. C’est loin d’être le cas avec l’équipe d’Israël, que la Suisse a pu découvrir lors des qualifications de la Coupe du Monde 2006 : une formation ultra défensive, truqueuse, qui casse le jeu et dont l’engagement physique est souvent à la limite de la correction, voire au delà (souviens-toi de l’agression qu’avait subi Barnetta à Tel Aviv). Ces méthodes ont néanmoins permis aux Israéliens de progresser dans la hiérarchie du foot européen. Ils avaient terminé invaincus des qualifications du Mondial 2006 et n’avaient été devancés par la Suisse qu’à la différence de but. Et ils se déplacent à Wembley en étant situés devant l’Angleterre au classement, avec un objectif que résume le capitaine et vedette de l’équipe Yossi Benayoun, le joueur de Liverpool : «Le même résultat qu’à l’aller (0-0) nous conviendrait parfaitement.»

Pour les Anglais en revanche, il n’est pas question de se contenter d’un match nul qui serait sans doute rédhibitoire dans l’optique d’une qualification pour l’Euro 2008. Après les matches amicaux de gala contre le Brésil (1-1) et l’Allemagne (défaite 1-2), la venue d’Israël doit impérativement coïncider avec la première victoire anglaise dans le nouveau Wembley. Et ce malgré les absences de Crouch (suspendu) Beckham, Rooney, Hargreaves et Lampard (blessés). Au printemps 2000, nous étions à Anfield Road pour un obscur Liverpool – Sunderland dont les deux événements marquants avaient été constitués par le premier match d’Emil Heskey sous le maillot des Reds et le retour de Michael Owen après une longue absence pour blessure. Retrouver près de sept ans plus tard les deux mêmes joueurs associés, après pas mal de déboires, à la pointe de l’attaque de l’équipe nationale illustre bien les soucis offensifs de Steve McClaren et montre que le foot anglais n’a pas tellement évolué. Nous non plus d’ailleurs, parce que l’après match très arrosé de Londres n’a guère différé de celui de Liverpool quelques années auparavant…
Comme je n’étais jamais allé dans l’ancien Wembley, je ne vais pas me lancer dans des comparaisons hasardeuses. En tous les cas, le nouveau temple du foot anglais est magnifique, imposant et hyper fonctionnel avec des accès innombrables, des escalators pour monter dans les tribunes et des escaliers différents pour en redescendre, un confort et une visibilité optimaux même dans les places les moins chères, un toit amovible… Néanmoins, il manque encore une âme à ce stade, il a quelque chose d’aseptisé, comme en témoigne l’armada d’employés de la voirie qui arpente les alentours du stade pour ramasser le moindre papier jeté par terre. Accessoirement, Wembley est un stade rond et les premiers rangs de spectateurs sont donc relativement éloignés du terrain. Bref, un bel écrin mais qui ne viendra pas détrôner en tête du hit parade de mes stades préférés le Westfalenstadion, San Siro et la Veltins Arena.
La déception vient de l’ambiance ou plutôt, du manque d’ambiance. A part le puissant «God save the Queen» initial, les encouragements sont restés bien timides, on se serait par moments cru au stade de France ! Incontestablement, la multiplication des places VIP et le prix onéreux des billets ne sont pas sans influence sur l’ambiance dans les stades anglais (à lire aussi : le billet d’humeur de Gary Romain sur le foot anglais). Le pire, c’était le prix du programme de match : 6 pounds, soit environ 15 francs suisses. Et pour cette somme, on n’avait même pas le droit aux numéros des joueurs à l’intérieur…

