Bundesliguide : TSG Hoffenheim 1899

Sauvé de la relégation grâce à une victoire improbable à Dortmund lors de l’ultime journée puis un barrage victorieux contre Kaiserslautern, Hoffenheim fait figure d’authentique miraculé en Bundesliga. Du coup, les Kraichgauer abordent la nouvelle saison avec un discours beaucoup plus humble et des ambitions moins ouvertement affichées qu’il y a douze mois.

2012/2013 :

15e. Hoffenheim est un authentique miraculé. Alors qu’il partait avec de grandes ambitions après une campagne de transferts tapageuse, le jouet de Dietmar Hopp a vécu une saison cauchemardesque. La mayonnaise n’a jamais pris et le club a rapidement été fragilisé par une débâcle historique (0-4) au premier tour de la Coupe contre une quatrième division, le grave accident de la circulation du milieu de terrain Vukcevic et le rendement décevant des nouveaux renforts. Les entraîneurs Markus Babbel, Frank Kramer et Marco Kurz n’ont pas trouvé les solutions pour sortir le club de la zone de relégation. C’est finalement le quatrième coach de la saison, l’inconnu Markus Gisdol, qui va accomplir le miracle. Toutefois, malgré le redressement, la situation semblait compromise puisque seule une victoire lors de l’ultime journée à Dortmund, où 1899 n’avait jamais gagné, pouvait éviter la relégation directe. Mais le miracle a eu lieu : archi-dominé pendant une heure et mené 1-0, Hoffenheim l’a emporté sur la fin grâce à deux penalties, arrachant ainsi une place en barrages, remportés sans trop d’encombres contre Kaiserslautern. Avec toutefois un petit coup de pouce arbitral au match retour avec l’annulation d’un but valable des Roten Teufel qui a évité aux Kraichgauer une fin de match bouillante dans l’enfer du Betzenberg.

Objectifs :

L’expérience de l’an dernier a servi de leçon et il n’est pas question cette saison d’afficher ouvertement de grandes ambitions ni de claironner son envie d’obtenir la première qualification européenne de l’histoire du club. Après les frayeurs de la saison dernière, une place dans le ventre mou du classement comme lors des quatre premières saisons du club en Buli (3x11e, 1x7e) suffirait sans doute au bonheur des Kraichgauer.

L’effectif :

L’effectif est encore pléthorique et l’objectif est clairement de le dégraisser d’ici la fin du mercato. L’entraîneur Gisdol veut éviter les incessants tournus de la saison passée et partir avec un contingent plus resserré et une équipe type mieux définie. Les tauliers Andreas Beck et Sehad Salihovic, présents depuis le début de l’aventure en Bundesliga, seront les leaders d’une formation composée de jeunes pousses prometteuses (Casteels, Vestergaard, Firmino, Rudy, Thesker, Strobl, Volland) entourées de quelques éléments plus chevronnés, tel que l’ancien bâlois Abraham, les internationaux polonais Polanski et norvégien Elyounoussi ou l’ancien Bordelais Modeste. Sur le papier, cela ne casse pas de briques mais il y a un potentiel et une marge de progression certains si l’entraîneur parvient à réaliser l’amalgame. 

Le mercato :

Si les souhaits et le mobbing des dirigeants d’Hoffenheim sont exaucés, la rubrique départ devrait encore s’enrichir d’au moins six noms (Derdiyok, Wiese, Delpierre, Weis, Jaissle et Braafheid). C’est donc une véritable purge de l’effectif qui est en cours en Kraichgau après la débâcle de la saison passée. L’idée est de repartir avec un contingent beaucoup plus compact, homogène et rajeuni, délesté de mercenaires qui n’ont pas forcément beaucoup montré d’attachement à défendre les couleurs du club. On va largement faire confiance aux jeunes qui ont assuré le maintien en fin de saison dernière. Rayon arrivées, l’attaquant français Modeste, un international norvégien et un jeune pas toujours titulaire à Köln, ce n’est pas franchement ce qu’on appelle un recrutement en or massif. On en revient à ce qu’Hoppenheim a fait durant ses premières saisons en Buli, soit tenter d’atteindre l’autofinancement en laissant partir les éléments les plus onéreux et en les remplaçant par des jeunes beaucoup moins chers.
  
