Le FC Lausanne Sport en quinze questions

Après avoir évité de justesse la relégation lors des deux saisons écoulées, le Lausanne Sport repart avec un nouveau président mais un objectif identique : le maintien. On devrait donc retrouver les Vaudois dans la deuxième moitié du classement, en espérant toutefois vivre un championnat un peu plus serein que les deux précédents. Ce n’est pas gagné !

Quels objectifs ?

Le Lausanne Sport a changé de président mais pas tellement de discours. Malgré l’audace qu’on lui prête, Alain Joseph ne déroge pas tellement au discours de son prédécesseur, soit «on a le plus petit budget de la ligue et on est pénalisés par la vétusté du stade, on ne peut pas viser autre chose que le maintien». Il est difficile de lui donner tort et force est de constater que le LS est tout sauf à l’abri d’une mauvaise surprise. Néanmoins, si le club pouvait avoir la main un peu plus heureuse dans son recrutement que par le passé, il devrait être possible, malgré la modestie du budget et la décrépitude de la Pontaise, d’assurer le maintien plus tôt qu’à l’avant-dernière journée et sans passer par d’interminables séries de défaites mortifiantes, voire même de lorgner vers le milieu de tableau. Si Thoune l’a fait lors des deux saisons écoulées, pourquoi pas Lausanne ?

Quels sont les points forts ?

Après certains matchs de la saison dernière, j’aurai été bien en peine de répondre à cette question… Le LS est conscient de ses limites et n’a pas fait n’importe quoi dans les quelques moments de crise traversés depuis le retour en LNA, permettant aux entraîneurs Rueda puis Roussey de redresser la barre. Depuis quatre saisons, ce groupe a démontré une capacité à répondre présent dans l’adversité, au pied du mur, que ce soit lors des matchs de Coupe 2009-2010 à Berne ou Saint-Gall, lors de la magnifique épopée européenne de l’automne 2010, du fabuleux sprint final du printemps 2011 pour aller chercher la promotion ou lors des derbys décisifs pour le maintien contre Sion en 2012 et Servette en 2013. Malgré les départs de Favre, Marazzi et Roux, Guillaume Katz, Sébastien Meoli et Jérôme Sonnerat sont fidèles au poste pour perpétuer cet esprit de survie. Personne ne doute de la compétence de l’entraîneur Laurent Roussey et finalement le LS n’a pas grand-chose à perdre : on ne lui demande qu’une chose, laisser une équipe derrière lui, ce qui viendra en plus sera du bonus. 

Quels sont les points faibles ?

Le budget limité du club et un recrutement souvent folklorique nuisent à la qualité du contingent, surtout que les dirigeants ont tendance à privilégier la quantité à la qualité. Résultat : une pléthore de joueurs moyens mais peu d’éléments dominants et l’incapacité pour l’entraîneur de dégager une équipe-type ni d’installer un système de jeu durable et trouver des automatismes. Le manque d’ambition du club dépeint sur le mental des troupes, avec beaucoup trop de matchs abordés avec une motivation insuffisante et pas vraiment d’envie de se transcender pour aller chercher autre chose qu’un maintien de justesse. Et même si cela ne doit en aucun cas constituer une excuse, l’environnement de la Pontaise ne pousse guère à l’exploit. En 2012-2013, Chris Malonga a fini meilleur buteur du club avec le total astronomique de huit réussites et il est peu vraisemblable qu’il poursuive son aventure lausannoise ; dès lors, qui va marquer des buts pour le LS ? Pas sûr d’avoir la réponse.

Quelles sont les inconnues ?

Wajdi Bouazzi, Miha Mevlja, Ohad Kadusi et Patrick Ekeng Ekeng (après Abraham Guié Guié, à quand Trésor LuaLua ?) : quatre joueurs sans aucune référence en Suisse, on ne sait pas trop à quoi nous attendre. S’ils s’avèrent de véritables renforts, alors le LS aura un contingent intéressant et pourrait même surprendre en bien. En revanche, si ces nouveaux renforts devaient marcher sur les traces des Lyng, Negrao et autres Tall (ou Minasyan, Shahgeldyan, Horjak, Dembinski, van den Boogaard, Klinge ou Stancic pour les plus anciens), alors il y aura pas mal de soucis à se faire. En manque de temps de jeu la saison dernière, Adriano De Pierro et Fabrizio Zambrella parviendront-ils à se relancer ? Le cas échéant, cela peut représenter des solutions intéressantes.

