La Suisse toujours en quête de ses vérités

Alors bien sûr, ce n’est que le Liechtenstein. 118e nation au compteur FIFA, modeste cabochard des terrains verts, indécrottable gambit habitué aux fessées collectives. Le Liechtenstein, c’est une nation dont le point d’orgue d’une campagne qualificative n’est peut-être que le tirage au sort des poules, instant certainement palpitant, rêveur, qui édicte quelle star on accueillera en ses terres, de France, de Hollande, voire d’Espagne ou d’ailleurs, en attendant sa modeste contrepartie venue tout droit d’Andorre, de Macédoine ou des Îles Féroé.

Ce n’est peut-être que le Liechtenstein, mais on peut, légitimement, tirer les enseignements qui en découlent. Aussi futiles soient-ils pour une Nati lancinante, roturière qui n’a –  il fallait s’y attendre –  pas appris grand-chose de ce déplacement en territoire voisin. Tour d’horizon des moyens en présence. 

Inler, Liechtsteiner : mention bien

Il y a d’abord la force tranquille, Gökhan Inler, la centrifugeuse à ballon, celui par qui tous les bons coups essaiment. Pourtant loin d’une forme physique idéale, il a encore démontré son sens ambidextre du jeu, ouvertures pied droit ou pied gauche peu importe, du moment qu’un coéquipier comprend l’offrande.
Et justement, autour du Napolitain, on a senti une certaine appréhension. D’Innocent Emeghara d’abord : prometteur à GC, il semble parfois manquer de confiance, s’égosille dans d’improbables périples ou disparait carrément de la carte. Sa bonne combinaison avec Ziegler a bien failli permettre à Derdiyok d’ouvrir le score, mais la tête de l’attaquant de Leverkusen ne faisait que frôler le cadre (11e) de Peter Jehle. On n’en verra pas beaucoup plus d’Emeghra, et s’il doit suppléer à l’absence de Barnetta ou de Degen face à la Bulgarie, il devra être beaucoup plus constant dans ses œuvres. Le constat vaut également pour Admir Mehmedi ou Moreno Costanzo, souvent brillants en club, mais bien trop disparates, égarés voire taciturnes dans leurs entreprises respectives. Comme pour prouver qu’entre les M21 et le monde des hommes, le fossé reste une gangrène putride, un rubicond qu’on ne franchit qu’à la sueur de son front, même face au Liechtenstein.
Heureusement, il y a Stefan Liechtsteiner. Encore une fois, l’homme n’a pas été avare dans l’effort, il a encore démontré que sa rage perpétuelle et son sens de la gagne n’ont pas d’égal au niveau national. Même face au Liechtenstein, là où beaucoup d’autres baissent le pied par négligence ou par condescendance, le nouveau latéral de la Juve sait déborder, rythmer son couloir d’allées et venues incessantes. Concrètement, il a offert l’ouverture du score à Derdiyok (15e), avant de provoquer le but contre son camp de Stocklasa (33e).

La motivation comme excuse

Dans le même couloir, Shaqiri lui aussi a tenté, a manœuvré, trop souvent à contresens, surtout en fin de match où il a voulu abuser des mauvaises choses. Souvent ronchon, railleur, il n’a jamais pu déborder, encore moins percuter la défense de la Principauté. Le Bâlois s’est offert, mais souvent dans le vide, le sentiment de vouloir forcer sa donne.
Ce qui a évidemment manqué à la Suisse, c’est une gigantesque dose de motivation. Alors bien sûr, beaucoup sont en phase de préparation – Senderos a paru lourd comme un char, pataud comme rarement – mais quand on voit la disponibilité et l’abattage de travail des Marco Ritzberger et Franz Burgmeier, robustes joueurs de Challenge League à Vaduz, on sent que chacun n’avait pas les mêmes prérogatives au moment d’aborder cette partie amicale.

Condescendance coupable ?

Condescendance suisse ? Peut-être bien. Dans le football pourtant, c’est bien connu, tout le monde sait se hisser à niveau de l’adversité, surtout lorsqu’elle est plus talentueuse. La Suisse s’est-elle mise au niveau adverse, ou est-ce l’inverse ? On optera à sa propre guise.
Mais dès lors, lorsque l’équipe de Suisse se frottera tantôt à la Hollande (11.11.11), tantôt à l’Argentine (29.02.12), les suiveurs seront en droit d’attendre un engagement total, soutenu, avec comme seule attente celle de côtoyer des Helvètes à la fougue joviale, comme pour prouver qu’entre le Liechtenstein et les caciques du monde, on sait faire la part des choses.
De cette rencontre face au Liechtenstein, on ne retiendra donc pas grand-chose. Peut-être que les statisticiens garderont souvenir du 3e but en sélection d’Eren Derdiyok. Certainement qu’Ottmar Hitzfeld ne retiendra que la victoire, voire le fait que son équipe a toujours autant de peine à malmener un adversaire classé au-delà du centième rang mondial. De son côté, le simple quidam, le fervent supporter de la Nati ne retiendra, lui non plus, pas grand-chose.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Liechtenstein – Suisse 1-2 (0-2)

Rheinpark, 5’444 spectateurs.
Arbitre : M. Eisner (Aut).
Buts : 15e Derdiyok 0-1. 34e Martin Stocklasa (autogoal) 0-2. 51e Ritzberger 1-2.
Liechtenstein : Jehle; Oehrli, Michael Stocklasa, Martin Stocklasa, Rechsteiner; Ritzberger, Polverino (90e Kaufmann), Wieser (46e Hasler), Burgmeier; Beck (74e Büchel), Frick (92e Hanselmann).
Suisse : Benaglio (46e Leoni); Lichtsteiner (82e Berardi), Djourou (63e Ferati), Senderos (57e Klose); Ziegler; Dzemaili, Inler; Shaqiri, Mehmedi, Emeghara (63e Costanzo); Derdiyok (63e Gavranovic).

Écrit par Sacha Clément

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3 Commentaires

  1. Il faut plutôt retenir qu’une nouvelle génération de joueurs est en train d’arriver, mais qui à l’heure actuelle est encore en formation. Mais par contre cette équipe sera à maturité pour la coupe du monde 2014. Il faut simplement leur laisser du temps.

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