Chèvrette FC

A l’image du Titanic, Servette a sombré ce dimanche. Wil a joué le rôle de l’iceberg et les Grenat sont repartis avec une claque monumentale dans les valises, encaissant un sec et sonnant 6-1. A l’heure de prendre le chemin du retour, on imagine bien l’ambiance lourde et délétère qui règne dans la maison genevoise. Une maison qui est en train de prendre feu de toutes parts.

Cet hiver, lors de la préparation hivernale, les joueurs du SFC ont crié haut et fort que Servette allait enfin renaitre de ses cendres, laissant croire que la deuxième partie de championnat ne serait qu’une formalité. Alexandre Pasche annonçait d’ailleurs que la mission était de «ramener Servette au sommet». Même son de cloche chez l’entraîneur Jean-Michel Aeby qui espérait voir son équipe «compétitive le plus vite possible». Les arrivées de Xavier Margairaz (30 ans) et Aiyegbusi (120 points au Scrabble) venaient renforcer l’équipe lors de la trêve hivernale, ce qui ne pouvait annoncer que le retour imminent de Servette dans l’élite.270 minutes plus tard, le constat est amer : 12 buts encaissé, 3 inscrits et surtout 14 points de retard sur le FC Vaduz (avec un match en moins). Les carences sont indignes d’une équipe qui devrait lutter pour une place au sommet. Défensivement, l’absence de Dams est clairement un coup dur pour Servette, mais cela n’excuse pas les performances plus que décevantes de Christopher M’Fuyi qui aura eu la bonne idée de se faire expulser contre Wil pour une faute de dernier recours.
Comment expliquer cette débâcle ? Comment est-il possible de se tromper à ce point ? Servette avait indéniablement les armes pour lutter contre Vaduz mais les résultats obtenus jusqu’ici démontrent que Servette est malade. Pire, le club semble vouloir creuser encore et encore comme si le pire était à venir. Le désintérêt du maigre public de la Praille ne fait qu’isoler les décideurs grenat qui, aujourd’hui seulement, mesurent les errements du passé. Parfois, les erreurs de gestion se payent sur le long terme et Servette est en train d’en faire la douloureuse expérience.

Lorsque l’on parle du niveau global du Servette FC, la réponse la plus entendue est celle du manque de moyens financier du club. Est-ce que la déroute contre Wil est liée à un manque d’argent ? Est-ce que le fait de refuser ostensiblement de recruter un latéral gauche de métier est lié à un manque de liquidités ? Est-ce que prendre un Margairaz – qui n’a plus joué depuis 6 mois – est lié à un manque de cash ? La réponse est claire : si tu n’as pas de moyens, essaye au moins de bien travailler. Force est de constater que Servette ne possède ni l’argent, ni la compétence nécessaire pour espérer grandir.
Pendant que son club crève la gueule ouverte, Hugh Quennec crée un club de rugby, trouve des partenaires pour faire vivre ce dernier et organise un grand match de hockey au Stade de Genève… Pour les adeptes du ballon rond, il faudra repasser. A force de s’isoler et de se débarrasser de certaines personnes importantes au sein du club, le président a fini par perdre la confiance du peuple grenat, car quand le président commet une erreur, c’est tous les supporters qui trinquent.
Pourtant, Dieu sait si Servette est aimé mais en ce triste dimanche soir, la couleur grenat semble moins vive que d’habitude. La lassitude et la résignation commencent à gagner le cœur de derniers fidèles qui, malgré la nullité affligeante proposée sur le terrain, continuent à se rendre au stade. Toutefois, le plaisir n’est plus là. Les défaites sont devenues quotidiennes et la pauvreté dans le jeu ne choque plus personne. C’est une tristesse permanente qui accompagne Servette dans ce stade vide dont les sièges, à l’image du club, ont pris un sacré coup de vieux.
Distancé dans la course à la promotion mais assuré d’être maintenu en Challenge League, Servette en a quasiment terminé avec sa saison. Il est maintenant l’heure d’opérer un changement de cap au sein du club. Le SFC s’est incliné à Wil mais la véritable médiocrité ne vient peut-être pas (seulement) du terrain et au fond c’est ça le plus déprimant.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

FC Wil – Chèvrette FC 6-1 (2-0)

IGP Arena, 1’570 spectateurs.
Arbitre : M. Gut.
Buts : 31e Taipi 1-0, 44 Cerrone (pénatly) 2-0, 47e Brown 3-0, 57e Tadic 3-1, 70e Tabakovic 4-1, 75e Tabakovic 5-1, 93e Taipi 6-1.
Wil : Favre ; Cha, Platero, Cerrone, Audino (83e Wellinton) ; Lombardi (86e Bozic), Stillhart, Holenstein (64e Tabakovic), Taipi ; Koubsky, Brown.
CFC : Müller ; Pont, M’Fuyi, Sauthier, Markovic ; Doumbia, Pasche, Placca (46e Dominguez), Margairaz (56e Tadic), Marazzi ; Roux (46e Routis).
Carton rouge : M’Fuyi (44e).

Écrit par Sacha Roulin