Ligue 1, deuxième rapport de dysfonctionnement

La Tour Eiffel n’a pas bougé, le Rhône coule toujours dans le même sens, on comprend toujours pas ce qui fait poiler la Joconde et encore moins la Vache-qui-rit et pour la L1, ça évolue encore moins. Lyon gagne sur le fil avec des coups de pouces arbitraux quand ses poursuivants directs se mangent des points parmi, avec la bienveillance des hommes en noir (ou en vert ou en jaune ou en gris).

D’accord, je ne suis peut-être pas le plus impartial des chroniqueurs, mais quand je vois l’ancien lyonnais Diatta, aujourd’hui passé sous les couleurs stéphanoises offrir avec l’assentiment du «zèbre», un penalty et 10 minutes de supériorité numérique à ses ex-coéquipiers, je tremblais déjà d’horreur et de dépit. Juninho, l’homme aux chevilles élastiques, trouvait pourtant le moyen de voir son coup de pied de réparation repoussé par Jérémy «Superman» Janot, bien parti sur sa droite. Mais à la 88ème, ce qui devait arriver arriva, suite à une énième bourde défensive forézienne, l’international brésilien pouvait ouvrir son pied et propulser le cuir hors de portée de notre gardien-karatéka préféré qui ne pouvait que constater les dégâts.

Lyon qui gagne sur le fil alors que l’adversaire lui tenait la dragée haute… Tiens, comme un espèce de déjà-vu… D’autant plus que son seul poursuivant à peu près encore dans son aspiration au classement, l’Olympique de Marseille, se faisait tenir en échec par les Sang et Or dans un match où tout était pourtant cousu de fil blanc pour les Phocéens.
A l’heure de jeu, Mamadou Niang se retrouvait seul face à la cage vide, et n’avait plus qu’à (enfin «plus qu’à» pour Mamadou Niang, ça reste le plus compliqué dans son bagage technique) pousser le ballon au fond des filets, mais Grégory Vignal, jeune troubadour du football – certainement encore imprégné du match opposant le Stade Français à Biarritz au Stade de France, devant 80’000 spectateurs le soir précédent -, le plaqua de fort belle manière et récolta un carton rouge mérité. Mamadou se fit justice lui-même.

A une demie-heure de la fin, à 11 contre 10, le match semblait plié, mais l’arbitre ne l’entendait pas de cette oreille. Tu as certainement déjà entendu parler de la tolérance zéro dans les surfaces de réparation, nouvelles directives que la France est le seul pays à essayer d’instaurer dans son football. Il fallait certainement au football tricolore un moyen de se démarquer et surtout de trouver un autre débat que celui qui agitait ce sport en début de saison : comment se fait-il qu’un pays de tradition footbalistique pouvait produire des arbitres aussi mauvais ?
Bref, à dix minutes de la fin, les Lensois obtiennent un coup-franc à l’orée de la surface. Hilton, ancien Servettien et sûrement adepte de la capoeira, entendit Yves Duteil chanter dans un recoin de son cerveau et prit la main de Lorik Cana, l’homme de Cheseaux, pour effectuer un petit pas de danse et s’envoler littéralement comme une libellule pendant la saison des amours.
Le corbeau, mal placé en la circonstance, se fit abuser et ordonna un nouveau coup de pied de réparation et Dindane (prononce Dinde-à-nez en ivoirien) fit injustice à ses couleurs et permit à Lyon de s’enfuir encore un petit plus pour retirer un peu d’intérêt à cette saison.
Mais alors que dire de l’incident ayant émaillé Troyes-Lille (1-1)? L’arbitre de cette rencontre est accusé par Mathieu Bodmer de l’avoir insulté. Les Lillois ont posé les réserves techniques d’usage, et ne communiquent pas autour des propos supposés de ce petit caporal du rectangle vert. Nul doute que la Ligue se fera un plaisir d’enterrer l’affaire comme elle en a le secret.
Heureusement pour les gens de la Ligue, si le niveau du championnat de France ne vole pas très haut, les dirigeants des clubs, eux, s’en donnent à coeur joie pour faire encore plus baisser le niveau. En marge du match entre l’OM et Lyon de la semaine prochaine, les déclarations se font de plus en plus acerbes plus le match approche. Après que Gérard Houiller ait déclaré publiquement que sans les arbitres, Marseille ne serait pas si bien classé, c’est Pape Diouf, le truculent président marseillais qui y est allé de son petit couplet : «Après ce résultat, Gérard Houllier doit être content» a déclaré Diouf à l’AFP. «Il avait dit que Marseille ne gagnait que grâce à l’action bénéfique des arbitres, mais ce soir, on a encore eu un penalty sifflé contre nous et il nous reste en travers de la gorge. De tous les penalties sifflés contre nous depuis le début de la saison, pas un n’est légitime».
Ce duel étant désormais le plus médiatique de L1, de par la volonté de Jean-Robert Aulas, qui a bien retenu la leçon des époques Bez-Tapie pour OM-Bordeaux ou du lancement de Canal+ pour OM-PSG, la sauce va encore monter pour ce match au sommet, dimanche prochain à 21 heures. Tiens, en parlant de ça, ne trouves-tu pas étonnant que ce match tombe pile pour le 1000ème match de Ligue 1 diffusé sur Canal? Tu as dit bizarre ?

Pour le reste, Rennes s’est réveillé au dépend d’un triste AJA (6 joueurs sur 11 Rennais viennent de son centre de formation !), Monaco s’enfonce inexorablement à Bordeaux sur le tarif habituel de 1-0 en Gironde, Nantes était au fond du trou et a désormais commencé à creuser, le PSG fait illusion avec une belle victoire à 10 contre 11 contre le promu sedanais, et Nice se réveille enfin en l’emportant largement face à Lorient.

L’espoir de la semaine :

Sont nominés : personne, les espoirs français ayant été piteusement éliminés en Israël.

Le désespoir de la semaine :

Sont nominés : M. Fautrel (arbitre de Lens-OM), M. Castro (arbitre de Troyes-Lille), Blaise Kouassi (ESTAC), A. Diarra (FC Lyon)
Les vainqueurs sont, à égalité : Blaise Kouassi, auteur d’un geste technique de grande classe, samedi contre Lille (deux doigts dans les yeux de N. Plestan) et A. Diarra qui, deux mois après avoir été recruté pour remplacer son homonyme parti au Real, se rend compte qu’en fait, il fait du poste pour poste avec Benoît Pédretti sur le banc lyonnais. Ne parlons pas des arbitres car ils ne peuvent plus être désespérant : plus personne, en France, ne se faisant d’illusions.

La buse de la semaine :

Sont nominés : M. Fautrel (arbitre de Lens-OM), M. Castro (arbitre de Troyes-Lille), Franck Ribéry (OM), Rudi Roussillon (Président FC Nantes).
Le grand vainqueur est : Rudi Roussilon ! Qui non-content de truster la dernière place avec son club, a réussi en plus à casser son image de club sympa et formateur. Chapeau !

Écrit par Robin Carrel

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