A force de pisser dans le sens du vent…

…à la moindre bourrasque, on se faire rincer les dents. Ce LHC a dominé (trop ?) facilement toute la saison régulière et les deux premiers tours de play-off. Et le premier obstacle venu le voit se faire doubler par Langenthal dans une série qui tourne au scénario catastrophe.

Le LHC était une machine de guerre. Imbattable sur le papier, il était devenu l’ogre de la saison, laissant tous ses prétendus rivaux à des années-lumière. D’autant plus redoutable qu’il paraissait habité de cette confiance et d’une communication trop modeste pour ne pas être suspecte. Tous le savaient et répondaient par des formules convenues avec un large sourire en coin : «il y a toujours l’incertitude du sport, prenons match après match» ou «ne vendons pas la peau de l’ours [bernois] avant de l’avoir tué». Seuls les journalistes en mal de sensations fortes osaient se risquer à avancer ce secret de polichinelle : ce LHC-là est taillé pour monter cette année. McSorley lui-même reconnaissait à demi-mot qu’il redoutait d’affronter son futur club en match de barrage. Ambrì avait envoyé Jay-Jay Aeschlimann lors du premier match à Malley pour voir à quoi pourraient ressembler ces fameux Lions. Avec la démonstration du 6-1 initial, il a dû repartir rassuré. Tous les clubs de LNA s’apprêtaient à sabrer le champagne pour fêter le retour tant attendu des indispensables Lémaniques, avant de fermer une bonne fois pour toutes cette foutue ligue.

Mais voilà

Un club que 95% des Suisses seraient bien incapables de placer sur une carte de géographie a eu l’outrecuidance de croire en ses chances. Et pour outrecuider, les Bernois outrecuident. Certes, ils ont la réussite avec eux comme lors de ce troisième match qui s’est joué aux tirs au but. Certes, ils ont une réussite insolente transformant leur nombre incalculable d’occasions de buts, comme au premier d’hier soir (nombre d’occasions compris entre 0 et 2) – cette réussite initiale faisant même suite au poteau trouvé par Ulmer.
Et comme si ça ne suffisait pas, deux joueurs impeccables en play-off jusque-là allaient commettre des bévues aux moments inopportuns : Snell lors de quelques relances dans l’axe en parfaits assists  et Caminada pour son premier et seul rouleau des play-offs (3-4). Si on y ajoute ces petits détails qui ne vont pas dans la bon sens entre deux équipes au niveau très proche, voilà comment se faire enfiler trois matchs de suite. Mais comme le LHC n’a perdu qu’une seule fois trois matchs consécutivement cette saison…

Et pourtant

Et pourtant, à 3-2, rien ne semblait plus pouvoir arriver. Mais les émotions sont passées de l’euphorie irrationnelle au défaitisme implacable. En 74 secondes. Soit le temps pour que le LHC encaisse ces deux buts qui ont douché les espoirs de puck de titre à Langenthal. Au lieu de ça, la défaite y sera interdite.
Le plus cruel est que le banc bernois semble plus à même de faire la différence que celui, pléthorique, des Vaudois. Même avec l’absence de Kämpf (malade), la ligne de Carbis, Weber et Dommen est toujours très dangereuse, marquant même le premier et le dernier but. A l’inverse, la ligne de Dostoinov est en manque flagrant de réussite, malgré l’essai encourageant d’y placer Helfenstein à la place de Sigrist. Au sein du premier bloc, un gratteur physique et capable d’aller devant le but complète idéalement les deux étrangers, ce qui permet à Helfi de faire la différence dans une autre ligne.

Les capitaines ne sont pas à la fête dans cette finale. Conz sorti sur blessure sur le premier match (son absence se fait de plus en plus cruellement sentir, notamment pour son leadership), c’est Tschannen qui a été malmené hier. Allongé d’abord en fin de deuxième tiers, il a reçu un puissant tir sur la jambe au troisième, ce qui l’a manifestement gêné pour la fin de la partie.
La séquence émotion aura sans conteste été le magnifique tifo lausannois en l’honneur de son 54 préféré. A n’en pas douter, le guerrier Staudi n’a pas dit son dernier mot et mettra un point d’honneur à ce que cette défaite ne soit pas son dernier match à Malley.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne HC – Langenthal 3-4 (1-1 0-1 2-2)

