Le FC Lucerne en quinze questions

Faire mieux que l’an passé, tel sera l’objectif du FC Lucerne. Vu les turbulences traversées tout au long de la saison dernière par le club de Suisse centrale, cela ne devrait pas être trop difficile, vu la nouvelle dynamique initiée par le duo Carlos Bernegger – Alexander Frei.

Quels objectifs ?

Brillant deuxième en 2011-2012, Lucerne abordait la saison passée plein d’ambitions mais tout est allé de travers : une élimination prématurée en Coupe d’Europe, un entraîneur à succès (Murat Yakin) viré après seulement six matchs, un autre (Ryszard Komornicki) qui ne parvient jamais à trouver ses marques, une longue station dans les profondeurs du classement… Il a fallu l’arrivée d’un nouveau directeur sportif, Alexander Frei, et un nouveau changement d’entraîneur avec l’intronisation de Carlos Bernegger pour que les Lucernois sortent la tête de l’eau et finissent la saison en trombe, assurant le maintien sans coup férir, ce qui n’avait encore rien d’évident aux trois quarts de la saison. Sur cette lancée, le FC Lucerne peut faire beaucoup mieux que lors du championnat écoulé. L’effectif vaut bien mieux que ce qu’il a montré la saison dernière, on devrait plutôt le voir lutter pour une place européenne que contre la relégation.

Quels sont les points forts ?

La bonne fin de saison dernière et une équipe sans doute animée d’un certain esprit de revanche. Le soutien du public. Le milieu de terrain avec des joueurs très intéressants comme Hyka, Wiss, Winter, Hochstrasser ou Muntwiler. La jeunesse de l’effectif avec quelques belles promesses comme Kryeziu ou Lezcano (lequel reste toutefois sur un exercice 2012-2013 en demi-teinte) et des paris sur l’avenir style Holz (ex-Dortmund) ou Matri (ancien junior de Servette passé par Auxerre). Le duo Frei-Bernegger semble avoir trouvé la recette pour tirer le meilleur de l’effectif, à confirmer sur la longueur d’une saison. Et puis on fait dans la continuité depuis plusieurs saisons en Suisse centrale, cela peut être un avantage, surtout en début de saison.

Quels sont les points faibles ?

La défense est expérimentée mais manque de mobilité et souffrait de l’absence d’un véritable patron ; la saison dernière, Lucerne a encaissé beaucoup trop de buts pour prétendre à une place dans la première moitié du classement, à voir si l’arrivée de Mikari permettra de remédier au problème. Le contingent lucernois paraît également un peu léger à l’autre extrémité du terrain, en attaque. Rangelov est un fantôme depuis son arrivée en Suisse, Lezcano a été très peu prolifique la saison passée et, si Daniel Gygax s’est mué en buteur providentiel sur la fin du dernier championnat, cela paraît un peu audacieux de compter sur lui comme Torjäger vedette sur la longueur d’une saison. Clairement, il manquait à l’effectif du FCL un défenseur central chevronné et un buteur confirmé pour que l’on puisse affirmer avec certitude que le club ne revivra pas les mêmes tourments que la saison dernière. Parvenir à combler ces lacunes constituera un premier vrai test sur les compétences du néo directeur sportif Alexander Frei. Comme les grands esprits se rencontrent, entre le moment où j’ai commencé à écrire cet article et celui où je l’ai terminé, l’arrivée du défenseur Yassin Mikari a été annoncée, ne resterait donc plus qu’un attaquant à trouver.

Quelles sont les inconnues ?

Lucerne est une inconnue en soi. L’équipe qui a lutté pour le titre en 2011-2012 était quasiment identique à celle qui longtemps bataillé contre la relégation en 2012-2013. Il n’y avait en tous les cas aucun chamboulement dans l’effectif qui justifiait pareille dégringolade. Après, tout est question de dynamique : en confiance et sur une bonne lancée, une équipe de Suisse centrale soutenue par un public formidable devient très difficile à manœuvrer, avec des joueurs qui se transcendent, ce qui permet de gommer les limites intrinsèques du contingent. A l’inverse, si le doute s’installe, les défaites s’accumulent et le message de l’entraîneur ne passe plus, l’équipe va être prise en froid par le public, certaines lacunes vont apparaître au grand jour et certains éléments en surrégime quelques mois auparavant vont redescendre de leur nuage. Il est clair qu’à Lucerne on compte sur la stabilité de l’effectif et la dynamique positive de la fin de saison dernière pour retrouver la spirale du succès de 2011-2012. A priori, le calendrier du début de championnat s’y prête admirablement bien (Lausanne, à Aarau, Zurich, Sion, à Thoune) ; par contre, si ça devait mal se passer, les Lucernois seront directement dans le dur. C’est pourquoi, l’arrivée des quelques renforts évoqués ci-dessus ne serait pas de trop pour maximiser les chances d’enclencher une dynamique du succès plutôt qu’une spirale négative.

