3150

Faut-il vraiment revenir sur cette nouvelle parodie de football entre deux malades du football suisse qui ont fait peine à voir samedi soir ? Non, mon compère Michel Zendali l’a très bien fait. Le borgne l’a emporté sur l’aveugle, laissant ce dernier aux mêmes abois que ce printemps. Mais plutôt que de refaire le match, attardons-nous sur cet intrigant chiffre de 3150.

Schwarzenburg, BE

Notre périple numérique commence sur un célèbre moteur de recherche et nous fait d’abord atterrir dans une charmante bourgade du canton de Berne. En effet, 3150 est le code postal de ce petit village de près de 7000 âmes contenant un magnifique château. En Australie, c’est celui de Glen Waverley et Wheelers Hill dans la province de Victoria. C’est aussi le numéro d’un gène du corps humain, le numéro commercial d’un accélérateur graphique chez un grand fabriquant de processeur informatique ou d’une valve de contrôle chez un distributeur américain.
Samedi soir, c’était le nombre de spectateurs présents dans les glaciales travées d’une Pontaise où ça sentait la mort. Le derby romand entre les deux derniers survivants de langue française de l’élite du football suisse. Le parfum de folie n’embaume plus l’atmosphère des derbys passionnés entre rivaux fratricides. Certes, on peut atténuer ce froid constat en soulignant que les «vrais» derbys sont ceux entre Sion et Servette. Ou que l’on cite un samedi soir de décembre glacial, épilogue d’une demi-saison purgatoire aussi bien pour les Valaisans que les Vaudois. Mais la réalité nous rattrape pourtant. Ce qui devait être une des quatre fêtes annuelles du football romand n’a su séduire que 3150 passionnés, si de passion on peut encore parler.
Comment expliquer une chute pareille des affluences dans un pays où le pouvoir d’achat a survécu à la crise, où l’équipe nationale porte haut les couleurs du football et où l’échappatoire sportive du samedi soir est parfois une tradition familiale ? Lausanne, tout comme Sion, ne séduit plus et souffre aussi bien à trouver des sponsors qu’à attirer un public lassé d’un côté par une forme de légèreté et d’incompétence, de l’autre par une mégalomanie chronique et déstructurée.

Thoune en Europe, Genève à Wohlen

Le football romand se meurt avec les faillites successives des clubs légendaires d’antan, l’incapacité à remobiliser des populations derrière des projets viables et le manque de professionnalisme criard de dirigeants tantôt directeur sportif, manitou des transferts et parfois même entraîneur. Le football change, sa gestion tout autant, et il est aujourd’hui l’heure de moderniser son approche de notre côté de la Sarine.
Il me semble inconcevable d’imaginer que des clubs comme Thoune ou Saint-Gall nous dament le pion en se qualifiant pour des joutes européennes (et en y faisant bonne figure). Ou alors que Lucerne et GC arrivent à titiller l’ogre bâlois avec des moyens pour le moins limités. Si GC peut gagner la Coupe de Suisse en 2013, Thoune et Saint-Gall se qualifier pour la phase de groupe de l’Europa League et Aarau se maintenir en Super League, comment peut-on accepter qu’une ville de 340’000 habitants (agglomération comprise) et qu’un emblème local drainant tout un canton n’arrivent pas à autre chose que le pathétique semblant de match offert samedi soir ? Sans compter que Servette végète en ligue inférieure.
Il est temps de se remettre en question aussi bien à la porte d’Octodure qu’aux Plaines-du-Loup. Ce n’est certainement pas la semaine d’entraînement-sanction promulguée par l’omnipotent président valaisan qui viendra remédier à des maux beaucoup plus profonds, elle viendra plutôt péjorer une situation déjà délétère. Et si convoquer tout le monde à 7h30 lundi matin en espérant une faute professionnelle pour rompre des contrats est vraiment la stratégie valaisanne, alors on est tombé plus bas que je ne l’évaluais. Et vu que la sanction a été annulée dimanche matin déjà, après négociation entre le club et les joueurs, on ne peut que s’affliger devant si peu de bon sens. Rien de nouveau, CC ne sait toujours pas tenir une promesse. Bonjour le professionnalisme !
Si vraiment les dirigeants de nos clubs assument leurs actions (comme certains l’ont promis en début de saison), alors ils devront revoir leurs copies, voire rendre leurs tabliers. Car aujourd’hui ou plutôt samedi soir, le football romand a touché un fond inquiétant. Et les responsables, ce n’était en tout cas pas les 3150 spectateurs présents…
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Écrit par Raphaël Zumofen