Départs : Advincula (Ponte Preta), de Camargo (Standard Liège), Joselu et Schröck (Eintracht Francfort), Williams (Reading), Usami (Gamba Osaka), Chris (?), Gomes (Tottenham), Ochs (Wolfsburg), Wieser (Ried), Thomalla (RB Leipzig), Malbasic (Partizan Belgrade), Gregoritsch (St. Pauli), Acquah (Parma), Ponce (Alianza Lima).
Arrivées : Modeste (Bordeaux), Elyounoussi (Rösenborg), Gyau (St. Pauli), Braafheid (Twente Enschede), Akopuma (Karlsruhe), Strobl (Köln).

Entraîneur :

Markus Gisdol. Lorsqu’Hoffenheim a engagé cet entraîneur inconnu début avril, tout semblait perdu et on pensait que le but était surtout de limiter les frais en prévision d’une chute inéluctable. Mais le miracle s’est accompli : cet ancien joueur amateur et entraîneur en ligues régionales puis de la réserve d’Hoffenheim avant de devenir l’assistant de Rangnick et Stevens à Schalke, a réussi là où des entraîneurs plus chevronnés comme Babbel ou Kurz avaient échoué : former une équipe avec la somme d’individualités du contingent. Le maintien acquis, il s’est logiquement vu offrir une chance sans doute unique et inespérée de devenir entraîneur en chef en Bundesliga. 

Atouts :

Après le sauvetage miraculeux de mai dernier, Hoffenheim est presque dans la position du néo-promu euphorique et l’entraîneur Gisdol va tenter de surfer sur cette dynamique, à l’image d’Hanovre, Mönchengladbach et Freiburg, qui, ces dernières saisons, ont passé d’un maintien inespéré à la 4e ou 5e place du classement l’année suivante. La saison a débuté par une victoire 9-0 en Coupe, c’est mieux que la débâcle 0-4 d’il y a douze mois. Le contingent plus resserré permettra de plus facilement dégager une équipe type et d’éviter les tâtonnements de la saison dernière. La pression sera moindre. Le manager Andreas Müller et ses transferts pharaoniques n’est plus là, le club devrait revenir aux méthodes qui lui ont permis de ne jamais être en danger lors de ses quatre premières saisons de Buli, soit en misant sur la jeunesse. Et certains des jeunes ont vraiment un potentiel intéressant, en particulier Volland, Rudy, Thesker ou le jeune gardien belge Casteels qui, après avoir été longtemps contesté, a fini par s’imposer comme titulaire au détriment des ancêtres Wiese et Gomes.

Faiblesses :

Le contingent est très jeune et inexpérimenté et quantitativement court si tous les départs escomptés se concrétisent. Quand tu finis 16e et sauvé de justesse, il y a toujours un risque à ne pas vraiment se renforcer lors du mercato suivant. Même si l’effectif apparaît plus concerné, équilibré et sain que le précédent, Hoffenheim reste un club artificiel et sans âme dans lequel les joueurs ont de la peine à se transcender, l’entraîneur Markus Gisdol parviendra t’il à inverser la tendance, non pas seulement sur six semaines de fin championnat mais sur la longueur d’une saison ? Surtout que le désintérêt du public pour son nouveau jouet de moins en moins brillant va croissant et l’ambiance, qui n’a jamais été terrible à Sinsheim, est de plus en plus morose. Hoffenheim va confier beaucoup de responsabilités à des joueurs qui ont encore tout à prouver en Bundesliga.

Inconnue :

Le Borussia Dortmund a-t-il laissé passer une occasion historique dont toute l’Allemagne rêvait de se débarrasser d’Hoffenheim en perdant ce fameux dernier match ou l’occasion se représentera-t-elle lors d’un certain Dortmund–Hoffenheim programmé à la 33e journée ?

