Le FC Saint-Gall en quinze questions

Révélation de la saison écoulée avec une troisième place en temps que néo-promu, le FC Saint-Gall va maintenant devoir confirmer. La tâche s’annonce ardue après le départ du meilleur buteur du dernier championnat, Ezequiel Scarione. Une immense perte, dont on n’est pas sûr qu’elle puisse être comblée.

Quels objectifs ?

Je pense que même les fans les plus fervents du FC Saint-Gall sont conscients qu’il sera difficile de faire aussi bien que la saison passée. On ne perd pas sans dommage un joueur de la classe de Scarione et l’effet promotion ne fonctionnera plus. Rester dans la première moitié du classement et lutter pour une place européenne plutôt que contre la relégation serait déjà une belle satisfaction, surtout quand on connaît le parcours en montagne russe du club depuis qu’il a inauguré son nouveau stade.

Quels sont les points forts ?

Après deux ans de succès, Saint-Gall nage en pleine euphorie, porté par l’un des meilleurs publics du pays. Le secteur défensif n’a pas trop bougé autour des Lopar, Besle, Montandon, Stocklasa et autres Mutsch et c’est plutôt une bonne nouvelle puisque les Brodeurs disposaient de la troisième défense du dernier championnat, avec seulement cinq petits buts d’encaissés de plus que le champion bâlois. C’est déjà une bonne base pour repartir dans le nouveau championnat. Le club n’est pas resté inactif sur le marché des transferts et s’est même attaché des joueurs qui possèdent tous quelques références au niveau du championnat suisse ; l’entraîneur Jeff Saibene va se retrouver avec l’un des contingents les plus étoffés et des solutions de rechange pour tous les postes ou presque, ça lui laissera une certaine marge de manœuvre si certains ne confirment pas leurs bonnes performances de la saison passée.

Quels sont les points faibles ?

Evidemment, le gros souci, c’est le départ d’Ezequiel Scarione. Avec 21 buts et 8 assists, l’Argentin était le joueur dominant du dernier championnat, impliqué sur plus de la moitié des 54 buts saint-gallois de la saison passée. Avec son départ, c’est toute l’offensive qui est à repenser et on doute que les Brodeurs retrouvent un élément capable de leur amener quasiment un but par match. Privée de son leader, l’équipe risque de connaître un dur retour sur terre, surtout qu’elle a quand même évolué en surrégime la saison dernière dans l’euphorie de la promotion. Certains joueurs, comme Mathys ou Cavusevic, avaient déjà un peu calé au cours du deuxième tour et d’autres pourraient également descendre de leur nuage. N’oublions pas qu’y a douze mois, la plupart des observateurs promettaient à cet effectif composé en majorité de has been et de routiniers de LNB les affres de la lutte contre la relégation.

Quelles sont les inconnues ?

La grande inconnue, c’est bien sûr le remplacement d’Ezequiel Scarione. A priori, aucune des trois nouveaux joueurs offensifs ne pourra remplacer l’Argentin poste pour poste, il faudra voir dans quelle mesure l’entraîneur Saibene modifie son système, surtout qu’il déplore aussi les départs – certes moins dommageables – d’Ishak et Etoundi. Dès lors, comment Saint-Gall va-t-il s’y prendre pour marquer des buts ? De la réponse à cette question va dépendre une bonne partie des ambitions vertes et blanches cette saison car on sait que c’est plus facile de bien défendre quand tes attaquants peuvent régulièrement te donner l’avantage au score que lorsque tu dois supporter tout le poids du match en défense.

Quels sont les joueurs à suivre ?

Saint-Gall sort clairement gagnant de l’échange Regazzoni-Wüthrich et l’ancien Xamaxien pourrait enfin avoir trouvé un contexte favorable pour exploiter à plein son immense potentiel. Marco Mathys va tenter de retrouver l’état de grâce qui l’avait porté aux portes de l’équipe nationale l’an dernier. C’est à ce duo que Saint-Gall confiera la création du jeu à mi-terrain. Les expérimentés Besle, Montandon, Nushi, Mutsch et Nater devront eux garantir la stabilité de l’édifice. On aura également un œil sur les performances des jeunes Roberto frère de Ricardo Rodriguez et Dejan Janjatovic, formé au Bayern Munich et qui compte quelques sélections en M-18 et M-19 allemands. Un peu moins jeunes, Lenjani, Demiri et Russo tenteront de se faire une place au soleil en LNA.