Le manque d’enthousiasme du public anglais est un peu regrettable car son équipe, sans être flamboyante, a livré une prestation convaincante. D’emblée, l’équipe à la rose a pris le match en main et s’est créée la première occasion avec une remise d’Owen pour Heskey qui, en position idéale, a tiré au-dessus (10e). Sur le flanc droit, le duo Micah Richards – Shaun Wright-Phillipps a rapidement fait oublier, dans un style complètement différent, les absences de David Beckham et Gary Neville. C’est cependant du côté gauche qu’est venue l’ouverture du score avec une balle en retrait d’Ashley Cole pour son homonyme Joe qui élimine un défenseur et centre pour Wright-Phillips, parti à la limite du hors-jeu, qui ne laisse aucune chance à Aouate.
Après vingt minutes, les beaux plans de l’équipe d’Israël tombaient à l’eau. On a vainement attendu de la voir jouer dans un autre registre que celui de bétonner, casser le jeu et perdre du temps. Le talentueux Benayoun, qui avait démontré il y trois ans à Tel Aviv que l’association Patrick Müller – Murat Yakin était dépassée au plan international, a été inexistant. De toute la rencontre, les visiteurs ne se sont pas procurés la moindre occasion de but. S’il fallait vraiment citer quelque chose, on mentionnera une ouverture pour Tamuz, devancé par un Rio Ferdinand impérial durant 90 minutes. On souhaitait que l’excellent gardien Paul Robinson puisse prouver sa valeur à ses détracteurs, de plus en plus nombreux après ses bourdes qui ont précipité les défaites anglaises contre la Croatie et l’Allemagne, mais il n’a rien eu à faire.
Devant tant d’indigence offensive, les Anglais n’avaient plus qu’à se mettre à l’abri. Le portier Aouate a retardé l’échéance en s’interposant devant Owen (37e, centre de Wright-Phillips et remise de J. Cole) et Joe Cole (40e, bien lancé par Owen). Mais il a dû capituler à la 49e : Barry sert Owen dans l’axe qui a tout loisir de se retourner et d’adresser une superbe frappe qui finit sa course juste en dessous de la lucarne, dans laquelle il ne devait de toute façon pas y avoir de toile d’araignée, vu la méticulosité et la maniaquerie des employés de Wembley.

Le gardien israélien sauvera du pied devant Joe Cole (64e) mais devra s’incliner une troisième fois deux minutes plus tard en étant devancé par la tête du jeune Micah Richards, reprenant un corner de Gareth Barry. Le jeune défenseur de Manchester City (19 ans) s’offrait ainsi son 1er but en équipe nationale pour sa sixième sélection, le demi d’Aston Villa son deuxième assist de l’après-midi. Trois événements marqueront la fin de match : une ola qui a quelque peu réveillé Wembley, une occasion presque immanquable ratée par Owen qui a cru avoir fait le plus dur en éliminant Aouate mais n’a pas senti le retour du défenseur Ziv et l’entrée en jeu de David Bentley, copieusement sifflé par le public de Wembley pour sa première cape. D’après ce qu’on a pu comprendre, il est reproché au jeune joueur de Blackburn d’avoir décliné sa sélection pour les récents championnats du monde juniors sous prétexte de fatigue.
L’Angleterre s’impose donc 3-0, sauve la tête de son entraîneur McClaren et gagne un rang au classement en passant devant Israël, dont les chances de découvrir la Suisse et l’Autriche en juin prochain se sont considérablement amenuisées avec cette défaite (tu l’auras compris, on ne les regrettera pas trop). Néanmoins, les Anglais ne pointent toujours qu’au 3e rang, à trois points du leader croate et à un point de la Russie du génial Guus Hiddink. C’est dire toute l’importance du match Angleterre – Russie de mercredi, toujours à Wembley. J’y serai, je te raconterai.

Angleterre – Israël 3-0 (1-0)

Wembley : 85’372 spectateurs.
Arbitre : M. Vink.
Buts : 20e Wright-Phillips (1-0), 49e Owen (2-0), 66e Richards (3-0).
Angleterre : Robinson ; Richards, Ferdinand, Terry, A. Cole ; Wright-Phillips (83e Bentley), Gerrard (71e P. Neville), Barry, J. Cole ; Heskey (71e Johnson), Owen.
Israël : Aouate ; Spungin, Ben Haïm, Gershon, Ziv ; Benayoun, Badir, Benado (57e Golan), Tal, Katan (74e Zandberg) ; Itzhaki (46e Tamuz).
Cartons jaunes : 15e Gershon, 45e Benado, 55e Ziv, 66e Aouate, 67e Terry. 

Écrit par Julien Mouquin

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