Petit match, petite défaite, petite victoire

Nous étions quelque 10’000 spectateurs présents à Tourbillon s/Zagreb pour assister à un derby, pardon un match de petite cuvée. Face à un Lausanne malade, Sion ne se sera que peu enflammé. Chronique d’une défaite annoncée…

Pour ceux que mon état mental préoccupe (et je les comprends), qu’ils ne se méprennent pas : c’est bel et bien le hasard d’un week-end en Valais et des horaires de bus postal au poil qui m’ont fait venir à Tourbillon ce dimanche. Et non pas une nouvelle passion débordante pour le LS, unique source d’émotion dans le calendrier de la vie de merde d’un gros débile. Il aura même fallu les désistements du rédacteur en chef et de son émissaire valaisan pour que la tâche du compte-rendu me tombe sur les bras. Bref, pour ceux qui me lisent depuis deux matches de suite déjà, vous m’excuserez de m’exécuter à la tâche une nouvelle fois, moi qui espérais secrètement trouver dans notre bastion de volontaires une bonne âme pour étayer d’autres idées et principes que les miens.

Tourbillon sur Zagreb…

Bref, il fallait être sacrément motivé pour venir assister à ce non-match, qui plus est dans le bloc visiteur d’un stade qui n’a rien à envier aux installations ultramodernes des contrées les moins populaires de l’est de l’Europe. Certes la vue sur la colline de Tourbillon, son château et ses quelques vignes a quelque chose de touchant qui égaierait l’après-midi d’un bobo du café de Grancy. Certes le kop bien plein du FC Sion nous rappelle que la passion existe dans ce coin de pays et ce, même au beau milieu de la Foire du Valais, chapeau Messieurs. Certes les sièges des tribunes latérales témoignent du travail acharné et conjoint de CC et de la ville de Sion pour moderniser cette enceinte dépassée, ce St-Léonard du foot. Il n’empêche qu’assister à un match dans le bloc visiteur tient quant à lui du pensum. Et nous rappelle combien la bêtise d’une petite partie des ultras de certaines régions détruit l’âme du foot et réduit le simple pékin à s’envoyer un match dans un décor de prison désaffectée.

En effet, après avoir contemplé autour du stade les prairies dévastées par le feu des Genevois (quelques mètres carrés tout au plus…), traversé les nombreuses barrières de sécurité, tu arrives enfin dans les structures de béton et de grillage du bloc visiteur qui te laissent tout juste apercevoir un goal et 2/3 du terrain. Pour la forme et se faire mal, le soussigné aura passé quelque temps à contempler, dans le reflet du double vitrage de sécurité, l’importante colonie lausannoise (50 personnes tout au plus…), dont les «Platini» scandés à tue-tête à cinq minutes du terme de la partie sera le seul fait d’arme…  «Et t’as même pas vu les vestiaires…» nous soufflera un joueur au sortir du match.
Bref, les responsables du stade m’excuseront les 17 mégots de cigarettes et leur paquet, le papier de mon sandwich et les deux verres en plastique laissés négligemment sur le béton de son coin de Vel d’hiv, mais sincèrement cette forteresse que la sécurité lui impose invite plus à étaler ses excréments sur les murs qu’à passer la poussière et respecter les lieux…
C’est donc dans ce cadre idyllique et enchanteur que le derby s’est joué. Plus qu’un derby, on peut parler d’un simple match de foot, dont les acteurs, au vu du rythme, de l’intensité et du jeu proposé,  n’auraient en aucun cas mérité meilleur cadre.

Du changement, enfin !