Quels sont les joueurs à suivre ?

La saison dernière, le LS présentait un visage assez différent avec ou sans Gabri. S’il parvient à retrouver le rythme de la compétition et à éviter les pépins de santé, l’ancien Barcelonais sera le patron du jeu lausannois. En défense, Guillaume Katz s’affirme comme un bon défenseur de LNA, surtout si Laurent Roussey comprend que sa place est dans l’axe de la défense et nulle part ailleurs. Le retour de Sébastien Meoli sera extrêmement précieux, soit en défense centrale, soit pour sécuriser un flanc gauche trop perméable l’an dernier. Yannis Tafer n’aura plus l’excuse du manque de compétition, il doit prouver pourquoi on l’a comparé jadis à Karim Benzema, on a eu quelques trop rares aperçus ce printemps mais il doit gagner en régularité. Le constat vaut également pour Selim Khelifi qui donne un peu l’impression de plafonner et qui doit franchir un cap cette saison. Matar Coly n’est peut-être plus aussi déterminant qu’à se grande époque xamaxienne mais il a l’avantage de connaître le football suisse et de pouvoir être rapidement opérationnel à la pointe de l’attaque.

Quels seront les flops ?

Je ne crois plus guère en Matt Moussilou. Son entrée en jeu triomphale dans un match décisif contre Lugano commence à dater et depuis, malgré un joli goal samedi contre Freiburg, il n’a plus montré grand-chose : trop de nonchalance, trop d’occasions ratées, trop de matchs transparents, on veut bien admettre que le rôle d’attaquant de pointe souvent isolé dans la tactique souvent frileuse de Rueda puis Roussey n’a rien d’une sinécure mais le Franco-Congolais a trop souvent laissé passer sa chance. Si Coly ou Kadusi ne s’imposent pas et que Moussilou doit à nouveau constituer le fer de lance de l’attaque lausannoise, alors il y aura grand danger.

La Pontaise affichera-t-elle une fois complet cette saison ?

Depuis le retour en LNA et malgré une capacité réduite par des règles de sécurité absurdes et des aménagements assez ridicules, la vénérable Pontaise n’a jamais affiché complet. Peut-on rêver d’un guichets fermés cette saison ? A priori, cela paraît peu probable, vu que même le match couperet contre Servette en mai dernier n’a pas fait le plein. Et comme les Genevois ne sont plus là et que les matchs contre Sion ne font plus recette, on ne voit pas trop qui va remplir la Pontaise. Certes, le match décisif contre Vaduz en vue de l’ascension en LNA au printemps 2011 avait attiré 10’500 spectateurs au Stade Olympique, soit davantage que la capacité actuelle du stade, mais pour refaire pareillement bouger le très événementiel public vaudois, il faudrait que le LS joue le titre. Dès lors, à moins que le LS-Zurich de la 35e ronde ne se transforme en choc au sommet entre les deux premiers du classement, difficile d’imaginer une salle comble dans la capitale vaudoise. Dommage.

Kevin Fickentscher fera-t-il oublier Anthony Favre ?

J’ai été un peu surpris par le remplacement d’Anthony Favre par Kevin Fickentscher. En soi, on n’a rien contre le fait de remplacer un Vaudois par un autre Vaudois, Laurent Roussey les a eu tous les deux sous ses ordres et on imagine qu’il a décelé un potentiel supérieur chez le jeune gardien de 24 ans venu de Sion. Ce que je regrette, c’est que le Nyonnais ne soit venu qu’en prêt à la Pontaise ; pourquoi ne pas avoir conclu un transfert définitif si l’on était convaincu de son talent ? Le LS disposait d’un gardien qui s’identifiait complètement au club, qui était prêt à y signer un bail longue durée et qui n’a que rarement démérité depuis son intronisation comme titulaire ; il le remplace en prenant un risque en misant sur un portier qui n’a que très peu joué ces dernières saisons, risque qui, s’il devait s’avérer payant, profitera à un club rival, Sion, qui récupérera un gardien qui se sera aguerri au LS pour remplacer Vanins. Kevin Fickentscher n’a pas trop bien commencé au LS avec une grosse boulette en amical à Freiburg, on espère qu’il ne renouvellera pas ce genre de bévue en championnat, sinon la polémique va vitre enfler à la Pontaise. Surtout dans la portion de la Tribune Nord que je fréquente, généralement garnie de pas mal de ressortissants de Saint-Barthélemy.

Quel moribond pour sauver le LS ?

