C’est reparti !

A peine rentrés au travail et à s’engueuler avec les collègues fraîchement rôtis au soleil du sud de la France que le championnat le plus relevé d’Europe et des Balkans a repris ses droits. Vainqueur à la Klotenoise la saison dernière, les Lions zurichois vont tenter de remettre ça alors que d’autres sont voués à un long et douloureux pensum dans le seul but de sauver leurs miches. Petit tour d’horizon par ordre analphabétique des forces et faiblesses en présence, sauf Bienne qui a déjà eu la chance d’avoir sa propre présentation.

Genève-Servette

Tant que Chris McSorley sera à la bande des Grenat, ces derniers n’auront rien à craindre sportivement et administrativement. Et ce n’est pas les jérémiades et autres pleurnicheries dans les médias et la méchante ville de Genève qui vont changer quoi que ce soit. Nous pouvons ergoter longtemps sur les pertes abyssales des Genevois et leur petite cuisine comptable, la présomption de culpabilité n’existe pas dans nos contrées. Même en ayant le «plus petit budget de la galaxie», l’Ontarien partage avec Kevin Schläpfer le don de faire le maximum avec le minimum et son coup d’œil n’a pas son pareil à part quelques petites erreurs de casting. Un mur en béton armé devant le filet, un excellent top-4 derrière ainsi que deux lignes performantes, c’est largement suffisant pour éviter le bide de la saison passée.

Fribourg-Gottéron

Ils sont beaux, ils sont forts et ils vont encore gagner un nouveau titre national. «Un de plus» assènent fièrement leurs plus fervents supporters (pas ceux qui utilisent le prétexte des matches amicaux pour montrer toute l’étendue de leur intelligence). Habitués à la huitième place arrachée sur un coup de dé lors de la dernière journée, les Fribourgeois ne se sentent plus pisser à l’idée d’être enfin considérés comme des prétendants au haut du tableau. Seulement voilà. La saison qu’ils ont survolée du haut de leur troisième place s’est non seulement soldée par une classique et cinglante beigne en demi-finale contre Berne, mais elle a surtout été la conséquence d’une concordance de circonstances qui semblent difficilement reproductibles.
Car malgré l’une des plus faibles défenses du championnat, «Cristo» Huet a tenu la baraque et a permis que les buts inscrits par la meilleure ligne suisse du championnat (Sprunger-Bykov-Plüss) ne soient pas annihilés par des rouleaux encaissés dans la foulée. Est-ce que Conz pourra être la même assurance tous-risques ? Possible, mais pas garanti. L’une des autres grandes inconnues sera le risque de blessures dû à la multiplication des matches (Spengler, European Trophy) pour le multi-commotionné Sprunger ou pour Gamache, toujours meurtri d’avoir été effleuré par son peigne. Avec certainement deux étrangers alignés en attaque, Gottéron va devoir compter sur le rendement de ses tauliers Dubé et Jeannin.

SC Berne

L’habitude d’aller se servir chez les joueurs surcotés de Genève, pour permettre à McSorley de clôturer son budget sans qu’il ne manque trop de 0, a la vie dure. Même l’expérience Déruns ne les a pas calmés, à tel point que les Bernois récidivent avec Randegger et Rubin. Admettons que ce ne soit cette fois pas la pire des pioches, mais de là à s’auto-saborder en y adjoignant Collenberg de Fribourg, fallait le faire (ou pas). Malgré tout, tout le monde s’accorde à placer les Ours en tête des pronostics d’avant-saison. La force de l’habitude ou le pari sur le lock-out américain ? En tous les cas, Berne a su tirer son épingle du jeu en convaincant Streit et peut-être son joyau maison Josi. La défense serait alors la meilleure du pays, si l’on ajoute Roche, Jobin et Furrer.

Avec encore un renfort «NHL» en attaque du style de Brière, associé à Danielsson et Ritchie, Berne aura effectivement une équipe taillée pour viser le titre. Oui mais Bührer ? On a beau tourner le problème dans tous les sens, l’obstination de Sven Leuenberger à maintenir contre vents, marées, échecs et rouleaux son portier confine à la fuite en avant. A l’inverse, le pari de la jeunesse est largement gagné avec Vermin et Bertschy, auxquels on peut ajouter Pascal Berger. Le club de la capitale n’aura pas le droit à l’erreur et le poste de Törmänen pourrait être très rapidement menacé.

SCL Tigers

Mine de rien, Langnau a fait son trou dans l’élite. La présence de John Fust à la barre y est certainement pour beaucoup. Et l’un des handicaps de la saison dernière, avec une licence étrangère utilisée pour un Esche bien inconstant, a été brillamment résolu avec un double engagement intelligent: les portiers Bäumle et Giovaninni. Le jeune gardien, ancienne doublure de Genoni à Davos, pourrait s’affirmer à terme comme l’un des meilleurs du pays. Pour le reste, le recrutement estival n’a pas fait de bruit, récupérant Jacquemet de l’ancien relégable (mais sauvé quand même) Kloten, Adrian Brunner et Froidevaux de Berne et fait pour le reste confiance à leur prolifique mouvement junior, donnant leur chance à quatre joueurs du cru. Comme pour rappeler que ce club, aussi discret que peu sexy, est une pépinière essentielle pour le hockey sur glace helvétique. Simon Moser sur les plots un moment et avec seulement trois étrangers actuellement sous contrat, il ne serait pas surprenant que les Emmentalois se renforcent Outre-Atlantique. Même si au final, une place en play-off semble très compromise.