Quels seront les flops ?

Il est clair que les flops potentiels sont a priori à chercher dans ceux qui sont censés remplacer Ezequiel Scarione. Ile ne seront pas trop de trois pour tenter de faire oublier le meilleur buteur du dernier championnat : Alhassane Keita, Matias Vitkieviez et Goran Karanovic.

Peut-on remplacer le meilleur buteur du championnat en ruclonant la pire attaque de la ligue ?

Suppléer le meilleur buteur du championnat en allant puiser dans la pire attaque du même championnat, le pari est osé. Avec ses 29 «points», Scarione a fait presque aussi bien que les 32 buts inscrits par toute l’équipe de Servette en 2012-2013 ! C’est dire si la tâche de Matias Vitkieviez et Goran Karanovic s’annonce ardue. Surtout que tous deux sortent d’une saison compliquée, tant sur le plan personnel que collectif. Si l’euphorie qui prévaut depuis deux saisons à l’AFG-Arena perdure et qu’ils arrivent à s’en imprégner, cela peut constituer une superbe opportunité pour eux de se relancer. En revanche, si Saint-Gall plonge au classement, les successeurs de Scarione risquent forcément de jouer les boucs émissaires et de prolonger leur spleen servettien. Le troisième renfort offensif, c’est Alhassane Keita qui avait laissé un souvenir assez lumineux à Zurich mais cela commence à dater. Depuis qu’il a quitté le Letzigrund en 2006, le Guinéen s’est un peu perdu entre Espagne et pays du Golfe, on ne sait pas du tout quel sera son niveau et si, à 30 ans, il va toujours aussi vite. A priori, ce n’est pas tout à fait le même profil que Scarione, il joue davantage dans la profondeur, son intégration au jeu saint-gallois est tout sauf évidente. Saint-Gall tente un triple pari risqué pour remplacer son buteur vedette, il n’avait sans doute pas les moyens de faire plus.

Des lendemains qui déchantent ?

Si tu es fan du FC Saint-Gall, non seulement tu portes une affreuse perruque verte, mais en plus tu es assuré de vivre des émotions, bonnes ou mauvaises, chaque saison. Depuis qu’il a quitté son bon vieil Espenmoos sur une relégation qui avait poussé les supporters à démarrer eux-mêmes les travaux de démolition du stade, le plus vieux club du pays connaît une trajectoire en dents de scie, alternant joies et désillusions, avec en prime quelques soucis financiers pour pimenter la combine : relégation en 2008, promotion en 2009, sixième et demi-finaliste de la Coupe en 2010, relégué en 2011, promu en 2012, troisième en 2013. La saison tranquille dans le ventre mou du classement, on ne connaît pas trop en Suisse Orientale. Après deux années de succès ininterrompus, la logique voudrait que les Brodeurs connaissent à nouveau une année difficile, voire une relégation. On ne croit guère à la dernière hypothèse mais, dans un club ou l’émotionnel joue un rôle important et où l’on n’a pas toujours pris les bonnes décisions en périodes de crise, l’éventualité ne peut être totalement exclue.

La deuxième Coupe, c’est enfin pour cette année ?

A priori, Saint-Gall c’est le genre de club qui a le profil pour la Coupe : un club de province qui n’a pas forcément les moyens pour régater sur la longueur d’un championnat mais taillé pour des exploits ponctuels avec le soutien d’un formidable public. Et pourtant, depuis un succès en 1969 contre Bellinzone, les Brodeurs attendent toujours leur deuxième Coupe de Suisse ; ils sont même devenus les spécialistes des occasions manquées. Il y a eu une finale perdue contre YB en 1977 et surtout la plus mythique d’entre toutes les finales, la défaite en 1998 contre Lausanne après avoir mené 2-0 et raté le pénalty du 3-0. Cette défaite mortifiante semble avoir tétanisé les Saint-Gallois qui n’osent plus y retourner puisqu’ils ont également subi deux échecs cuisants à domicile en demi-finale contre des adversaires de LNB, le voisin Wil en 2004 et Lausanne en 2010.  Est-ce que cette année, Saint-Gall vaincra le signe indien et retrouvera la finale, seize ans après le jour de grâce du 1er juin 1998 ?