Depuis son retour en LNA, le LS a vécu deux saisons compliquées avec pas mal d’errements en matière de recrutement, de longues séries d’insuccès et une politique sportive pas toujours très lisible. Toutefois, les Lausannois ont toujours su faire les points et gagner les matchs qu’il fallait pour s’en sortir. En profitant à chaque fois de tomber sur plus moribond qu’eux, généralement un autre Romand plombé par les facéties d’un président carnavalesque, Sion, Xamax et, sur la fin, GC en 2011-2012, Servette en 2012-2013. Cette saison on ne voit pas trop qui peut jouer ce rôle ? Il n’y a pas de Quennec ou de Chagaev en vue et le FC Sion dispose d’un budget suffisamment pharaonique pour éviter tout risque de relégation malgré la gestion erratique et le recrutement burlesque de son président. Niveau budget, les adversaires directs du LS devraient s’appeler Thoune et Aarau, voire Saint-Gall. Mais les Bernois restent sur une excellente 5e place avec pas mal de jeunes prometteurs, les Argoviens pourront surfer sur la dynamique de la promotion, alors qu’il serait surprenant de voir les Brodeurs passer de la 3e à la 10e place. Bref, cette saison, le Lausanne-Sport risque bien de ne devoir compter que sur lui-même pour se maintenir. Cela paraît possible mais il faudra éviter de commettre les mêmes erreurs que lors des deux saisons écoulées.

Après Roger Federer, qu’attend Lionel Messi pour appeler Jeff Collet ?

Après son élimination prématurée à Wimbledon, Roger Federer, sentant venir un inéluctable déclin, a appelé Jean-François Collet pour solliciter une invitation pour le tournoi de Gstaad. Le vice-président du LS peut s’attendre tout prochainement à un appel d’un autre roi déchu de son sport, Lionel Messi, qui sent venir la fin depuis une certaine défaite 7-0 en Ligue des Champions et l’avènement de la nouvelle idole des ados, Neymar. Et puis, la Suisse est généralement une bonne destination pour quelqu’un qui n’aime pas trop payer ses impôts. Selon nos informations, le Club des 30, groupe de soutien bien connu du LS et cher à notre rédacteur en chef, aurait déjà collecté les fonds pour payer l’indemnité de transfert au FC Barcelone. Faire jouer simultanément Messi et Cruyff, le Barça en a rêvé, le LS va le réaliser.

Encore un recrutement YouTube ?

Si l’on excepte le peu fructueux intérim d’Alain Baumann, Alain Joseph et Jean-François Collet sont persuadés qu’ils peuvent faire l’économie du salaire d’un directeur sportif et gérer eux-mêmes le recrutement. Quitte à engager des joueurs sur la base d’une vidéo sur YouTube, comme cela avait été candidement avoué lors de l’arrivée du fameux Junior Negrao. Finalement, j’ai peut-être une chance de signer un contrat pro au LS en montant une vidéo des «plus beaux buts de la carrière de Julien Mouquin» (pour être franc, ce serait plutôt «les buts de la carrière de Julien Mouquin» et ça durerait 58 secondes, ralentis compris). Note, le recrutement lausannois n’est pas forcément plus inspiré lorsque les dirigeants lausannois ont pu juger le joueur en live, comme en témoigne le contrat de trois ans offert à Emil Lyng après quelques matchs amicaux d’essai… Dans ce contexte, les arrivées d’un Slovène, un Tunisien et un Israélien qui vivront tous leur première expérience hors de leur pays, ainsi que d’un Camerounais venu des tréfonds de Ligue 2, ne vont pas forcément rassurer les fans lausannois. On espère juste que ce recrutement-là s’est fait sur d’autres critères qu’une vidéo sur YouTube.

Ils sont où les jeunes ?

Les dirigeants lausannois se vantent régulièrement de consacrer, malgré un budget limité, plus d’un million de francs à la formation. C’est fort louable en soi mais pour l’instant cela n’est guère suivi d’effets en première équipe. Guillaume Katz n’est plus vraiment un junior, Salim Khelifi peine à conquérir une place de titulaire et pour le reste c’est un peu le désert. Certes, le LS n’a pas pu retenir ses meilleurs espoirs comme Veseli, Pasche, De Pierro, ou Ben Khalifa, tous partis tenter leur chance ailleurs avant même d’avoir terminé leur formation mais la frilosité dont fait preuve le LS avec les jeunes n’est pas pour les retenir. Le reproche en avait souvent été fait à Martin Rueda mais Laurent Roussey n’a pas fait mieux en la matière ; à ce niveau-là, Lausanne a encore beaucoup à apprendre de Thoune ou GC ou même de clubs aux moyens pourtant supérieurs comme Bâle ou Zurich. Cette saison, les Signori, Lavanchy, Sukaj, Diaby, Gudit et autres Ming recevront-ils enfin leur chance ou devront-ils se contenter de matchs amicaux avant de laisser leur place à des mercenaires aux références improbables ? Malheureusement, on doute qu’il en aille différemment des saisons précédentes, à moins que le classement ne permette un peu plu d’audace.