EV Zoug

Zoug, son lac calme comme un miroir, ses jardins taillés au millimètre près, son paradis fiscal et ses entreprises fantoches drainant une population morale trois fois supérieure à la population physique. Nous ne disons pas que c’est moche, mais on s’y fait sacrément chier comme dans les trois-quarts de la Suisse. Cette année, l’attraction des bouffeurs de tartes à la cerise sera sans conteste Linus Omark, LE transfert marquant de cette saison. Mettez-lui 2 aiguilles à tricoter à la place de sa canne qu’il va vous pondre 5 napperons en dentelle de 20 mètres carrés en moins de 3 nanosecondes. Un joueur transpire déjà à l’idée de l’affronter : le fébrile Bührer. Le remplacement de Damian Brunner est loin d’être assuré, mais nul doute qu’il reviendra vite par ici, un juteux contrat de longue durée dans la poche et une belle petite maison avec vue sur le lac après n’avoir pas eu sa place dans le premier bloc des Red Wings. Cela dit, si Josh Holden ne fait pas du Josh Holden, les Zougois joueront le haut du tableau.

EHC Kloten

Cela faisait depuis quelque temps que ça leur pendait au nez, mais on ne laisse pas crever comme ça un générateur universel de grands talents venant régulièrement alimenter les cadres de l’équipe suisse – bon, il faudrait d’abord veiller à ne plus se faire ridiculiser par la France à l’avenir car ça ne sert à rien. Rapperswil ou Genève, là on pourrait laisser aller sans sourciller. Aux chiottes donc les conflits d’intérêts et autres dangers de collusion, de même que l’opinion publique puisque que c’est l’ancien directeur de la Ligue qui est venu jouer les pompiers. Les aviateurs se sont tout de même bien fait saigner dans l’aventure et les cupides sont allés voir ailleurs même en poussant le vice de rejoindre les rangs du rival zurichois. Avec un effectif exsangue, les ambitions seront plutôt limitées au Schüefweg (la rédaction s’accorde le droit de ne pas mentionner des compagnies d’assurances maladie et autres entreprises nuisibles pour le bien-être de ses concitoyens).

ZSC Lions

Bob Hartley, le principal artisan du titre étonnant décroché par les Zurichois, est logiquement parti rejoindre la Ligue Nationale et la confirmation risque d’être un peu compromise. Cependant, cela reste du lourd : Tambellini, Ambühl, Bärtschi, Wick, sans compter Blindenbacher et Seger derrière pour permettre au jeune Flüeler de souffler un peu. Même si les nouveaux mercenaires du Hallenstadion ne sont guère connus par ici, le directoire zurichois s’est rarement trompé sur ses choix en matière de recrutement. Favori ? Non. Mais les Lions ont de quoi emmerder pas mal de monde cette saison.

HC Ambri-Piotta

Encore sauvé ! Ayant facilement passé l’épreuvre du barrage, les Léventins ne sont jamais aussi dangereux qu’en danger de mort. Maxim Noreau aurait parfaitement pu prétendre à un brillant avenir au sein de l’organisation du Minnesota à la ramasse sur le plan défensif, mais il a préféré jouer les altruistes au fin fond du massif du Gothard. Le sauvetage est encore plus respectable que les Luganais ont fermé le robinet de la perfusion des Biancoblu. Jouer avec le cœur (© Christian Maillard), ça va un moment mais Ambri-Piotta ne pourra éternellement compter là-dessus pour se tirer d’affaire. Ce serait très dommageable pour un monument du hockey suisse, mais maintenant nous sommes en Amérique : les plus forts survivent, les plus faibles meurent.

HC Lugano

Les Tessinois ont toujours été le club le plus impronostiquable de la LNA et ce n’est pas demain que ça va changer. On pourra toujours rétorquer que leur ossature demeure globalement inchangée mais l’alliage de ses composants possédant des propriétés toujours aussi obscures leur fait faire n’importe quoi n’importe quand. Une bribe de réponse est à aller chercher sur le rendement des cadres vieillissants des Luganais, mais ce n’est même pas suffisant pour aller esquisser un plan de route qui, au pire, ne sera pas forcément déterminant pour ne pas finir au fond du lac avec quelques boîtes noires dans le coffre.

SCRJ Lakers

Franchement pas grand chose à dire sur le club le plus inutile de l’élite. Les anciennes gloires vont comme d’habitude traîner leur spleen sur la glace faute d’ambitions plus élevées que le simple sauvetage en LNA, les meilleures gâchettes s’en sont logiquement allées où le barillet est en meilleur état, et tout ce beau monde va bien finir par s’engueuler dans les vestiaires en espérant une libération prochaine. Un public insignifiant pour un intérêt identique à celui du water-polo en chaise roulante. Une belle patinoire, un beau maillot, oui, mais une équipe terrible.

HC Davos

Grâce à Gary Bettman et ses sbires, avec l’aimable participation de l’association des joueurs et celle des propriétaires, il ne va pas y avoir de NHL avant l’année prochaine dans le meilleur des cas. Du coup, on sait déjà qu’Arno del Curto a spéculé sur une éventuelle grève afin de faire revenir dans les Grisons Joe Thornton et Rick Nash (au moins) pour conquérir un titre qui serait bien trop facile à obtenir. De toute façon, il retiendra cette option en 2435 lors du 132e conflit entre pauvres joueurs payés au lance-pierre et tristes propriétaires au bord de la ruine. Du coup, il faudra également compter sur une armada tchèque qui a déjà prouvé sa valeur, à condition que Sýkora ne finisse pas en mille morceaux.
Photo titre Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Mathieu Nicolet et Yves de St-Aÿ

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2 Commentaires

  1. « Même si les nouveaux mercenaires du Hallenstadion ne sont guère connus par ici, le directoire zurichois s’est rarement trompé sur ses choix en matière de recrutement. »

    Ryan Shannon et Gilbert Brulé des inconnus ?

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