Fortuna Punkeldorf

Blitzkrieg Bop des Ramones à la mi-temps, Tage wie diese de Toten Hosen pour célébrer la victoire à la fin du match et l’émeute jusqu’au bout de la nuit au Anton’s Bierkönig local : malgré l’aspect un brin aseptisé de l’ESPRIT Arena, Düsseldorf est bien la destination la plus punk rock du foot allemand. Hey ! Ho ! Let’s go !

En Allemagne, l’un des tubes de l’année 2012 c’était Tage wie diese du groupe de punk rock gentillet Die Toten Hosen, auxquels on doit des morceaux d’anthologie de la musicographie germanique comme Zehn kleine Jägermeister ou Wir würden nie zum FC Bayern München gehen. Ode hédoniste à quelques jours heureux, Tage wie diese est devenu la chanson de ralliement des supporters allemands après chaque victoire de la Mannschaft à l’Euro et a servi d’hymne officieux des fans du Borussia Dortmund pour commémorer ces trois journées magiques entre toutes qui entouraient le triomphe en Coupe d’Allemagne contre le Bayern. Mais là on était en pleine usurpation car Tage wie diese « appartient » en fait au Fortuna Düsseldorf dont les fans apparaissent d’ailleurs dans le clip. En effet, Campino, chanteur emblématique des pantalons morts, est un fan invétéré des Flingeraner qu’il avait d’ailleurs soutenus financièrement lorsque le club flirtait avec la faillite en troisième division.  Normalement, outre-Rhin, la coutume est de passer la chanson phare du club avant le match, avec des dizaines de milliers d’écharpes qui se tendent. A Düsseldorf, en revanche, on attend la fin de la rencontre pour diffuser le Tage wie diese, ce qui ne manque pas de panache car, pour le néo-promu, la victoire n’a jamais rien d’une évidence et le risque que le tube de Toten Hosen tombe à plat après une défaite est assez élevé. Par contre, c’en est que plus beau après une victoire comme cela a été le cas contre Stuttgart.

Made in Australia

Ce sont deux équipes en mal de confiance qui s’opposaient samedi puisque tant Düsseldorf que Stuttgart ont entamé leur deuxième tour par deux défaites. L’entraîneur des Flingeraner Norbert Maier a d’ailleurs pas mal remodelé son équipe par rapport à la défaite subie une semaine auparavant à Mönchengladbach mais je te passe les détails. Les changements ont porté leurs fruits car Fortuna réussit une bonne entame de match, sans génie certes, mais avec beaucoup de détermination et de combativité. En face, Stuttgart apparaît sans envie, sans émotion et sans mordant. Et, en football, tout est généralement plus simple pour l’équipe, fut-elle intrinsèquement inférieure, qui gagne les duels. Düsseldorf place une première banderille avec un tir sur le poteau du récent transfuge d’Hambourg Tesche avant de voir sa domination logiquement récompensée : après un coup franc de Ken Ilsö dans le mur, le ballon revient sur Robbie Kruse qui ouvre le score en profitant d’une main pas assez ferme du gardien souabe Sven Ulreich. L’Australien va doubler le score d’un but plein d’opportunisme suite à un ballon perdu par Kvist et une bonne ouverture d’Ilsö.    

Les rois de la buvette

Ce score mérité de 2-0 à la pause comblait bien sûr l’ESPRIT Arena laquelle n’est pas, contrairement à certaines blondes croyances, un supermarché de vêtements mais le superbe stade du Fortuna Düsseldorf. On regrettera juste un aspect et des abords un peu froids, perdus dans l’immensité de béton de la Messe düsseldorfoise. Par contre, on lui décerne la palme du débit le plus rapide d’Allemagne aux buvettes du stade, j’ai largement eu le temps de regagner ma place avec les stocks de Warsteiner et de Frankenheim Alt de la deuxième mi-temps pour entendre la sono diffuser le mythique Blitzkrieg Bop des Ramones. C’est pour moi l’occasion de rappeler mon âge canonique en expliquant que je fais partie des privilégiés qui ont eu la chance de voir Joey, Johnny, C.J., Marky et consorts en live avant que le groupe ne soit décimé par une vague de décès.