Reste-t-il encore de la place dans la salle des trophées ?

A part le FC Bâle, aucun club en Suisse n’a gagné autant de trophées que le Lausanne-Sport ces trente derniers mois. Et quels trophées ! Il y a eu le titre de champion de LNB en mai 2011, le mythique tournoi de Maspalomas en janvier 2012 et, tout récemment, la très prestigieuse Kaiserstuhl Cup avec tout de même une victoire contre Freiburg, récent cinquième de Bundesliga. Dès lors, la question n’est pas de savoir si le capitaine du LS soulèvera une Coupe en 2014 mais laquelle ? On prendrait bien la Coupe de Suisse ! Et on espère que les autorités lausannoises ont prévu une salle assez grande dans leur projet de nouveau stade (si tant est qu’il existe encore un projet) pour accueillir tous ces trophées.

Quels rebondissements dans le dossier du nouveau stade ?

D’après les promesses faites lors du projet Métamorphose, le Lausanne-Sport devrait s’apprêter à débuter la saison avec joie et allégresse dans un stade flambant neuf aux Prés-de-Vidy… A l’époque, j’avais fait partie des rares détracteurs du projet d’Epuration Stadion mais je t’assure qu’aujourd’hui je suis plus que consterné d’avoir eu raison sur toute la ligne. Le projet est au point mort. Finalement, la seule certitude, c’est que les pieds nickelés qui régentent la Ville de Lausanne ont programmé, à moyen terme, la mort de ce fleuron du sport lausannois qu’est Athletissima, faute d’infrastructures adéquates. Le LS, lui, est en sursis. Le pire, c’est qu’il va falloir réinvestir des sommes conséquentes pour bricoler et prolonger l’agonie de la Pontaise. Un sacré gâchis quand on pense au projet d’agrandissement du stade et couverture des virages refusé en 2003 par une majorité beaucoup moins regardante à la dépense pour l’Opéra, les Docks, Béjart ou la scène ouverte de la drogue de la Riponne. Au mieux, le LS aura perdu vingt ans de son existence en raison de l’inertie et l’incurie municipales, au pire il disparaîtra si le stade ne se fait pas ou s’il se retrouve avec un stade croupion à la rentabilité zéro. Le LS a sans doute actuellement plus à craindre de ses autorités que de ses adversaires !

Quel classement ?

Mon pronostic : 7e.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Julien Mouquin

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6 Commentaires

  1. Le mérite de la nouvelle Direction du LS est d’avoir fait le ménage. Il n’est pas indispensable de connaître le foot suisse pour jouer au LS. On ne va quand même pas remonter à l’époque de Karl Rappan pour savoir si tel ou tel joueur a été un flop ! Autre chose… le LS a toujours eu de bons gardiens… pour beaucoup partis à Servette… Qui se souvient de René Schneider, de Stouber etc.

  2. Arrêtons d’être pessimiste avant même le début du championnat – les matchs amicaux étaient bons dans leur ensemble et concernant Fickentscher il s’identifie plus que tout au LS !

  3. C’est marrant, « VDB » je m’en souvenais pourtant comme d’un excellent joueur, qui marquait plein de buts. En faisant l’avion à chaque fois. Et il me semblait qu’il avait joué plus d’une saison. Mais impossible de retrouver ses statistiques avec le LS sur Internet. Preuve apparemment que j’avance en âge et que ma mémoire se détériore largement… Shahgeldyan également avait du potentiel, mais qu’on ne lui a jamais non-plus laissé la possibilité d’excercer. Pour le reste, suis assez d’accord.

  4. Ce LS semble meilleur que l’an dernier, même si je suis déçu par la non-reconduction du contrat de Favre.

    Faudra juste trouver un attaquant digne de ce nom… Y’a du boulot… Pourquoi ne pas prolonger le héros Roux ?!

    Et espérons que Margairaz ou Malonga soit avec nous !

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