Les internationaux saint-gallois se réserveront-ils pour la Coupe du Monde ?

Cela en surprendra plus d’un mais Saint-Gall est l’un des clubs en Suisse qui compte le plus d’internationaux dans ses rangs. En année de Coupe du Monde, cela peut avoir une influence, soit en poussant les joueurs concernés à se surpasser pour justifier leur sélection, soit en jouant sur une jambe pour garder des forces pour le Mondial. Cela ne devrait toutefois pas trop perturber la saison des Saint-Gallois car les chances de Stocklasa le Liechtensteinois, Mutsch le Luxembourgeois, Nushi le Kosovar ou Keita le Guinéen d’aller au Brésil paraissent plutôt réduites. Finalement, la meilleure chance des Brodeurs d’être représentés en Coupe du Monde, ça reste Matias Vitkieviez avec la Suisse, interdiction de rigoler… A moins que Marco Mathys ne confirme ses progrès, c’est peut-être plus crédible.

La malédiction du contrat prolongé ?

Le phénomène est connu : lorsqu’ils engagent un nouvel entraîneur, les clubs signent généralement des contrats de courte durée pour éviter de devoir assumer un salaire pendant trop longtemps en cas de licenciement. Puis, si l’entraîneur en question obtient du succès, il faut s’empresser de le prolonger pour éviter de le voir filer ailleurs. Et généralement, peu après la prolongation, l’entraîneur miracle ne trouve plus la clé pour faire gagner son équipe, finit par se faire virer et le club se retrouve quand même à assumer son salaire durant de longs mois. L’entraîneur saint-gallois Jeff Saibene en est à la phase «entraîneur à succès qu’il faut absolument prolonger». C’est chose faite, puisque son contrat vient d’être prolongé jusqu’en 2015. Pour être viré après six matchs et deux points ? Ou pour filer chez un concurrent plus ambitieux quelques jours après avoir prolongé son nouveau contrat en mode Uli Forte ?

Qui après Chelsea ?

Saint-Gall va retrouver la Coupe d’Europe, douze ans après sa dernière participation (hors Intertoto) et treize ans après un exploit mémorable en Coupe UEFA contre le Chelsea de Leboeuf, Le Saux, Zola, Hasselbaink, Flo, Panucci et autres Di Matteo. Les héros de l’époque s’appelaient Stiel, Zwyssig, Zellwegger, Jairo, Amoah, Gané ou Sascha Müller. Pas sûr qu’il y ait autant de talent dans l’équipe actuelle et pourtant il faudra un nouvel exploit pour accéder à la phase de poule de l’Europe League contre un adversaire qui pourrait se nommer Séville, Stuttgart, Fiorentina ou Tottenham. Bon, avec un peu de chance au tirage, ça peut aussi être Hapoel Tel Aviv, Anorthosis Famagouste, Aalborg ou Zilina, c’est pas tout à fait la même chose.  

Les saucisses de l’AFG-Arena sont-elles vraiment les meilleures de Suisse ?

Je ne suis pas forcément le mieux placé pour répondre à la question : vu mon peu d’assiduité dans les stades helvétiques depuis quelques saisons, je suis plus à même d’établir le classement des meilleurs Currywurst et Käse-Schinken Stange de Bundesliga que des Schublig de LNA. Toutefois, de mon dernier passage à Saint-Gall, il m’avait semblé que la flatteuse réputation du Schublig local n’était de loin pas usurpée. Mais j’aime aussi beaucoup la très raffinée YB-Wurst.

Quel classement ?

Mon pronostic : 6e.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. De toute façon, la meilleure saucisse de tous les temps c’est celle qui est servie au Bar du Stade Nyonnais à la BCV Asse Arena.

    Et j’espère bien en déguster une avec toi.

    @+

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