Quels sont les joueurs à suivre ?

Le salut du FC Lucerne passe bien davantage par le collectif que par les individualités. Il n’y a pas vraiment de stars mais quelques éléments qui peuvent (re)devenir dominants. On pense à Wiss, Winter, Hochstrasser, Hyka, Lezcano ou Muntwiler (histoire que son nom soit associé à autre chose que ce forfait qui avait changé la face d’un championnat par le passé). E puis on attendra de voir le comportement des deux joueurs les plus connus de l’effectif, Daniel Gygax et Dimitar Rangelov : a priori, on croit plus aux chances de résurrection du premier nommé que du second.

Quels seront les flops ?

Dimitar Rangelov paraît le candidat numéro un au titre de flop de la saison qu’il a déjà occupé en 2012-2013 (voir ci-dessous), surtout que Patjim Kasami, qui peine à concrétiser les espoirs placés en lui, n’est plus là. Sinon, Zibung peut toujours nous faire rire à l’une ou l’autre occasion et on attendra de voir si Daniel Gygax confirme sa fin de saison tonitruante. Et si le FCL repart dans les mêmes errements qu’il y a douze mois, c’est tout l’effectif qui peut basculer dans les flops.

Alexander Frei rechaussera-t-il les crampons ?

Si Lucerne devait connaître les mêmes problèmes offensifs que l’an dernier, le directeur sportif Alexander Frei pourrait-il rechausser les crampons pour dépanner ? Il vaut sans doute encore sans trop de problèmes une dizaine de buts par saison en LNA, ne serait-ce que sur balles arrêtées, et sa rage de vaincre peut provoquer un déclic. Mais on n’y croit guère, le bonhomme est plutôt du genre têtu : s’il a décidé d’arrêter c’est, comme lors de son retrait en équipe nationale, définitif.

Le FCL retrouvera-t-il ses marques dans son nouveau stade ?

Le FC Lucerne avait connu des débuts tonitruants dans sa Swissporarena avec une magnifique deuxième place pour la première saison dans le nouveau stade, le meilleur classement du club depuis le titre en 1989. Le club espérait bien s’installer durablement dans les hautes sphères du championnat suisse, il a dû déchanter la saison dernière avec des résultats calamiteux et un flirt prolongé avec la zone de relégation. Toutefois, le duo Carlos Bernegger / Alexander Frei au su donner une nouvelle impulsion en fin de saison. Sur leur lancée, les Lucernois espéreront retrouver leur état de grâce dans leur enceinte flambant neuve. Histoire de ne pas rejoindre St. Gall et Servette dans la liste des clubs relégués dans un nouveau stade.

Wiss, Winter ou Hochstrasser se réveilleront-ils ?

Alain Wiss, Adrian Winter et Xavier Hochstrasser, voilà trois noms qui étaient il n’y a pas si longtemps aux portes de l’équipe de Suisse ou qui ont même eu les honneurs d’une première sélection. Mais qui ont quitté l’avant-scène depuis lors car ils évoluent tous dans un secteur médian où la concurrence est particulièrement féroce en équipe de Suisse et ont payé une saison 2012-2013 lucernoise ratée dans ses trois premiers quarts. Néanmoins, cela reste des joueurs de talent et, sur la lancée d’une bonne fin de saison dernière, ils tenteront de retrouver leur meilleur niveau pour tirer la formation de Suisse-centrale vers le haut. Car, Wiss, par son intelligence de jeu et sa qualité de passe, Winter, par sa vitesse et sa force de percussion et Hochstrasser, par son abattage et sa qualité de frappe, peuvent s’imposer comme de très bons joueurs de LNA.

Dimitar Rangelov peut-il être autre chose qu’une imposture ?