Malley, 7581 spectateurs.
Arbitres : MM. Reiber et Rochette.
Buts : 6e Carbis (Dommen) 0-1, 17e Bonnet (S. Fischer, Wirz) 1-1, 24e Campbell (Kelly, Tschannen/5c4) 1-2, 44e Genoway (Leeger, Setzinger/5c4) 2-2, 48e Setzinger (Helfenstein, Ulmer) 3-2, 53e Kelly (Tschannen, Guyaz) 3-3, 54e Carbis (Dommen) 3-4.
LHC : Caminada; Kamerzin, Chavaillaz; Reist, Snell; Leeger, J. Fischer; Antonietti, Augsburger, Staudenmann; Sigrist, Dostoinov, Ulmer; S. Fischer, Bonnet, Wirz; Helfenstein, Genoway, Setzinger.
Langenthal : Eichmann; Schefer, Müller; Cadonau, Guyaz; Steiner, Leuenberger; Carbis, Weber, Dommen; Hobi, Bodemann, Gruber; Mike Wolf, Chatelain, Holenstein; Kelly, Campbell, Tschannen.
Pénalités : 5×2’ contre le LHC. 6×2’ contre Langenthal.
Notes : LHC sans Conz (blessé), Stalder (malade), Borlat et Le Coultre (Elite), Barbero, Bishai et Mottet (surnuméraires). Langenthal sans Braegger (blessé) et Kämpf (malade).

Écrit par Yves de St-Aÿ

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10 Commentaires

  1. Ce qu’il y a de bien avec le LHC c’est que ce club a une incommensurable propension à se foutre dans la merde alors qu’on voit enfin le bout du tunnel.

    Ce qu’il y a de bien (bis) c’est sa capacité à se sortir de la-dite merde alors qu’on y est jusqu’au cou et que personne ne s’y attend.

    Ce qu’il y a de moins bien par contre, c’est sa capacité à s’auto-saborder après avoir cravaché comme des malades pour sortir la tête de l’eau (ou de la merde pour rester dans le thème)

    Si cette fois on pouvait s’en sortir mais éviter l’ultime étape (qui consiste à se saborder, pour ceux qui suivent) ce serait pas un luxe.

    Mais moi j’y crois ! C’mon boys !

  2. « Tous les clubs de LNA s’apprêtaient à sabler le champagne pour fêter le retour tant attendu des indispensables Lémaniques, avant de fermer une bonne fois pour toutes cette foutue ligue. »

    Au début ca passait encore pour une gentille provocation. Mais à force de le répéter dans TOUS tes articles ou presque… on va finir par penser que tu y crois vraiment!!

  3. Qu’est-ce que j’avais dit après la défaite aux penos???

    La confiance et la chance ont changé de camp, la rage et la volonté aussi.

    Demain on se sait fesser comme vendredi soir.

    Et ça me fait bien ch… de devoir l’écrire.

    Ici c’est Lausanne, ville de losers.

  4. Bon article, bien écrit. Petite remarque pour l’auteur :
    Sabler le champagne : signifie « descendre cul sec », à ne pas confondre avec la situation actuelle: se faire mettre… à sec.
    Sabrer: célébrer, symbolise la puissance et la virilité (exhibée par les soldats napoléoniens qui, après une victoire au champ de bataille, se faisaient une petite coupette de champagne en sabrant une bouteille)
    Merci ki : wiki

    Au passage, j’espère bien que le LHC fera un beau come back et Sabrera le champagne. Au contraire de beaucoup de mes semblables, cela fait 9 ans que j’attends votre retour dans la LNA pour de vrais derbys lémaniques.

    Good luck
    van’s (speaker GSHC)

  5. Il y a un manque d’imagination tactique et schémas de jeu Lausannois face à une équipe bernoise, non seulement bien organisée avec en plus un excellent gardien, dont les attaques mettent dans le vent régulièrement les vaudois.

  6. @van-s

    Ah c’est toi le speaker????

    Faudra vraiment penser à changer la sono parce qu’il y a des fois… On comprend pas vraiment ce que tu dis 😀

  7. C’est pourtant simple la sono des Vernets.
    T’enlèves toutes les consonnes et ça donne :
    ooooaaaaaaaaaauu quand ils marquent ! (ça ressemble à goal quoi ) 🙂

    bonne suite
    van-s

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