Djokovic, le cauchemar de Rafa

La finale la plus longue de l’histoire du tennis est donc revenue au numéro un mondial qui confirme – si besoin en était – qu’il ne laissera à nouveau que des miettes à ses adversaires cette saison. Un match tendu comme on les aime mais où les joueurs sont trop restés scotchés à leur ligne de fond respective : seulement 47 montées au filet sur 369 points, ça fait peu pour une surface dite rapide. On est encore loin du tennis féminin mais cette propension à rester derrière n’est de loin pas excitante…

Nole est toutefois passé très près de la correctionnelle face à son dauphin : à deux sets à un, 4-3 Nole et 0-40 sur le service adverse, la cote de Rafa chez les bookmakers ne devait pas valoir grand chose… Mais s’il est à retenir une chose de ce match, c’est qu’il ne s’est pas joué au physique vu que l’on doit être plus proche des deux heures trente de jeu effectif en prenant en compte le temps que les deux joueurs mettent à servir… Non, le match s’est clairement joué aux tripes et à la peur.Comment expliquer autrement la faiblesse de Novak durant le tie-break du quatrième set ou son incapacité à terminer le match plus tôt ? La crispation qui se lisait sur son visage en début de rencontre l’a probablement hanté tout au long du match, d’où sa réaction d’homme des cavernes après le dernier point. Nadal s’est illustré par sa hargne habituelle qui lui a permis de recoller et d’offrir aux spectateurs de la Rod Laver Arena un dernier set explosif. Mais il faut bien commencer à reconnaître que le Joker a pris le pas sur le Majorquin. Djoko est certes au-dessus de tout le monde mais surtout de Nadal qu’il maîtrise désormais comme ce dernier maîtrise Roger : Nadal est hallucinant sur un terrain mais ne peut rien face au Serbe. Nole était le meilleur sur le terrain et même si le physique ne suivait pas totalement, il a placé la barre terriblement haut pour ses adversaires : regardez ce que je suis capable de faire en étant KO…
Quelques mots sur les demi-finales et notamment sur un Murray qui montre de grandes choses depuis son association avec Ivan Lendl il y a peu. Il n’y a qu’à comparer avec la finale de l’année passée où Murray s’était tout simplement fait balayer par Nole. Cette année il était à deux doigts de se venger : en emmenant le numéro un mondial dans un cinquième set indécis, il a montré qu’il faudrait compter sur lui cette saison : Roger et Rafa sont prévenus, notamment par ses progrès sur surface lente et ceci sans son coach actuel.

Parlons-en de Roger, qui pour moi a perdu son match tout seul contre Rafa. Notamment dans le jeu décisif du troisième set, ou lors du dernier jeu et ce satané lob de défense qui retombe sur la ligne. Avant le match le Bâlois était supérieur, il n’y a pas de doute là-dessus. Mais comme il l’a bien dit lui-même, Rafa se dépasse contre lui. Non ce n’était pas l’un de ces matchs comme par le passé où Nadal pilonnait le revers de Federer qui finissait par craquer. L’Espagnol était prenable cette année, il n’était de loin pas aussi reluisant qu’à son habitude, hormis son final incroyable contre Berdych. Rafa-Roger, c’est une sorte de HCC-LHC en 2008. Le second a tout pour bien faire mais finit par se fourvoyer pour laisser revenir son adversaire. Toujours est-il que Roger peut être satisfait de son tournoi, notamment de ses matches face à Tomic et Del Potro, mais on ne m’enlèvera pas de la tête qu’il était probablement le seul à pouvoir faire tomber Djoko. En réalisant un meilleur tournoi que l’année passée même s’il chute au même niveau, Roger lance bien un début de saison qui ne devrait pas être pire que la catastrophe de l’année dernière.
Et le reste ? Pour continuer sur la même métaphore, on commence à se demander à quoi servent les premiers tours, un peu comme une saison de hockey avant les play-offs. Deux sets perdus par le carré d’as avant les demies : où est la concurrence ? Sur les quatre derniers majeurs, il n’y a qu’une fois où les quatre meilleurs actuels n’étaient pas ensemble pour la parade finale (Wimbledon sans Roger), pire : il faut remonter à Roland Garros 2010 pour ne pas en voir au moins 3 dans le dernier carré. Sans compter qu’il faut remonter à l’US Open 2009 pour voir une autre tête remporter le tournoi (Del Potro). Et vu le niveau de ces gars-là, ce n’est pas prêt de s’arrêter… Où est la relève ? Tomic a montré de belles choses mais il est encore bien trop jeune, Nishikori arrive à maturité, Berdych aime faire peur aux meilleurs mais sans aller plus loin et l’armada française a sombré de la même manière que le Costa Concordia : en se croyant capable de trop de choses. Sans prendre trop de risque, j’imagine facilement que le scénario se répétera sur la terre parisienne. Je parie qu’entre Murray, Djoko, Rafa et Roger il y en aura au moins trois dans le dernier carré, ce qui pose ensuite une autre question : lorsque Roger prendra sa retraite et que Nadal se démontra définitivement le genou… qui sera capable d’assurer le niveau du tennis masculin derrière les deux jeunots ? Personne en l’état actuel. Profitons donc de cette époque dorée du tennis masculin !

Écrit par Nicolas Jayet

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2 Commentaires

  1.  
    non, mais…. le LHC aurait le jeu de Rodger et la Tchaux serait Nadal?? Comme t’abuuuuuuuse nico!
     
    Enfin, j’avouerai que les loz jouent bien à Malley, La Tchaux joue mieux aux Mélèzes… mais mais mais maaiiiiiis, j’ai beau détester Lausanne, je ne m’abaisserais jamais à les comparer à Bouboule 1er l’infâme infâmesque infâmant d’infâmie le tennis mondial. Et si je ne m’abuse, Les loz, ni les tchauxois ne sont chargés, non? rien à voir avec rascar capac!
    😉

  2. « c’est une sorte de HCC-LHC en 2008. Le second a tout pour bien faire mais finit par se fourvoyer pour laisser revenir son adversaire. »
    Les vaudois son décidémment pathétique. Même en parlant de tennis, il faut qu’ils nous remettent une couche avec un club de hockey de 2ème division d’une nation hockey de seconde zone… C’est triste, mais si ça donne un sens à leur vie, tant mieux pour eux…

    Sinon pour le reste, je trouve l’article très bon, je suis du même avis.
    Je rajouterais juste une chose: La domination sans partage des 3 1/2 meilleurs s’explique aussi par le fait que les terrains et les conditions de jeux s’uniformisent: les surfaces se ressemblent de plus en plus, toutes la même dureté et la même vitesse, les finales des tournois indoor ont des toits quand même, etc, etc…
    Avant, il y avait des spécialistes de chaque surfaces, cela faisait marcher la concurrence. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et l’exploit ultime, gagner les 4 grand chelem la même année, qui semblait aussi crédible dans les années 80 que de dire la vérité dans un discours politique, paraît aujourd’hui tout à fait possible, au moins pour un joueur. (gare au goriiiiiile…)
    D’ailleurs Roger a fait 3 1/2 3 fois…

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