Les joueurs qui peuvent se targuer d’avoir marqué un but devant plus de 80’000 fans de leur équipe ne sont pas légion en Europe, en fait il faut avoir joué à Barcelone, au Real, dans l’un des deux clubs milanais ou à Dortmund pour avoir connu une fois pareil honneur. Dimitar Rangelov appartient à ce cénacle privilégié depuis un but contre Leverkusen avec le Borussia en mars 2010, j’y étais. Avec 27 sélections en équipe nationale aux côtés d’un certain Berbatov et une bonne expérience en Bundesliga, le Bulgare portait bien des espoirs à son arrivée sur les bords du Vierwaldstättersee. Mais il n’a jamais vraiment récupéré d’une vilaine blessure et se montre d’une inefficacité chronique sous le maillot lucernois. A 30 ans, il n’est pas évident qu’il puisse se relancer et il pourrait constituer encore une saison un boulet relativement coûteux pour le FCL.   

Daniel Gygax finira-t-il meilleur buteur du championnat ?

Il y a quelques mois, la question aurait pu paraître incongrue, voire relever de la pure blague potache, tant Daniel Gygax semblait en bout de course. Mais depuis les arrivées d’Alexander Frei et Carlos Bernegger l’ancien DJ vedette de la Street Parade, repositionné à la pointe de l’attaque lucernoise, a retrouvé ses sensations, terminant la saison par cinq buts en huit matchs. A ce rythme, cela fait 22 buts sur les 36 matchs du championnat, un de plus que le meilleur buteur 2012-2013 Scarione. Et en plus, Dani pourra compter sur les conseils de son ex-compère de la belle aventure des Titans en 2002, Alex Frei. Ceci dit, Daniel Gygax meilleur buteur de LNA, je n’y crois tout de même pas trop et ce ne serait pas forcément très flatteur pour notre championnat.

David Zibung, héros ou zéro ?

Les ambitions lucernoises dépendront aussi des performances de son gardien. Titulaire et capitaine depuis bientôt dix ans, David Zibung fait partie des meubles en Suisse centrale. Mais pas forcément des valeurs sûres… Alors qu’on en faisait un temps un futur international en puissance, sa cote a décru et sa dernière saison n’a pas été exempte de bévues, loin de là. A l’approche de la trentaine, il devrait montrer un peu plus de régularité sinon sa place va tôt ou tard finir par être contestée.

De quel bois se chauffe-t-il ?

La nouvelle est tombée lundi et a bien failli me faire tomber de ma chaise : Lucerne a engagé Kevin Holz pour trois saisons. Jusque-là, rien de vraiment fou, un jeune attaquant allemand de 19 ans. Ce qui m’a sidéré, c’est que le jeune homme vient du Borussia Dortmund et que je ne le connaissais pas, un choc pour moi qui suis pourtant assez assidument les pérégrinations des espoirs de mon club favori. Renseignements pris, le jeune Kevin Holz sort d’une longue blessure et n’a jamais évolué avec la réserve du vice-champion d’Europe, se contentant de quelques apparitions en U-19. Me voilà rassuré… En tous les cas, le jeune Allemand a régulièrement scoré en matchs amicaux, à suivre. Et puis Frei qui engage Holz, ça sonne un peu saut à ski, c’est rafraîchissant en plein été.

Quelle première impression à la Swissporarena ?

J’ai toujours considéré que, pour parler valablement d’un championnat, il fallait en connaître tous les terrains de jeu. A ma grande honte, pour la saison qui débute, je n’ai pas encore eu l’occasion de fréquenter le stade de Braunschweig en Bundesliga et le nouveau de Lucerne en LNA. Pour cette dernière lacune, elle devrait être rapidement comblée puisque mes deux clubs favoris seront l’hôte du FC Lucerne en à peine plus de quarante-huit heures, Lausanne dimanche en championnat et Dortmund en amical mardi. Ce serait criminel de ma part de ne pas effectuer au moins une fois le déplacement de Suisse centrale. En espérant repartir avec un sentiment positif : c’est important la première impression quand tu découvres un nouveau stade ; j’avais expérimenté le nouveau Saint-Jacques avec une défaite de la Nati contre la Slovénie (la fameuse glissade de Stéphane Henchoz) et depuis je n’ai jamais eu un bon feeling avec ce stade.  

Quel classement 

Mon pronostic : 4e.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Julien Mouquin

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