A suivre :

Kevin Volland. Le foot allemand sort une pléthore de jeunes milieux offensifs aussi talentueux les uns que les autres ; par contre niveau attaquants de pointe c’est le néant ou presque. Même s’il est actuellement utilisé comme 9 et demi ou comme ailier, Kevin Volland fait partie des rares prétendants qui semblent en mesure d’assumer à terme la succession de Klose et Gomez en équipe d’Allemagne. Révélé lors de la saison 2011-2012 lors d’un prêt en Zweite Liga à Munich 1860, cet attaquant de 21 ans est parvenu à obtenir une place de titulaire en Bundesliga la saison dernière malgré un contexte guère propice à l’éclosion d’un jeune talent. Cette année, dans un climat qui pourrait être plus favorable, il peut véritablement exploser et, après avoir écumé toutes les sélections juniors, venir frapper aux portes de la Nationalmannschaft et marcher sur les traces de son père, ancien international mais en hockey sur glace. J’ai toujours pensé qu’Hoffenheim est un club qui ne servait à rien mais s’il parvient à faire éclore, avec Kevin Volland mais aussi peut-être Sven Schipplock, le futur buteur de l’équipe d’Allemagne, il ne se sera finalement pas révélé complètement inutile. Qui l’eût cru ?    

Sur nos monts quand le soleil… :

Eren Derdiyok n’a jamais trouvé ses marques en Kraichgau. N’ayant pas participé au sauvetage en raison d’une blessure, le Suisse ne rentre plus dans les plans de l’entraîneur Gisdol et fait partie des pestiférés dont le club cherche à se débarrasser pour alléger sa masse salariale. Quitte à les reléguer en deuxième équipe. Eren Derdiyok a été annoncé du côté du Torino, d’Hambourg, Francfort, Bursaspor, Fenerbahçe ou Bâle mais il semblerait qu’il fasse la fine bouche et ne soit pas forcément disposé à éventuellement renoncer à une partie des émoluments somptuaires qu’il touche à Hoppenheim. Ainsi, il a récemment déclaré que Torino et l’Italie n’étaient pas assez bien pour lui et que la concurrence serait trop vive à Hambourg… En année de Coupe du Monde, il serait bien inspiré de trouver une solution quitte à faire un sacrifice financier car il n’a clairement pas d’avenir à Sinsheim. Et dans le genre choix de carrière foireux, on relèvera que l’ancien espoir du FC Bâle et international liechtensteinois Sandro Wieser, parti trop prématurément en Allemagne, est prêté à Ried en Autriche après avoir dû se contenter d’une seule unique et malheureuse apparition en Bundesliga.

Stade :

Wirsol Rhein-Neckar-Arena, 30‘150 places.

Abonnés :

14’045 (contingent complet, vente stoppée).

Equipe type présumée :

Casteels ; Beck, Abraham, Vestergaard, Thesker ; Rudy, Polanski; Firmino, Salihovic, Volland ; Modeste (Schipplock).

Agenda :

10 août 2013 15h30 : 1899 Hoffenheim – 1. FC Nürnberg. Comme quoi, il y  a même des affiches de Bundesliga qui ne me font pas rêver. Il faut dire qu’un match à Sinsheim fait rarement rêver.

En résumé :

On veut clairement tourner la page et oublier les vicissitudes de la saison passée du côté d’Hoffenheim. L’effectif paraît clairement mieux pensé qu’il y a douze mois où le club s’était un peu précipité sur tout ce qui était disponible sur le marché des transferts, sans trop se demander comment il pourrait faire collaborer tous les nouveaux arrivants. Toutefois, en étant aussi discret dans la catégorie arrivée, Hoffenheim prend un risque. Il est vrai que, depuis l’arrivée de Markus Gisdol en fin de saison dernière, l’équipe a montré qu’elle valait mieux que son classement peu flatteur. Mais pour éviter tous soucis de relégation, Hoppenheim fait tout de même le pari que son entraîneur néophyte parviendra à tirer le 120% sur toute la saison d’un effectif relativement jeune et peu aguerri et que l’équipe sera épargnée par les blessures parce que les absences prolongées de l’un ou l’autre cadre pourrait fragiliser l’édifice. Il ne serait donc pas étonnant de retrouver à nouveau Hoffenheim dans le dernier tiers du classement.

Pronostic :

15e.

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

1 Commentaire

  1. Tour d’horizon toujours intéressant et très plaisant à lire.

    J’aurais aimé que vous indiquiez, pour les non-connaisseurs, que Hoffenheim est la plus petite agglomération ayant jamais eu un club en Bundesliga. Le village a 3300 habitants. Ce village fait partie de la municipalité de Sinsheim distante de quelques kilomètres, ville de 50 000 habitants.

    Dietmar Hopp CEO de la société informatique SAP aurait investi 150 millions d’euros dans le club depuis 2008.

    Source : Wiki

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