La force tranquille

Pour ses (véritables) retrouvailles avec son public, l’équipe de John van Boxmeer recevait le HC Ajoie à Malley. Un match d’entraînement joué sur un rythme de sénateurs et qui a vu la logique victoire des locaux. On ne retiendra pas grand-chose de cette rencontre si ce ne sont les trois points.

Retrouvailles

Je ne sais pas si vous ressentez la même chose que moi, mais le microcosme des tribunes d’une enceinte comme celle de Malley a quelque chose de très particulier. Les gens aiment à se retrouver toujours au même endroit et par conséquent année après année, vos voisins sont souvent les mêmes. Est-ce par superstition, ou par simple habitude, on ne le saura jamais. Ainsi une certaine forme de société se construit petit à petit. Le grand noireau, ça fait 15 ans que vous le croisez et que vous le saluez mais ne connaissez pas son nom, votre voisine à lunettes avec son écharpe de la saison 1993-1994 avait les cheveux bruns à l’époque, aujourd’hui leur reflet grisé vous fait prendre conscience – comme un miroir – que  les années, vous les avez aussi pris dans la gueule. Il y a les nouveaux qui apparaissent, et ceux qui ne reviendront plus jamais ; par dépit, par changement ou simplement parce qu’ils ont rejoint le paradis des supporters. Six mois auparavant vous aviez dit qu’on ne vous reprendrait plus à acheter un abonnement tellement vous étiez dégoûtés de ces branleurs qui ont perdu face à Viège ; mais armé de votre espoir, de votre passion pour le hockey sur glace et surtout de votre amour pour ce club, vous êtes indéfectiblement là, et vous ne le regrettez pas.

Le premier match de la saison, c’est donc surtout l’occasion se retrouver après 6 mois de pause. On discute de tout et de rien, des vacances passées, du programme pourri du Paléo, des pronostics sur l’équipe, de la prochaine rouste qu’on mettra assurément à La Chaux-de-Fonds et du mois d’avril avec la promotion en Ligue A contre Ambri-Piotta même si vous auriez préféré Bienne, mais bon «on verra bien». C’est aussi l’occasion d’observer  les changements par rapport à l’année précédente. L’horloge va à l’envers, le verre d’eau minérale n’est plus de 5dl mais 4dl (mais bon, ça ne vous concerne pas plus que ça), il n’y a presque plus de pub sur les maillots, les sièges «noirs» des VIP envahissent de plus en plus les tribunes assises et les arbitres ont un numéro dans le dos assez ridicule.

Le doux ronronnement d’un moteur diesel

Mais sur la glace, il y a un match. Il y a eu un non-match devrait-on dire. Ce n’est pas tant l’écrasante supériorité du collectif lausannois qui est la cause de la victoire sans appel du LHC mais la médiocrité abyssale des hommes de Paul Adey. Le coach jurassien a donc décidé de ne pas changer d’un iota la stratégie qui avait fonctionné bon an mal an la saison dernière : un premier bloc de feu avec les trois compères Desmarais – Roy – Barras qui joue 80% de la rencontre et le reste de l’équipe faire-valoir. Cette stratégie fonctionne si (1) l’équipe jouant contre Ajoie n’a pas les moyens en hommes de contrer le premier bloc et (2) si le premier bloc ajoulot est en forme. Samedi soir, ni la première ni la seconde conditions n’étaient remplies et cela a débouché sur un non-match à sens unique pendant 50 bonnes minutes. Le préposé à la statistique a probablement dû noter un 4/5ème de possession du puck en faveur des Lausannois.
Dans ces conditions il est difficile de sortir les spectateurs de leurs discussions estivales mais aisé pour le coach de «faire tourner» le contingent. On a ainsi vu jouer les blocs de façon équilibrée. C’est d’ailleurs le troisième bloc qui a ouvert la marque, un «double backend» de Mottet sur passe d’Augsburger de toute beauté qui a laissé le pauvre Mischler sans voix. On ne saurai mettre la faute sur le portier jurassien sur ce premier goal. Ni sur le second dix minutes plus tard. Antonietti déborde sur la gauche du dernier rempart ajoulot avec l’idole Julien Staudenmann sur sa propre gauche, le numéro 46 choisit de tirer entre les jambes du gardien plutôt que de passer à celui qui fait rêver le virage ouest… avec succès. Deux à zéro et surtout deux buts marqués par l’ancienne «checking line» qui a plus pris l’aspect d’un second bloc que du bloc défensif. Si l’objectif de Boxy est de marquer plus de buts qu’on en encaisse plutôt que d’encaisser moins de buts que l’autre équipe, on espère que ce jeu porté sur l’offensive – à l’encontre des habitudes du coach lausannois – ne deviendra pas cause de défaite contre des équipes de calibre supérieur.

Le troisième tiers était vieux de 10’16 (ou plutôt il ne restait plus que 9’44 avant la fin du match) lorsque l’impressionnant Doistonov, qui semble avoir passé son été dans une salle de musculation pendant qu’on parfaisait notre «muscle Heineken» sur les plages, slalome dans une défense ajoulote à la rue, met les Vaudois à 3 longueurs des visiteurs d’un tir en pleine lucarne d’un Matthias Mischler clairement masqué.
Et le remplaçant de Gianluca Mona (lalalala) me direz-vous ? C’est mathématique, lorsqu’une équipe a la possession du puck de manière si disproportionnée, alors on voit rarement le gardien se mettre en évidence. Pascal Caminada a passé une soirée tranquille. Il a été solide lors des quelques arrêts qu’il a dû faire, augmentant d’autant la confiance de ses coéquipiers. Il ne put rien faire lorsque Barras dévia un puck anodin dans ses filets. Bien que méritant un blanchissage, personne n’a semblé outré par ce premier but jurassien tant le LHC a arrêté de jouer après la réussite de Dostoinov.
Après deux matchs pour autant de victoires, l’avenir du LHC semble ouvert. Il s’agit de ne pas flancher samedi prochain pour ce qui s’annonce comme le premier vrai test sur la glace de la saison.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Ajoie 3-1 (0-0 2-0 1-1)

Malley, 4’519 spectateurs.
Arbitres : MM. Clément; Brunner, Dupertuis
Buts : 21’16 Augsburger (Mottet) 1-0; 30’49 Antonietti 2-0; 50’16 Dostoinov 3-0; 52’01 Barras (S.Roy, Spolidoro/5c4) 3-1.
Pénalités :  7 x 2’ contre chaque équipe.
Absents : Lausanne sans Barbero (blessé) et Le Coultre (avec les Élites). Ajoie sans Gasser, Mihajlovic et Hostettler (blessés).
Meilleurs joueurs : Caminada (Lausanne) et S.Roy (Ajoie).

Écrit par Vincent Keller

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2 Commentaires

  1. Juste l intro. Les voisins, plus vieux et qui avait promis de ne pas revenir cette année… Allez cette année c’est la bonne.. Enfin Comme d’hab.. Encore 40 matchs amicaux avant le debuts des choses sérieuses.

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