Retour sur terre

Si la brillante ouverture de saison contre Hambourg laissait penser que l’état de grâce de la saison dernière perdurait pour le Borussia Dortmund, la défaite à Hoffenheim et la pénible victoire de samedi contre Nuremberg ont montré que la page était bien tournée. Et que la défense du Meisterschale n’aurait rien d’une sinécure.

Après la défaite concédée une semaine auparavant sur la pelouse de sa traditionnelle bête noire Hoffenheim, c’est un Borussia Dortmund en quête de rédemption qui s’est présenté samedi sur la pelouse du Westfalenstadion. A priori, l’adversaire semblait idéal pour se remettre en selle : Nuremberg, une équipe qui a toujours très bien convenu au BVB et qui semble s’être plutôt affaiblie durant l’été. Et puis, Nuremberg, ça rappelle des souvenirs magiques à tout fan dortmundois qui se respecte puisque c’est contre ce club que Dortmund a fêté, dans une invraisemblable liesse populaire, le septième titre de son histoire le jour de grâce du 30 avril dernier.

Mais l’on va rapidement s’apercevoir que l’on n’est plus tout à fait dans la même dynamique que le 30 avril. Déjà parce que le match se dispute devant une assistance confidentielle : pour la première fois depuis le 27 novembre dernier, une rencontre de Bundesliga ne se joue pas à guichets fermés au Westfalenstadion. La faute en incombe au 1. FC Nürnberg qui avait demandé 6’500 billets pour ses supporters qui ne sont finalement venus qu’à 3’000. Et en plus, ceux qui étaient là se sont empressés de mettre en avant leur jumelage avec les fans de Schalke 04. Ce qui rendait la victoire d’autant plus indispensable, selon l’adage les amis de nos ennemis sont nos ennemis.

Première mi-temps à oublier

Sauf que la victoire en question ne va pas vraiment se dessiner au cours d’une première mi-temps d’une indigence dont on avait perdu l’habitude au Westfalenstadion. À la limite, le BVB était presque bien payé avec le 0-0 à la pause, puisque la meilleure occasion a échu aux Franconiens sur une sortie hasardeuse de Weidenfeller mais le gardien dortmundois a pu in extremis repousser le lob un peu court d’Hegeler. En face, la défense nurembergeoise n’a guère été inquiétée malgré son jeune âge : à part l’expérimenté Pinola à gauche, der Club alignait Rakovsky (18 ans) au but, Chandler (21 ans) à droite, Klose (23 ans) et Wollscheid (22 ans) dans l’axe.

Ainsi, le gardien franconien Patrick Rakovsky, qui faisait ses grands débuts en Bundesliga, avec le redoutable honneur de commencer sa carrière avec le mur jaune de la Südtribüne dans le dos, a passé une mi-temps bien tranquille, avec une seule alerte sur un tir de Lewandowski. Et, pour une fois, on ne félicitera pas les fans du BVB qui ont copieusement sifflé chaque intervention de ce jeune homme, au seul motif qu’il a été formé à Schalke 04. Côté suisse, la bonne nouvelle, c’est la prestation solide réussie par l’ancien Thounois Timm Klose, qui s’affirme de plus en plus comme une alternative en défense centrale de la Nati.

Trois points c’est tout

Heureusement, le BVB va un peu appuyer sur l’accélérateur en deuxième mi-temps. Et comme souvent, c’est du formidable talent de Mario Götze qu’est venue la délivrance. Le nouveau prodige du foot allemand a bien dédoublé sur le flanc droit avec Lukasz Piszczek pour servir un caviar en retrait à Robert Lewandowski. Lequel a confirmé la statistique selon laquelle il marquait toujours contre Nuremberg en logeant le cuir sous la transversale. C’est devenu un peu plus facile pour le Borussia après le 1-0, il y a eu quelques occasions de doubler la mise, notamment une tête de Perisic sur le poteau mais Nuremberg est passé tout près de l’égalisation lorsque le joker Wiessmeier, seul à six mètres du but, n’a pas cadré son coup de tête. C’est finalement sur un coup du sort, un tir dévié de Kevin Grosskreutz qui est parti se loger sous la latte, que le BVB s’est mis à l’abri. 2-0, c’est le même score que lors du Meisterspiel du 30 avril mais les similitudes s’arrêtent là. Car on ne retiendra vraiment que les trois points de ce match poussif du Borussia Dortmund. Enfin, il paraît que c’est l’apanage des grandes équipes de gagner en jouant mal…

Biergarten und Gartenzwerg

Comme certains lecteurs ont l’air très préoccupés des matchs que je vais voir et ne pas voir, précisons que, une fois n’est pas coutume, je n’ai pas fêté ce succès du BVB jusqu’au bout de la nuit. Et ce pour pouvoir quitter la Ruhr le lendemain à 7h afin d’être de retour pour LS – Sion. Mais soyez rassurés, la victoire a quand même été suffisamment arrosée. La preuve, lorsque je suis passé au Fanshop après le match pour acheter le nouveau maillot de cette saison, je suis ressorti avec un nain de jardin du BVB en prime. Mes amis suisse-allemands se sont joyeusement payés ma tête : «Tu n’as même pas de jardin et tu achètes un nain de jardin !». Disons qu’avec deux heures de Biergarten avant le match, deux heures de Biergarten après le match et l’acquisition d’un Gartenzwerg, à défaut d’avoir été la journée du football champagne au Westfalenstadion, c’était la journée du jardinage. On peut donc s’estimer heureux que le BVB n’ait pas fait chou blanc. Mais pour le prochain match, samedi à Leverkusen, pour le premier choc contre un prétendant déclaré au titre, il faudra singulièrement élever le niveau de jeu.

Borussia Dortmund – 1. FC Nürnberg 2-0 (0-0)

Signal Iduna Park, 78’400 spectateurs (record négatif en 2011).
Arbitre : M. Zwayer.
Buts : 50e Lewandowski (1-0), 80e Grosskreutz (2-0).
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender, Gündogan; Götze (84e Kehl), Kagawa (66e Blaszczykowski), Grosskreutz; Lewandowski (72e Perisic).
Nürnberg: Rakovsky; Chandler, Wollscheid, Klose, Pinola; Simons, Cohen (77e Mak); Hegeler (77e Mendler), Feulner (69e Wiessmeier), Eigler; Pekhart.
Cartons jaunes: 36e Hegeler, 45e Pinola.
Notes: Dortmund sans Barrios, Koch, Owomoyela ni Bakalorz (blessés) ; Nürnberg privé de Schäfer, Didavi, Nilsson, Frantz ni Zeitz (blessés).

Écrit par Julien Mouquin