Décevant Stuttgart

Après une première mi-temps assez désolante, on attendait une réaction du VfB Stuttgart mais c’est resté bien timide, malgré les deux changements opérés par l’entraîneur Bruno Labbadia durant la pause. Certes, le VfB va réduire le score sur un joli débordement d’Ibrahima Traoré ponctué d’un centre au cordeau repris par le très précieux Christian Gentner mais ce fut à peu près tout. Pourtant, avec la défense bout de bois de Düsseldorf, une mauvaise surprise n’était pas à exclure et il y a eu quelques situations chaudes pour donner l’une ou l’autre sueur froide au public local mais le Fortuna est rapidement reparti à l’offensive, avec notamment un coup franc d’Ilsö bien détourné par Ulreich. Et les Flingeraner vont profiter d’un nouveau cadeau adverse, un ballon perdu par Tasci, pour se mettre définitivement à l’abri : le joker Oliver Fink a tout loisir de s’avancer sans être inquiété avant d’armer une frappe victorieuse sur laquelle le gardien Ulreich n’a de nouveau pas bonne mine. C’est en passe de devenir un cas pathologique, cette propension du VfB Stuttgart à systématiquement foirer ses premiers matchs de chaque tour. Les Souabes ont intérêt à réagir très rapidement, sinon le train de l’Europe va partir sans eux.  

Lumpi ist mein Kapitän

Düsseldorf obtient là un succès d’autant plus précieux que les autres candidats potentiels à la relégation ont tous comptabilisé des points ce week-end. Le maintien est encore loin d’être acquis mais, si techniquement cela reste assez fruste, l’allant et la volonté, parfaitement symbolisés par la capitaine Andreas « Lumpi » Lambertz, démontrés contre Stuttgart incitent à un optimisme modéré. Pour être franc, on n’attendait pas grand-chose de ce Düsseldorf – Stuttgart, c’était surtout un hors d’œuvre avant le choc Leverkusen – Dortmund. Mais, au final, on a vécu un bel après-midi ensoleillé de football avec un match assez vivant et une superbe ambiance. Et, pour ne rien gâcher, l’émeute jusqu’au bout de la nuit au Anton’s Bierkönig local, même si j’y ai perdu contre une fille 3-1 (décidemment, le score du jour) au jeu de celui qui fait tomber le moins souvent sa capsule en buvant des Kleiner Feigling selon le rituel sacré. Il faut croire que je manquais un peu d’entraînement mais je n’ai pas dit mon dernier mot : vu le programme des réjouissances à venir, ça devrait être une série au moins au meilleur des neuf manches, la prochaine ce week-end au carnaval à Köln. Ce deuxième tour de Bundesliga part vraiment sur les chapeaux de roue et ce n’est pas pour nous déplaire. Hey ! Ho ! Let’s go !

Fortuna Düsseldorf – VfB Stuttgart 3-1 (2-0)

ESPRIT Arena, 44’153 spectateurs.
Arbitre : M. Stark.
Buts : 10e Kruse (1-0), 37e Kruse (2-0), 60e Gentner (2-1), 76e Fink (3-1).
Düsseldorf : Giefer; Balogun, Latka, Malezas, van den Bergh; Bodzek, Tesche; Reisinger (80e Schahin), Kruse (90e Bellinghausen), Lambertz; Ilsö (67e Fink).
Stuttgart : Ulreich; Sakai, Tasci, Felipe Lopes, Molinaro; Gentner, Kvist; Torun (71e Okazaki), Hajnal (46e Traoré), Holzhauser (46e Macheda); Ibisevic.
Cartons jaunes : 12e Malezas, 39e Sakai, 55e Kruse, 66e Kvist, 80e Felipe Lopes.
Notes : Düsseldorf sans Bruno Soares, Langenecke, Cha, Garbuschewski, Rafael ni Voronin (blessés), Stuttgart sans Harnik (suspendu), Boka, Audel, Bah, Cacau ni Hemlein (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Excellent compte rendu comme toujours! Fortuna Düsseldorf qui jouait déjà à l’Esprit Arena en Dritte Liga… Public bien chaud, ambiance de feu et après-match torride…une bonne adresse Düsseldorf!

  2. Je tiens juste à préciser que ce n’est pas moi qui ai pensé ne serait-ce qu’une seule seconde que l’Esprit Arena pouvait être un centre de shopping 😉
    Par contre je suis bel et bien celle qui ai gagné au jeu des Feiglings =)
    A part ça, vraiment cool le match, surtout qu’on attendait pas autant de buts.

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