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8 Commentaires

  1. Vivement que Xamax remonte pour sauver le foot romand. Ce qui se fait en ce moment du côté de la Maladière est juste génial et donc tout l’inverse de ces deux misérables club que sont devenus Sion et Lausanne.

  2. @loic 2000

    Tu trouves génial mais ils se sont renforcés avec des joueurs de Bienne et la relève elle est ou ? et si ils arrivent à monter ce qui n’est de loin pas encore fait ils feront comme les autres chercher des joueurs à l’étage supérieur !!! Critique pas trop vite les autres , xamax est tjs dans l’anonymat de foot suisse

  3. C est fini les belles années du foot romand il ne faut pas se voiler la face, si tu as pas un mécène la LNA c est cuit et puis jouer 4 fois contre les mêmes équipes c est lassant au bout d un moment même en LNB c est la fin d un cycle tout simplement

  4. Je ne critique pas, je constate…

    Xamax s’est avant tout renforcé de joueurs Neuchâtelois ou de la région, des gens qui se sentent concernés par le challenge (cela se voit sur le terrain et dans les résultats).
    Tu rajoutes un comité qui travaille pour les fans et un stade fonctionnel, tout ce que n’ont pas les deux équipes dont parle cet article.

    Bref, je souhaite que du bien au LS et à Sion mais là, un petit tour en ligue inférieur ne ferait pas de mal histoire de repartir sur de meilleures bases.

  5. @ foot romand

    t as tout juste le foot romand pas près de refaire surface Servette .Sion .Lausanne ne rigolent pas du tout , et aucun club romand ne va remonter en super league dans le futur je pense et c’est certainement mieux comme ça

  6. Comme journaliste, j’ai eu la chance de faire des reportages sur les Coupes Européennes de Lausanne, Servette, Xamax, Sion et Lugano !! mais cela, c’était avant !

  7. Il ne faut pas oublier non plus que si le LS se retrouve là où il se trouve aujourd’hui c’est à cause d’un soi-disant entraîneur ayant des relations en France, de la venue des ex-nouveaux Benzema et consorts, des canards boîteux ne servant qu’à remplir l’infirmerie, des vieux bocks dont on ignore toujours d’où ils sortent, des transferts sensationnels en lieu de place de clubistes qui auraient au moins laissé leur vie sur la pelouse de la Pontaise sans poser de questions, etc etc. L’argent, l’argent, si on savait comment bien l’utiliser je suis persuadé qu’on rirait au nez du Valais. Mafoi on a préféré faire de la m… ponctuée par un imposteur frouze au lieu de faire confiance à la maison vaudoise et à un certain Celestini, pour ne citer que lui…

  8. @Dino
    Y a plus d argent dans le club je suis d accord pour les clubistes et célestini mais concernant roussey je pense qu il ne devait pas coûter cher c est la raison pour laquelle il l ont pris. Comme je l ai déjà dit auparavant si tu n as pas un mécène c est cuit la LNA pour lausanne ça va bientôt s apparenter à du passe. C est dommage dire qu au début des années 2000 on avait encore 5 clubs romand. Et puis vu que la LNB n est pas du tout attractif et encore moins rentable. Maintenant la question est de savoir jusqu ou et quand la chute va s arrêter. Grandeurs et décadences

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