Marin malade (les dieux du foot sont lausannois) et une équipe remodelée (enfin !) par Martin Rueda donnaient quand même quelques espoirs aux supporters vaudois à l’entame de la partie. Le 3-4-3 imaginé et travaillé durant la semaine par l’entraîneur lausannois n’aura malheureusement duré que le temps d’une théorie dans le vestiaire. En effet, ce 3-4-3 hollandais s’est bien vite mué en 5-4-1 des campagnes et pire en 3-6-1 dont je te laisse imaginé le potentiel d’embouteillage à mi-terrain et sa capacité à emmerder un FC Sion aussi motivé à se bouger et à faire quelque chose de son après-midi qu’un fan de teckonik sur son canapé en pleine descente de pillons le lendemain de la Street Parade.
Bref, ce match, en première mi-temps du moins, n’aura été animé que par quelques incartades valaisannes dans le camp vaudois et une montée volontaire de Sonnerat, auteur d’un bon match. Coltorti lui n’a pas oublié de nous faire un nouvel arrêt du plexus sur une frappe presque anodine et de s’étaler dans ses filets sur une balle que Yannick Paratte aurait estimé à «3 bons mètres à côté du goal». La deuxième mi-temps ne sera guère plus convaincante. Poussant quelque peu Lausanne à la faute, les Valaisans trouveront l’ouverture par Obradovic et se verront offrir la possibilité de plier le match sur pénalty. Le LS tentera bien évidemment d’arracher le nul, sans succès… Même si Roux puis Sonnerat auraient pu réaliser une partie du hold-up tenté par leur équipe que l’on pourrait rebaptiser depuis deux matches «la bande des postiches des Plaines du Loup».
De cette équipe en panne de confiance, il ne faut bien entendu pas attendre des miracles. Et à ce titre, ne pas prendre une casquette à Sion et finalement ne pas passer loin d’un petit point sont sans aucun doute des motifs de satisfaction. Et puisque ce collectif et ses individualités semblent définitivement n’avoir qu’un potentiel très mesuré, il ne sert à rien de tout brûler. Il apparaît même nécessaire de se montrer plus solidaire que vindicatif. Et de relever ici le comportement général du trio défensif Meoli-Page-Katz, l’allant retrouvé de Bah et Sonnerat et les quelques bonnes phases de jeu de Marazzi. Autant de sources de «satisfaction», tout comme l’entrée remarquée de Khelifi et les quelques ballons joués dos au goal par Prijovic.

Ne pas se contenter de rien…

Il n’empêche que certains continuent à se contenter de leur misère et qu’il va falloir trouver des solutions. Au-delà des récents renforts, Martin Rueda a quelque vingt jours (merci à la trêve internationale) pour travailler le mental de ses troupes, soigner les sensibilités et repartir au combat. Et ce n’est pas une mince affaire, loin de là… Prenons Lyng tout d’abord, dont le travail défensif peut être considéré comme honnête, mais dont l’implication sur le terrain vire plutôt du côté du scandale, au même titre que son engagement. Bref, si un joueur qui n’a pas droit au terrain ne montre pas plus d’envie lors d’une improbable titularisation, c’est qu’il se moque à la fois de son statut, de ses performances, de son entraîneur, de ses dirigeants et de son public (ça fait beaucoup…). Moussilou ensuite, dont on veut bien tolérer une certaine détresse à se trouver seul devant et à se battre sur trois ballons et demi par match, mais dont la nonchalance va finir par fâcher l’ensemble du public. Ce dernier d’ailleurs ne devrait pas oublier, et on se fout bien du nombre de clubs prestigieux dans lesquels il a joué, que ses performances convaincantes à ce jour avec le LS se résument à deux matches de Challenge League. Muslin enfin, dont la propension à jouer TOUS ses ballons vers l’arrière devient plus qu’énigmatique, maladive. A force de jouer TOUS ses ballons en retrait (il y a des choses que j’aime répéter), quand il ne les rend simplement pas à celui qui lui fait la passe, il est à l’image d’un suicidaire qui saute du pont de Dorigny (tu sais le petit pont à côté des grillades…), il ne prend aucun risque et ses gestes ne servent à rien, si ce n’est à faire de la peine à ses proches…

Bref, quand on constate que c’est le petit Khelifi, 16 ans, bourré de talent, mais qui peine à se peser sur une balance d’adulte, qui enflamme un peu les débats, demande les ballons, prend des risques et efface même ses adversaires, on ne peut que demander aux autres de se prendre en main. Et c’est peu dire. On parle ici d’amour-propre et d’ambition, fût-elle personnelle.

Qui aura la plus longue ?

Plus que ce Lausanne-Sports malade, la performance des Sédunois a de quoi également inquiéter ses plus fervents supporters. Sans vie et sans imagination, sans doute endormi par le non-rythme des visiteurs, le collectif sédunois n’a rien montré ou presque. On ne s’inquiète guère pour cette équipe qui devra néanmoins montrer autre chose si elle compte assumer ses ambitions, mais dont l’avenir se jouera devant les tribunaux. Et face aux observateurs de plus en plus médusés, il faudra démontrer, avec autre chose que de la crasse mauvaise foi, en quoi un tribunal martignerain est plus indépendant qu’un arbitrage du TAS. Bref, on n’a pas fini de rire ou pleurer, c’est selon. Tout bien membrés qu’ils soient, et peu importe l’issue finale de ce triste combat de coqs, le public et le football semblent se lasser, quand ils ne s’y désintéressent pas, du grotesque concours de pioches que se livrent Constantin, Platini et Blatter.   
En attendant les prochains soubresauts de cette affaire, Sion et surtout Lausanne ont beaucoup de pain sur la planche pour pouvoir croire en leur destin.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Sion – Lausanne-Sport 0-0 (1-0)

