Le grand remue-ménage

La période du mercato a souvent été agitée du côté de Tourbillon, cette année ne déroge pas à la règle. Avec des arrivées en cascade et des départs en flux continu, on se réjouit de voir comment le patchwork made in CC va «lutter contre la relégation».

Yartey & Co

Sion a changé de cap. Fini les vieilles gloires et les champions du monde d’une autre époque, place à la jeunesse et à la fougue. Ce mercato insuffle un esprit nouveau à un groupe dont seuls quelques éléments ont survécu. L’implosion de la fin de saison passée a poussé notre président à prendre les choses en main. Dans son ingérence habituelle, il s’est autoproclamé directeur sportif afin de légitimer une campagne de transferts qu’il taillait auparavant depuis les coulisses.
Notre penseur cantonal s’est même prêté au jeu d’un journal de trottoir suisse-allemand qui lui a fait signer une décharge qui affranchissait tous les autres acteurs du club d’une quelconque responsabilité dans le possible naufrage du rafistolage annuel sédunois. Constantin est donc seul maître à bord et répondra de ses actes et cas de nouvelle désillusion. Il a nommé l’entraîneur, lui fait confiance, transféré les joueurs et fera sans doute la composition. Il l’a attesté, il ne remettra pas la faute sur autrui comme par le passé. On se réjouit de voir ça !
Mais force est de constater que l’effectif est séduisant et semble équilibré. L’arrivée de Ferati offre un patron en défense et son association avec Vanczak pourrait stabiliser une arrière-garde friable depuis la retraite sportive de Dinsdag mi-2011. L’engagement de Rüfli et Pa Modou relèvent probablement plus d’opportunités ponctuelles que de choix sportifs, on se réjouit tout de même de voir l’ex-Grenat et l’ex-Saint-Gallois animer leurs côtés. Les ailes, qui manquaient cruellement de poids, voient l’arrivée de Yartey et Christofi plutôt positivement, le Chypriote apparaissant comme la possible révélation de ce mercato. La signature attendue d’un roumain au milieu est par contre superflue avec le probable non-départ de Darragi.
Reste à faire une place aux jeunes dans cette valse d’arrivées. La politique clamée haut et fort par notre président chéri s’essoufflerait-elle déjà ? Car promouvoir sept jeunes, c’est beau. Les faire jouer et progresser, c’est mieux ! Les postes sont doublés, souvent par d’autres joueurs que des jeunes, et l’effectif compte aujourd’hui plus de trente éléments. Quel sera la réelle place des jeunes ? Seule CC détient la réponse.

Digérez la pilule

La traditionnelle campagne d’abonnement bat actuellement son plein, ou son vide, c’est selon. Avec la nouvelle politique pour le gradin nord, nombreux sont ceux qui refusent (à raison) d’entrer dans le jeu du club et qui vont donc boycotter la campagne d’abonnement pour ce secteur. Le club, sous couvert d’arguments sécuritaires, a décidé d’enterrer toute une frange de supporters en rendant cette mythique portion de Tourbillon simplement inaccessible pour le supporter lambda. Le gradin le plus fidèle est donc condamné à lentement disparaître, ses groupes de supporters recevant un gros doigt d’honneur dans la face.
Je trouve détestable que le club mente délibérément à ses supporters en affirmant que ces mesures visent à renforcer la sécurité. Cette politique est une réaction autoritaire et répressive aux contestations qui ont visé le club lors de sa débâcle printanière et plus particulièrement son président et sa folie mégalomaniaque et démagogue. Le club ferait mieux d’affirmer que «Constantin n’aime pas être contesté donc il empêche les gens qui le contestent de venir au stade» plutôt que de prendre les gens pour des cons en maquillant  la réforme et en essayant de nous faire avaler la pilule. Sion préfère jouer devant 1500 supporters de moins plutôt que d’entendre ces derniers pester contre le Dieu CC. Très bien ! C’est un choix qui peut se défendre, mais n’essayez pas de le faire passer pour autre chose qu’une décision unilatérale et clairement exagérée.
Les groupes de supporters ont déjà annoncé leur boycott et je connais peu d’abonnés qui m’affirment vouloir racheter leur sésame cette année. Sion s’apprête donc à jouer dans un stade sans âme, d’où les chants ne raisonneront plus. La puissance financière du club a eu raison de la passion de ses supporters. Bien triste épilogue dans un club qui se voulait le reflet de son engouement populaire.

Écrit par Raphaël Zumofen