Tourbillon, 10’000 spectateurs.
Arbitres : Alain Bieri, assisté de Bruno Zurbrugg et Johannes Vogel.
But : 59e Obradovic 1-0.
Sion : Vanins, Vinczak, Adailton, Dingsdag, Bühler, Serey Die, Gabri (52e Yoda), Feinduno (69e Rodrigo), Obradovic, Sio, Mrdja (77e Mutsch).
Lausanne : Coltorti; Bah, Katz, Meoli, Sonnerat; Page; Avanzini (66e Khelifi), Marazzi, Muslin, Lyng (66e Roux); Moussilou (46e Projovic).
Cartons jaunes : 38e Marazzi (faute), 60e Adailton (faute), 75e Dingsdag (faute), 75e Muslin (réclamation), 79e Bah (faute).
Notes : Negrao (blessé), Marin (malade), Lang (suspendu) et Lucci (pas qualifié) absents pour à Lausanne. Gonçalves, Ogararu, Ketkeophomphone, Elmer, Crettenand, Glarner, Sauthier (pas convoqués) absents à Sion. Sion manque un pénalty à la 80e.

Écrit par Vince McStein

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15 Commentaires

  1. Bonjour

    J’avoue que vos lumières sur le retrait de l’appel au TAS par le FC Sion seraient bienvenues… parce moi je n’y comprends plus rien !
    Il me semble que les mesures provisionnelles avaient été demandées sur la base de cet appel !
    Et la qualification des joueurs provisoire en attendant la décision du TAS !
    Bref en retirant son appel le FC Sion dans les faits accepte les premières conclusions et donc l’exclusion de ses joueurs !

  2. Insinuerai-tu que la justice suisse est corrompue?? Jusqu’a preuve du contraire le for du litige est l’endroit même du siège d’un des deux parties c à d Martigny (FC Sion) et Muri (SFL) il n’y a aucune raison de se plaindre au tribunal du district d’en-haut. Il est vrai que l’indépendance du TAS ne fait aucun doute.
    Concernant notre stade de merde, heureusement qu’il existe encore un stade en Suisse qui n’est pas mouler à la façon business et par chance c’est le notre (et le votre mais bon il y a de toute façon personne) A tourbillon du peux rester encore quelques heures après partager raclettes pinard et théorie ce qui n’existe nulle part ailleurs. CE QU ON EST BIEN A TOURBILLON

  3. Si tu savais, j’en ai fait assez pour ressentir que c’est encore un stade chaleureux… et populaire, ah ouai j’oubliait que Neuch c’était aussi le cas…

  4. @oruma: 1500 prix Nobel dans le parcage, ça doit être joli à voir, ça. LOL, mdr et :-)))

    Sinon l’article, fort bien écrit, reflète bien la triste réalité.

  5. La défense du LS ne fait presque plus rire… C’est déjà un gros progrès !!

    Maintenant faudrait penser à marquer. Et c’est pas en titularisant ce promoneur de MOUssilou qu’on va y arriver. Son bilan avec le LS est risible. Et n’importe quel entraineur de LNA s en serait rendu compte… sauf Martin, qui semble avoir fait de Page, MoussiMOU et Coltorti ses petits protégés. Stop !!!

  6. @oruma: oh oui, 1500 frontaliers qui foutent le feu, ça fait rêver toute l’Europe, d’Athènes à Glasgow. Mais ce n’est pas le thème du papier de Vince. Bonne suite de saison sur les sièges roses de ton stade.

  7. Vous êtes chous les lémaniques, continuez comme ça 😉

    Pour ce qui est de Tourbillon, d’accord avec seulcontretous (tcheu le pseudo).

    Et McStein qui sort « blabla comme St-Léonard »… C’est les deux enceintes où je vais le plus souvent et dans lesquelles je me sens le mieux.

    D’ailleurs, je m’en vais de ce pas talquer de l’Aviateur.

  8. si l’auteur de l’article trouve si détestable d’être à Tourbillon et de parler foot (c’est son métier, non ?) il n’y qu’a fair journalise du coeur , des canapés et de la grande bouffe dans les 5 étoiles !
    tout le reste c’est de la basse analyse, sans compter son pseudo-jugement sur l’affaire en cour devant la justice !

  9. pour Alex : le recours au TAS visait la non-validation des licences par la sfl. comme cette validation a été pour cette année garantie par le jugement ‘Biner’ , le club a retiré l’appel au TAS (qui ne portait pas sur le fond…)
    ceci paraît logiquement défendable, d’autant plus que l’indépendance du TAS et fortement mise en cause (surtout en matière foot et cyclisme)

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